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c o u l e u r , mais qui n' a ni bri l lant , ni conf í f tance, & qui f e rédui t en poudre
fous les doigts. C'eft ici une chryfolitedéphlogiftiquée, fi. je puis m'expriraer
ainfi. On voit par là que les matières les plus réfraftaires fonc
f u j e c t e s comme les autres à ê tre attaquées Se conver t ies en chaux par les
f u m é e s brûlantes , chargées de divers mixtes falins, qui s'émanent des
f o y e r s embrafés des volcans.
U n des grands objets volcaniques qui réunit le plus de variété dans la
d é c o r a p o f î t i o n des laves, eil la montagne qui fait face à la tour du chât
e a u de Polignac en Velay, à une lieue du Puy j il fembl e que la nature
l ' a i t placé dans la poi ition où elle eft pour r ini l ruf l ion des obfervateurs;
. elle fe trouve fituée au bord d'un peric vallon entouré d'autres mont
a g n e s . Ce vallon, à en juge r par la quantité de laves poreufes dont il eft
j o n c h é , me paroît être un grand cratere abymé. Notre montagne qui n'a
g u e r e plus de cinq cents pieds d'élévation, eft taillée à p ic, de forte qu'il
e f t faci l e de connoître fa contexture intérieure. Comme j'ai eu la confi
a n c e de pafler un jour entier à l'étudier , 8c que j'ai £jravi, non fans
d a n g e r , dans les endroits les plus efcarpés, pour voi r de très-près les
m a t i e r e s qu'elle renferme, voici ce que j'ai obfervé en partant de fa
fommicé pour defcendre jufqu'à fa racine.
1 ° . Diverfes coulées fort épaifles de bafalte, adaptées les unes fur
l e s autres en maniere de grand bancj ce bafalte eft noir, dur, maïs un
p e u rouillé, inégal Se raboteux, & fe brife par éclatsj il forme plufîeura
grandes aiîîfes.
2°. On trouve après le bafalte des maifes d'une épaiiTeur énorme de
l a v e s poreufes légères, torfes, mêlées & confondues, & formant une
e f p e c e de grand banc qui regne tout le long de la coupe de la mont
a g n e : ces laves poreufes font de diverfes couleurs; il y en a de jaun
â t r e s ou roui l lées , d'autres d'un gris pâle 3 e l l e s ontef luyé déjà un degré
d ' a l t é r a t i o n , car elles font tendres, friables, & un peu argille ufes -, v o u s
en reconnoîtrex dans l 'envoi un échantillon fous le n®. 1 1 , qui ,a les deux
nuances réunies ; vous trouverez à un des bouts un cryftal de fchorl
noir bien confervé.
3°. Comme rien ne fe perd dans la nature , le fer qui s'eft i'éparé de
' ees laves eft v enu fe dépcfer par interval les dans les vuides qu'il a renc
o n t r é s , & y a formé de très-belles hématites mamelonnées quelques
couches irrégulieres d'un fer l imonneux , en grains raboteux & friables,
mais qui a f ferent fur la fuperficie une efpece d'organifation régulière ^
e n forme de cellules d'abeilles : fouvent ces dépôts ferrugineux fe font
c o n v e r t i s en géodes ou aetius vuides ou pleines d'une ochre jaune ferr
u g i n e u f e . Vous trouverez ces trois objet s fous les numéros 12, i ? & 14.
4°. C'eft après ces laves en partie décolorées 8c mêlées de fédimens
f e r r u g i n e u x , qu'on voit un amas d'autres laves poreufes , légeres , décol
o r é e s , dont pluiîeurs font d'un très-beau blanc de lait j d'autres ont
quelques légeres nuances d'un gris noirâtre j toutes confervent la con-,
figuration & la forme de laves poreufes ; quelques-unes produifent unf^
b e l l e argille blanche, farineufe, très-fine, tandis que certaines, quoique
abfolument décolorées, ont confervé de la dureté. O n trouve daiis
c e banc de laves blanchies, encore quelques dépôts ferrugineux en forme
d ' h é m a t i t e s ou d'aeiites, mais en bien moindre quantité que dans 'íes
A M I L O R D H A M I L T Ô N . 19 9
bancs fupérieurs. Je vous envoie un beau morceau de cette lave poreufg
blanche fous le n°. 15.
