ê
t . ,
I
VéÎ
Bruit horrible
parti duVé-
Pluie de cen.
•d es q'ji obligea
îcs gens de Napies
d'aller dans
les nies avec des
parapluies.
VüiiTeau* en
irer à lo lieues
de Naples, cou-
«eris ds cendres.
Courant de lave
d'environ 6
milles de long.
Autre courant
d'cnTironi milles
de longueur fur
60 ou 70 pieds
d'ép aille ur.
Chemin creux
de tcx3 pieds de
profondeur, fui'
jcopieds de Jargeur
, comblé
f a r la lare.
4 4 DI S C O U R S S U R
T) mais les laves coulerênt toujours avec vivacité. Pordci eut alors un
» inftant de crife j caria lave n'en étoit éloignée que d'un mille & demii
» mais heureuferaent elle changea de dire£tion , 6c vers la nuic elle fe
» ralentit.
• » Le jeudi 22 , vers les dix heures du matin, le même bruit horrible
» recommença , mais avec beaucoup plus de violence que dans les jour-
» nées précédentes. Les gens les plus âgés ont dit qu'ils n'avoienc
)) -jamais entendu de bruitpareil, &. il étoit réellement effrayant : nous
)•) attendions à chaque moment quelque accident liniftre : les cendres
)•> pleuvoient à Naples-en ß grande abondance , que les gens à pied dans
n les rues furent obligés de fe fervir de parapluies, ou de défaire leur
n chapeau; car ces cendres faifoient beaucoup de mal aux yeuxj les
n toits des maifons & les balcons furent couverts de ces cendres, de i'é-
» paifleurde plus d'une ligne j des vaifleaux en mer, à 20 lieues de Naples,
» en furent auffi couverts au grand étonnement des matelots. Au milieu
)) de ces circonftances alarmantes, la populace devenant tumultueufe
)) & impatiente, obligea le cardinal d'expofer le chef de Saint-Janvier,
» & de le conduire en proceilion au pont de la Magdelaine , qui eft à
« l'extrémité de Naples vers le Véfuve ; & il eft bien atteftéici que l'éï)
ruption s'arrêta au même inftant que le Saint arriva à la vue de la mon-
» tagne : ce qu'il y a de fûr , c'eft que le bruit ceiTa vers ce temps-là ,
» après avoir duré cinq heures comme les jours précédens.
)) Le vendredi 2 5 , les laves continuèrent de couler , & la montagne
n jeta toujours quantité de laves de fon cratere j mais on n'entendic
î> point de bruit ce jour-là à Naples, &. il y tomba très - peu de cen-
» dres.
» Le famedi 24 , la lave celTa de couler; fon étendue depuis l'endroit
» d'où je Fai vu fortir, jufqu'à l'extrémité où elle enveloppa la chapelle
« de Saint-Vito , eft à peu-près de 6 milles. Dans l'Atrio di Cavallo ôc
>> dans la vallée profonde qui eft entre le Véfuve & l'hermitage, la lave
a dans quelques endroits près de 2 milles de largeur, &prefqueparî>
tout fon épaiiTeur eft de 60 à 70 pieds. L a lave tomba dans un che-
« min creux, appellé Foflagrande, qui a été formé par des torrens d'eau
M de pluie ; quoiqu'il n'ait pas moins de 200 pieds de profondeur & 100
» pieds de largeur , la lave l'a cependant comblé dans un endroit. Je
)) n'aurois jamais cru qu'une Ci grande quantité de matiere ait pu fe ré-
)) pandre en fi peu de temps , iî je n'avois moi-même examiné le cours
» entier de la lave. Cette grande mafle ii compaÖe confervera fûrement
» de la chaleur plufieurs mois encore. Comme ila beaucoup plu ces jours,
5) la lave fume actuellement comme fi elle étoit en fuiîon ; & lorfque
» nous raontâmesfurle Véfuve, milord Stormond & moi, il y a dix jours,.
« les bâtons que nous enfonçâmes dans la lave, prirent feu furi e champ:
» mais continuons notre journal.
» Le 24 le Véfuve jeta des pierres comme il avoit fait les jours pré-
» cédens j circonftance qui produit une différence entre cette éruptioa
» & celle de 1766, où il n'y eut point de pierres lancées hors du craî)
tere dès le moment que la lave coula.
