•si';
U
4 4 0 LE T T R E S ,
d e toutes les montagnes volcaniftîes qui' foient peut-être ei
f e r e z l'ufage que voudrez ; il efit ¿té avantageux que
vous-même. La multitude d'objets pareils que vous a
ment donné lieu h des obfervations qui ont dil néceffi
Jile amateur. J'ai l'honneur d'être , Moniîeur , votre très-hi
P r o v e n c e ; vous en
les eoffiez parcourues
i s , auroient inf'ailliblent
éch,ipper à un lim-
•imble & très-obéiflknt
ferviteur. BERiVARD , adjoint à l'objmiuoire royal de la
L E T T R E S de M. le Chevalier DEODAT DE DOI.OMIEV,
à M. FAUJAS DE SAINT-FOND.
Lisbonne, ce 24 mars 1778.
Quoique je fols en Portugal depuis pris de deux mois , MonCeur , je n'ai point
p u vous e'crire plutôt ! )'ai voulu étudier Lisbonne & f e s environs, pour vous donner
des détails qui puffent vous intérefl'en j'ai cherché à ralTembler quelques faits nouveaux
qui vous a f f ent utiles, & à les conftater par des obfervations fuivies : mais
quelques foins que je me fois donnés, je n'ai encore que des apperçus, & je n'ai
r i en trouvé qui par fon évidence, puifle frapper un public non prévenu : cepend
a n t , pour ne pas me priver plus long-temps du plaiiir de m'entretenir avec vous ,
je vais vous faire part de ce que j'ai obfervé id qud.
Si la préfence dubafalte oa lapa corajuide Val ler ius , fuffifoit feule pour conftater
la préfence d'un ancien volcan, je n'hélîterois pas à dire que tous les environs de Lisbonne
ontétéboulever fés par des feuxfouterreins i que des volcans ont brûl é pendant
une, longue fuite de fiecle.dans l'endroit même oà la ville de Li sbonne eft bâtie i &
alors je pourrois aifément faire un fyftéme, trouver les caufes des tremblemens de
t e r r e qui ont renverfé la ville à diÉférentes époques. Sic. mais je ne fais pas fi une
opinion qui a pour moi un degré de certitude fuffifant, pour roi t fatisfiiire le pubhc
à qui je ne crois pas pouvoir préfenter des preuves fuffifantes pour entraîner fon
fuffrage. 'Vous, Moufieur, qui depuis long- temps , & avec de itreilleurs yeux que moi,
• '" la nature, & qoi êtes fur-tout accoutumé à l'obferver dans les phénomènes
iques I vous pourrez affirmer ou détruire ce que j'ai cru entrevoir, tk je me
étud
volca
foum
IMon p:
Monliei
r e , & qui êtes fur-to
)us pourrez affirmer
:raent à votre décifio:
r foin, en arrivant à Lisbonne, a é t é d'examiner la nature des pierres
dont la ville eft bâtie & pavée, & j'ai été f rappé de la quantité immenfe de pierres
n o i r e s , très-dures, renfermant des parties brillantes & vitreufes, que je rencontrois
.dans tous les paves & dans les murs. Je crus y reconnoitre le bafalte que je regard
o i s , d'après ce que vous m'aviez dit, comme un produit certain du feu i & je me
flattois déjà de t rouver dans les environs de L i s b o n n e , des volcans bien carafiérifés
qui pourroient augmenter le nombrede ceux que vous avez auITi bien décrits qu'obfervés.
Je m'imaginois trouver des montagnes ifolées & coniques , qui à leur foramet
auroient un cratere, & à leur bafe des colonnesprifmat iques de bafalte i en un mot
j e croyois déjà que le Portugal me fourniroit des faits auOl intérelfans que ceux
dont vous avez enrichi l'hiftoire naturelle: au lieu de cela, IMonCeur, quand j'ai
é t é rechercher les carrieres d'oà l'on tiroit cette pierre bafaltique quim'avoi t donné
ces grandes efpérances, je n'ai rien trouvé que d'équivoque.
L a ville de Lisbonne eft bâtie fur différentes collines peu élevées, dont les unes
font de pier res calcaires, & les autres de pierres noires vitrifiables. Ces collines qui
n ' o n t point de forme déterminée, & qui peuvent avoir perdu ce qui devoir les
c a r a f t é r i f e r , par les différentes révolutions qu'a eiTuyé la ville, ne me fourniCfant
pas un point fixe d'obfervation, j'ai cherché dans les environs des montagnes de
même nature , & qui euiTent confervé leur caraftere primitif : entre plufieurs aut
r e s , je vais vous décrire celle qui eft la plus frappant e ; elle eft à une demi-lieue
à l'oueft de Lisbonne , au delà de la petite riviere i'Alcantara -, & elle fait partie
d e la montagne de la Juda, fur laquelle eft limé le palais de Bdem. Sa bafe qui eil
baignée par la riviere S Alcantara, eit de pierres calcaires à couches horizontales.
L o r f q u ' o n s'éleve un peu fur fa croupe, on voit que le terrein change de nature,
au lieu d'une terre maigre & blanchâtre, on trouve une argille rouge tiès-tenace.