5". Immédiatement après ces laves décolorées, on trouve de gros
fragraens irréguliers d'une efpece de pierre qui reiîemble à la pierre
c a l c a i r e blanche ordinaire , dont les angles font émoufles & arrondis ,
plufieurs de ces fragmens font friables & argilleux ; d'autres fonc folides
& p r e f q u e auffi durs que les pierres à chaux communes ; elles font trèsb
l a n c h e s , mais leur croûte extérieure eft recouverte d'une fubftance
o c h r e u f e jaune ; on remarque quelques laves poreufes décolorées parmi
c e s pierres blanches. J'ai l'honneur de vous obferver que lorfqu'on jette
quelques fragmens de cette fubftance pierreufe dans l'acide nitreux,
fille y fait un peu d'effervefcence pendant un moment ; l'ébullition cefle,
ÔC l a pierre réfifte enfuite aux plus forts acides. II faut donc croire que
c e t t e matiere volcanique ainfi dénaturée devoit s'être emparée accident
e l l e m e n t de quelques molécules calcaires : e f t -ce ici un vér i tabl e baÇalte
d é c o m p o f é , dans lequel fe trouvoient engagés des noeuds calcaires ?
fi ft-ce un dépôt , un fédiment pierreux formé par le detritus des laves
p o r e u f e s blanches fupérieures ? c'eft ce que je ne fuis point en étac
d ' e x p l i q u e r : tout ce que je puis dire , c'eft qu'ayant jeté des éclats
d e cette matiere pierreufe blanche dans l'acide marin , j'ai formé , par
l ' i n t e r m e d e de l'alkali phlogiftique , un précipité en bleu de Pruife des
plus épais ôc des plus foncés en couleur, quoique cette pierre n'eût aucun
p r i n c i p e ferrugineux apparent.
6®. Enf in, c'eft après toutes ces matieres qu'on trouve divers bancs
î r r é g u l i e r s , ou plutôt des efpeces de dunes fort épaiifes & confidérables,
d ' u n e terre argilleufe d'un gris verdâtre, peu liante, happant néanmoins
f o r t e m e n t la langue , ne contenant aucun corps hétérogène. Cette
f u b f t a n c e , vue à la loupe , me paroît être auffi une décompofition de
m a t i e r e s volcanifées. D'après ce tableau, que j e ne faurois trop exhorter
l e s amateurs de cette partie de l'hiftoire naturelle d'aller étudier, il eft
probable que c'étoit ici un volcan fous-marin, c'eft-à-dire, quibrûloi t à
l ' é p o q u e où la terre étoit enfevelie fous les eaux. Le fer détaché des
l a v e s &. dépofé fous forme d'hématite , annonce ihconteftablement le
t r a v a i l l e n t & fuccefllf des eaux; mais comme celles de la mer , malgré
l ' a c i d e qu'elles contiennent, n'auroient pas eu le pouvoir de décolorer
ainfi ces laves , & que d'ailleurs les bafaltes du voifinage font fains &
i n t a â s , il faut préfumer qu'il s'élevoit dans cette partie des fumées
q u i , partant du bas en haut , commençoient par décompofer les laves
les plus proches, 8c les convertiflbient en argille telle que celle que nous
trouvons fi abondamment ici. Ces fumées devoientêtre pouflëes jufqu'à
l a hauteur où les laves font décolorées ; & étant affbiblies dans les bancs
l e s plus é levés, ceux-ci n'ont perdu qu'une partie de leur principe colorant
, enfuite , l'eau fe chargeant des molécules ferrugineufes détaclié'eS
de's lav é s , lès dépofoit tantôt fous la forme d'hématites , tantôt en
mani&ïe dè fer limonneux.
C i l poïirroit me demander pourquoi ces dunes argilleufes ne montrent
pas les mêmes fédimens fer rugineux; j 'ai deux réponfes à faire à cefujet :
l a premiere eft que lorfqu'on examine avec la loupe la pâte de cette
a r g i l l e , on y diftingue de petites taches d'un jaune ochreux qui caracr
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