t ? , '
i l
I)'
I Í
M É M O I R E
C I N Q U I E M E VARIÉTÉ.
Schorl noir de Madagafcar , en cryjiaux folitaires d'un beau noir luifant,
à neuf pans d'inégale largeur ^ &à pyramides triedres obiufes ,
dont les plans font rhomboïdes Voyez planche I, fig. E .
C E fcl îorl , felon M. Sage, expofé à un feu violent, s'y réduit en un
émail d'un gris blanchâtre. Je ne l'ai point trouvé dans les laves du Vivarais
& du Velay.
Ld. belle tourmaline cryftallifée que poflede M. de Rome Delille,
a f f e f t e la même forme que le fcliorl de Madagafcar;elle eft d'un noir
jaunâtre , peu tranfparente. J ai une tourmaline '' prefqu'aufli grande
qu'une piece de douze fols, très-éle£trique. Cette pierre eft devenue
moins rare qu'elle ne Tétoit ci-devant ; mais je ne l'ai vu cryftallifée que
chez M. Delifle. Il feroit à deiîrer que les Hollandois, qui font plus à
portée de fe la procurer, & de l'obferver dans l'île de Ceylan d'où
on la tire, fîlîènt des recherches fur fa nature : la pofîtion des lieux,
la qualité des matieres voifînes peuvent donner des éclairciflemens trèsi
n f t r u â i f s . Je fufpendrai en attendant mon jugement ; 8c malgré fa cryftallifation
femblable à celle du fchorl de Madagafcar , je ne la claiferai
pas parmi les fchorls ; on peut dire feulement qu'elle s'en rapproche ,
ce que M. Linné avoit très-bien vu. Je n'en ai parlé ici qu'à caufe de
f a reflemblarice avec le fchorl de Madagafcar, du moins quant à la
cryftailifatioa.
S I X I E M E VARIÉTÉ.
Schorl noir , prifmatique , fibreux, fîrié, ou en aiguilles.
J E ne me fers ici de ces diviiions que pour la facilité de l'étude , 6 c
pour répandre un peu plus de clarté fur mon fujet. L a nature ne connue
tris. Linn. 95/3. Delifle , cryflaîÎogr. 2.61.
b Borax ele3ricus , Linn. 96.4.
Delifle, cryftallogr. 266.
Les leâeurs feront bien aifes de trouver ici ce que
M. Delifle a dit, page 269 de fa cryfiallographie , fur
les propriétés de la tourmaline , d'aprâs k lettre de
M. le duc de Noya CarafFa à M. le comte de Buifon.
»> 1°. La tourmalinea la propriété d'acquérir une vertu
»j éleiftrique lorfqu'elle eft expofée à un feu médiocre,
w & de n'en point fouffrir d'altération. 2®.De s'éleari-
»> fer par le feu & la chaleur, même dans l'eau, beau-
»> coup plus que par le frottement. 3°. D'attirer & de
s> repoufier, même à traverslep2pier,Iescorpsle'ger$
»' tels que la cendre & la pouiTiere.de charbon, 4°. De
w ne donner ni chaleur ,ni étincelles ;de n'avoir point
» de poles, & d'agirii l'on veut au bout d'un conduc-
» teur métallique. De repoufler, à mefuce qu'elle
»> fe refroidit, les corps qu'elle a attiré en s'échaulîant.
»' 6®. De rejeter plus vivement les paillettes où l'on
» préfente les pointes. 7°. D'être attirée par un tube
» élearifé , loin d'en être repoulTée. 8°. De li'être
»> point arrêtée dansfonaAivitéparlapréfencedeTai-
V inant. De oe perdre fon éleâticicé par aucun
» des moyens ordinaires de la machine éleârique, nî
,) par les pointes. De n'avoir plus d'éieâricité
« lorfqii'eile eft trop échauffée , &c. On a encore rejj
marqué que deux tourmalines fufpendues & échauf-
» fées, s'attirent & ne fe repouiTent point ; que la
n diftance des répullions eft plus grande que celle des
>j attraftions ; que l'un des côtés de cette pierre ren
pouffe , tandis que l'autre attire , fi elle s'échauffe
H également ; qu'en l'échauffant par le frottement, la
w partie frottée attire , tandis que l'autre tcpouiTe. »>
Voyez cryftallogr. de M. de Romé Delifle , paga
266, efpece III.
Hift. de l'académie des fciences, année 1717, pages
7 & fuiv.
