^ S MÉ M O I R E
rôle iiitéreflant dans la nature. J'ai eu le plaifir de découvrir dans un
de mes voyages en Vivarais , une montagne afiez coniidérable, qui n'eit
prefque entièrement conipofée que d'un fchori noir en petites lames.
Dans un fchifte noir où Ton remarque quelquefois des portions d'un
mica argenté, le fchori y eft iî abondant & il y domine fi fort, que
la partie fchifteufe n'y eft tout au plus que comme un à iixj c'eft tout
auprès d'un des plus coniîdérables volcans éteints du Vivarais, qu'on
trouve ce fchifte fi riche en fchori-. II faut fe rendre au village de TheuytSy
à deux lieues d'Aubenas , où l'on trouve la montagne de la Gravene
qui a vomi dans le temps cette fuite de chauiïëes de géans qui s'étendent
à plufieurs lieues, & qui offrent la plus belle coulée debafalte qu'on
connoifle. La montagne de la Gravene n'eft abfolument campofée que
de laves poreufes d'un noir rougiât re; elle porte encore tous les caractères
d'un volcan qui ne viendroit que de s'éteindre. Les fécoufles & les
ébranlemens qu'ont dû produire cette immenfe fournaife, ont fai t éclater
un rocher attenant, formé de g rani t ; & les fentes de ce rocher ont mis
à découvert une mafle formidable du fchifte rempli de fchori dont je
viens de parler. On voit que ce fchorl s'éleve jufques fur la plus haute
fommicé de la montagne , & fe prolonge vers le voifinage du cratere de
la Gravene ; c'eft donc ici une montagne d'un fchifte noir , rempli de
fchori lamelleux, recouvert en certains endroits par le granit & lefeld-
Ipath en roche.
Je ne doute pas, à préfent que les connoiiTances minéralogiques font
beaucoup plus multipliées, & que les obfervateurs font plus inftruits ,
qu'on ne découvre dans bien des endroits du fchori en abondance.
Les différentes roches de corne , les hornfelsfkines des Allemands, les
lapides cornti de Wallerius ^ , qui en fait- quatre grandes divifions , mériteroient
l'examen le plus attentif, & un traité particulier le plus dé-%
taillé ; ce fujet n'eft pas moins embarraffant que celui des fchorls.
J'ai vu plufieurs pierres de corn« qui n'étoi-ent formées qu'avec unç
matiere argilkufe plus ou moins dure &: variée par la couleur, plus ou
moins pénétrées par du fchori en feuillecs ou en grains :• on fent combien
le nom de roche de corne dans ce cas-là eft impropre.
L'hornblende des Al lemands, qui eft la roche de corne fpatheufe de
Wallerius, peut induire également en erreur bien des naturaliftes.
J'ai vu dans le cabinet de M. de Rome Delifle les cinq échantillons
dont je vais donner la not ice, qui avoient été apportés du nord, & qui
étoient regardés par les Allemands & 1-e s Suédois comme- des hornblendes,
comme des blendes de corne.
I. Hornblende d'un noir mat , mais un peu luifant , de Jacob à
Biddarhyttan, avec de la pyrite cuivreufe.
N". 2. Idem , même qualité dans un quartz très-bla-nc , avec quelques
points de pyrites cuivreufes, de la mine de fer de Wik en Dalecarlie.
3. Idem , avec quartz très-blanc & pyrite cuivreu-fe de la mine
d'argent de Loefafen , paroifle de Schewi en Dalecarlie.
4. Idem, avec pyrite cuivreufe de la mine de fer à'Hoegbo , paroifle
à'Ofwanjïve en Geftricie.
, N®. 5. Idem, avec fpath calcaire blanc de Schelettau en Saxe.
a Lapides comei, Cen. z S . ^ j i . pag. 3£^Sifuiv. torn. I. ¿dit. latintde t j j z .
S U R L E S S C H O R L S . çj .
Ces cinq morceaux à^hornbUnde, qui font les mêmes dans des matrices
différentes , ne m'ontoffert , examinés avec beaucoup d'attention ,
& foumis à diverfes analyfes chymiques, qu'un fchori noir- compa r e ,
dont la cafllire pré fente un tiffu écailleux à très-.petite s lames ircégulieres :
quelquefois ces lames trè-s-fines font remp-lacées par des filets çapill^ires
de fchori, répandus irrégulièrement en divers fens j on y voit auffi quelque
portion de pyrites cuivreufes; & la matrice principale qui réunie
le fchori & la pyrite, eft une terre argilleufe noire, à bafe martiale.
Il ne faut donc pas regarder cette hornblende comme un fchori pur ,
mais comme^ une matiere mélangée ; & lorfqu'oa l'examine avec une
forte loupe , il eft effentiel de la confidererd.ansune caiTure vive, car les
parties extérieures s'étant moulées quelquefois, lors de leur formation
primitive, fur des furfaces polies, elles font devenues comme fpécul
a i r e s , ce qui pourroit, au premier abord, donner une faufle idée de la
contexture de ce fchori qui ne doit être vu à la loupe que dans des
parties rompues ; j'ai cru cette obfervation importante.
On voit que les minéralogiftes du nord ne vont encore qu'en tâtonn
a n t , fi je puis m'exprimer ainfi , & font peu d'accord au fujet de
l'hornblende, ou de la bien de de corne. Cronftedt l'appelle bolus indurata
particuUs fquammofis^-, Wallerius, corn^usfaeie fpathafeafiriata, corneus
fpaîhofus^ -j M. Linné lui-même, en parlant de ce fchori qu'on trouv«
fouvent dans les granits, le nomme mica mra , J'eu particuloe
Jienlis. Le fincum Jiérile de cet auteur eft la blende , qui n'eft que le
zinc fulphureux. Les Sue'dois l'ont appelle hornblende , ftrâhbkimmer
fchUirlblende ; les Allemands hornblende ou fchirlhlende. On voit par
ces différentes nomenclatures combien le fujet e'toit e'pineux ; mais
on doit en même temps rendre juftice aux Suédois & aux Allemands, ils
reconnoiflbient du fchori dans cette mmeie-,fchiorlblende&fehirlblende
l'annoncent d'une maniéré non équivoque. Qu'on me pafle la féchel
e f f e Scia longueur de ces réflexions fur l'hornblende-, mais cette matiere
tient de fi près au fchori, que j'ai été forcé de ne pas la paffer fous
filence ; je defirerois même que quelqu'un voulût fe donner la peine de
l'analyfer à fond.
Sur quelques propriétés particulières du Schorl noir.
L e s fchorls noirs cryftallifés , ou les fchorls vitreux en mafle qu'on
trouve dans les matières volcanifées du Véfuve ou de l'Etna ont la
propriété , lorfqu'ils ont eflliyé un certain degré de feu, d'être attirables
à l'aimant j il faut en faire l'épreuve avec un barreau d'acier aimanté,
qui porte fur un pivot très-pointu, à la mapiere des aiguilles des bouffoles.
Lorfque le barreau fe fera fixé, car il eft très-mobile, il faut
approcher doucement le fchori qu'on veut éprouver j & s'il a été attaqué
par le feu jufqu'à un certain point , on ne tardera pas à voir le barreau
fe mettre en mouvement, & fuivre les différentes direflions qu'on
donne au fchori qu'on lui préfente c. Cette petite découverte, relative
aux fchorls attirables à l 'aimant , eft utile dans bien des cas.
il
« Cronjledt, S8.
^ ^alimus, min. torn. L pag. 3.
Rien n'.eft fi bien imaginé , & rien p'eft fi commode
que ees barreaux d'acier aimantes j ce périt ap