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j> niques; cette cendre eft d'une couleur grife obfcure , Se l'on y voit
» des taches blanches qui font des pierres ponces ramollies, & comme
w calcinées par les injures de l'air. . . . Ces cendres prouvent qu'après
» que des volcans, d'une antiquité inaiïignablej eurent jeté les pouzzo-
« lanes qui conftituent le fond de la campagne de Rome ; & qu'après
» que la mer eut formé des collines fur ces campagnes en y amonw
celant des fables, des cailloux & des coquillages , alors il s'ouvrit
» des nouveaux volcans , dont il ne refte pourtant aucune mémoire ,
» mais dont les cendres recouvrirent les collines formées par la mer. »
• On peut regarder notre Archipel comme une fuite d'îles dont la plus
grande partie a été élevée du fond de la mer par des explofions volcaniques
, à r inftar de Santorin. On voit encore dans plufîeurs de ces îles
beaucoup d'eaux thermales, des mines de foufre, d'alun; 11 y a des endroits
où la fumée & la flamme fe manifeftent encore :,tous les foyers
ne font pas encore abfôlument éteints ici; il eft même' à craindre que
dans la fuite des temps, certains de ces anciens volcans ne renaiflent de
leur propre cendre, pour occaiîonner de nouveaux bouleverfemens.
L E MONT HECLA EN ISLANDE.
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C j E T T E Î I e qui a environ 96 lieues danoifes% de l'orient à roccidentj
fur 50 lieues de largeur moyenne , eft ficuée fous le 64®. degré 6 de latitude.
Elle ofire une fuite de montagnes & de terreins brûlés, particulièrement
dans le canton du nord & dans la partie méridionale, dans les
diftri£ts de Guedbringe & à'Ames , & dans ceux de Hnapedaes , Bov^
gefiords & Snecfiednes , ainfi qu'au milieu des rochers , entre le pays du
midi ÔC celui du nord.
M. Jean Anderfon ,premierbourgmeftr e de Hambourg, quia donné
Thiftoire naturelle de r iftande' ' , regarde cette iile comme une terre
prefque entièrement volcanifée, pleine de foufre, de bitume, de falpêtre
: il eft tellement pénétré de fon fujet , qu'il s'écrie avec Moïfe ,
chap. 29, verf 23 : que torn le pays efl brûlé de foufre & de fel ^ qu'il
ne peut être femé j qu'il n'y croît point d'herbe ; & après avoir fait
l'application de ce paflàge , il ajoute, de fon chef, qu'on ne voit par^
tout aucun véritable fable , mais feulement de vieilles cendres & de la
poujfiere des pierres brûlées. Quel immenfe pays ravagé par le feu , iî
la relation de M. Anderfon eftexafte ! Mais malheureufement un moniîeur
Horrebows, Danois , ÔC miniftre de la religion luthérienne , eft
venu le contrarier d'une maniéré un peu dure, dans un ouvrage intitulé :
nouvelle defcription phyjïque, hijiorique, civile & politique de l'Ijlande,
avec des obfervations critiques, &c.'Ce dernier auteur convient cependant
que l'Hecla qu'il regarde comme une montagne très-élevée & une
® La lieue de Daiemarck eft de ^ooo pas ; il en
feue douze pour un degr¿; 96 lieues danoifes font
environ 200 lieues de France, de i j au degré.
1> Elle a ¿té publiée en françois avec celle du
Groenland, pat M. Sellius, & fe trouve à Paris chez
Jorry , près la comédie Ftançoife , 2 vol. in-tz.
c Cette nouvelle defcription de l'Iilande , par M.
Horrebows, craduice en français, en i vol. in-m »
fe vend à Paris chez Qiarpeniier. Le miniftre luthérien
avoir vifité cette îie par ordre du roi de Danemarck.
On eft révolté de la maniéré dure dont ce
Danois traite !e bourgmeftre de Hambourg, ciui
eft un favant eftimable. La critique eft permiie , cl!©
eft même avantageufe pour les fcicnces, mais dés
qu'elle fort des bornes de !a modération & de l'honnéteté,
& qu'elle dégénéré en brut^icé , elle désho^
nore les lettres.
