D ï S C O U R S S U R
étudier les difterens phénomènes ? Voici comme il dément M. Anderfon ;
ceci eft digne d'être rapporté. En i^jo , deux étudions ijîandois de
Copenhague, qui voyageoient dans l'intention de faire des recherches
fur l'hifîoire naturelle , ont parcouru cette montagne , & n'y ont trouvé
que des pierres , du fable & des cendres j de côté 6* d'autre des crevaf-
Jes & des cavités pleines d'eau bouillante : enfin , après s'être beaucoup
fatigués en marchant dans Us cendres & dans le fable jufques aux genoux,
ils font revenus fains 6" f a u f : d'autres perfonnes qid ont fait le même
voyage pour examiner cette montagne, l'ont trouvée telle que les étudians
ijlandois , perfonne n'a apperçu aucune marque de feu.
Les montagnes d'Iilande, habituellement couvertes de neige ou de
glaces, fe nomment dans le pays les Joekuls : les Joekuls, félon M.
Horrebows , ne font pas les plus hautes montagnes ; c'eft cependant
fur celles-là que les volcans fe manifeñent le plus fouvent. L'auteur
danois prétend même qu'il n'y a qu'un feul exemple d'une montagne
non couverte de neige qui ait fait des éruptions, 6c c'eft le mont Krafle,
iîcué dans le diftriét du nord.
En 1721, une de ces montagnes de glace, appellée Koetlegau, iîtuée
dans le canton de Sbaftefield, à 5 ou 6 lieues à l'oueft de la mer,
non loin de l'abbaye de Portland, jeta des flammes après diverfes
fecoufles de tremblement de terre ; des amas immenfes de glace fe fond
i r e n t , produiiîrent des torrens d'autant.plus formidables, qu'ils fe
formèrent fubitement par l a chute d'un volume d'eau qui dans peu occafionna
des ravages confidérables. Le déblais des pierres & des terres
que les- eaux entraînèrent , formèrent un avancement d'un .demi-mille
•dans la mer. Les cendres & la fumée qui furent élevées dans l'air par
les exploiîons de ce volcan, obfcurcirent la lumiere du foleil pendant
une journée entiere. Le feu , dit M. Horrebows, ne donnait pas toujours
une flamme claire ; il neparoijfoit d'abord que des bouffées violentes;
peu de temps après on appercevoit une épaijfe fumée & une odeur
très-forte : fans doute que le feu étoit, de temps à autre , étouffé par la
quantité de neige de glace qui f e précipitait dans le gouffre, &c.
En 1728, un nouveau Joekul , nommé Deraife , iîtué à l'orient,dans
le diflriâ de Sbaftefield, jeta des flammes d'une maniere non moins
terrible que le Koetlegau, & occaiionna pour le moins autant de ravages.
En i7z6 la partie du nord de l'Iflande fut agitée par diverfes fecouffes
de tremblement de ter rej une montagne fort élevée, nommée Krafle,
devint une formidable bouche à feu, d'où il s'éleva des flammes, des
cendres & des pierres. Ce volcan brûla pendant trois ans confécutifs.
L e feu fe communiqua en 1728 à quelques montagnes de foufre voiiînes
du Krafle j & dès-lors on vit un torrent de lave couler lentement
fur la pent e du terrain jufques vers l'automne de 1729, où après avoir
détruit pluiîeurs métairies, il fe jeta dans un grand lac , nommé le
My-Varne , avec un bruit très-violent & un bouillonnement des plus
remarquables. Cet t e riviere de feu continua à fuivre fon cours jufqu'à
l'année fuivante , où la lave fe durcit en fe refroidiflant infenfîblement.
Il eft encore fait mention dans le livre de M. Horrebows, de quelques
autres montagnes volcaniques de cette ifle, ôcde certains endroits où
l'on trouve du foufre & un peu de falpêtre j mais les récits de cet auteur
font
L E S VOLCANS BRULANS. ff
font il peu méthodiques &: fi interrompus par des injures & dés íarca¿
mes perpétuels & fl foutenus contre M. Anderfon , qu'on achete bien
cher le plaifír de trouver par-ci par-ià quelques notiocs imparfaites
f u r l ' H e c l a 6c fur ies autres volcans de l'Iflande. Il nous manque donc
encore un ouvrage fur ce pays , véritablement intéreflant pour les na-»
turaliftes. Il nous mahque encore un catalogue des fuites des mâtierea
volcaniques de FHecla & des autres volcans de cette île. M. Horrebows
ne donne aucun détail fatisfaifant à ce fuj e t j il eft á deiîrer que
quelque naturaliile intelligent & laborieux ait le courage de faire ce
voyage. Je n'ai vu jufqu'à préfent que quelques laves poreufes dans
quelques cabinets de Paris , venues d'Iflande j & comme elles n'ont pas
été envoyées par des connoiiTeurs , ôc que les lieux où elles ont été
trouvées ne font pas défignés , je ne me hafarderai pas d'en parler ici;
je dirai feulement que j'ai dans ma colledion un beau yerre noir volcanique,
une véritable pierre de gallinace , qui eft un des produits
curieux de l'Hecla. Cette efpece de laitier fe trouve dans beaucoup de
cabinets, & peut figurer à côté de la pierre volcanique j dont les Péruviens
faifoient des miroirs, que les Indiens appellentgwa/iu cuna cullqui
(argent des mor ts) , parce qu'ils enplaçoient quelquefois dans les tombeaux
: on voit une de ces pierres très-belle dans le cabinet d'hiftoire
naturelle du roi, tirée d'un tombeau des montagnes de Pichincha , près
de Quito.
V O L C A N S DE KAMTSCHATKA.
O N lit dans le voyage de M. l'abbé Chape d'Auteroche , en Sibérie ^
des détails fur trois principaux volcans de Kamtfchatka , tirés du voyage
de M. Kracheninnikow , profefleur de l'académie des fciences de Saint-
Pétersbourg , traduit du rufle. Je vais les rapporter, afin qu'on apprenne
que les feux fouterreins font difperfés ¿C répandus indiftinâement
•dans les différentes parties du globe, dans les pays glacés , tout comme
dans les zones les plus chaudes : ce fera par-là que je finirai ce que
j'avois à dire fur les volcans de l'Europe. C'eft dans le chapitre III du
tome II qu'on trouve la relation fuivante.
» Il y a trois principaux volcans au Kamtfchatka, celui d'Awatcha^
» de Tolbatchi & de Kamtfchatba.
» Les Cofaques de cet endroit les appellent Gorelaja-Sopba j les
» Kamtfchadals de la Bolchaia Reka, Agitesbib ; & les autres Kamtf-
» chadals , Apagatchoutche.
» Le volcan d'Awfitcha eft fur la côte feptentrionale de la baie
» d'Awatcha , & à une allez grande diftance i mais fa bafe s'étend
» prefque jufqu' à la baie même. Toutes ces hautes montagnes , depuis
i> leur bafe jufqu'à la moitié de leur hauteur, ou même davantage,
)) font compofées d'autres montagnes rangées par rang les unesàu-deflus
w des autres en amphithéâtre. Ces montagnes font remplies de bois ;
>) mais l'extrémité de leur fommet n'eft ordinairement qu'un rocher
» ftérile & couvert de neige.
» Ce volcan jette fans cefie de la fumée depuis long-temps j mais il
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