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mans d'un grand incendie qui vient de finir} mais ia nature toujours act
i v e , aimant fans cefle à fe reproduire , va bientôt opérer de nouveaux
miracles.
• En effet, la bafe de ces grandes excroiflances volcaniques qui s elevenCen
pic , quoique formée parles laves les plus dures & les plus
c o m p a r e s , va bientôt éprouver de nouvelles altérations. Ici l'acide
qui nage dans les eaux de la mer , avide de s'unir au fer , de fe l'approp
r i e r , enleve celui du bafalte , &les eaux maniant les élémens ferrugin
e u x , les dépofent tantôt en forme de fédiment , tantôt les façonnent
en maniere de boules que les naturaliftes ont appellees géodes ; la lave
alors dépouillée de fon fer , devient tendre , perd fa couleur, &. n'eft
bientôt plus quune terre blanche friable j mais une nouvelle eau imprég
n é e , faturée par les vapeurs que les feux concentrés rejettent, s'unit,
f e combine avec la fubftance terreufe des laves, la modele tantôt en
fórme de cryftaux lamelleux,de la nature du feld- fpath, tantôtluidonne
Amplement de l 'adhéfion, de la coniiftance fie de la dureté, & lui communique
le gluten & la ténacité des argilles.
D ' a u t r e s fois l'acide qui tenoic le fer en diflblution , neutralifé par
des allcalis, laiñant échapper les principes ferrugineux, ceux-ci adoptent
les couleurs les plus variées, en raifon des principes que les alkalis cont
i e n n e n t , o u "queJes eaux acidules leur communiquent. Le naturaliile ,
en un mot , peut voir ici non feulement une férié des révolutions qui fe
'font fuccédées les unes aux autres à des époques &c dans des temps
t r è s - r e c u l é s , inais ii peut fuivre jufqu' à un certain point, à l'aide de la
c'omparaifon & de l 'analyfe , pluiieurs des procédés que la nature a mis
en oeuvre dans fés laboratoires , pour détruire , recompofer & reproduire
les mêmes fubflànces, ou lespréfenter fous les formes les plus
variées.
D E T A I L S fur les Montagnes de BRIVES.
V ò ì C i quelques obfervations que l'examen attentif des lieux m'amis
dans le cas de faire.
1°. Toutes las hautes montagnes volcaniques qui fe prelentent en
ï a c e dupont^eBm- e j , font compofees dans leur fommi té, de laves bafaltiques
dures & compares; aù-deflbus font des laves poreufes, enfuite
"des iDreches fotmées de différens fragmens de matieres volcanifées.
¿0. 'Cef t après les déjedlions donc j e viens de parler, qui occuppent
une élévation afl'ez cônlidéràble, que paroi/lent de grandes couches de
b a f a l t e , qui's'altèrent & entrent en décompofition ; cette lave s'alt
è r e de plus'ènplusà mefure qu'elle s'abaifle, & devient totalement
t e r r e u f e , quoiqu'elle conferve néanmoins toutes les apparences bafal-
' t ique s ; on en voit cependant quelques gros blocs moins altérés, mais
en général la totalité des mat ieres a perdu fon gluten & f a confiftance:
"on en trouve des morceaux du plus beau caraétere, où l'on voit encore
le .paiTage du bafalte le plus dur & le plus noir, à l'état de matieres terreufes
tendres , de la nature de l'argille: le fer quis'eft féparéen partie
des laves, forme dans la contexture de la montagne, de belles zones
martiales plus ou moins épaifles, il y eft très-abondant, & fous h
' fonne la mieux cara£térifée.
D U V Ë L A Y.
Au-deflous de ces maiîes de bafalte détruit, on dlillngue de nouveaux
bancs de lavescompa£les, beaucoup plus décompofées encoredle
bafalte eft ici dans un état abfolument terreux, d'un gris blanchâtre ,
quelquefois un peu jaunâtre, il eft pénétré par de gros noyaux ferrugineux
, d'un jaune ochreux, ronds 5c ovales, ce font de véritables
géodes formées par le fer des laves; on y trouve aulîi des filex comp
a r e s en apparEnce,mais tendres 8c f r iables, parce qu'ils ont eu le même
fort du bafalte, c'eft-à-dire qu'un acide quelconque les a attendris ÔC
d é n a t u r é s ; mais par une bizarrerie étonnante de la nature, plulîeurs noyaux
de granit, inférés dans les matieres, n'ont fouffert aucune alté"-
ration.
4®. C e f t au-deflbus de toutes íes déjeÛions Volcaniques dont je viens
de parler, qu'on trouve des niafles immenfes d'une fubftance argilleufe,
d'un gris verdâtre, qui forment de véritables montagnes qui paroiflenc
de loin d'un verd tendre agréable ; on ne peut regarder ces grands
amas argilleux, que comme de véritables laves puiflamment altérées}
les vapeurs acides fulphureufes s'élevant de bas en haut , devoient frapper
plus fortement les parties les plus voiiînes des bouches à f eu, 6c les
convertir à la longue en argille, ainfî que la chofe s'obferve encore à la
Solfatare i aulîi les montagnes des environs de Brivts font-elles plus
vivement dénaturées par la bafe, & la décompofition diminue par gradation
dans les parties plus élevées.
Mais une chofe plus étonnante encore, & qu'on pourra peut-être regarder
comme un paradoxe ^ du moins jufqu'à ce que pluiîeurs natura-,
liftes aient confirmé mon obfervation, c'eft que dans la partie des montagnes
de Brivesy qui eft entre le pont jeté fur la Loire, ÔC la maifon des
chartreux, on trouve une belle carriere d'une pierre très-dure, appellée
f u r i e s lieux grèi , dont le pont eft bât i j 6c avec laquelle on fait de bonnes
meules de moulin; cette pierre de couleur blanche, & d'une grande
d u r e t é , eft compofée de gros fragmens d'un feld - fpath très-compa£ie
& très-dur, qui fe rapproche du quartz, plufieurs de ces fragmens font
formés en rhombes & en parallélipipede; cette pierre eft difpofée par
grands bancs d'une différente épaifleun
Il eft certain qu'en rencontrant cette pierre dans des montagnes granit
e u f e s , telles que certaines parties des Alpes, elle feroit peu faite pour
fixer l'attention des naturaliftes, du moins d'une maniere bien particul
i è r e ; mais la trouver fous des maiîés immenfes de matieres volcanifées
qui entrent en décompofition, dans un pays où des volcans formidables
paroiflent avoir exercé leur fureur fous les eaux & dans un fond de mer,
ceci méritoit d'être fcrupuleufement examiné.
Ce fut dans cette intention que je m'attachai à parcourir toutes les
coupes de cette carriere, à étudier la contexture des pier res, pour voir
fije n'y découvrirois aucun corps étranger, &C j ' eus dans moins d'une
heure la f a t i s f a â ion d'y t rouver quatre noyaux de bafalte noir, dur , fain,
encaftrés dans le centre de la pierre, & tellemenc joints & adherens avec
le feld-fpath, qu'il feroit impolfible de l'en féparer fans rompre l'un 8c
l ' a u t r e ; de là nul douteque les bancs de cette carriere n'euiTent été for-*
més poftérieurement aux volcans, puifqu'on y trouve des fragmens de
b a f a l t e , ou que la fubftance même de la pierre de ce rocher, ne doive
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