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taineraent rien voir de plus fiinple que ce procédé. Palîbns à des détails
plus circonftanciés.
Proportions d'après Vitruve , dans la conjiruclion des ouvrages fous
Veau.
JE vais rapporter ici une partie du paflage du chapitre 12 du livre V
de l'architeéture de Vitruve , qui a pour titre : des ports & de la maçonnerie
qui fe fait dans l'eau. Un double motif m'oblige de tranfcrire ici
ce morceau intérefiant j on y verra d'abord la manière dont les Romains
faifoient des môles & des ouvrages avancés dans la mer: on y trouvera
en fécond lieu les proportions des trois matières quiiervoient à former
le mortier ou ciment dont ils faifoient ufage dans cette occafion. » La
w commodité des ports , dit Vitruve a, ell: une chofe aflez importante
)) pour nous obliger à expliquer ici par quel art on les peut rendre ca-
» pables de mettre les vaifleaux à couvert des tempêtes. Il n'y a rien
« de fi aifé quand la nature du lieu s'y rencontre favorable, & qu'il fe
» trouve des hauteurs & des promontoires qui s'avancent & laiflent au
>) milieu un lieu naturellement courbé ; car il n'y a qu'à faire autour du
M port des portiques, des arfenaux ou des paflages pour aller du porc
}) dans les marchés, avec des tours aux deux coins qui foient jointes par
» une chaîne que des machines foutiennent j mais iî ce lieu n'eft pas
w propre de foi pour couvrir les vaifleaux & les défendre contre la temî)
pête, pourvu qu'il n'y ait point de riviere qui incommode, & que la •
» profondeur foit fufiifante d'un côté , il faut bâtir dans l'autre côté un
» môle qui s'avance dans la mer & qui enferme le port.
)) La maniéré de bâtir le môle dans l'eau eft telle : il faut faire
» apporter de cette poudre qui fe trouve dans les lieux qui font depuis
» Cumes jufqu'au promontoire de Minerve , "(de la pouzzolane) & la
» mêler en telle proportion qu'il y ait deux parties de poudre fur une
1) de chaux. Pour employer ce mortier il faut, dans la place où l'on
)) veut bâtir le môle, planter dans la mer &c bien affermir des poteaux
» rainés 8c liés fermement enfemble par de fortes pieces de bois ; enfuite
» remplir les entre-deux avec des ais , après avoir égalé le fond & ôté
5) ce qui pourroit nuire. Cela étant fait, la propriété de la poudre dont
•» il a été parlé ci-devant eft telle , qu'il n'y aura qu'à jeter & entailer
» le mortier qui en fera fait, & des pierres autant qu'il en faudra pour
)) emplir tout l'eipace qui aura été laiiTé pour le môle.
» Mais fi l'agitation de la mer eft ii grande que l'on ne puilTe fuf.
» fifamment arrêter ces poteaux , il faudra bâtir dans la terre , même
« au bord de la mer, un majff qui s'éleve juiqu'au niveau de la terre ,
)> en forte néanmoins qu'il n'y en ait pas la moitié à niveau , parce que
» l'autre partie qui eft la plus proche de la mer doit être en talus. Enfuite
« on bâtira tant du côté de l'eau que des deux côtés du maifif, des re-
« bords d'environ i pied r jufqu'à la hauteur de la partie du maiTif qui
î) eft à niveau, ainfi qu'il a été dit, & on emplira de fable le creux du
» talus jufqu'au haut des rebords. Cette efplanade étant faite , on bâtira
« Je me fers ici de la traduiflion de Claude Peraulr. Voyez page 185, ¿diàon de
S U R L A P O U Z Z O L A N E . it t
)i deiïus une mafle de maçonnerie de la grandeur que l'on jugera fuffi-
)> fante , & l'ayant laifle fécher du moins pendant deux mois, on abattra
>) les rebords qui foutiennent le fable qui, étant emporté par les vagues,
» laiii'era tomber & gliflër la mafle dans la mer, & par ce moyen on
H pourra peu à peu s'avancer dans la mer autant qu'il fera néceflaire. »
Le réfultat de ce paflage qui renferme des objets de détails fort curieux
, eft que lorfqu'on bâtit dans la mer, il faut que le mortier foit
formé avec une portion de chaux & deux portions de pouzzolane : ce
procédé , qui eft en effet le meilleur , devroit faire regie conftante partout
j cependant, par un principe d'économie mal entendu, on s'en écarte
un peu dans les lieux où il faut apporter la pouzzolane de loin.
Il eft abfolument effentiel, lorfqu'on veut employer de la pouzzolane
pour les conftruftions dans l'eau, de fe procurer de la chaux vive. Je fuis
obligé de parler ici de la chaux : on ne nous a point encore donné
des détails a.flez clairs & aflez à portée de tout le monde fur cette matiere
qui mériteroit les plus grandes recherches, & qui exigeroit une fuite
d'expériences faites avec foin j rien n'intéreffant autant la phyfique 6c
les arts. Je ne jetterai ici, pour ainii dire, qu'un coup d'oeil général fur
cette fubftance, mes occupations ne m'ayantpas encore permis de l'examiner
dans un aufti grand détail que je l'aurois deiiré.
De la chaux.
ON divife ordinairement la chaux en chaux vive & en chaux grajfe*
La chaux vive eft celle qui eft faite avec une qualité de pierre calcaire
pure , faine, vive ôccryftalline dans facaflure , &:qui tend à fe rapprocher
de la nature du fpath calcaire : une telle chaux, lorfqu'elle eft cuite à
propos, a des qualités qui different de la chaux commune ordinaire,
ou de la chaux grafle.
Voici ce que j'ai obfervé de plus particulier fur la chaux vive : 1°. les
pierres qui la forment, quoique cuites & calcinées au point d'avoir perdu
la moitié de leur poids , font néanmoins affez dures & aflezfonores lorf
qu'on les frappe.
2°. Lorfque cette chaux fe trouve d'une bonne qualité, elle peut refter
impunément un mois & même davantage à l'air, fans perdre confidérablement
de fa vertu , pourvu qu'elle ne foit pas dans un endroit humide ;
elle pompe à la vérité les molécules aqueufes qui flottent dans l'air, fe
les approprie, fe divife 6c tombe en pouflîere, mais elle n'en fait pas
moins un très-bon mortier; il vaut cependant toujours mieux, dans les
conftruitions foignées, faire ufage de la chaux nouvelle.
5°. La chaux vive, diflbute 8c fondue dans Teau , doit être amalgaméa
fans retard avec le fable ; elle durciroit 6c feroit corps quoique feule 6c
malgré qu'elle fût humeftée ôc iju'elle nageât même dans l'eau mais
une fois qu'elle eft mêlée avec le iable, elle peut fe conferver, en la tenant
fraîche, quinze jours dans l'été, 6c environ un mois dans l'hiver r on
peut l'employer utilement alors en l'humeftantavec de l'eau, 6c en la
broyant de nouveau.
a Du moins certaine efpece comme celle d« ^
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