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5 4 DI S C O U R S SUR
V) montagne. Je- vi s quelques couches de ce qu'à Naples on appelle
j) Tufa; qui couvre Herculanum, & qui compofe une grande partie
» des terres élevées auprès de Naples; & après l'avoir examiné, j'ai
» jugé que c'eft un mélange de petites pierres ponces , de cendres
» & de fragmens de lave, qui s'efl; endurci avecl e temps, aupointde
» former une forte de pierre. En un mot, je ne trouvai fur le mont
» Etna ( pour ce qui regarde les matières volcaniques ) rien que le
>) Véfuvene produi l e ; & il e f t c e r tain qu'il y a une plus g rande var iét é dans
» les matieres brûlées & les laves de cette derniere montagne. Toutes
)) les deux abondent en pyrites ôc en cryftallifations , ou plutôt en vi-
)) trifications. Sur le rivage de la mer, au pied de l 'Etna, on trouve
3) quantité d'ambre , ce qu'on ne trouve pas au pied du Véfuve. A pré-
» fent il y a une plus grande quantité de foufre Si de fels fur le fom-
)) met du Véfuve que fur celui de l'Etna j mais cette circonftance
» varie fuivant le degré de fermentat ion du dedans, ¬ reguide m'af-
)) fura que dans d'autres temps il en avoit vu davantage fur l'Etna.
» Lorfque nous revînmes à Catane , le chanoine nous fit voir un monj)
ticule couvert de v ignes, appartenant autrefoi s auxjéfui tes, qui fut,
}} à ce qu'on dit , miné par la lave en 1669, & traniporté à un demi-
)) mille du lieu ou il étoit auparavant , fans que' les vignes en fuflent
j) endommagées.
II y a uticplus
grande variété
(ìansks laves du
VéfiiTc que dans
«Iles de l'£ma.
» Dans des fortes éruptions de l 'Etna, on a fouvent vu fortirdu mi-
)) lieu de la fumée que vomiflbit le grand cratere,des éclairs & deszig-
» zags de feu , tels que je les ai décrits dans ma relation de la derniere
» éruption du Véfuve. Les anciens avoient remarqué le même phéno-
» mene ; car Séneque ( lib. II, nat. qusft. ) dit: ^tna aliquando
)) multo igne abundavit, ingentcm vim arenoe urentis effiidit, involutits
» eji diespulvere^ populofque fiibita nox terruit, ILLO TEMPORE AIVNT
» PLÙRIMA FUISSE TONITRUA ETFULMINA.
« Jufqu'à l'année 2 5 2 de Tére chrétienne , Thi f toire chronologique des
» éruptions de l'Etna eft très-imparfaite. Mais je trouve , par les dates
» des éruptions de ce vol can, que cette montagne eft aufli irréguliere
» dans fes opérations que le Véfuve. L a derniere éruption del'EtnafuC
» en 1766. ))
Je dois placer après la narration de M. le chevalier Hamilton celle
d e M. Bridonne, qui eft également pleine d'intérêt & de bonnes ob^
f e r v a t i o n s ; j 'en retrancherai fîraplement les épifodes qu'il y a répandu
d'une maniere très-agréable : elles deviendroient ici trop étrangères à
n o t r e fujet.
L e t t r e VIL
A Cacane le a j Mai 1770.
» DE Jaci à cette ville on ne marche que fur la lave ; & par confé-
'i> quent le chemin eft très-fatigant & très-incommode. A peu de milles
3) d'ici nous avons compté huit montagnes créées par une éruption , 6c
d o n t c h a c u n e a f o n c r a t e r e q u i v o m i f l b i t d e lamatiere brûlée. Quelques-
» unes font très-élevées 6c d'une grande circonférence. Ilparoît évident
» que les éruptions de l 'Etna ont formé toute cette côte, & qu'en beauy>
coup d'endroits elles ont paiTé la mer à plufieurs milles en arriéré de
L E S V O L C A N S BRULANS . 55
« fes anciennes limites . . . . . . On trouve à quelque petite diftance
» du rivage , trois rochers de lave , dont Pline parle fouvent, ÔC qu'il
» appelle les trois Cyclopes. Il eft aflez fingulier qu'on les diftingue
» encore aujourd'hui par le même nom.
