D I S C O U R S SU.R
«qu'on forte de Naples, dès qu'on quitce les matières volcanlqiîes, on
trouve des matieres calcaires qui ont des attenances avec les Appennins ;
z°. que derriere le Véfuve & le mont Somma le terrein offre des incruf'
tations calcaires, & des tufs dépofés par les eaux j 5°. que les ifles voii
î n e s , telles que Capri^ ÔCc. font calcaires j 4®. que le Véfuve jette des
Biorceaux de ipath calcaire & de pierre à chaux; & que certaines
collines volcaniques, produites parle Véfuve, font formées par des mat
i è r e s qui font un peu d'eiFervefcence avec les acides.
Mais fur les matieres calcaires fur lefquel les repofe peut -être le Vefuve,
n ' y a - t - i l pas des fchiftes ? Ôcces fchiftes ne font-ils pas la matiere primitive
& conftituant« des laves ? C e c i jetceroit dans une grande queftioii
qu'il n'eilpas encore temps d'examiner : i l y a du fchi fte derriere Salerno.
•J'allois finir ici mon hiiloire naturelle fur le Véfuve, lorfque j'appris
que M, le Chev-alier Hamilton, de l'ordre du Bain, envoyé extraordinaire
& plénipotentiaire d'Angleterre à la cour de Naples, & membre
de la fociété royale de Londres, venoit de publier de favantes obfervations
furies volcans des deux Siciles, en deux volumes grand in-folio ^
ornés de 54 planches enluminées, d'après les delîeins faits & coloriés
fur la nature même, & fous i'infpeâ:ion de l'auteur, par le fîeurPierre
F-abris, habile artifte Anglois. J'écrivis fur le champ pour faire venir ce
l i v r e de Naples , iorfque M. le chevalier Hamilton eut la bonté de m'en
faire préfent lui-même ; mais comme il me parvint parla voie de milord
Stormond , ambafladeur d'Angleterre à la cour de France , chez qui je
i e fis retirer , & que je voyageois alors dans les montagnes du Velay,
i l s'écoula plufieurs mois avant que j'euile reçu cet ouvrage intéreiîant:
j e fus il charmé des détails circonilanciés & fideles qu'on y trouve ; j'y
remarquai des obfervations fiexaftes, fi bien faites & f i analogues à l'étude
des volcans éteints , qu'au lieu de donner, comme je me l'étois
d'abordpropofé,une notice abrégée de tous les volcans brûlans, connus,
j e crus qu'il feroit beaucoup plus utile de faire connoître particulièrement
ceux quiavoient été les mieux fuivis,tels queleVéfuvedc l'Etna,
d'autant plus que les autres , tels que ceux de l'Amérique & des aut
r e s pays lointains, n'avoient été vus , pour ainfi dire, qu'enpaflànt,
par des voyageurs, ou peuinftruits enhiiîoire naturelle, ou qui avoienc
d'autres motifs que ceux de faire des recherches particulières fur les
•objets volcaniques, qui méritent des études préliminaires & l'examen
le plus confiant & l e plus fuivi fur les lieux : je fus très-convaincu en-'
c o r e qu'il vaioit mieux traiter à fond l'hiftoire des principales éruptions
d'un volcan tel que le Véfuve , que de donner une multitude de
-détails, ou vagues, ou même incertains fur cette fuite de volcans brûl
a n s , que je me contenterai Amplement dlndiquer. C'eft d'après toutes
ces raifons que je me vois forcé d'adopter^n plan tout différent de celui
que je m'étois d'abord propofé de fuivre : je vais donc m'attacher ici à
recueillir encore les principales obfervations faites par M. le chevalier
Hamilton , naturalifie infatigable, qui s'eftoccupé pendant plus de dix
ans à fuivre & à étudier le Véfuve. Voici ce qu'il nous dit au fujet de
fon travail, dans fa lettre adreiîee à M. le chevalier Pringle, datée de
iSiaples, du premier mai 1776, & placée à la tête du volume de fes lettres.