» Le dimanche 25 , des cendres fines tombèrent à Naples toute la
j> journée; elles forcoient du cratere du volcan, formoient une vafte
» colonne
L E S V O L C A N S BRULANS. '45
n colonne auffi noire que la montagne même, &.dont l'ombre étoit tracée .¿^¿p^^^fj;
» furia furfacedel a mer : des éclairs fourchus en zigzags s'échappoient cctte''coio"nncde
>) à tous momens de cettecolonne obfcure, &étoient accompagnés d'un Sm'fuWs'dJ
» tonnerre qui s'entendoit dans le voifinage'de la montagne, mais non pas
» à Naples. Dans ce moment il n'y avoit d'autres nuages que ceux de la
» fumée, qui fortoient du cratere du Véfuve ; & ce phénomène que je
)) n'avois pas encore vu auifi parfaitement, me fit beaucoup de plaifir.
» Le lundi 26, la fumée continua, mais moins épaiffe, & n e fijt point
)) accompagnée d'éclairs volcaniques. Comme la lave ne parut point à la
» fuite de cette colonne de fumée noire, qui doit avoir été produite par
» quelque opération du feu intérieur, je fuis porté à croire que la lave
» qui auroit dû naturellement la fuivre, fe fera frayé un chemin vers
» quelque caverne plus profonde, où elle prépare en filence les mal-
» heurs à venir, & j e ferai bien trompé fi elle ne reparoîtpas d'ici à
M quelques mois.
» Le mardi 27 , il n'y eut point de fumée noire ni aucun figne d'érup-
» tion. »
On trouve dans cette lettre une note relative aux pluies de cendres ,
qu'il eft bon de tranfcrire ici.
)) Dans plufieurs relations des éruptions antérieures du Véfuve , j'ai
» trouvé que les cendres ont été portées à une diftance beaucoup plus
» confidérable qu'en l'année 472 & 475 ,• elles arrivèrent même jufqu'à
ï) Conftantinople. Dion aiTure que pendant l'éruption du Véfuve, fous
j) le regne de Titus , tantus fuit pulvis, ut ab eo loco in Africam fi"
j) riam &^gyptum ^enefmverfr. UnlivrepubliéàLecce,dansleroyaume
}) de Naples , en 1632, & intitulé Difcorfo fopra l'origine de fuochi
)) gettati dal monte P^efuvio di gio Francefco Serrata Spinola Galateo ,
» dit que le 16 décembre 1651, le jourmême de la grande éruption du
» Véfuve :
» Quoique le temps fût parfaitement calme, les cendres defcendoient
» comme une pluie à Lecce , qui eft à la diftance de neuf journées de la
» montagne ; que le ciel étoit obfcurci, & que la terre en fut couverte
)•> de l'épaiffeurde 5 lignes ; que des cendres d'une autre qualité tombe-
3) rent à Bari le même jour, & que dans ces deux endroits les habitans
» furent très-alarmés , ne fachant à quoi attribuer la caufed'un tel phé-
» nomene. Antoine Bulifon, dans fa relation de la même éruption, dit
» que les cendres tombèrent à Ariano dans la Fouille , & que la terre
j) en fut couverte de l'épaiffeur de plufieurs lignes. Quelques gens dignes
» de foi m'ont ailuré aufii qu'ils ont été témoins de la chûte des cendres
j) pendant une éruption, à une diftance de plus de 200 milles du Véfuve.
n L'abbé Giulio Cefare Bracini, dans fa relation de l'éruption du
» Véfuve en 1 6 5 1 , dit que la hauteur de la colonne de fumée & de cen-
» dres, prife de Naples par le quartde cercle , étoit au-delà de 50 milles.
» Quoique des calculs fi incertains méritentpeu d'attention, je fuis néan-
» moins convaincu , par ce que j'ai remarqué moi-même , que dans des
J) grandes éruptions les cendres s'élevent à une hauteur telle qu'elles
n peuvent rencontrer des courans d'air extraordinaires, qui expliquent
)) aifezbien les longs trajets qu'elles ont faits en fi peu d'heures.
)) Dans un livre qui a pour titre Salvatoris Vzronis Fefuviani incendii,
M