)) Catane, ficuée immédiatement au pied de l'Etna, a été détruite
)) plufieurs fois par fes éruptions, ce qui n'eft pas merveilleux, car on
» auroit lieu de s'étonner du contraire : mais j e vais rapporter une fin-
)) gularité qui probablement n'eft jamais arrivée qu'ici. Cet t e ville avoit
)) • t o u j o u r s eu befoin d'un por t , jufqu'à une éruption qui fe fit dans le
î) feizieme fiecle; & elle reçut alors, de la générofité del à montagne,
}) ce que lui avoit refufé la nature. Un courant de lave fe précipitant
)) dans la mer, y forma un môle que jamais on n'avoit pu conftruire,
n quelques foins qu'on y eût employé. Ce havre qui étoit fur & com-
» mode fubfifta pendant quelque temps, & fut enfin comblé & démoli
» par une éruption fuivante . . . . En arrivant à Catane , nous fûmes
)) furpris de trouver que dans une fi belle ville il n' y avoit aucune hô-
3) tellerie. Il eft vrai que nos guides nous conduifirent à une maifon à
» laquelle ils donnoient ce nom; mais elle étoit fi miférable & fi fale,
}> que nous réfolûmes fur le' champ d'en chercher une autre ; & à l'aide
» du chanoine Recupero , pour qui nous avions des let t res, nous fûmes
)) dans peu afl'ez bien logés dans un couvent.
» Signor Recupero, qui s'engage à être notre Cicerone^ nous a mon-
» tré des reftes curieux d'antiquité ; mais ils ont été fi. ébranlés & fi
» fracafl'és par la montagne, qu'à peine y trouve-t-on quelques mor-
» ceaux entiers.
» Près d'une voûte qui eft à préfent à 50 pieds au defibus de terre ,
» 8c q u i a probablement fervi de cimetiere, on voi t un endroit efcarpé,
» où l'on diftingue plufieurs couches de lave, avec une terre très-épaiiTe ^„g®?^™"'^"
» furia furface de chacune. M. Recupero s'eft fervi de ce fait, pour rantiquiié de»
» nous prouver la grande antiquité des éruptions de la montagne ; car na7faites''pàAe
» s'il faut deux mille ans & davantage pour former fur la lave une légere
couche de terre , il a dû s'écouler un eipace de temps plus con-
)) fidérable entre chacune des éruptions qui ont donné naiflance à ces
)) couches. On a percé à travers fept laves féparées , placées les unes
» fur les autres , ôc dont la plupart font couvertes d'un lit épais d'un
5) très-bon terrein. Or , continuoit le chanoine , s'il étoit toujours perii
mis de raifonner par analogie , l'éruption qui a port é la plus baiîé de
J) ces laves, auroit dû arriver il y a au moins quatorze mille ans. Il nous
J) aflure que ces découvertes l'embarraflént fort pour écrire l'hiftoire
» de l'Etna ; que Moï f e le chagrine & ralentit toute fon ardeur, & que
» réellement il ne peut pasfuppoferque fa montagne foit aufli récente
î) que la création du monde , fuivant ce prophète. Que penfez-vous de
3> ces fentimens dans un prêtre catholique? L'évêque qui eft très-orthoï)
doxe, l'a déjà averti de fe tenir fur fes gardes, de ne pas être un
ï) meilleur naturalifte que Moï fe, 6c de ne rien annoncer qui puiile
)) contredire en aucune maniere cette autorité facrée . . . .
» Nous avons examiné k s endroits où la lave a efcaladé les murs de
)) Catane : c e phénomené adûproduire un e f fet é tonnant . L e s murailles .
)) ont 64 palmes de haut (près de 60 pieds ) , & elles font très-fortes j
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