Détails fur
féru prie 11.
fxplofions plus
t tm arnes qucla
fjudre.
Pltiic cIo picr.
tes poQCes.
Riviere io lavo
-de 70 pieds de
{•roiôndcur,
djns quelques
«ndroits d'envi.
Ton z milles.
D I S C O U R S S U R
» fk j'avoîs prévu clairement ce phe'nomene , par une fumée blanche rjui
« accompagne toujoursia lave. Aulficôt que la lave fut en liberté , lafu-
« mée ne fortit plus avec tant de violence du côté de la montagne. Comme
» je m'imaginois qu'il n'y auroic point de rifque à approcher de la mon-
» tagne depuis l'érailfion de la lave, j'allai fur le champ pour l'examiner,
M accompagné d'un feulpayfan. Je paÌfaiThermitage, & j'allai fort avant
» dans ce vallon qui eft entre les montagnes de Somma & du Véfuve ,
» qu'on appelle l'Atrio di Cavallo: je faifois mes remarques fur la lave
» qui, de l'endroit où elle s'étoit fait une ouverture, étoit déjà parvenue
» jufqu'au vallon , lorfque tout-à-coup, vers midi, j'entendis un bruit
« violent dans l'intérieur de la montagne & à un quart de mille de l'en-
)) droit où nous étions : la montagne s'ouvrit avec beaucoup de bruit, 8c
j) de fa nouvelle bouche fortit une fontaine de feu liquide, qui s'éleva à
» pluiieurs pieds de hauteur, &: roula enfuite direftement vers nous
» comme un torrent; la terre trembloit, & en même temps nous fûmes
» couverts d'une grêle de pierres ponces. Dans un inftant des nuages de
» fumée noire & de cendres cauferent une obfcurité prefque totale ; les
» exploiîons du haut de la montagne étoient beaucoup plus fortes que le
» tonnerre le plus violent que j'aie jamais entendu, & l'odeur du foufre
» etoit très-forte. Mon guide alarmé prit le parti de s'enfuir, & moi,
)) je l'avoue , je n'étois pas fort à mon aife. Je le fuivis de près , & nous
5> courûmes environ 5 milles fans nous arrêter,parce que comme la terre
» trembloit toujours fous nos pieds, je craignois .que l'ouverture d'une
)) bouche nouvelle ne mît un obftacle invincible à notre retraite. Je crai-.
M gnois auffique les explofions violentes ne détachaiTent quelques ro-
» chers de la montagne de Somma, fous laquelle il nous falloir abfolu-
» ment paiier : outre cela les pierres ponces qui tomboient fur nous
» comme la grêle, étoient de grandeur à nous cauferdes fenfations très-
)) défagréables. Après avoir refpiré un peu , & le tremblement de terre
» continuant toujours, j e jugeai qu'il étoit prudent de quitter la mon-
» tagne & de me retirer chez moi , où je trouvai tout Je monde fort
» alarmé, à caufe des explofîons violentes du volcan, qui fai foient trem-
M bler la maifon jufqu'à fes fondemens, ÔC en ébranloient les portes Si
V les fenêtres. Vers deux heures après midi une autre lave s'ouvrit un
)> paiTage dans le même endroit par où étoit forti la lave de l'année pafi)
fée; de forte que l'embrafement fut bientôt aulTiconfidérable dans cette
» partie de la montagne , que dans celle que je venois de quitter.
