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•164 VO L C A N S ÉTEINTS
Tournon , h Koiite , le Foi/:;m , Privas , Chaumeyrac , Bays , Cruas ,
Meip, Rochemawe,le Theil, Viviers, leBomg-faint-Andeol, Joyeufe,
VArgentiere , Villeneuve-de-Berg , Auhenas , Theuyts , Montpe^at ,
Vais , Entraigues, Jaujeac, Pradelles , 6(c.
L e bas Vivarais, quoique coupé fans ceffe par des coteaux, des eminences
, des pics , ne renferme cependant que des montagnes du fécond
du troifieme o rdr e , quant à l'élévation ; comme la plûpart font
volcanifées , elles fe trouvent multipliées & rapprochées ; le climat eli
en général , dans cette partie, d'une aifez bonne température J il n'en eil
pas de même du haut Vivarais , car en par tant de la côte de Maire , oa
s'éleve d'une maniere très-rapide dans une région froide , aride , dans
une efpece de vafte défert qui fait regretter le beau pays qu'on viene
de quitter. Parvenu au haut de la Chavade , on eft à une élévation
d'environ 600 toifes fur le niveau du Rhône ; on trouve alors une
immenfe plaine en montagne, fur laquelle on apperçoit avec étonnement
une multitude de grands pics , 8c même de hautes montagnes trèsrapprochées
& couvertes de neiges pendant les trois quarts de l'année :
on découvre d'iciles grandes chaînes du Gévaudan & de l'Auvergne, &c.
On voit en entrant dans le Vivarais, qu'il a été le vafte théâtre, où
des volcans très - multipliés & très-anciens ont exercé toute leur fureur
; on y reconnoît une multitude de buttes , de pics, de montagnes
de laves, & on y diftingue encore des cráteres aufli bien caraflérifés que
jilufieurs de ceux des volcans aduellement brûlans. Ce qu'il y a fur-touE
d'admirable & de bien curieux ici , c'eft que les différens lits de p rêt
que toutes les rivieres & des torrens, font bordés, de droit & de gauche,
par de grandes 8c fuperbes chauffées formées par un afl'emblage de
colonnes prifmatiques, quifontun effetfi furprenant , qu'on ne pourra
jamais s'en former une idée exaûe , qu'en venant les vifiter.
En partant de Montelimar,on entre dans les matières volcaniques dès
qu'on a traverfé le Rhône au port d'Ancone, &i qu'on eft parvenu à fíochemaure
: c'eft là qu'on trouve les premieres buttes volcaniques ; oapeut
voir non loin delà , fur la montagne de Chenavari, un fuperbe
pavé de géans, dont les prifmes font d'une grande élévation 8c d'une
belle proportion ; cette montagne conduit dans le Coueirou où tout eft
abfolumentvolcanifé ; les villages i'Aubignac, Ae Saint-Pons, de Semre,
Montbnd, Berfeme , Freicinet, Maltaverne, Rochejfauve, 8c en revenant
fur fes pas , Saint-Jean-le-Noir, Maillas , Mont-Redon , Saint-
Laurent , Sic. font placés parmi les bafaltes, les laves 8c les pouzzolanes.
Vais, Entraigues, habaftide , Portaloup, le Colombier, Buriet,
Montpe:¡at, Theuyts , Neirac , Jaujeac , 8cc. font également dans le
centre des volcans éteints. C'eft parmi cette multitude de grands
foyers 8c d'immenfes coulées de laves , qu'on voit encore plufieurs cráteres
qui ont des cara£teres très-remarquables : on en diftingue fur-touC
quatre dans ce genre, qui offrent les plus curieux morceaux volcaniques
qui puiffent exifterj il en eft deux particulièrement dont les bouches
placées au plus haut d'une montagne conique , ont un tel cara£tere de
confervation, qu'on y remarque encore les courans de laves qui ont
defcendu par ondulation dans la plaine , où ils ont formé de fcperbes
pavés
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D U V I V A R A I S. tS ^
paves de géans. Ces quatre cráteres d'une admirable coftfervatlon ,
dont j'aurai occafion de parler plus au long, fe nomment la Coupe du
col à'AiJa, la Coupe de Jaujeac , les Balmes de Montbrul^ & la Gravene
de Theuyts.
Les pavés en colonnes prifmatiques du bas Vivarais ont en général une
belle confervation ; les prifmes bien filés n'y font pas d'un trop gros
volume, & font configurés à 3, 4 , 5, 6, 7 & 8 pans bien caraftérifés ;
plufieurs font- fort élevés , d'autres articulés; le bafalte fe préfente encore
ici fous diverfes formes , telles qu'en tables, en malles irrégul
i e r e s , &c.
Les volcans du haut Vivarais, qui paroifient n'avoir pas moins été formidables
que ceux de la partie jriéridionale de cette province , n'onc
pas en général le ton de confervation des premiers j je crois à la vérité
que l'afpérité du climat, les pluies, les neiges Se les froids exceiTifs
qui regnent dans ces contrées , ont dégradé plufieurs de ces chauflees
qui font même en général recouvertes d'une efpece de lichen blanc ou
jaunâtre , qui enleve une partie des effets que ces grandes mafles devroient
produire , & leur donne un air de rouille & de vétufté qui les
fait paroître beaucoup plus antiques & en plus mauvais état que ceux
du bas Vivarais : malgré cela cependant , il efl: à croire que ces volcans
ont efiTuyé, poftérieurement à leur formation , de terribles révolutions
qui ont porté de grands dérangeniens dans leur fice & dans leur difpofition
primitive.
On trouve par exemple au defllis du lieu nommé la Chavade^ fur le
plus haut de la côte de Maire , une efpece de plaine de plufieurs lieues,
où tout eft abfolument jonché de priiiiies de malles de bafaltes ufés,
arrondis & difperfés au loin , parmi de gros blocs de granits roulés : une
très-grande très-formidable révolution diluvienne femble avoir laifle
de toutes parts ici des reftes de ruine & de dévaftation. J'obferve
encore qu'on ne trouve dans le haut Vivarais nuls cráteres caraâérifés
comme ceux dont j'ai déjà parlé ; ils fe font prefque tous abymés , 6i
ont formé des lacs tels que ceux à'IJfarlès, du Bouchet Saint-Nicolas,
ou de grands enfoncepiens qui n'ont prefque conferve aucun caractère
de leur premiere origine.
Les chauffées les plus vaftes & les plus confidérables de ce pays, fonC
en général plutôt difpofées en grandes mafles , en ébauche de prifmes,
ou en colonnes d'un très-gros calibre, qu'en prifme régulier & bien car
a f t é r i f é , comme ceux du bas Vivarais, où les chauffées font plus égales,
plus régulières & mieux difpofées, & fe prolongent beaucoup plus au
loin : on voit en un mot un ton de fraîcheur & de confervation dans les
produits volcaniques du bas Vivarais, qu'on ne retrouve plus dès qu'on
s'eft élevé fur le plus haut de la côte de Maire : il efi: vrai qu'on y remarque
en revanche de très-grands objets qui méritent d'être obfervés
& d'être médités avec attention. On y trouve une multitude de beaux
rochers bafaltiques, tels que ceux de Bannes, de la Chavade, de Chenelette
, de Bonjour, de Pradelles , à'Ardennes , de Rufchambon , de
Saint-Clement, de Beauregard : rien n'eft aufli intéreflant que Monilor^
la Farre , Goudet, le calvaire de Coucourou, Saint-Paul de Tartas, la
Fayette, Monchaud, Y Hermitage de Pradelles, la Fagette, les Vfer nés^
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