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ci'argilles : les volcans du Vivarais pénétrent dans ces matiefes calcaires,
depuis le Pow^in jufques au deiîbus de Vivier, où les correns roulenc
encore quelques pierres volcaniques : je ne veux pas dire par là que les
volcans du Vivarais bordent cette partie de la côte du Rhône ; j'entends
feulement que c'eft dans cet intervalle &. dans l'enfoncement des terres
que fe t rouvent les volcans du Coueiroii, qui correfpondent à cette partie
qui fait face au Rhône : il eft feulement un endroit où les laves fe
font ouvert un paflage , & ont fait une fortie jufqu'au bord de ce
fleuve , vers la petite ville de Rochemaure. On peut , en voyageant fur
le Rhône , diftinguer.facilement les trois buttes ifolées 6cle rocher volcanique
fur lequel le château de Bochemaure fe trouve bâti ; il eil: confiant
que les volcans ont fait ici une trouée fort avancée dans les bancs
calcaires; aufli Rochemaure eft un des lieux les plus curieux , 5c celui
qui offre les accidens & les phénomènes les plus remarquables : avant
& après cette petite ville , on ne trouve plus rien de volcanique , fi ce
n'eft quelques laves roulées , que les torrens entraînent de l'intérieur
des gorges.
Les volcans du Coueirou fontentiérement bordés par les matieres calcaires,
depuis Rochemaure , en tournant vers Saint-Jean-le-Noir, jufques
aux approches de Privas. On trouve non loin de cette derniere
ville , une grande coulée qui part du haut du Coudrou , pour fe prolonger
& s'élever encore iiir une partie de la montagne de VEfcrenel,
& aller delà dans les autres parties élevées du Vivarais qui ont été foumifes
à Taftion des feux fourerreins.
C'eft immédiatement après Aubenas y en remontant la riviere à'Ardeche
, qu'on quitte les rochers calcaires, pour entrer dans les granits.
Les volcans de Fals^ d'Entraiguë, de Portaloup ^ de Theuyts, font
dans les pierres graniteufes ou dans les fchiftes : on rencontre un beau
fchifte noir argilleux & micacé, dans les environs de Jaujeac & de l'Olanier
; on y voit de grands filons de charbons de pierre dans le voifînage
des volcans.
- Tous les volcans éteints du haut Vivarais font en général environnés
de granits ; on n'y trouve rien de calcaire ; fi on veut bâtir à Pradelle
& dans les environs, on eft obligé de faire venir à grands frais la chaux
du Puy en Velay.
Telle eft en général la difpofitiondes volcans du Vivarais : ceux de la
partie bafie de cette province font plus dans les matieres calcaires que
dans les rochers vitrifiables, tandis que ceux de la partie élevée repol
e n t entièrement fur les fchiftes &. les granits.
V O L C A N
D U VIVARAIS.
V O L C A N DE ROCHEMAURE.
C ' E S T de Montellmar qu'on doit partir pour aller vÍfíterle volcait
àeRochcmaurequì ntn eft'ébigné que d'une lieüe.,0.n fe rend, au vil-»
läge ¿'Ancone , o^i eft le bac ; on y tr.averfe le Rhône & on Í« tpuve
en Vivarais. Le village d-e Í?c)c/iem<zi/re. fe préfente alors en ,facie , &
offre par la fituation de fon ancien château , le fite le plus pittorefque.
On voit à la droite & fur la même ligne ,.á environ cinq cents pas du
lieu , au bord du grand chemin , trois belles buttes b.afaltiques , rangées
de front, rapprochées les unes"des autres, màis ifolées & détachées -de
la montagne calcaire, contre laquelle elles paroilient colees.
Il eft important avant tout d'aller vifiter ces trois monticules qui
renferment des objets intéreffans : on s'y rend par le chemin qui mene
à un hameau très-agréable, nommé les Fontaines, aills aupied d'une montagne
couverte de vignobles & d'oliviers toujours verds, fécondés par les
premiers rayons du foleil levantj les maifons font environnées de fontaines
abondantes, de plantations, de prairies, de jardins, & ce charmant
tableau, enrichi par une perfpeÛive étendue, offre fur le premier
de fes plans le plus grand fleuve de la France, fur le fécond la ville de
Montelimar, le château de Serdeparc, & des coteaux abondamment
chargés de vignes & de fruits de toute eipece, quelques villages de Pro-
^vence, & dans le lointain la premiere chaîne des Alpes.
L a plus confidérable de ces buttes e il celle' du milieu; elle eft de forme
conique irréguliere, taillée à pic dans prefque tous lesfens, & a environ
trois cents pieds d'élévation ; les deux autres moins élevées, efcarpées
&, abruptes, ne font acceffibles que d'un côté j mais il faut être adroit 6c
courageux pour monter fur celle du milieu. Elles font toutes trois d'un
bafalte noir très-dur, tantôt difpofé en grande^mafles irrégulieres, jointes
& adhérentes", tantôt formé en colonnes imparfaites, pofées en divers
fens : la bafe de ces trois zones porte fur tìes matieres calcaires, en
éclats & en cailloux roulés, où l'on trouve quelques pierres à fufil & des
filex de la nature des agates. Ces buttes ifolées n'ont aucune attenance
avec des courans de laves, ce qui doit faire préfumer naturellement,
qu®elles ont été pouflees & élevées fubitement hors de terre ,
par les efforts de deux cráteres fupérleurs, celui de Rochemaure 6c de
Chenavari dont je vais parler dans peu.
C'eft dans des blocs de bafalte de la troifieme b u t t e , & dans les malíes
qui fe font détachées & ont roulé dans une partie de terrein qui eft en
vigne , qu'on trouve la zéolite incruftée dans la lave , foit en noyaux
irréguliers, foi t en houppes rayonnantes , &c.
Il faut avoir foin d'examiner entre la premiere & la feconde butte, un
grand ravin dans lequel il eft bon de pénétrer j on y remarquera des laves
qui en coulant fe font emparées d'une multitude de cailloux roulés qui
y font engagés ; ces morceaux font d'autant plus intéreflans, que la lave
fe préfente ici fous forme de courant ; on voit encore dans les environs,
quelques brèches volcaniques très-curieufes. On peut ramafler dans
cette partie des morceaux avec des accidens remarquables.
Y y y