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donne2 de la grande éruption de 1 7 6 7 , dont vous aviez été le témoin
o c u l a i r e , & où rien né vous a échappé, ni'ont été du plus grand fecours
dans ce que j'avois à dir« fur Véfuv« , relàtivemenl à certaines circonftances
applicables aux volcans éteints que j'avois à faire connoître.
Parmi la foule d'obj-ets curieux dont vos ©bfervations fur k s volcans
des "deUX-Sitiles fônt remplies, il"én eïl une ent'r'aUlres qui doi't tìxer
toute l'attention des naturaliftes ; il eft probable même qu'elle doit conduire
à des cònnóiflàtìGés nouvelles -» car en' nous" éclairant fur l'origine
|3rimitive de pluiîeurs terres & de diverfes fubilance.s abondamment répandues
fur le globe , elle peut enrichir tl'ûne fuite de nouveaux faits
r i i i f t o i r e de la théorie de notre planetej je veux parler de la converfion
des laves les plus dures &C des autres matieres volcaniques en argille}
belle découverte qui fera époque dans la fcience !
Gomme j'ai trouvé dans les volcans éteints du Vivarais & du Velay
l e s ' mêmes phénomènes, avec des accidens & des circonftances trèsv
a r i é e s, p e rme t t e z , M l LORD, que j e vous en entretienne: une découverte
v i e n t à l 'appui d'une autre & ne peut que la fortifier; c'eft vous d'ailleurs
qui le premier m'avez conduit à ces obfervations, 6c je vous en offre
l'hommage avec autant de juftice que de reconnoiiTance. Après avoir lu
c e que M. Sage dit aux pages 524 & 325 du tome I. de fes élémens de.
minéralogie ^ fur le palTage des laves à l'état argi l leux,où il rapporte que
c ' e f t vous qui lui avez donné la premiere idée des expériences qu'il a
f a i t e s à ce fujec, j ' ent r epr i s de nouveaux voyages dans le Vivarai s 6c le Vel
a y , b ien réfolu d'étudier amplement fur les l ieux les circonftances, les paff
a g e s & jufques aux moindres nuances de la décompoiition des matieres
volcaniques. J'en revins très-fati s fa it & chargé d'une fuite de richeiTes
€ n ce genre;; mài-s avant de vous entretenir de ce qui me concerne, je
f u i s charmé de faire un retour fur votre découverte , parce que me pro-
.pofant d'inférer, fous votre bon plaifir, la lettre que j'ai l'honneur de
vous écrire, dans mon ouvrage , le public fera inftruit que c'eft à vous
l e premier à qui l'obfervation du pailage des laves à l'état d'argille eft
due , 6t qu'on ne fauroit y apporter aucun doute.
C e fut le 5 mai 1771 que vous communiquâtes à la fociété royale de
L o n d r e s vos remarques fur les propriétés qu'ont les vapeurs de la Solf
a t a r e , d'amollir & de calciner en quelque façon toutes les matieres volcaniques
qu'elles rencontrent : votre obfervation eft confignée dans les
t r a n f a d i o n s philofophiques. Vous rapportâtes, vous le répétez dans
v o t r e grand ouvrage fur les volcans des deux-Siciles , tome II, explication
de la planche 43 , » que c'eft par l'effet que fait cette vapeur
)) fur plufieurs parties du cône de la Solfatare , que les couches de Rati
pilli, les fragmens de lave , & c . dont elle eft compofée , font réduits
)) en une poudre blanche & fine ; l'eau de pluie entraîne cette poudre ,
» &. la mêlant avec les matieres brûlées de différentes couleurs, en
» forme une argille très-belle , également de diverfes couleurs , qui
5) étant expofée à l 'air, s'endurcit, ôcl'acide n'y caufe point d'effer-
» vefcence. »
E n 1 7 72, M. Ferber fe trouvant en Italie écrivit une lettre datée
de Naples le 17 février, à M. le chevalier de Born ; c'eft la onzieme de
l a traduâiion françoife qui en a été donnée en 1776 par M. le baron de
A M I L O R D H A M I L T O N . 19 1
Dietrich,-impriraée à Strasbourgen un volume zn-S". On y lit les paroles
fuivantes au fujet des matieres volcaniques de la Solfatare, dont pluiteurs
paffent à l'état argilleux.
