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captifs ont réclamé,du fond des cachots, l'affiftance de la fainte Vierge;
L e clocher de l'égllfe n'eft pas le morceau le moins curieux de touc
cet édifice ; il eft ifolé, quarre & d'un fombre noir jufqu'aux deux tiers
de fa hauteur; de ce point il s'éleve & finit en forme de pyramide
terminée par un coq de bronze doré , d'une grande beauté ; j 'eftime qu'il
n'a pas moins de 200 pieds d'élévation ; fa fonnerie , compofée d'une
domaine de cloches de toutes groHeurs , fait d'un peu loin le plus charmant
efi'et, & jufqu'ici je n'ai rien entendu en ce genre qui puifl'e lui
ê t r e comparé s. Les volcans ont fourni tous les matériaux delaconftruction
de cette tour, ainfi que ceux del'églife entiere; mais on n'a guere
pu y employer que des laves poreufes ou graveleufes , le bafalte étant
trop rebelle au cifeau ; les ponces y dominent fur-tout ; outre qu'elles
font legeres Sc en même temps folides , elles foutiennent à merveille
toutes les feuillures Sc moulures qu'on veut y faire ; on en a tiré un
parti admirable pour l'ornement du veftibule de la porte orientale de
r é g l i f e . L a voûte d'entrée eft foutenue par deiix cintres placés l'un fous!
l'autre , vuidés à jour, & qui tiennent enfemble des chevrons fleuronnés
, d'un travail fort délicat. Les laves graveleufes s'équarriffent aufli
afléz aifément ; mais les angles des mail'es taillées qu'on a mires en
oe u v r e , ne réfiftent pas iong-ceraps à l'effort des pluies & des gelées , dès
qu'ils fe trouvent dégarnis du mortierqui leslioit enfemble^à la longue,
i l réfulteroit de ces échancrures de grands dommages pour le corps
entier des bâtimens, fi Ton n'avoit foin d'en crépir les furfaces expoféesau
grand airj c'eft à quoi l'on n'a pas manqué. A l'égard du clocher de
N o t r e - D a m e , toute la moitié fupérieure eft enduite d'un ciinentrouge,
qui le fait diftinguer de fort loin , & je n'ai nul douce qu'on y ait employé
des pouzzolanes.
C e t t e magnifiq ue ajguille de 200 pieds de haut, comme j'ai dit, eit
«ncore plus élevée par fapofitionfur un monticule, & cependant elle eft
fort inférieure au rocher Corneille , des débris duquel elle a été bâtie :
celui-ci fe häufle majeftueufement derriere elle de 20 toifes au moins,
¿ c lui fert en quelque maniere de cimier.
.J'entrerois volontiers dans de plus grands détails fur ce qui concerne
c e t t e belle mafle, ainfi que les autres en pics, en rochers & en colonnades
qui figurent ici avec elle ; mais outre que je craindrois de me
répéter , je penfe que c'eft à l 'auteur feul de la defcription des volcans
éteints du V e l a y , à faire connoître au public les monumens prodigieux
<ie leur force qui y exiftent encore.
J'ai l'honneur d'être ,
M O N S I E U R ,
Votre très-humble Se trèsobéiflànt
ferviteur ,
l'Abbé de M o RTE s A G N E.
•J-e- faUn Jmplimentà M. l'abW de Morte- trop fetifihles, mais ces mêmes cloches ont fait
la^ne _ûe trouver la muiique de douze cJoches mon direfpoir & mon tourment pendant dix jours
a£r¿able; je ne fais fi e'eft un défaut de n s oreilles que j'ai demeuré au Piy.
M E M O I R E 4 1 7
E M O I R E
SUR un monument très-ancien de Véglife cathédrale du P V Y.
I Y ANT profité, pendant mon féjourdausl a villeduPi/j,de
mes momens de loiiir pour viliter ce qu'il y avoit de cur
i e u x , j e reconnusplulieurs monumens qui annoncent fon
ancienneté ; je vis contre une des faces latérales de la
cathédrale , quelques fragmens d'infcriptions antiques
I d'unbeaui lyle,quiavoienc été employésparmilespierres
' communes donc on avoit conftruit les murs ; j'obfervai
encore à l'entrée d'un cimetiere, des refies de trophées militaires, fculr
ptés en granit, quiparoiilbient avoir appartenus àunmonumentancique
coniîdérable. L a cathédrale, décrite dans la dernierelettre de M.l'abbé
de Mortefagne, a fa principale entrée très-majertueufe & d'un goût
jîieilleur que les ouvrages ordinaires de ce temps, où l'arclnceâure
avoit dégénéré; la porte à deux battans en bronze, groliîerement cifelés,
eft ornée de deux jolies colonnes de porphyre rouge oriental, qui ont été
probablement tirées de quelques monumens antiques, & adaptées enfuite
à l'entrée de cette porte , où elles font perdues dans un mauvais ordre
d'archicefture. Lorfqu'on examine avec attention cette entrée, & le
vafte & majefiueux portique qui lui fert d'avant corps, on eft forcé de
convenir que cette efpece de porche qu'on va joindre par une montée
de cent dix-huit marches, eft d'un travail beaucoup plus ancien que celui
de l'églife 6c de fon entrée 5 je ferois ailez porté à le regarder comme
f a i t dans un aifez bon temps.
O n voit à la porte du palais de l'évêque, attenant à l 'églife , une
efpece de petit périftile en colonnes cannelées, d'un granit fort dur, mais
non oriental i elles ne font pas à la vérité d'un gros calibre, mais on
peut les regarder comme antiques. On me montra dans l'églife une urne
antique en albâtre gypfeux, très-grande & d'une aiîez bonne forme ,
elle eft inferite dans la lifte nonibreufe des reliques de cette églife fous
l'étiquette fuivante , hydrie ou cruche des noces de Cana en Galilée , ozi
Veau fut changée en vin. C'eft Amplement une urne funéraire avec fon
couvercle qui efi endommagé.
J'avois entendu dire à quelques favans , que la rtatue de la vierge
qui eft en grande vénération dans cette églife, étoit en bafalte; ce fait
ra'intéreflbic par ce motif, 8c j 'étoi j très-curieux de favoir fi on avoic
connu en France la maniere de travailler cette pierre dure , ce fut dans
cette feule intention que je fis ce que je pus pour voir de près cette
ftatue , placée fous une elpece de baldaquin en maniere de niche, fort
exhauilé, & dans un lieu mal éclairé , où le jour vient à contre - fens.
Je la vis de très-près, & je reconnus qu'au lieu d'être en bafalte elle
écoit en bois de cedre , & qu'elle portoit des carafteres d'ancienneté
qui méritoient d'être connus ; c'eft inconteftablement la ftatue la plus
ancienne de la vierge que nous ayons dans nos églifes de France , elle
me parut fi digne d'attention, que je la confiderai avec le plus grand foin,
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