r e c h e r c h e s
L a nature nous a offert des tréfors en ce genre clans les produits
volcaniques; les laves, depuis le bafalte jufqu'aux pouzzolanes, contiennent
beaucoup de fer; ce minéral s'y trouve fous un cachet fi remarquable,
que fi on préfente de ces matières au barreau aimanté, elles le
font mouvoir. On a vu dans l'analyfe fimple que j'ai donnée de la pouzzolane
, combien elle eft en général chargée de fer ; l'expérience de
l'acide marin & de l'alkali phlogiftiqué, celle de l'aimant, l'annoncent
d'une maniéré non-équivoque.
L a pouzzolane a encore l'avantage de contenir le fer fous une forme
q u i f e rapproche de l'état métallique, elle ne feroit pas fans cela attirable
à l'aimant: or, point de métal fans phlogiftiqué, point de phlogiÇ.
tique fans principe acide volatil phofphorique , c'eft-à-dire, fans air
fixe, ou fi on aime mieux fans air inflammable, qui eft toujours une modification
de la matiere ignée i : donc la pouzzolane étant très-ferrugineufe,
& ayant aftion fur l 'aimant , contient le gas, le principe que
nous cherchons.
Voici ce qui s'opere toutes les fois qu'on fait un mortier avec de lit
chaux vive 8c de la pouzzolane ; l'eau s'empare promptement de l'air
fixe de la chaux, s'en imprègne. Si acquiert par-là, non-feulement la
propriété de diffoudre les élémens de la terre calcaire, mais elle porte
encore fon aûion fur la pouzzolane même qui, foit en raifon dé quelques
loix d'affinité ou de quelque caufe que nous ignorons, perd à fon tour fou
propre air fixe qui s'unit promptement à l'eau ; ce liquide s'en trouvant doublementfaturé,
a le pouvoir alors de revivifier, de la maniéré la plus puiffante
, la terre abforbante de la chaux, & même celui de réagir fur la
pouzzolane, en régénérant la matiere vitrifiable de fa bafe, 8c en la métamorphofant
enpetits cryftaux élémentaires, d'une nature approchante de
celle du feld-fpath : on comprend alors combien l'union intime de ces différentes
fubftances doit faire un enfemble, un corps parfait.
I l ne faut pas fe perfuader qu'unepareille opération puilTe acquérir toute
fa perfeftion dans un moment; on a vu que M. Achard, en faifant ufage
d'une eau fortement 8c continuellement imprégnée d'air fixe, n'obtient
des cryftaux qu'au bout de foixante 8c dix jours. Il s'offre ici une parité
bien remarquable Se bien furprenante, c'eft que le mortier fait avec de
la pouzzolane 8c de la chaux vive , forme également un corps dur dans
l'eau après un laps de temps pareil ; ce n'eft pas qu'à l'expiration de ce
terme la pouzzolane 8c la terre calcaire foient entièrement 8c parfaitement
régénérées, mais la maffe a déjà acquis une dureté telle qu'elle
furpafl'e de beaucoup celle qu'un mortier fimple ôc fans pouzzolane auroic
pu acquérir au bout de vingt ans.
Voilà un moyen fimple 6c facile pour faire des conflruftions d'une
grande folidité, dont on peut fe procurer la jouifl'ance d'une maniéré
très-prompte.
M a i s , pourra-t-on me dire, nous fommes obligés de tirer la pouz.
zolane des environs de Naples , d'où elle ne peut venir qu'à grand frais ,
• Onfentcombien)efu!sgénlklparIemot;îes uns mptiir miphitiquts , d W jîari &c. En attendant
veulent qu'on ¿¿figne ce fingulier agent fous le nom que ce procès foit )Ugé ,)e fais ufage de b plupart de
dViWe l'piaiil farchargé de phiogijligur, d'autres ces diiFérentes dénominations pour déligner la même
fouiceluidegar, chofe.
l'exportatioa
i r a
S U R L A P o U Z Z o L A N Ë, i^ f
l'exportation dans l'intérieur du royaume devient ruineufe j côinmenC
donc fe déterminer à en faire ufage? Nous allons voir dans la feftion
fuivante qu'il efl: facile dans ce moment en France de pouvoir s'en procurer
à peu de frais dansprefque toutes les différences parties du royaume:
je donnerai enfuite quelques procédés limpies, faciles & éprouvés pour
conftruire des terraiî'es à l'italienne , & faire des pavés dans les appartemens,
de la plus grande folidité 8c d'une propreté qui ne laiifera rien
à deiîrer.
Des différentes efpece? de Pôii^olane de France , particulièrement de
celles du Vivarais.
L E Vivarais, le V e lay , l'Auvergne, &c. ayant e'té très-anciennemertC
ravagés parles feux fouterreins, ( & l a chofe eft inconteílable) ces pays
doivent offrir les mêmes accidens , les mêmes phénomènes , les mêmes
matieres que les parties de ^'Italie & que les autres contrées où les volcans
ont manifefté les effets de leur puiffance. Des yeux exercés & accoutumés
à l'obfervation, n'y trouveront abfolument aucune différence;
mêmes cráteres plus ou moins vaftes, plus ou moins profonds ; mêmes
courans anciens de laves j mêmes chauffées de bafaltes en prifmes ;
mêmes buttes de bafaltes en mafièsj mêmes laves pore ufe s ; mêmes
fîtes j mêmes difpoiltions dans, les montagnes : on doit donc y retrouver
les mêmes pouzzolanes , & en effet la chofe eft ainiî j mais comme cette
matiere volcanique eft un détriment de laves poreufes, on ne peut en
rencontrer des amas coniîdérables que dans les parties voiiînes des crát
e r e s , ou près des anciennes bouches où l'ail ion du feu & des fumées
fulphureufes a réduit le bafalte le plus compafle & le plus dur en fcorie ,
en pierres poreufes , ou l'a converti en une efpece de chaux fenugineufe
plus ou moins, colorée.
On peut trouver à la vérité affez facilement quelques portions de
pouzzolane difperfées çà & là dans les environs de certains cráteres ;
mais il eft aflez difficile , en Italie tout comme en Vivarais, en Velay
& ailleurs , d'en rencontrer des mines confîdérables & abondantes , oii
la matiere, convenablement préparée, foit prête à erré mife en oeuvre.
On a reconnu depuis plus de vingt ans qu'il avoit exifté autrefois
des volcans en Auvergne ^ On lit dans le receuil de l'académie royale
des fciences pluiieurs mémoires relatifs à ces volcans j on parle même
dans les derniers des pouzzolanes qu'on y rencontre en général parmi
les autres matieres valcanifées j mais perfonne jufqu'à préfent , à ce
que je fâche , n'avoit fait des recherches fuivies pour découvrir des
mines de cette terre , 6c perfonne n'avoit encore tenté des expériences
fur les pouzzolanes de France , pour en introduire l'ufage dans
ce royaume 3 je ne connois du moins aucun titre , aucune efpece de
renfeignement notoire 6c public qui l'annonce.
Un des principaux buts dans mes recherches fur les volcans éteints
du'Vivarais 6c du Velay, a toujours é té, en recueillant des faits qui
pouvoient être utiles à une des plus nobles branches de l'hiftoire naturelle
, celle de l'étude de la théorie de la terre, de m'occuper égalea
Voyez la lettre de M. Ozi , chymifte de CJetmont, à la fin de cet ouvrage.
N n- n