M DI S C O U R S SUR
23Mncend.jAnJ.C.i75i » été entraîné fort loin par k lave. Les plus gros ar-
» bres neferompoient ninefeféparoient du tronc, mais
» les feuilles fe brûloient peu à peu , & les branches»
" avec une grande partie du tronc , étoient réduites en
n charbon.... Dès que ce qui reftoit du tronc étoit
» couvert de quelques pieds de matiere , on voyoit i
» cet endroit fortir d'entre les pierres qui étoient furla
" furface de la lave , une flamme vive & iifilante, qui
" duroit un peu de temps. Si Ton enfonçoit un morceau
» de bois pointu dans le front de la lave , il falloit le
" pouiTer avec force : qu'il fflt vert ou fee , on voyoit
» aufll fortir une flamme bruyante; & Ton trouvoit,en
» le retirant, fa furface réduite en charbon; mais il
» ceflbit de brûler dans le moment même : ce qui fait
» voir évidemment que le bois, pourprendrefeu&con-
" tinuer de brûler, doit être entouré de flamme & d'air
» tout enfemble , & non-pas être renfermé dans un feu
» ferré , comme étoit celui-là, & où l'air ne pouvoit
H pas jouer librement. Ce torrent de matiere s'adaptoit
» toujours à la capacité du lieu où il defcendoit , fe
n rétreciflànt & fe hauiTant là oil le vallon étoit
» étroit, & s'élargilTant & s'abaiflànt là où le valloa
» étoit ijjacieux. Dans un endroit du vallon qui étoit
« large de 102 palmes,la hauteurde lalaveétoitdeplus
>» de 2 palmes, & faifoit 12 palmes de chemin parmi-
» nute. La hauteur alla enfuite jufqu'à 4 palmes, & il
" faifoit alors en une minute un peu plus de 9 palmes
» de chemin. Sa hauteur croiiToit fuccefïïvement par la
nouvelle matiere qui defcendoit ; en forte que dans une
partie du vallon qui étoit hrge de 182 palmes, la
hauteur du torrent étoit de plus de 7 palmes, & ilfaifoit
aufli 7 palmes de chemin par minute. C'eft-là que fe
terminoitle vallon Flufcio, &que commençoit celui
de Buonincontro , profond de 80 palmes, & large de
j o , tout près delà maifondeméme nom. La lave y arrivé
vers uiie heure après midi , n'ayant fait, depuis
plus de 8 heures de temps, qu'un demi-mille de chemin
, parce que le vallon de Flufcio n'avoit pas beau-
M couj) de pente. La matiere étant arrivée près de ce
» fécond vallon, s'arrêta pendant quelque temps, s'éle-
" vant toujours jufqu'à ce qu'elle filt à la hauteur des
peupliers dont ce lieu étoit planté. La matiere de de&
fous commença enfuite à tomber dans le vallon, s'applatiflant
comme une pâte molle ; elle le remplit bientôt
& y continua fon cours ordinaire ; mais elle avoic
perdu , en tombant , faconfiflance uniforme : en fe divifant
elle avoit été refroidieparl'air, & s'étoit mêlée
avec différentes pierres; en forte que fon cours n'étoit
plus égal comme auparavant, & qu'elle rouloit, ea
ondes & avec quelques interruptions.... La furface
extérieure s'étant refroidie confidérablement, l'effervefcence
naturelle qui accompagne toujours les matières
bitumineufes & fulphureufesjagitavecplus deforce:
la lave commença donc à s'enfler & à former des couches
de différentes largeur & hauteur, & de différentes
qualités de matieres.
» Il y en avoit de plates, longues & larges de j , de
6 , de 10 & même de i t palmes, & épaiiTes d'un, de
2 , ou de 3 pouçe«.
t) D'autres
L E S VOL C ANS BRULANS. Z5
ZlMncend. AnJ.C.175' D'autres étoient convexes.
" D'autres avoient la figure des ondes de la mer.
» D'autres reiTembloient à des cables de navire.
" D'autres enfin , à des boules un peu applaties.
» La matiere enétoitnoire&légerecomraele mâchefer
: il y en avoic de plus pefantes & de plus com-
» ^Quelques-unes étoient comme une brique brûlée.
» D'autres enfin, comme un fable calciné & réuni,
avec beaucoup de pores. Quand elles étoient de couleur
de cendre ou de couleur de brique , il y avoit au
milieu une certaine quantité de fable ou de terre fine
toute brûlée.
n Ilyavoit aiTezfouvent fous ces couches, quand elles
étoient hautes de 6 ou 7 palmes, une matiere moins
poreufe & plus folide, épaiffe d'une ou 2 palmes, qui
eft celle dont on fe fert pour paver les rues de Naples,
& qu'on nomme plus particulièrement , lave . . . . La
matiere delà lavea non-feulement le mouvement progreffif
qui naît de fa pefanteur naturelle , & la porte ^ ^ ^
à defcendre dans les lieux les plus bas, comme tousles fionpdeunmouautres
fluides, mais encore un mouvement intérieur vcmens.
d'effervefcence, qui la porte continuellement à fe gonfler,
fur-tout quand fon mouvementprogreflif diminue.
H Si l'on pendant l .. regardoit pendant ! -a nuit la fur-—fii ce de la
lave, même quelques jours après qu'elle s'étoit refroidie
, on en voyoit fortir quelques flammes de foufre qui
s'éteignoient auffi-tôt. ~
» Ce qu'il y avoit de plus remarquable dans le torrent
de laves , c'eft que lorfqu'il fe trouvoit des maifons
fur fon chemin, il s'arrêtoit lorfqu'il n'étoic plus qu'à
une palme des murs , & ilfegonfloitfenfîblement ; enfuite
il couloit par les côtés en pourfuivant fon cours,
& entouroit la maifon , mais fans y toucher: s'il rcn^
controit quelque porte'fermée, alors le bois , fortement
échauffé par la chaleur de la matiere, fe noir-
On des
flammes fortir
de la lave quelques
• ciffoit, fe convertiiToit en charbon , & fe confu-
. moit enfin. Enfuite on voyoit entrer dans la chambre
> une pointe de lave qui s'avançoit dequelques palmes:
I en touchant les jambages de la porte , il n'alloit pas
I plus loin. Il eft vrai qu'il tomba une maifon peu de
. temps après que la lave y fut arrivée ; mais ce ne fut que
. parce qu'il tomba de deffus la furface de la lave , une
. piece énorme de matieres , qui enfonça la voûte Ôc fit
» écrouler la maifon.
n Quoique le torrent dont j'ai parlé jufqu a préfent
> fe fût arrêté le 9 novembre 1751 , il conferva néan-
» moins, pendant long- temps, une grande chaleur. J'allai
> le vifiter dans toute fon étendue le 22 & le 23 mai
, 1752, &i e trouvai que quoiqu'on marchât defliis fans
, éprouver de chaleur, du moins fenfible, néanmoins
i il y avoit quelques ouvertures en plufieurs endroits ,
. dans toute fa longueur , d'où il fortoit une chaleur
. violente & infuportable , avec une fumée lancée avec
> force , mais invifible, qui ôtoit dans l'inftant la refpi-
. ration. Cette fumée n'avoit qu'une très-légere odeur
. de foufre ; mais elle en avoit une très-forte de fel
, ammoniac , de nitre & de vitriol mêlés enfemble , qui
> faifiiToit le goiîer & les narines. »
jours même
après qu'elle s'eA
refroidie.
La lave refpeele
les mairuns
jufqu'à un certain
poiDC.
La larecoijrer-
Tc long-temps fa
chaleur.&cils'en
peurs moiféti-
I
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