272 VO L C A N S ÉTEINTS
des traces de déjeñions boue ufe s , où fe trouvent divers corps étrang
e r s , tels que des filex , des fragmens de pierre calcaire, des matieres
volcaniques décompofées , le tout mêlé de fchorl noir, &c.
J e vis avec plaifir dans la partie du ravin qui fait face au château ,
dans une profondeur confîdérable , un accident qui m' intérefi a : c'eft une
couche de bafal te qui n'a tout au plus que douze ou quinze pieds d'épaiff
e u r f u r quarante de longeur , elle eil comme lardée dans la mafle des
tuiFa; la matiere du bafalte , entraînée avec les aut res déje£lions , a formé
une zone ondulée, 5c cet t e configuration forcée n e l'a pas empêché
de fe convertir ent ièrement en prifmes. On voit, par l'examen du local,
que ce n'eft point ici un débri de pavé entraîné accidentellement parmi
Jes tufFa, mais que la lave a pris fa configuration prifmatique fur
place ; ceci mérite d'être obfervé avec a t tent ion , car on ne fauroit trop
s'attacher à recueillir des faits qui peuvent tendre à donner des notions
f u r la théori e embarraifante de la format ion des prifmes de bafalte.
Au deiTus du ravin, dans la part i e la plus élevée qui fai t face au château
, on voit les belles cryilallifations fpathiques dont j'ai fait mentioa
dans mon mémoire fur les laves ; ces cryftaux, dont la plupart font à
pyramide triedre al longée, fe t r o u v e n t dans une efpece de t u f f a & dans une
matiere volcanique en partie décompofée , quelquefois même dans des
cavités formées par des entaiTemens de bafalte en éclat. On voit ici,
d'une maniere à ne laifler aucun doute , que les eaux ont manié après
coup ces différens fédimens ipathiques, qu'elles les ont dépofé dans
les cavités, dans les vuides qu'elles ont rencontrés.
L a partie de l 'efcarpement du ravin, attenante au château, renferme
dans le bas une pouzzolane d'un gris noirâtre, mêlée de quelques grains
fpathiques calcaires; on voit enfuite des laves poreufes, des mafles
irrégulieres de bafalte , avec des noyaux de pierres calcaires, dont plufieurs
font de la grolTeur du poing j & enfin au plus h a u t , vers les murs
d'enceinte du château, des remparts de bafalte noir en petits prifmes
i r r é g u l i e r s , danslefquels on trouve beaucoup de fchorl noir.
V O L C A N
D U VIVARAIS.
V O L C A N DE CHENAVARL
L o r s q u ' o n eft parvenu au château de Rochernaure , & qu'on a
obfervé tout ce qu'il y a d'inte'reifanc & de curieux, on eft furpris de
voir un autre montagne prefque at tenant e à celle dont je viens de parler,
mais beaucoup plus confîdérable Se d'une grande élévation. On entrevoit
fur fon fommet un de ces plateaux ifolés qui couronnent la plupart
des montagnes volcaniques, & qui font formés ordinairement par des
chauflees de bafalte en prifmes. Il ne faut pas manquer d'aller vifîter ce
beau volcan j plufieurs objets méritent d'y être obfervés.
Un chemin qui part du château y conduit par une pente affez rapide;
on ne tarde pas à quitter les matieres volcaniques pour entrer dans les
rochers calcaires, interrompus de temps en temps par des cailloux roulés,
mêlés de quelques filex , mais où cependant les pierres calcaires dominent.
Après un quart d'heure de chemin aflez r apide , on rencontre quelques
fermes nommées Lous-Coutas^ & un demi-quart d'heure après, on en
trouve une nommée les Creufets : c'eft ici où il faut dépofer les chevaux
iî' on eft curieux de gravir le refte de la montagne à pied ; mais comme
l a route eft encore longue & fur-tout très-rapide, & que les chevaux
peuvent cependant y monter, je confeille de ne point y aller à pied;
car comme cette partie de la montagne eft très-élevée & que l'airy eft
v i f , on courroit rifque de prendre froid après avoir eu chaud.
E n quittant la ferme des Creufets,on entre dans un fent ier rapide qu'il
faut aller chercher fur la gauche : on eft toujours dans les pierres calcaires;
mais au lieu d'être en bancs comme au deiTous, on ne trouve plus
que des efpeces de grandes couches de cailloux calcaires arrondis, dont
plufîeurs font fortement aglutinés, parmi lefquels on trouve des pierres
à fufil, quelques quartz opaques & groiTiers : ici le quartier change de
nom, la montagne prend celui de Chenavari. Au bout d'un quart d'heure
& vers les approches d'un petit bois de chataigner, on entre dans les
matieres volcaniques, c'eft-à-dire, qu'on eft alors dans des entafl"eraens
d'éclats de bafalte noir ôcdur. On monte encore d'ici pendant une demih
e u r e , & tout e cette croupe eft garnie de déb'ris de prifmes & de mafles
irrégulieres de bafalte : on découvre déjà le grand plateau fupérieur
formé par des prifmes d'une grofieur monftrueufe ; & avant d'y parvenir,
on voit plufîeurs petites-chauffées difpofées en mofaïque , dont les
prifmes bien caraitérifés & d'un petit volume, font la plupart enterrés
dans la montagne, ce qui eft caufe qu'on n'en découvre que la fommité
fur laquelle on eft obligé quelquefois de marcher; ces prifmes font à 5,
à 6 & même à 7 pans ; on y en voi t plufîeurs d'articulés.
On arrive enfin au pied d'une formidable chayilee qui fertde foutienSc
de rempart au plateau fupérieur : ici le chemin eft des plus mauvais ; oti
eft dans les eiitaflemens ôcdans les ruines de bafal te; tout eft jonché d'énormes
mafles de mat ieres volcaniques.Cet t e premiere chauf lëeef t formée
pardes colonnes qui ont plus de 25 pieds d'élévat ion, & dont l e diametre
eft de plufîeurs pieds ; le bafalte dont elles font compofées eft un peu
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