O n voit à la furface une grande quantité de pierres noires en malTes plus ou moins
g r o l l ' e s , jetées fans aucun ordre. En montant , la pente devient plus roide, la quant
i t é
L E T T R E S . 44 i
t i t é des pierres noires augmenta, mais celles-ci font plus petites, poreufes à leur
f u r f t c e , quoique dans l'intérieur elles foient abfolument compaSes. En approchant
des différons fommet s de la montagne, on voit la furface ent i è r ement couverte de
ces pier res. Ce t t e montagne qui eft la p lus haute de tout e cette partie, eft t e rminé e par
plnfieurspointes qui font à différente h a u t e u r , & au milieu defquelles il y a une efpece
d e pet i t e plaine ; ces fommets fout ériffés de maifes confidérables de pierres noires ,
t'rès-compaaes , qui fans avoir de forme déterminée, femblent cependant tenir
• folide qui doit former le noyaux de la montagne.
ippée avec plufieurs autres un peu moins élevées qu'elle
laflif di
C e t t e montagne eft
celle du nord n'en eft féparée que par un petit ravin qui
leur croupe, fait le point exaa de de'marcation. Cette
& de différente nature
iillonnant feulement fr
feconde montagne , qi:
f a b a f e u n m ê m e m a m f , e f t e
taies & paralleles , de faço
blanche calcaire , d'un at
vitrifiable en groiTes malfe
montagne calcaire n'eft poi
r e c o u v e r t e que d'une pi
à la p remiere, & qui femble faire par
de pierres calcaires a couches horizont
l e
Strique
itre fin
eft unie exaftemet
ntiérement formi
n qu'en defcendi
rangement fymr
s informes. Une
i t c u l t i v é e , qu'elle eft prefqui
e quant i t é de ter r e maigre, n
1 lieu que la montagne bafaltique eft très-fertil
m e t , & que du milieu des pierres noires qui la couvre
qui a la plus grande force végétative. Le fol de celle-c
g i n e u f e , formée par la décompofition du rocher.
Au fud-oueft de la montagne bafaltique font plufîe
q u ' e l l e , & qui forment une fuite di
Tage jufqu'à la mer.
: à gauche une piei
à droite une pierre no
rité remarquable, eft que
entièrement ftérile , & n'.
illement propre à lavégéi
, cultivée jufqu'à fon fo,
,t, on voit fortir du fromi
eft une argille ronge ferj
s autres de même nature
ompagnent la rive droite da
C e t t e même pierre fe trouve dans d'autres collines au uord-oueft de Lisbonne,'
•& la terre qui la recouvre eli toujour s d'une grande fertilité i mais au nor d & nordeft
de la ville, jufqu' à la riviere de Sacami, on ne voit plus que des pierres calc
a i r e s , mêlées de corps & coquillages marins pétrifiés, il femble donc que cette
p i e r r e bafaltique eft cantonnée entre la pointe du fort Saint-Mien, & la ville di
Lisbonne qui eft à qi
tre lie
i deffot , & qu'elle fe trou'
particulières qui font
lêlées
llines calcaires ; elle
à la pierre cal
r lei
: dans des collines
iche quelquefois
fans jamais y être mêlée, & fi on en trouve quelques
infondus enfemble , ils oot été apportés par les hommes ou entraînés
aux. J'ai l'honneur d'être , &c.
S E C O N D E L E T T R E .
Lisbonne ; 6 ¡anviet ly^S:
•lé d e cet t e p ier r e bafaltiquei
J e m'appercois, Monfieur, que je vous ai beaucoup .
fans vous l'avoir encore décrite exaaement . Elle eft de couleurbi
ou moins foncée, pefante, très-dure & compafte, faifant un peu de fei
q u e t , fufceptible de poli ; elle fe rompt ou par éclats comme le filr - —
• -atre, plus
' e c le bri -
ndéterminés ; quelquefoi
formée de petites écaillei
d ' a u t r es morceaux, elle a
vitreufes demi-tranfparar
c e n t les laves du Véfu.
rouge ferrugineufe, qui i
• i.Ilfautfûri
:11e eft un peu luifante dans fa f r a S u r e , comme fi elle étoit
& alors elle eft p a r f a i t ement compafl e & homogene ; dans
: grain plus fin, & contient une grande quantité de parties
es, femblables à des grenat s & à ces cryftaux que cootie»
. Cette pierre fe décompofe à l'air & forme une argille
imme nous l'avons dit ci-deiTus eft très-propre à la végélongue
fuite de fiecles pour opérer cette transformation.
puifque les pierres employées dans les pavés & dans les murs y réfiftent pendai
temps immenfe; mais ce qui la rend frappante, font les différens degrés de décomp
o f i t i o n que l'on voit à la furface des côteaux ot"i l 'on peut fuivre l'altération qu éprouve
infenfiblementle rocher pour pafi-er de l'état de folidité oùi lef t naturellement,
à la duallité & à la mollelî'e de l'argille. Les pierres ifolées fe couvrent elles-mêmei
à la longue d'une efpece d'écorce qui eft tendr e & qui paroît de nature différente.
Il eft quelques endroits oà j'ai cru rece •oître dan: 'x bafalte une efpece de cryf-
T t t t t