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^'intérêt &: d' inftruaion, Sc qu'il réfulte de cet enfemblc un grand
tableau propre à faire connoître la nature d'un pays autrefois en proie
à toute la fureur des Volcans.
Lorfque les Deffins que j'avois intention de donner ^ furent pris avec
tout le foin &c toute l'exaftitude poffible, lorfque j'eus fait à tête repoiee
une fuite d'expériences & d'analyfes fur un grand nombre d'efpeces
ou de variétés de laves d'autres matières volcaniques que
j'avois été à portée d'obferver &C de recueillir fur les l ieux, dans le
Vivarais Si le Velay, qu'enfin je voulus mettre en ordre mes obfervations,
je reconnus que j'avois devant moi des faits nouveaux du
plus grand intérêt, mais que je trouverois bien des difEcultés à me
faire entendre de tout le monde , &C à mettre de la clarté &C de la
méthode dans mes deicriptions, Çi je voulois adopter les nomenclatures
confufes & embrouillées, admifes par les Italiens, plus anciennement
à portée que tous les autres de ramalTer les produits volcaniques
du Véfuve, & de leur donner des noms ; mais la plupart de
leur dénomination font fouvent il obfcures, ii emphatiques , &C portent
tellement fur de faux principes, que loin d'éclaircir la fcience,
on ne tendroit qu'à l'embrouiller fi l'on vouloir s'aiTujettir à en faire
ufage.
Un Naturalifte Suédois, M. Ferber, a f u i v i , à la vérité, avec plus
d'intelligence 8c de détails que beaucoup d'autres , les déjeftions
du Véfuve, il a reftifié des erreurs ; mais on verra dans la Seûion où
je parle de cet habile Minéralogifte, qu'en rendant juftice à fes talens,
je fais appercevoir que fon travail auroit pà être plus méthodique,
& fur-tout qu'il n'auroit jamais dû regarder comme le produit
du feu plufieurs fubftances accidentellement engagées dans les laves.
Ceux qui ont vifité l'Etna , ont donné peut-être dans de plus grandes
erreurs encore, je parle des Naturaliftes du pays. Quant aux
matieres vomies par l'Hécla, elles ont été fi légèrement ou fi mal
obfervées, qu'on ne peut tirer abfolument aucun fecours de ce qui a
été écrit fur ce Volcan.
J'ai lu avec attention les écrits de quelques Naturaliftes François
qui fe font exercés fur les produits volcaniques ; mais les uns ont
voulu dans un tems regarder avec obftination &C fans raifon plaufible,
les prifmes de bafalte comme le produit de l'eau, ils ont même
traité durement ceux qui ont ofé penfer le contraire ; les autres ont
confondu des matieres volcanifées avec des fubftances étrangères
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au feu , Se ont rejeté de la claffe volcanique , des matieres qui
devoient leur origine à des embrafemens fouterreins. Quelques-uns
avec plus de connoiiTances & plus d'expérience, ont d'abord laiiTé de
côté les détails , pour s'occuper avidement de la partie hypothétique
, Se négligeant de s'attacher à l'examen des matieres qui pouvoient
leur fournir des points d'appui, ils ont regardé les laves comme
provenues des granits mis en fulîon.
Les dernieres obfervations, celles qui ont été foutenues par quelques
travaux chymiques, annoncent qu'on alloit prendre la bonne
voie; mais les expériences faites dans les laboratoires doivent toujours
être furbordonnées à l'examen local, c'eft-là que l'Obfervateur attentif
&C éclairé, fuivant les objets avec conftance, acquiert des connoilfances
préliminaires qui affermiflent fa marche & le conduifent aux
-découvertes. Il exifte une Chymie de la Nature bien fupérieure à
celle de l'art i des yeux exercés peuvent l'appercevoir, la reconnoitre,
en fuivre les traces, en diftinguer les effets &c les procédés. La Nature
qui ne compte jamais avec le temps, ne précipite r ien, opere par des
gradations lentes, infenfibles, mais conftantes, Sc toujours d'après des
loix fimples comme elle j fuivons donc fa méthode, tâchons de découvrir
fa route, elfayons d'étudier fa marche , ôC n'employons les
relfources de l'art qu'après que tous les autres moyens préliminaires
auront été épuifés.
Ce fut en fentant toute l'utilité & même la néceiTité de ces principes
, que je reconnus qu'ils n'avoient pas toujours été mis en pratique,
&C que fi nous avions quelques bons ouvrages fur le Véfuve, entre
autre celui de M. le Chevalier Hamilton, qui mérite les plus juftes
éloges, les objets de détail n'ayant pas été fcrupuleufement étudiés,
la nomenclature reftoit encore dans la confufion ; cet embarras, je
l'avoue, me donna d'autant plus de dégoût, que me trouvant alors
dans le fond d'une Province & dans une petite ville, fans reiTource du
côté des iciences, Sc où perfonne ne pouvoir m'aider de fes lumieres
• Se de fes confeils, je me vis environné d'obftacles 8c de difficultés bien
propres à me rebuter.
Cependant le defir de remplir les engagonens que j'avois contraftés
avec le Public en laiffant annoncer mon Ouvrage, me fervit d'aiguillon
; j'avois fous la main des fuites nombreuiès Sc variées, nonfeulement
de toutes les laves du Vivarais, du Velay 8C de l'Auvergne,
mais une riche colleârion de celles du Véfuve, de l 'Etna, de l'Hécla,