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' i ç i ; ' . MÉMOIRE
couches ou enveloppes concentriques d'un pied d'e'paiffeur chacune, fortement
adaptées les unes contre les autres ; 3°. ces lames qui s'aminciff
e n t par les bords, font difpofées de maniér é que cette boule voluinineufe,
vue d'un peu loin, rellemble à un énorme choux pommé. Je ne faurois
t r o p recommander aux amateurs de l'hiftoire naturelle d'aller étudier ce
beau morceau.
. 3 2. U n e boule de bafalte dur & noir,pefant cent quatre-vingts livres :
des environs de MonTpe:{at.
3 3. ; iut r e boul e d'un bafal t e b l euâ t r e , pefant cent foixante livres : des;
• e n v i r o n s àeMontbml.
Ce ne font là que de petites boules ; celles d'Ardenne font d'un volume
& d'un poids trop confidérable pour être tranfportées dans un cabinetj
i l y en a quipefent dix-huit à vingt quintaux.
B A S A L T E EN TABLES«.
ON ne peut douter que le bafalte ne foit une matiere fufceptible de
p r e n d r e des formes très-variées 8c t rès -di f férente s les unes des autres. Il
y a en effet un caraûere bien oppofé entre des prifmes réguliers , vert
i c a u x , inclinés, divergens, articulés, entre le bafalte en boules & celui
qui efl: pof é par couches horizontales, à la maniéré de certains lits calcaires
, dont la difpofition & l'arrangement font naître journellement
n o t r e étonnement & notre admiration.
L e bafalte ainfi établi par lits ell abfolument de la même nature 8c
q u a l i t é que celui qui conftitue les p r i fmes ; il eft comme lui l 'ouvrage de la
f u f i o n t-.
Il y a du bafalte en tables dans la montagne qui fait face i celle d_e
Chenavari, au-defliis Rochemaiire, & dans quelques autres parties du Vivarais.
En général il n' y eft pas trop commun. Plufieurs montagnes da
V e l a y en renferment également ; on en trouve entre la ville du Puy 8c
IJlcngeaux, près d'un endroit nommé la Fcrriere ; mais le plus curieux
qu'on rencontre en ce genre eft fans contredit celui du Me^mc. Cette
m o n t a g n e , une des plus hautes de l ' intér ieur de la F r anc e , eft volcanique
depuis fa bafe jufqu'à fon fommet. Sa crête eft totalement couronnée
par des tables de bafalt e qui fe dél i tent par feuillets; c'eft avec des mart
e a u x ÊC une certaine adreife qu'on vient à bout de divifer en quatre ou
cinq feui l lets, des plaques de troi s ou quatre pouces d'épaiffeur. L e s froids
exceftifs & prefque continuels qui régnent fur cet t e montagn^, ont opéré
naturellement cette divifion, aufli les buttes les plus élevées du Mepnc
f o n t - e l l e s entièrement couvertes de lames très-minces de bafalte, que
les effort s de l'eau gelée ont fait éclater & détacher des maffes, ou plutôt
des tables très-épaiilès dont font formées ces éminences volcaniques qui
ont percé de droite & de gauche dans diverfes part ies de la montagne.
Tous les combles des villages & des différentes maifons qui font dif-
Les SgiidoUont iéiigné !e bafalce en table fous le nom
de trapp (efcalier). Il eft à préfumer que ce bafake
en rabledesSuédois eft volcanique comme celmd'Au-
, du Vivarais& du Velay , puifqu'ils l'emdans
leurs verreries pour ikire des bouteilles.'
perfées
a Voyez planche I , fig. l i .
'' M.. Paziimor a trouvé en Auvergne du
feuilleté qui fe divire en feuillets minces comme Par- vergne
doife, & dont on fc ferc pour couvrir les maifons. ploient
S U R L E B A S A L T E . 15 7
perfées fur la croupe du Me:(inc, font couverts avec des tables minces
de ce bafal te, qu'on taille ou p lutôt qu'on rompt à la manier e des ardoifes:
de telles couvertures font admirables pour réfifter aux intempéries des
f a i f o n s , mais elles ont le défavantage d'être trop lourdes.'
Si l'on veut voir une belle carriere ouverte à grand frais dans les bafaltes
en tables, il f a u t , en defcendant leMei^mc, fe rabat t r e fur la chartreufe
de Bonnefoi. Les chartreux de cette maifon ayant des augmentations
confidérables à faire à leurs bât imens, creuferent dans les alentours
pour tâcher d'y découvr i r du moellon; ils é toi ent envi ronnés de toutes parts
de bafalte dur en raaife, mais cette piérre intraitable étoit trop difficile
à rompre pour pouvoir être employée dans la maçonneriej ce fut ce qui
détermina ces religieux à fai r e fonder le terrein. Ils ne tardèrent pas à
découvrir for t à propos, fous une pelouze épaifle, une carriere du plus beau
bafalte en tables fe délitant avec facilité, & très-propre par f a formeà la
c o n i t r u f t i o n des murs. C'eft avec ces pierres qu'ils ont bâti cette quant
i t é d'ouvrages fouterreins qu'ils ont été obligés de faire pour fe garantir
des eaux 6c de l'humidité dans un climat froid $c nébuleux, fujet par fa
p o f i t i o n à des inondations fréquentes.
Comme cette carriere a été attaquée en regie fous la direéiion du
procureur dom d'Achery homme d'efprit & très-intelligent, elle offre d e
vaftes excavations qui ont mis à découvert la contexture de cet t e maiîe
volcanique , où l'on voit le plus beau rocher bafaltique en tables , qui
puille exifterau loin. Onydécouvre: '
1°. Des couches horizontales très-paralleles, de différente épaifleur,
à compter depuis fix lignes , un pouce, deux pouc e s , jufqu' à deux pieds
ôc même davantage. Toutes les tables elles-mêmes, particuliéremenC
les plus épaifles, quoique d'un bafalte très-fain &de s plus purs, peuvent:
f e divifer en feuillets minces, lorfqu'on les frappe avec un certain arc
par les côtés.
z°. Ce bafalte eft d'un noir t irant fur i e b l eu; i l e f tdur , fonor e , contiene
t r è s - p e u de corps étrangers, fi ce n'eft quelques molécules de fchorl noir,
ôc quelques points de chryfolite difperfés dans certains morceaux qui
ne, font pas communs & qu'il faut même voir avec la loupe.
3°. Quelque attention que j'aie apporté dans l'examen fuivi de cette
c a r r i e r e , je n'ai rien apperçu qui m'indiquât qu'elle avoit été formée
par autant de couches de lave qu'il y a de différens feuillets: quelque
fondue & quelque fluide qu'on veuille fuppofer qu'ait été cette lave,
elle n'auroit jamais pu s'étendre par coulée fi mince ni fi divi fée, & conferver
un parallélifme auiTi égal & aufli foutenu.
4®. Vouloi r fe p e r fuade r , d'après l'ordre & l 'arrangement de ces couc
h e s , que ce font ici des fchiftes ou d'autres matières argilleufes antérieurement
formées par.lies parallèles, 6c fondues enfui t e en place par
les feux volcaniques, ce feroit admettre une hypothefe infoutenable,
qui ne pourroit avoir quelque vraifemblance que dans l'efprit des perfonnes
peu familiarifées avec l'étude & l'examen local des produilions
des volcans. Ceux au contraire qui, exercés fur ces matières, connoiflenc
la ftrufture, l'anatomie, fi je puis me fervir de ces termes , des montagnes
formées par les feux fouterreins, qui ont obfervé plus d'une fois la
difpofition descourans , la fituation des chauiTées, &: qui ont réfléchi
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