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550 VO L C A N S ÉTEINTS
fon origine à des iriatieres volcaniques déconipofées, car on a pu voir
dans mon mémoire fur le bafalte, 6c dans ma lettre à M. le chevalier
Hamilton, que la lave la plus dure palle, dans certaines circonilances,
à l'état d'argille friajale, dans d'autres fe change en argille douce &;favonneufe,
& qu'elle peut même, par i'intermede des eaux faturéesde divers
principes, fe métamorphofer en véritable feld-fpath, paflage qui n'eft
point appuyé fur des idées fyrtéraatiques hafardées, mais fur des faits,
fur des objets que j'indique, que je pofléde dans ma coUeâion, & qu'il
eil libre à chacun de voir & d'examiner, que je rappelle encore dans la
defcrjption de la montagne du Medine^ & dans celle des environs de
Polignac.
Ç'eil d'après cela que je regardai les grands bancs de la carriere
de Brives, furmontés par des montagnes de laves altérées, comme le
produit de ces mêmes laves déçompofées, attaquées par les fumées,
maniées, remaniées par des eaux plus ou moins faturées par le principe
igné, par le gas méphytique, ou ii l'on aime mieux par l'air fixe. Mais
pourquoi, pourra-t-on me dire, les bancs de la carriere de Brives ayant
été formés par des laves déçompofées, y trouve-t-on encore quelques
noyaux de bafalie intaû? je repondrai qu'ilferoit auffi difficile d'en rendre
raifon,que d'expliquer pourquoi parmi les mailesfupérieures de laves
entièrement déçompofées & réduites en terre, on y trouve des noeuds
de bafalte & de granit d'une belle confervation.
Comme ces fragmens de bafalte trouvés dans le centre de la carriere
de Brives, & dans des bancs fort épais d'une pierre très-dure,de la nature
d'un feld-ipath quartzeux, ne font pas communs, j'ai ramaifé tout ceux
que j'ai pu trouver , pour les dépofer dans mon cabinet, où les naturalilles
qui feront curieux de les voir , pourront les examiner dans leur
matrice primitive : il ert poffible que comme on exploite journeilemenc
cette carriere, il s'en découvre de temps en temps quelques autres ; fi cependant
on n'en trouvoit point fur place, je préviens qu'on en pourra voir
un morceau très-remarquable vers la partie gauche , après la feconde
culée du pont de Brives , du côté de la route de Lyon , à la feptieme
ou à la huitième borne qui borde le chemin : ce morceau où le noir
du bafalte tranche furu.nfond blanc, eft facile à reconnoitre. Il ne faut
pas quitter les rochers de Brives , fans venir les reconnoitre encore de
l'autre côté de la riviere , dans un grand enclos qui eft derriere la chart
r e u f e , & d'où toutes les pierres qui ont fervi à conftruire les bâtimens
jmmenfesde cette vafte maifon,ont été tirées : cette carriere s'enfonce
fous la Loire, rentre dans les terres, & vient reparoître derriere la chartreufe;
c'eft là où il ne faut pas oublier de fe rendre.
Comme cette carriere a été ouverte avec foin , 8c que l'exploitation
en a été bien dirigée, & en plein air, on peut voir fort à l'aife la difpofîtion
&C la contexture de ces grandes malíes de feld-fpath. Le prieur
de cette chartreufe qui a fait tirer des blocs énormes dé cette pierre,
pour des digues contre la Loire, me dit que quoique cette carriere foit
jointe , bien ferrée , & que la ligne de féparation des bancs foit prefque
imperceptible , néanmoins il avoit obfervé une zone d'une matiere différente,
qui coupoit verticalement la carriere par le milieu, & que cette
tranchée offroit une certaine régularité d'autant plus furprenante, que
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la matiere en étoit fmguliere , & qu'elle lui étoit inconnue, ^examinai
cette coupure fore attentivement, & je vis qu'elle avoit z pieds t de
largeur, qu'elle traverfoit verticalement toute la carriere, & fe prolongeoit
enfuite horizontalement dans l'intérieur des bancs lés plus
éloignés. Cette grande orniere ne me paroiflbit point s'être formée accidentellemenc
par la rupture de la montagne , ou par la retraite de la
•matiere lorfqu'elle étoit dans un état boueux , & qu'elle paflbit à un
état de deification, mais bien parce que cet amas immenfe de matiere
de feld-fpath étant fous les eaux & dans un état de mollefie, avoit été
interrompu par une couche de matiere hétérogene, & que le feld-fpath
avoit acquis la plus grande dureté, tandis que cette zone avoit réfifté à
l'aftion du fuclapidifiquej mais je fus finguliéremement furpris lorfque
voulant examiner la matiere de cette bande, je reconnus que ce n'éfoit
qu'un aiîêmblage de laves poreufes jaunâtres, qui coramençoient à fe
décompofer, mêlées parmi d'autres plus fortement altérées & de couleur
blanche , le tout joint & confondu avec des fragmens de bafalte.
Voilà fans contredit un beau fujec de méditation pour un naturalifte.