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i o 6 MÉ M O I R E
contaft-de l'air exteneur, la fufion de ce fchorl n'en devînt beaucoup
plus difficile , tandis que lorfqu'il eft feul & expofé à l'aûion de l'air,
il fe fond avec aflez de facilité? Je ferois d'autantplus volontiers porté
à le croire ainfi, que les naturaliftes exercés à étudier les matières
volcanifées fur les lieux, ont fûrement fait attention que lorfqu'on
trouve des fchorls véritablement fondus , on les rencontre toujours
ifolés, détachés de la matiere, dans des pouzzolanes ou dans des fcories
réduites en poufliere, 6c dans le voifînage des crateres. C'eft ainfî qu'on
en trouve de fort gros 5c de très - remarquables dans les pouzzolanes
du grand cratere de Montbrul. Eft-il iifurprenant d'ailleurs que le fchorl
ne foit pas toujours fondu dans la lave , puifqu'on trouve dans certains
bafaltes du Vivarais des noyaux de pierre calcaire qui n'ont pas été
altérés ? J'ai plufîeurs échantillons de ce genre dans ma colleâion j
j'en ai mis fous les yeux de meflleurs les commiflaires nommés par l'académie
; je leur ai fait voir également du bafalte fondu par le feu des
fours à chaux, avec du fchorl qui n'avoit pas fouffert par cette fufion.
QUATRIEME OBJECTION. )) Comment les petits grenats blancs qui
» font renfermés dans les pierres rouges de Pompeia & d'autres en-
« droits , peuvent-ils s'y être introduits ? Il faudroit cependant foutenir
)) que cela eft arrivé , fi on ne vouloit pas convenir qu'ils proviennent
» de la même matiere dont confîftoit auparavant la pierre ponce.
» Dira-t-on qu'ils étoÎent enveloppés dans cette matiere avant qu'elle
» eût fubi la violence du feu , qu'ils n'ont fait que demeurer dans
j) leur matrice pendant qu'elle s'eft fcorifiée en pierre ponce? cela n'eft
î) pas foutenable. Il eft d'autant plus impofiible que le fchoerl, qui par
» fa nature entre facilement en fufion, ait réfifté à une chaleur aulli
» violente que celle qu'il faut pour produire la pierre ponce , que cette
M pierre eft aôurément le plus haut degré de fcorification. » Pûg. 228
RÉPONSE. Les grenats , les quartz, les fchorls, les granits, n'ont pu
, s'introduire qu'accidentellement dans les laves, c'eft-à-dire, que de
violentes explofions peuvent avoir brifé & réduit en de très-petits
fragmens des maiîes de quartz, de granit, ou d'autres pierres fervant de
matrice aux grenats Sc aux fchorls. Une partie de ces éclats ont été
élancés hors du volcan, ainfi qu'on en voit au Véfuve ôc à l'Etna ,
tandis que d'autres étant retombés dans la bouche , fe feront amalgamés
avec la lave en fufion. Il eft poflìble encore que la lave en fe formant
dans les vaftes 8c profondes cavités fouterreines qui fervent de
foyer aux volcans , ait détaché des voûtes &. des parois différentes
matières étrangères qui s'y feront incorporées de cette maniere : les
éboulemens doivent être confidérables & multipliés dans des lieux où
l'aâion des feux intérieurs tend fans cefle à tout détruire & à tout renverfer.
Onpourroit enfin également préfumer, fi on vouloit fe reftreindre
à l'objfet des grenats 8c des fchorls , que la matiere fchifteufe ou graniteufe
qui a fervi à produire la lave, renfermoit elle-même des grenats
des fchorls qui auront réfifté à l'aâion du feu, au moyen de l'enveloppe
de lave qui les entouroit dans tous les fens 8c les garantifibit par
là de l'aftion extérieure de l'air r je ferois cependant peu porté, je l'avoue,
àadoptercedernierfentiment que je ne propofe iciquefurabondamment.
