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4JO SU R U N A N C I E N MONUMENT.
de tant de fingularitei me foitfaiae, appuyé JJir voftre belle offre: le
vous demande l'Image faiSe en boffe de la Vierge Marie, en reuenche
ie vous donne parole de Roy, qu'elle fera placée en vn heu, ou perpétuellement
on la reuerera. Le Soldán fut marry de telle requefte , mats
il n'ofa efconduire le Roy, auquel l'Image fut deliurée. Si qu'enrichi
de ce loyau l'vn des plus precieux de la terre , ma la votle au vent,
£f s'en vint heureufement aborder enfin Royaume. Et vne des premieres
villes , oà il entra f u t celle du Puy , en laquelle auec Hymnes & Cantiques
il pofa la deuote Image de la Mere de Dieu.
L e pere Odo de Giffëy ajoute un petit correSif à cette liiñoire , en
s'exprimant ainfi ; Ce Narré eft pris des Mémoires du Puy , ou parmy
la vérité quelques fables fe font glijfees, & pour commencer par la fin ,
ie dis que ces Chroniques alleguees fint fabideujes , aujsi bien que celles
de France, qui courent fans Autheur, tirees de la Martiniene , farcie de
lourdes , felon qu'a remarqué en fou Hiftoire de Nauarre, André Fauin.
Enfin,"l'hiftorien de Notre-Dame du Puy croyant cependant que k
ftatue vient d'Egj-pte ,1a fait apporter de ce pays par Sauit-Louis , ^^
penche à croire en effet que c'eft le prophète Jérémie qui l'a &Çonnee
de fa main, il agite cette queftion fort au long dans le chapitre V l l l du
livre I I , pag. zzo,&L établit plufieurs convenances, pour prouver qu'elle
vient d'Egypte. Dans l'une il s'attache à la qualité du bois de la ftatue.
Se dit qu'elle eft de bois de Setin, des plus legers, des plus nets b des
plus beaux qui f e couppent, fans que pour cela d/e gafte, ou joitjujet
¿ pourriture. Tous les aix & tablatures de l'Arche & du Temple de Uieu
en efloient ; d'où ie conclus, qu'il n'y a point d'abfurdité de dire que
cette Image eft de Setin , car felon f a grandeur^ & grojfeur, elle n ejt
pas pefante, ioint que la couleur du bois dont elle eft compojee, ap.
proche fort de la couleur de l'Aubefpin , & du Cedre. Outre que ton
tient que lemerie fit faire celte Image en la place de l'Arche qu il auoit
cachée. De plus cela eft conforme à la façon & couftiime des anciens ,
qui tailloient & releiioient leurs Images m boffe de Cedre ou femblable
bois incorruptible contre le temps qui corrompt tout. Saind Ifidore
l. 17, chap. 7. efcrit que les Payenspratiquaient cela, comme on void
en Virgile au 7. de fon JEneide.
Qux'is etiam vetenim effigies ex ordine avotum ,
Antiqua et cedro italusque , paterque fabinus.
L e pere Odo de Giffey termine enfin ce chapitre par fa troifieme,
quatrième & cinquième convenance. La troifiefmecomienanceeft qiieles
couleurs de ceft Image, & leurs figures reffentent les façons du Levant,
comme l'oeil en peut affeurer ceux qui s'y cognoiffent. La qiiatriemejmc
eft,que la robe de la Mere,& de fon Enfant, eft toute bordee de franges
à la mode luddique. La cinquiefme, que les faces font noires, teint merueilleufement
agreable aux Egyptiens & Saraiins, où elle a efle peinte :
& d'où elle a eflé apportée, comme nous allons diB.
