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que la pierre calcaire pure eft en filon dans l'argille même oùel lefe trouve
noyée & où l'on ne peut même la diilinguer que parce que fa couleur eiî un
peu plus blanchej on n'obferve, onne reconnoît aucun point de jonÛion,
que par la nuance de la couleur, encore s'y trompe-t-on quelquefois,
car dans les approches de la pierre pure, la matiere argilleufe elt fortement
imprégnée de molécules calcaires, & il n'exifte dans toutes ces
mines que quelques filons où la pierre à chaux foit bonne; mais fauE-il
encore avoir grand foin de la féparer de la pierre argilleufe; on eft obligé,
dans les carrieres à plâtre,fituées au pied du roc/ierC'ornez7/e,de détacher
l'argille de la matiere gypfeufe, on eft forcé de faire la même opération
ici fur la pierre calcaire.
5°. Les carrieres du Puyt non feulement ne marchent que par filon,
mais la pierre y eft extrêmement tendre, on peut la couper avec un
couteau, & elle donne peu de peine à détacher, mais aufli-tôt qu'elle
a pris le grand ajr,& perdu fon eau de car rie re, elle devient dure & même
fonore; celle qui contient beaucoup de parties argilleufes en fait autant.
4®, J'ai parcouru avec une attention extrême pîufieurs de ces galleries,
je n'ai jamais pu y diftinguer les moindres matières volcanifées,
ni voir la jonâ ion des laves fupérieures, parce que les excavations quoique
profondes, ne font pas allez élevées; je n'ai rencontré que des filons
calcaires entre des mafles d'une pierre argilleufe qui fait en partie
efïervefcence avec les acides.
Après m'être donné les plus grandes peines pour,voir fi je ne
découvrirois aucun corps étranger dans cette pierre, je vins enfin à bour,
après en avoir vifité des tas immenfes, d'y diftinguer quelques corps
marins : j'ai dans mon cabinet trois empreintes de petits buccins , bien
caraâérifés dans cette pierre, il eft vrai que la coquille a été entièrement
diiïbute & décompofée, & qu'il n'en refte que les empreintes ,
mais enfin il eft démontré par-là qu'il y a eu des corps marins dans
cette pierre.
. 6°. Ce dépôt intérieur de matiere calcaire, faifant pendant avec la
carriere à plâtre voiune, peut fournir des induâions fur la formation
de cette derniere, ou plutôt fur la converfion de la fubftance calcaire
en molécules gypfeufes, & les volcans font ici d'un grand fecours pour
cette théorie; en effet, ne pourroit - on pas croire qu'à 1,'époque où
les eaux de la mer féjournoienc dans le baftin du Puy, & où les volcans
y brûloient en même-temps, des eaux plus fortement imprégnées d'acide
fulphureux dans certaines parties que dans d'autres, auront dénaturé
la matiere calcaire & l'auront convertie en félénite gypfeufe, au
pied du rocher Corneille, tandis que vis-à-vis elle aura été épargnée, ou plutôt
qu'elle n'aura été attaquée que jufqu'à un certain point, & que la
partie des pierres de cette carriere qui ne fait qu'une foible effervefcence
avec les acides, 6c produit une mauvaife qualité de chaux, aulieu
d'être une argille véritable, n'eft qu'une combinaifon particulière de la
terre calcaire avec certaines émanations plus ou moins acides des feux
fouterreins qui faifoient alors leur explofion fousles eaux. Je comprends
que tout ceci exigeroit une longue fuite d'expériences & de recherches
pour pouvoir établir quelque chofe de plus pofitif à ce fujet , auffi ne
fais-je ici qu'ouvrir une idée qui pourra mettre d'autres naturaliftes fur
la voie de creufer plus avant cette belle queftion.
D U V E L A Y. 34 7 .
MONTAGNE DE BRIVES.
ENVIRONS DE LA CHARTREUSE.
C 3 N p e u t fe rendre duPiiy àBrives dans demi-heure, par un beauchemin.
Brives eft un petit bourg fitué fur le bord de laLoire ; non loin de
là & dans la plaine eft une grande & belle chartreufe , bâtie à neuf : on
traverfe la Loire à Brives fur un pont nouvellement conftruit ; c'eft immédiatement
après le pont que fe préfentent fubitement des montagnes
volcaniques fort élevées Si. très-curieufes : c'eft ici, l'objet d'un beau
cours d'hiftoire naturelle , mais il faut féjourner au moins douze jours
au F u j , parce qu'autant les recherches font intéreiTantes dans cette
partie, autant elles font délicates & difficiles à faifîr. Il faut abfolument
fe préparer à ce travail par un examen, une analyfe & une étude fuivie
des différentes altérations & décompofitions des laves ; U faut être abfolument
au fait d'en faifîr toutes les nuances, & jufqu'aux moindres gradations
on peut alors entrer dans cette belle & curieufe carriere.
En y portant des yeux exercés, on peut fe dire : ces montagnes
qui ne préfentent que des maifes arides de pierre ou de terre de différentes
couleurs, ces rocs efcarpés qui glacent de triftefle & d'effroi le
voyageur , & lui font détourner la vue , font des monumens antiques 6c
myftérieux où le naturalifte a Je droit de lire , en récompenfe de fes
travaux : il y voit une fuite de cara£teres hiéroglyphiques qu'il a feul
l'art de débrouiller & de connoître ; il y apprend qu'ici des torrens de
matiere en fufion, perçant avec effort les entrailles de la terre, l'onc
ébranlée jufques dans fes fondemens ; que des montagnes formidables
ont été fubitement renverfées, détruites, réduites en poudre, tandis
que de nouvelles, non moins confidérables, fe font élevées fubitemenc
fur les ruines des premieres; que là des gouffres ardens ont élancé avec
fracas dans les airs, des nuages de pierres, de cendre, de fcories ; que
l'atmofphere en feu, développant tous les accidens & tous,les phénomènes
de la foudre , la nature a paru toucher à fon anéantiffement ;
que dans ce même-temps tous ces terreins incendiés fe trouvoient recouverts
par de vaftes abymes d'eau, qui loin de calmer, d'affoupir, d'éteindre
les fureurs du feu, ne faifoient que l'irriter d'avantage ; que ces
mêmes eaux tourmentées, foulevées par les explofîons & les ébranlemens
fouterreins, & parles vents de l'atmofphere , & ceux qui fortoienC
des gouffres intérieurs, luttant fans ceffe contre elles-mêmes, excitoient
les plus furieufes tempêtes ; qu'alors des courans obfcurs & foetides
d'une fumée peft i lent iel le, circulant dans les vagues orageufes de cette
mer, la rendoient livide & nébuleufe : voilà le premier tableau que le
naturalifte attentif apperçoit dans la contemplation de ces objets
volcaniques.
Mais tout fe calme, les feux s'appaifent, l'incendie fe concentre, la
mer reprend fa tranquillité ; de fimples vapeurs plus ou moins acides ,
plus ou moins chargées de divers principes a£tifs, s'élevant du fond des
eaux qu'elles font bouillonner fans effort, ne font plus que les reftes fu