» Le bruit & l'odeur du foufre augmentant toujours, nous quittâmes
M notre maifon de campagne pour nous rendre à Naples ; je jugeai à pro-
» pos , en palTant par Portici, d'informer la cour de ce que je venois de
» voir, & je confeillai à fa majefté Sicilienne de quitter le voifinage de
» cette montagne menaçante. Cependant la courne fortit de Porticique
•« vers minuit, lorfque la lave en étoit déjà fort près. Fendant que j'allois
» à Naples, c'eft-à-dire, en moins de deux heures après mon départ de
» la montagne , je remarquai que h lave avoit déjà couvert 5 mille du
» même chemin par lequel nous nous étions retirés. Il eft étonnant qu'elle
» aitpu couler fi v i te, car j'ai vu depuis que la riviere de l a v e , dans l 'Atri o
» Cavallo, étoi t de 60 à 70 pieds de profondeur, & dansquelquesparties
» d'environ 2 milles. Quand le roi quitta Portici, le bruit étoit déjà
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» augmenté confidérablement,&lapercuffion de l'air,•par les-exploiîons,
» étoit tellement violente, que non-feulement des portes &c des fenêtres
)) dans le palais du roi, en furent totalement enfoncées, mais même
» encore une porte que l'on avoit bien fermée à clef. L a même nuit plu-
» fieurs portes &: fenêtres à Naples s'ouvrirent aulîi d'elles-mêraesj Se
M quoique ma maifon ne foit point iîtuée du côté de la ville vers le Véfuve,
» je fis l'expérience d'ôter les verroux de mes f enê t r e s , elles s'ouvri-
» rent entièrement à chaque explofion de la montagne. Outre ces ex-
)) plofions qui étoient très-fréquentes, il y avoi t un bruit fourd,fouterrein
» & violent qui dura cette nuit à peu-près cinq heures. J'ai imaginé que
)) ce bruit fingulier pouvoit avoir été caufé par la lave qui aura rencontré
» quelque dépôt d'eau de pluie dans les entrailles de la montagne , &
i> que ce combat entre le feu & l'eau pourroit en quelque façon rendre
» compte des fifflemens de ces bruits extraordinaires. Le peredela
)) Torre qui a tant fi bien écrit furie mont V é fuv e , penfe comme moi;
» ôcileft eneffettrès-naturel d'imaginer que les eaux des pluies fefoienc
» logées dans plufieurs des cavernes de la montagne , comme dans la
» grande éruption du Véfuve de l'année 1650 : il eft bien attefté que
j) plufieurs villes , entr'autres Portici & Torre del Greco, furent déî)
truites par un torrent d'eau bouillante qui fortit de la montagne avec bo^fS^r"!)
)> la lave , & fit périr quelques milliers de perfonnes. Il y a environ '^"Véfme.
3) quatre ans que le mont £tna en Sicile jeta aufiî de l'eau chaude pendant
» une éruption.
» On nefauroit donner une idée de laconfufion de cette nuit à Naples:
M la retraite précipitée du roi augmenta l'alarme; toutes les églifes furent
ï) ouvertes & remplies de monde; onne voyoit que des proceflions dans
» les rues ; mais paflbns fur la defcription des cérémonies différentes
» qui fe firent dans cette capitale pour appaiferla fureur de la montagne.
» Le mardi 20 , il fut impofiible de juger de l'état du Véfuve , à caufe
i> des cendres & de la fumée qui le couvroient entièrement, & quis'é-
» tendirent fur Naples même ; le foleil ayant la même apparence que
3) quand on le voit à travers un brouillard épais à Londres, ou à travers
» un morceau de verre noirci de fumée. Les cendres tombèrent à Naples
« toute la journée. Les laves, des deux côtés de la montagne, coulerent
)) avec force ; maisjufques vers les neuf heures du foir il y eut peu de
» bruit : alors le même mugiflementextraordinaire recommença, accom-
» pagné d'explofions comme auparavant, & ce bruit dura près de qua-
3> tre heures : il fembloi t que la montagne alloit être mife en pieces; 6c
» en effet, elle s'ouvrit prefque du haut en bas. Les deiîeins que j'ai
» l'honneur de vous envoyer ont été pris dans ce moment fur le lieu
» même, quand la lave étoit dansfa plus grande force, ôcje ne les crois
» pointexagérés.Hierlebarometre de Paris étoi t à 2 7 9 , S c i e thermometre
» de Farrenheit à 70 degrés; au lieu que quelques jours avant l'éruption
J) il avoit été à 65&: à 66. Pendant laconfufion de cette nuit, les prifon-
» niersdans lesprifons publiques ayant bleile leur geôlier, tâcherent de
» s'évader; mais l'arrivée des troupes les en empêcha.La populace,de
» fon côté, mit le feu à la porte du cardinal - archevêque , parce qu'il
J) refufoit de laiilerfortirles reliques de Saint-Janvier.
» Le mercredi 21 fut plus tranquille que les journées précédentes;