L E S VOL CANS B R U L A N S. ,5
des plus grandes de r l f lande , a occafionné très-anciennement des ra
vages épouvantables, en vomiffanr des matieres embrafées • & aue de
puis l'efpace d'environ 800 ans que l l f lande eft habite'e , on a reconnu
environ vingt volcans dans cette fuiteprodigieufe de hautes montagnes
dont tout le pays eft couronne. Il eft à préfumer que plufieurs de ces
montagnes ont brûlé dans des temps encore plus reculés.
M Horrebows nie formellement la correfpondance de l'Hecla avec
le Vefuve 8c I t t n a , &: dit que depuis plufieurs années il s'eft formé
en lllande d autres volcans qui ont produit de nouveaux ravages, qui ne
le cedoient en nen à ceux qu'avoit anciennement occafionné l'Hecla • mais
que cesdiftérentes bouches,en épuifantles matieres de ce derniervolcan en
avoientfaitceflerleseruptions Jevaisrapporterlespropresexpreffions du
miniftre Hor rebows, au fujet des incendies de l 'Hecla.»L'Hecl a n'aieté
.. desflammesquedixfoisdansl'efpacede8ooans,quieftenvironletemps
» quel lllande eft habitée; favoir, dans les années 1104,1157 j^/,
.. 1300, I 3 4 i , i 5 6 z , i 3 8 9 , i s 5 8 , i 6 3 6 ,&l a d e r n i e r e fois en lôn,'
.. Ce qui mente d'etre remarqué ici, c'eft que l'Hecla ayant fait le plus
» cruel ravage au 14=. fiecle , à quatre différentes reprifes, il a é t é tout
I) à-falt tranquille au fiecle fuivant , Sc qu'il a ceffé de jeter du feu
J) pendant 169ans de fui te; & afluellement on n'apperçoitfur l'Hecla
» m le moindre feu , niexhalaifon , ni fumée; on n'ytrouve uniquemeni
» que de 1 eau bouillante dans quelques petits creux. >,
On voit dans l e livre de M. Horrebows, qui critique ii amèrement
M. Anderion , a qui il reproche de ne parler que d'après le rapport daut
r u i , que lui-meme n'a écrit que fur de fimples relations, & qu'il n'a vu
1 Hecla que de loin ne s'en étant jamais approché pour le confidérer
en obfervateur. U n auroit jamais dû , d'après cela , livrer la guerre en
termes auffi durs & auffi peu mefurés à l'honnête M. Anderfon nui oré
vient véritableiaent le leSeur en fa faveur , par fa maniéré polie d^
s enoncer, & par l'attention qu'il a d'avertir qu'il s'eft fervi pour
prendre des renfeignemens fur l'Iilande, d: l'occafion du commerce conjiderabUde
cette ifte , qui atttre tous les ans un bon nombre de capitaines
de „at^eaux, de negoctans ou leurs commis qui, venant en droiture à
M ''' "'fi'"' """'boitrg pour y trafiquer.
M. Anderlon ajoute encore qu'il a eu foin, pendant plufieurs années '
de s entretenir avec les plus inftruits de ces voyageurs, pour tâcher'
foit en leur faifant plufieurs queftions, foit en leur montrant des raretés
du nord , de tirer d'eux toutes les connoiflknces pofliiles fur l'état
politique de ce pays, & fur fes différentes produftions naturelles. M.
Anderlon nous apprend avec ingénuité les fources où il a puifé; fa bonne
foi meritoit des é g a r f s , & non des duretés de la part de fon antagonifte ,
qui auroit du du moins nous donner quelque chofede mieux furl'Iflande
pour nous dédommager de fa mauvaife humfur contre le bourgmeftre
de Hambourg. On voit, en vérité, avec une efpece d'indignation, que le
miniftre danois , qui fe pique de donner une hiftoire beaucoup plus
exafte que celle qu'il décrie , fait des reproches amers à M. Anderfon
ur ce qu II s en eft rapporté à autrui, & qu'il a ofé dire que l'Hecla elÎ
inacceflible. Ne croiroit - on pas, d'après cela , que M. Horrebows a
gravi lui-meme , avec des peines infinies, cette montagne , pour en
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