L a Solfatare étoit fans doute autrefois un volcan qui étant épuifé
» s'eft écroulé en lui-même ; il^ en eft réfulté un baffin environné de
)) toute part d'une circonférence élevée. Le baffin eft compofé d'une
)) terre argilleufe blanche , qui , felon toute apparence , ne fert que de
« plancher ou de couverture à l 'ancien gouffre On nomme Pifcia-
« relie deux ou trois petits filets d'eau brûlante qui ont le goût d'alun ,
j) fentant le foie de foufre, & qui. ont leur fource au pied d'une des
)) collines de lave qui environnent le gouffre de cet ancien volcan. La
)) lave de cette colline qui porte le nom de Monte-fecco , a été changée
)) par Vacide fulphureux en une argille blanche.
» L'exiftence d'une quantité d'acide fulphureux, dans les fouterreins
») de la Solfatare, eft fuffifamment conftatée par le foufre jaune qui fe
j) fublime en petites fleurs cryftallifées par l'alun, le vitriol & la félé-
>) nite, qui s'attachent au plancher & aux collines qui fervent de mur
» à la Solfatare. Il n'eft pas moins certain qu'il exifte dans les entrailles
j) de la Solfatare de l'acide marin & de l'alkali volatil, puifqu'il s'y fu-
» blirae auffi du fel ammoniac, dont ils font les parties intégrantes.
3) Les rochers ou parois qui décrivent un cercle autour de la Solfa-
» tare, font pour la plupart divi fés en couches , & ont tous la blancheur de
» la pierre à chaux, fi bien qu'on s'y trompe au premier coup d'oei l , mais
» par l'examen on voit qu'ils font argilleux.
- » Je ne doute point que ces collines ne fuffent au commencement
J) formées que de laves & de cendres de l'ancien volcan; & celles qui
« font difpofées par couche, ne doivent apparemment leur origine qu'à
)) différentes efpeces de cendres. Ce mélange a été pénétré par les va-
» peurs brûlantes de l'acide fulphureux qui l'a converti en argille... II
» y a des morceaux dont une partie eft encore lave & l'autre changée en
5) argille; cette argille eft molle comme une terre,ou dure &pierreufe,
,j) elle reffemble à une pierre à chaux blanche : on y voit encore quelquej)
fois du fchorl blanc en forme de grenats, fi commun dans les laves
>) d'Italie, mais il eft auffi converti en argille : les matieres autrefois
i) volcaniques,font la plupart blanches, mais on en trouve auffi de rouges,
» de grifes-cendrées, de bleuâtres & de noires en quelques endroits,
» fur-tout aux Pif dar elle. Cette métamorphofe des matieres volcaniques
» vitreufes en argille, par l'intermede de l'acide fulphureux qui les a
« pénétrées & en quelque forte diffoutes peu à peu & en un grand nojn-
» bre d'années, eft fans doute un phénomène remarquable & très-inftruc-
3) t i fpour l'hiftoire naturelle.
» Il eft notoire que l'argille perd par la calcination fa propriété tenace •
5> & liante, 6c qu'on ne fauroit la lui rendre en l 'humef tant avec de l'eau,
3) & quand même on la réduiroit en poudre la plus fine; mais l'acide
3) fulphureux de la Solfatare a le pouvoir de lui rendre cette qualité
31 liante; car pour obtenir l e fel ammoniac qui fe fublime de la Solfatare,
rt on fe fert de débris de vafes de terre très-bien cuite- cependant les
3) vapeurs acides de la Solfatare l'amolliffent ôc lui rendent la forme
» d'une argille calcinée.
Il