Je ferai-forcé de faire un retour fur cet objet dans le mémoire fur la formation
du bafalte.
S U R L E S S C H O R L S . 107
La circonftance la plus propre à démontrer que les, fchorls ne fopt
point le produit du feu , eft celle du barreau aimante' qu'on leur préfente.
En effet, ils ne font pas encore attirables s'ils n'ont eflliyé qu'une chaleur
qui n'ait porté aucune atteinte à la difpofition & à l'arrangement
des molécules ferrugineufes ; on en rencontre beaucoup de ce genre
dans les matieres volcaniques boueufes , où l'eau eft venu diminuer
l'adion du feu. Les fchorls attirables à l'aimant font ceux qui ont
fubi un coup de feu propre à altérer le lien de la cryftallifation &
^ mettre à découvert les parties de fer qu'ils renferment j ceux-ci
font très-communs ; on les rencontre dans le bafalte , dans beaucoup
de laves poreufes, 8cc. Il eft un point enfin où les fchorls ceflent
d'être attirables à l'aimant ; c'eft lorfquë la violence du feu les mettant
en fufion , les convertit en verre ou en émail. Le fer fe trouvant
dès-lors voilé par la matiere vitrifiable , le fchorl ne peut plus être
attiré i on en trouve de cette efpece dans les anciens cráteres ou dans
leur voifinage.
On peut, comme on voit, connoître aifément de cette maniere les
fchorls primitifs, 8c dire : ceux-ci font tirés d'une matrice non volcanique
, au s'ils ont été faifis accidentellement par les laves , ils n'ont
éprouvé qu'un degré de &u peu confidérable ; ceux-Íá ont été tirés de
la lave où le feu les a plus fortement frappé ; & enfin , les derniers ont
été fondus &ne ibntplus attirables par cette raifon. Je m'étends peut-r
être un peu trop fur cet obj.et ; je fupplie donc le lefteur d'excufer ma
prolixité en faveur du fujet délicat que je traite j j'ai cru qu'il étoijç
convenable d'infifter fur cet article.
M. Ferber paroît le tromper lorfqu'il avance qu'il a ûl lu un feu d'une
violence extrême pour produire les pierres ponces ou les laves poreufes;
ce feu , j'oie le dire , a été moins confidérable qu'on le croiroit d'abord ;
car les écumes de bafalte ou les laves poreufes ne devroient pas être
attirables à l'aimant fi elles avoient paiTé à l'état de vitrification parfaite
j cependant elles font en général prefque toutes attirables auíHbien
que le baiàlte 8c que les cryftaux d.e fchorl qui y font renfermés :
donc il n'a pas fallu un feu exceflif pour convertir la laye en écume ;
car s'il eft quelques cas où les laves poreufes aient fubi un coup de feu
capable de les vitrifier , ce qui n'eft pas commun , les cryftaux de fchorl
qui s'y trouvent font informes , & dès-lors ni les laves poreufes, ni le
fchorl qui y eft renfermé ne font plus attirables. Ce qui peut prouver
encore que les ponces n'ont pas éprouvé un feu bien extraordinaire,
c'eft que le degré de feu propre à fondre le cuivre les convertit en un
verre non attirable à l'aimant. Ces obfervations multipliées paroiiTent,
toute prévention à par t , très-favorables à mon opinion.
Je ne fuivrai pas plus loin les objeâions de M. Ferber j je me contente
d'avoir rappellé ici les plus preñantes j il en eft une encore cependant,
renfermée dans le 6, queje ne dois pas taire. M. Ferber
demande, en parlant des petits cryftaux de fchorl qu'on trouve dans la
lave : m Trouve-t-on dans d'autres terreins des cryftaux de fchoerl fem-
» blables 8c aulfi petits ? Comment ont-ils été détachés de leur matrice
» fans qu'ils en aient entraîné quelque chofeavec eux ?» Fag.22C). Oui
fans doute on trouve, comme on l'a vu dans ce mémoire, des cryftaux de?