« î di s c o u r s s u r
» febrJquoif d'excellentes foudres des armures éclatantes , & des ma^'
» chines pour attraper fa femme lorfqu'elle commettoit des infidélités.
» Nous nous rdpofâmes pendant quelque temps, & nous bûmes quel-
» ques coups àlafanté d'Empedccle 8c de Vulcain, qui nous auroient:
i> fûrement approuvé après une pareille marche. Je trouvai que le mercure
» étoittorabé à2opouces61ig....;nousnousremîmes en marche &
» nous arrivâmes bientôt après au pied du grand cratere de la montagne.
» Il eii exaftement d'une figure conique , 8c il s'éleve également de
» tous les côtés : il n'eft compofé que de cendres 8c d'autres matieres brû-
» lees, forties de la bouche du volcan qui ell à fon centre. Ce cône eft
,1 très-vafte ec ia circonférence na pas moins de lo milles. Nous nous
» repolames ici une fécondé fois , parce que le relie du chemin étoit le
» plus fatigant. Le barometre lavoit defcendu à zo pouces 4 i lignes
n Le cratere eft extrêmement efcarpé ; 8c quoiqu'il nouseûtparu noir
» Il etoit cependant couvert de neige, dont la furface, heureufement
.) pour nous, étoit revêtue d'une couche affei épaiffe de cendres. Sans
» cela nous n aurions jamais pu gagner le foinmet, parce que le froid
» perçant de 1 athmofphere avoit par-tout glacé la neige devenue lui-
» iante comme un miroir.
» Quand nous eûmes grimpé l'efpace d'une heure , nous nous trou-
)) vames a un endroit où il n'y avoit point de neige ; Se il fortit fort â
>) propos une vapeur chaude des environs; ce qui nous engagea de nou-
>1 veau a faire halte. Le mercure étoit à 19 pouces 6 i lignes. Le thermometre,
a mon grand étonnement, étoit tombé 5 degrés au deflbus
» du point de congelation ; 8c avant que nous euffions quitté le fommet
» de 1 t t n a , il delcendlt encore de 2 degrés , c'eft-à-dire, à 27. Depuis
» cette ftation, il n'y avoit plus qu'environ 300 Verges iufqu'au fom-
» met le plus élevé de la montagne , où nous parvînmes aflez à temps
» pour jouir du coup d'oeil le plus beau 8c le plus merveilleux de la na-
» ture La région déferte ou la zone froide de l 'Etna, eft le prej.
mier objet qui attire l'attention : elle eft marquée par un cercle de
» neige 8c de glace, qui s'étend de tous côtés à la diftance d'environ
» « milles. Au centre de ce cercle , le grand cratere éleve fa tête en-
» flammee, 8c des régions où le froid 8c la chaleur font exceflifs, fem-
» blent pour jamais réunies dans le même point. On nous aflure que
>. ur le cote feptentrional de la région de neige, il y a plufieurs petits
» lacs qui ne dégelent jamais, 8c qu'en beaucoup d'endroits la neige
.) mêlee avec les cendres 8c les fels de la montagne, forme des tas d'uie
» hauteurprodigieufe. Je fuis perfuadé que ces fels contribuent en grande
» partie a la confervation des neiges.
» La région boifée fuit immédiatement la zone déferte : elle forme
» une ceinture du plus beau verd qui environne entièrement la mon- '
» tagne ; 8c c eft affurément un des cantons les plus délicieux de la
» terre; ce quifaitun contrafte remarquable avec la région déferte. Elle
» n eft pas unie ni égale, comme la plus grande partie de celle-ci; mais
» elle eft agréablement diverfifiée par un nombre infini de ces jolies
» collines qui ont été créées par les différentes éruptions de l'Etna :
» elles ont toutes acquifes une fertilité étonnante , excepté quelquesunes
qui font nouvelles, c'eft-à-dire , qui ont pris naiffance dans les
L E S VOL C ANS BRULANS. fi,
„ cinq ou fix cens dernieres années • car il en faut des milliers pour les
« amener a leur plus grande fécondité. Nous examinâmes les cráteres de
„ ces dernieres , 8c nous entreprîmes , mais en vain, de les compter
La circonférence de cette zone ou du grand cercle n'eft pas moins
" ^ M vignobles , les vergers T es
champs de bled qui compofent la région fertile. Cette troileme zone
» b'^a^ouppluslargequelespremieres,s'étenddetouscôtésjurqu'aunied
.. de la monragne. bon contour, fuivant Recupero , eft de i8 j milles •
.. elle eft auffi couverte de plufieurs petites montagnesconiques 8crphé-
.. nques ; elle prefente une variété furprenante de formes 8cde couleurs,
» & fait un contrafte charmant avec les deux autres. Elle eft bornée aJ
.. fud 8caufud-eft parla mer, 8c des autres côtés par le Semete 6c
» 1 Alcantara qui 1 environnent prefque en entier. On apperçoit d'un
.. coup d oeil le cours de ces rivieres 8c leurs agréables détours à travers
" "fv^llf^ fútiles qu on regarde comme les polTeffions favorites de
» Ceres, 8c le lieu ou fut enlevée fa fille Proferpine
« Nous avons examiné enfuite une quatrième région de l'Etna, très-
., differente des autres, 8c qui produit des impreffions moins douces,
» mais qui fans doute a donné naifl'ance aux trois premieres; je veux
» parler de la région du feu. , j •¡un
» 5 milles 8c demi de circonférence : il va en pente de chaque côté
>. & forme une excavation qui refl'emble à un vafte amphithéâtre. Il fort
>> de plufieurs endroits des nuages d'une fumée fulphureufe, qui étant
i. beaucoupplus pefante que l'air environnant, au lieu de s'élever comme
» fait ordinairement la fumée,à l'inftantoù elle eftportée hors du cratere
.. roule vers le bas de la montagne comme un torrent, jufqu'à ce qu'elle
» arrive a la partie de l'athmofphere qui eft de la même gravité fpécifi-
>. que : alors elle s échappé horizontalement, 8c forme dans l'air une
» large trainee , fuivant la direSion du vent qui, heureufement pour
>) nous la chaffoit du cote oppofé à celui où nous étions. Le cratere eft fi
.. chaud qu II eft fort dangereux , fi même il n'eft pas impoflible d'y def-
" La fumee eft d'ailleurs très-incommode, 8c en plufieurs en-
.) droits a furface eft fi gliflante , qu'on a vu des hommes y tomber 8c
>> payer leur témérité de leur vie. Labouche du volcan eft près du centre
.. du cratere. Ce gouff^re effrayant, fi célebre dans tous les âges, fait trem-
« b er les peuples dans cette vie, 8c ils le redoutent encore après la mort.
>> Nous 1 examinâmes avec une efpece de refpeû mêlé d'horreur, 8c
» nous ne fumes pas furpris qu'on le regarde comme le féjour des dam-
)i nés. Quand on penfe a l'immenfité de fa profondeur ; à l'étendue des
J) antres 8c des cavernes d'où font forti tant de laves; à la force que
J. doit avoir le feu intérieur pour élever ces laves à une fi grande hau-
» teur , les iouten.r en l'air, ou feulement les porter au fommet du eras>
tere , avec toutes les circonftances terribles qui accompagnent ces
» explofions ; au bouillonnement de la matiere ; aux fecoufles de la mon-
>> tagne 8c aux rochers enflammés qu'elle vomit, 8cc. il faut convenir
J> que 1 imagination épouvantée apeine à fe former l'idée d'un enfer nlus
» redoutable ! . . . ^
» Lorfque nous arrivâmes au pied du cône, nous apperçûmes des
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