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3 , 4 V O L C A N S ÉTEINTS
M rAbbé Blagcrc qui nous avoit fi mal guidé , dit qu'en prenant des
payfans du lieu , nous pourrions encore nous rendre à Pmdellcs : la nuiç
étoit fi noire, le brouillard fi épais, qu'il n'y eut qu'un fiïul habitant qui
eut le courage de nous accompagner , d'après les promefies que je lui
fis de le payer généreufement. Nous marchâmes afiei sûrement avec cet:
homme dans une efpece de chemin tracé dans despraines marécageules,
où nos chevaux s'eiifonçoient jufqu'à mi-jambe , mais le malheureux eut
bientôt perdu la voie, & nous fûmes plus égarés que jamais. Apres avoir
tenu un petit coiifeil, nous être reproché cent fois de n avoir pas
r e ' i c à Mdferac, il fut délibéré de s'arrêter là où nous nous trouvions ,
& d'envoyer le guide à la découverte. Cet homme qui étoit courageux
& n e craignoit pas la peine, partit comme un éclair, en nous recom-_
mandant de crier de temps en temps en figne de ralliement, & il le mit
en quête; pournous, tri l les & dolens, les-pieds dans la boue , perces par
le brouillard jufqu'àlapeau, grelottantde froid,les coudes appuyés lur la
f e l l e de nos chevaux, nous attendions des nouvelles de notre meflager,
nousl'appellions de temps en temps & il nous répondoit, mais bientôt la
v o i x fe fit à peine entendre dans le lointain,8c quelque temps après il
ne fut plus queftion de lui , & il ne repondit plus à nos cris; je craignis,
qu'il ne fe fût caffé le col contre quelque pierre, ou qu'il ne le tût précipité
dans un ravin. Nous reliâmes dans cette incertitude plus de demiheure
lorfqu'enfin nous entendîmes la voix du malheureux qui nous
avoit perdu pour s'être trop éloigné; nous répondîmes à fon fignal, &
quelque temps après il vint nous joindre; il nous fit part du trajet qu il
avoit fait, de fes chûtes, de fes inquiétudes lorfqu'il ji'entendoit plus
nos voix; mais enfin il nous afllira qu'il s'étoit remis fur la voie,8cqu'll
avoit reconnu une efpece de chemin que nous poumons joindre dans
un quart d'heure; je lui demandai de quelle manière il s'y prendroit
pour le retrouver , Se il me repondit très-bien qu'il s'étoit orienté à
l'aide d'un léger foufile de vent qui s'étoit élevé; en effet ce fut la
fa bouflble pour noUs conduire, & il nous remit dans moins de quinze
minutes dans un chemin qui nous mena en droiture à Pradelles, ou
nous arrivâmes fatigués à en être malade, mouillés jufqu'auxos gitranhs
de froid, bien réfolus de:ne plus nous expofer à une pareille aventure.
Je rapporte ici cette anecdote pour qu'elle puifle fervir d'exemple aux
obfervateurs qui feroient dans le cas de faire cette traverfee.
R O U T E
!
D U VIVARAIS.
R O U T E
De FRADEILES au P V r.
LORSQU'ON part de Pradelles pour fe rendre au Puy , on entre dans
un chemin rempli de laves bafaltiques; mais on trouye bientôt des granits
un peu micacés, mêlés de grofl'es veines iun, feld-fpath brillant:
cette zone graniteufe ne fe prolonge qu'à un, demi-quart de lieue, & on
retrouve les bafaltes difperfés dans tous les champs, à la maniere de
ceux de Peyre-Baille, c'eft-^dire, que toute la campagne eft couverte
au loin de mafles debafalt e plus ou moins grofles, qui paroiflent avoir
été maniées par les eaux: on traverfe une plaine en.montagne qui dure
plufieurs lieues, où touted ainfi jonché de matieres yolçamques.fansapparence
de cratere éminqnt, on remarque feulement quelques buttes un
peu arrondies, raaii peu éWe j i , où les laves font poreules & ont fubi
l ' a a i o n vive du feu." „ , , j ^ n j 1
O n trouve à deux lieues de Pradelles le hameau de Co/feroj, dont les
maifons font entièrement conftruites en bafalte Scbâties à pierre feche;
on a été obligé,pour donner de la folidité à ces bâtimens, de- faire des
murs d'une épaiffeur extraordinaire, mais j'ai trouvé qu'>ls étoient arrangés
avec beaucoup d'art, ce qui prouve qu'avec de lindultne on
peut faire des logemens très-habitables dans tous les pays du monde,
même avec une pierre auffi intraitable que le bafalte.
C e l l ici où j'ai commencé à m'apperçevoir que le bafalte de ce canton
quoique très-dur Se fonore, avoit néanmoins de grofles bulles qui
l e réiidoient poreux fans changer fa qualité de lave bafaltique , je veux
dire que le grain, la couleur Se la dureté de cette fubftance etoit abfolument
la même que celle du bafalte, ce qui ne s'obferve pas en general
dans les laves véritablement poreufes, où la couleur ell pour 1 ordinaire
a l t é r é e . Se où le grain ell beaucoup plus tendre que celui du balalte.
T o u t e la campagne ell entièrement couverte de droit & de gauche
de laves de cette efpece; mais dans les approches du Puy, c'efl-a-dire a
environ une lieue de cette derniere ville on s'apperçoit dun changement
notable dans la configuration Se dans la difpofition du fol; en
efi-et, quoiqu'onfoit ici furune aire fort élevee, on découvre de toutes
parts une multitude de grands pics volcaniques tres-rapproches les uns
des autres, Se prefque tous de forme conique ; rien ne refiemble autant
à une mer hérifl'ée de vagues que l 'afpea de toutes ces montagnes ; les
oremieres qu'on rencontre font très-rapprochées du chemin; il en elt
une nommée Peyrou, qui n'ell qu'à trois cents pas de la route, qu on peut
vifiter fans beaucoup fe détourner, elle efl afle. élevee & couverte de
laves poreufes très-calcinées , de pouzzolane, de fcorie, Se d autres dei
e a i o n s volcaniques qui ont éprouvé un feu violent. _
Arrivé à demi-lieue du Puy, vers une ferme nommee Uihaponade,
fur le bord du chemin, il faut s'y arrêter pour examiner un objet bien
-ne d'attention; en effet, non loin de cette maifon ef^ une butte ou
éminence d'environ 50 pas de longueur fur 50 pieds d ^ ^ ™ " ' Tout