Lettre du duc de Noya Caraffa à M. de Buffbn ;
Encyclopédie, au mot tourmaline.
Mémoires de l'académie royale de PrufTc, tome II
page 8 , article î de Vappendix.
Mémoire de M. jïpin dans ceux de l'académie de
Berlin , année 1756 , article zî.
DilTertation de M. Wilke, fous le titre de Vifputatiofolemnis
philofophica de cleÇlricitatibus concra'_
riis. Roftochii, 1757.
S U R L E S S C H O R L S . p t
jamais de divifions tranchantes;je le fais. Forcé d'en former ici pluf îeurs,
j e n'ai point eu intention d'établir des genres ni des efpeces ; j'ai faic
mention feulement des variétés des fchorls qui me font connus : ceux qui
font cryftallifés ont dû teñirle premier rang, comme ayant un caractère
remarquable. L a cryftallifationlaplus iimple m'a conduit à la cryftallifation
la plus compofée : mes divifíons ne font point des lignes de réparation,
mais de fimples indications toujours fuivies de la deicription.,
Il peut très-bien fe faire que d'autres fchorls qui ne me font pas connus ,
& d'autres encore qu'on découvrira peut-être dans la fuite, viennenc
occuper de nouveaux rangs; mais en cela leur place fera bientôt trouvée;
& n'ayant aucune vue fyftématique à ce fuj e t , je ne crains pas qu'on,
vienne attaquer ma méthode. J'ai pu me tromper, j'ai dû faire des erreurs
dans un fujet neuf & compliqué ; mais je fuis trop récorapenie fi j'ai pu
mettre les obfervateurs fur la voi e de faire des recherches plus profondes.
Cette fixieme divifîon of fre de très-grandes variétés ; les fchorl s noirs ,
ftriés ou fibreux, imitent quelquefois des cannelures cylindriques aflez
réguUeres, voye\ fîg. F; d'autres fois , des prifmes comprimés, qu'il
eft impoiîible de déterminer; fouvent ces prifmes font fans ordre , ôc
divergent dans pluf îeurs fens; quelquefois ils fontenfaifceauxd'unvolume
alTez confidérable : enfin, les mêmes prifmes font, dans quelques circ
o n f t a n c e s , lî fins & li déliés , que l'oeil peut à peine les appercevoir.
O n peut dire que c'eft ici le labyrinthe de la cryftallifation, dont il ef t
bien difficile de fe dégager : c'eft donc le cas, toutes les fois que le fchorl
n'oiFrira que des prifmes confus , minces, fibreux & déliés , de les reléguer,
en attendant mieux, dans cette iîxieme divifîon : on voit que
c'eft plus en naturalifte qu'en chymifte quej e les contemple dans ce moment
; car tous les fchorls noirs, différemment cryftallifés , donnent à
peu-près les mêmes réfukats par l'analyfe ; mais le fecours des formes
dans ce cas eft utile pour mettre plus d'ordre dans les idées. Il fuffic
d'ailleurs que la nature fe plaife ainfi à adopter des formes variées ,
pour que nous nous attachions àles étudier Ôcà les bien connoître.
L a Bretagne fournit du fchorl noir en maiTe fibreufe , & ce fchorl eil
pour l'ordinaire adhérent à un feld-fpath d'un blanc jaunâtre; on en
trouve d'autre qui eft dans le granit.
Plufîeurs granits de Bourgogne contiennent également du fchorl
fibreux. On en trouve du très-beau à Johann-Georgen-Stadt , dans une
matrice de quartz.
Eibenftock en Saxe en fournit de très-curieux par la difpqfîtion des
prifmes , qui la plupart font rangés parallèlement les uns fur les autres
dans une mine de fer rougeâtre.
O n vit en 1772 , à la vente du cabinet de Forfter, un très-beau
groupe de cryftaux de fchorl en prifraes indéterminés , ftriés, noirs 6t
l u i f a n s , dans un quartz blanc où l'on remarquoit les empreintes de plufîeurs
des cannelures de ces cryftaux qui avoient été détachés ; ce qui
étoit d'autant plus intéreifant, que ce morceau démontroit que le quartz
avoit été formé poftérieurement à ce fchorl : ce bel échantillon venoic
d'Altenberg.
L a même vente offrit également un groupe remarquable, compofe' Schoridansia
de gros canons de cryftal de roche chargés & pénétrés de fchorl prifn'i
i
Schorl dQttilfl
quartz.