Le fentiment général de tous les auteurs qui ont écrit fur la ftatue
de Notre-Dame du Puy, l'opinion commune de tout le pays, eft qu elle
vient d'Egypte ; on verra dans peu qu'elle porte en effet un caradere
f r a p p a n t , qui la rapproche beaucoup de certaines figures Egyptiennes;
S U R UN ANCIEN M O N UME N T . 41 1
j«ais il faut auparavant faire connoître fon portrait, d'après la defcriptkin
qu'en donne l'hiiîoirien qui nous ferc de guide, j'y joindrai celle du
pcre Theodore , religieux hermite de fuint Jean-Bapt ifte, & je terminerai
ce mémoire, en donnant les détails circonftanciés de ce que j'ai
obfervé moi-même à ce fujec, en voyant de très-près & à différentes
fois cette curieufe ftatue que j'ai fait deifiner avec une exatUtude
icrupuleufe.
PORTRAIT de la Statue d'après le pere Odo de Gijfey.
» l'ay difcouru de la matiere de l'Image de noftre Dame : fa forme
» & figure fera pour cet tui - cy, laquelle ie defcriray canc plus par le menu,
» que plus particulièrement ie l'ay contemplée deux & trois fois, lorf-
« qu'on luy leue les riches manteaux &: attours, dont elle eft magnifiqe-
» mentornéc, ce , la femaine fainfte, en laquelle ordinairement on
» la laue auec un efponge baignée dans le vin j iaçoic que l'année pre-
» fe'nte róio. l'on ne l'ait defcouuerte ny lauée, qu'enuiron la fainft
» Jean Baptifte. Or elle a de longueur & hauteur enuiron vne coudée
» & demie des plus petites; ou de deux bons pieds : fon chef eft de
)) mediocre grofleur, plein de maiefté & de modeft iej l a face longuette,
» 6c le nez à proportion, lequel tient vu peu de l'aquilin ; la bouche
bien feante , ÔC d'vne belle façon 3 le menton vn peu court, mais de
•» bonne grace j les yeux font aucunement eminents & d'eftoffe diuerfe
h du refte de l'Image ; car quelques vns tiennent que ce font pierres
)) d'Agathe façonnées en prunelles d'oeil: d'autres iugent que ce fonc
'« deux perles d'excellente grandeur, peintes &. agencées de telle forcfe,
» qu'elles paroiilent à guife de deux beaux yeux auec viuacité , que
j) vous diriez qu'elle regarde fes Speftateurs, grauement toutes fois.
)) Tout le teint du vifage de la Mere 6c de l'Enfant, tire fur l'Ethio-
» pien & More : la tefte de la Mere eft rehauflee d'vne Coronne à l'an-
» tique & à l'Impériale , de l'efpefleur d'vn petit doigt, & eftoffée de
» perles fur des quarrez , & en fa façon approchant quelque peu de
j) la forme de Fleurs de Lys fur le milieu du front, ¿C entre les deux
j) oreilles, lefquelles font couuertes d'oreilletes emperlées 6c recamées
)) de diuerfes orfeureries. Au fommet de la Coronne & du thiare ,
j) il y a une Colombe iuchée. Voila le crayon du chef, & coiffure d'i-
» celle. Quant au refte & pofture de fon corps, elle eft afsife fur vn
» fiege non de beaucoup diiîemblable à vn tabouret, tenant fon petit Fils
» en fon giron, & fur fes genoüils ; non tout de bout, ains comme s'il
J) fe vouloit affoir, Tvne des mains pendante, l'autre vn peu esleuée
)) par defllis celle de fa Mere : il eft reueftu d'vne tunique ou robbe
.» rouge, mais plus brune que la couleur de celle de fa Me r e , îa/^uelle
)) eft efmaillée de menus cercles blancs , ancernans certaines croifettes
» blanches, telles que font celles qu'en termes d'Armoiries on appelle
)) Croix croifees : fa ceinture eft large , de couleur iaune , vn long
)) bout d'icelle pendant fur le deuant en forme d'vn paiïement;la cotte
)) de la Mere eft bien de mefme couleur rouge, mais plus claire 8c
• )) incarnardine, les manches font larges & pendantes à rebras, toutes
» fois retrouffées iufques aux coudes : la robe ou le corfet qui paroift
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