3i Perfonne J j e puis le dire hardiment, n'a jamaispourfuivifes obfer-
)> valions
L E S V O L C A N S BRULANS. 37
» vàtions fur un fujet, avec plus d'aiîiduité & de confiance que je l'ai
fait pendant plus de dix années de ma réfidence à Naples. J'ai vu 6c
)) revu tous les endroits dont je parle , depuis la pointe la plus élevée
)) de chaque montagne jufqu'àfa bafelaplus acceffible, foitparianature
» ou par l'art. »
D e telles obfervations faites fur les lieux avec cette affiduité , fonC
trop précieufes , pour que je ne m'empreffe pas de retenir ici les plus effentielles.
J'éfpere même qu'on m'en faura d'autant plus de gré, que le
livre de ce favant n'eft pas entre les mains de tout le monde
L a lettre qu'on lit à la page 14 , & qui efi adreffée à milord, comte
de Morton, préfident de la fociété royale de Londres, datée de Naples,
du 10 juin 1766 , contient des détails fi infiruftifs , qu'il eft important:
d'en faire connoître la plus grande partie.
» Pendantlapremiereannéede monféjouràNaples (ditM.Hamilton)
)) je ne me fuis point apperçu d'aucun changement confidérable dans la
-î) montagne; mais j'ai remarqué que la fumée du volcan étoit beaucoup
)) plus abondante quand il faifoit mauvais temps, & qu'alors j'entendois
ï) plus fréquemment les explofions intérieures de la montagne ( même à
» Naples,àômillesduVéfuve).Quandj'aiétéaufommetdumontVéfuve,
» le temps étant beau , j'ai trouvé quelquefois fi peu de fumée, que j'ai
-» pu voir allez profondément la bouche du volcan, dont les côtés étoienC
•)) incruftés de fels & de minéraux de diverfes couleurs, blanches,vert
e s , jaunes foncées 8c jaunes pâles. L a fumée qui fortoit de la bou-
» che du volcan dans le mauvais temps, étoit blanche, très-humide Se
» beaucoup moins nuifible que les exhalaifons fulphureufes quifortoienc
3) de plufieurs fentes fur les flancs de la montagne.
» Vers le mois de feptembre dernier je me fuis apperçu que lafuraée
•3> étoit plus confidérable, & qu'elle continuoit même avecl e beau temps;
î) & au mois d'o£tobre je remarquai quelquefois une bouffée de fumée
noire qui s'élançoit à une très-grande hauteur, paflant au travers de
S) la fumée blanche; fymptôme d'une éruption prochaine, qui devint plus
3) fréquent de jour en jour ; & bientôt après, ces bouffées de fumée pa-
3> roiffoient, la nui t , teintes comme le font les nuages au foleil couchant.
• » Vers le commencement de novembre je montai le Véfuve ; il étoic
» alors couvert de neige, & je m'apperçus qu'un petit monticule de
)) foufre s'étoit formé depuis la derniere fois que je l'avois vu , à 40 pas
î> de la bouche du volcan: il avoit près de 6 pieds de hauteur; Si. une
3) flamme d'un bleu clair fortoit confl:amment de fon fommet. PendanC
« que j'étois à examiner ce phénomene, j'entendis une explofion violente
» & je vis une colonne de fumée noire, fuivie d'une flamme rougeâtre,
» s'élancer avec violence delabouche du v o l c an; Scbientôt après une grêle
» de pierres, une defquelles tombant très-près de moi, m'obligea de
« me retirer avec précipitation, me rendit auffi plus circonfped dans
1) mes courfes fuivantes au Véfuve.
» Depuis le mois de novembre jufqu'aa 28 de mars ( date du coma
La multitude Se- la vérici des eftampes fupérieu- curer un livre auiTi utile & auiTi précieux. On voyage
temencenîuminiesdonccetouvragccftearichi,l'ont eneffet, avec cet ouvrage .fut le Vcfuve&dans
rendu nécellàirement cher , puifqiieies deux volumes tous les pa^s volcanilés qui y lont reprélenccs, avec
broch6 fe vendent A Naples 60 ducats. Maigri cela une liappante.
•pa ne faurolc trop exhorter les naturaliftes a fe pro^
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