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Le bourg oulapetite ville de Rochemaure, n'efl: qu'à cinq ou fix cents
pas des monticules .dont je vieny'de parler ; une partie des raaifons eft
fituéè ¿i bas de la montagne , tandis que l'autre eft difpofée en emphithéâtre
fur la hauteur. Il exifte dans le bourg même une butte confidérable
de bafalte , qui a percé également dansies matieres calcaires, furia
fom'mité de laquelle'on voit encore des débris d'une efpece de fort;
on y pafle tout auprès par un chemin rapide & efcarpé , pour monter
à l'ancien château, perché d'une-maniere pittorefque fur la montagne
volcanique fupérieure : on trouve dansies environsde cet ancien château
très-élevé , une douzaine de maifons toutes habitées, fondées furia
lave ; c'eft en y montant par le ' petit cl^emin qui traverfe le bourg ,
qu'on trouve du côté droit du rempart, dans le voifinage des maifons
les plus élevées , au^defllis de l'églife , un courant de lave bafaltique,
qui- s'ell fait jour en defcendanc , à travers des lits de cailloux roulés,
mêlés d^agates grolfieres & de iilex de la nature des pierres à fulil.
On remarque non loin delà, au pied du même rempart, des courans
d'une éruption volcanique boueufe , compofés de fragmeiis de bafalte,
de petits éclats de laves poreufes, de grains de pouzzolane , de cailloux
calcaires, irréguliers ou arrondis, de pierres à fufil, de quartz , d'agates
communes, Se de quelques portions de fpath calcaire : cette efpece de
brèche ou de poudingue volcanique eft d'autant plus curieufe qu'elle
réunit des matieres très-variées.
Dès qu'on eft parvenu aux maifons qui font à la droite du château
& fur la inêmeligne, on trouve divers murs en talus d'un bafalte noir con-
. figuré en très-petits prifmes, irréguliers & imparfaits à la vérité, mais
parmi lefquels on peut à force de recherche en rencontrer quelques-uns
de très-intéreffans & de très-rares : le fchorl noir abonde dans ce bafalte.
Rien n'eft aufli fingulier que cette fuite de maifons dont les unes ont
pour efcalier & pour perron de petites colonnades de bafalte , tandis
que les autresfontadofléescontre des mafl'es inclinées de laves; les fenêtres
, les portes font encadrées dans de gros prifmes réguliers de bafalte
; la lave en table y eft employée pour figurer des efpeces d'avanttoîts
pittorefques ; enfin toutes ces maifons placées en emphithéâtre
dans des débris de ruines volcaniques , préfentent à l'oeil un tableau
auffi neuf que piquant. Le château n'eft qu'à trente pas de ces maifons,
il devoir être immenfe , il eft fortifié p.irdes mafl'es efcarpéesHe bafalte,
& par des murs fort élevés, & d'une épaiffeur confidérable.
On y entre par plufieurs avant-cours fpacieufes , mais tout n'ell que
ruines 8c confufion ; ce font ici de vaftes appartemens, ou renverfés
ou découver t s ; on voit en plufieurs endroits d'anciennes peintures à frefq
u e , qui ont confervé toute leur couleur ; ce font des chiffres , des
écuffons, refte des monumens de l'empire féodal; ici font les débris
d'une immenfe fale d'arme , là eft une vafte chapelle , ou plutôt les
ruines d'une églife détruite ; on voit d'une part des citernes, des prifons,
des cachots , une efpece d'antre où l'on frappoitla monnoie; de l'autre
des falles d'apparei l, une fuite de chambres fpacieufes ; tout eft grand ,
tout eft vafte ici , mais tout y porte l'empreinte du défordre Si. de la
deftruftion.
On voit avec admiration dans une des cours, de grands murs na