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D U V E L A Y. 553
CHARTREUSE DE BONNEFOIMontagne
du MEZINC.
O N compte de la ville du Puyà lachartreufe de Bonnefoi cìnqì'ieues,
mais il faut au moins huic heures pour les faire : on craverfe la Loire
fur le pont de Brives, pour prendre enfuite la route du hameau de la
Terrajfs-, après avoir quitté le pontdeSrzVej , on laifle les matières volcaniques
, & l'on trouve quelques petits rochers de granit, & des monticules
d'argille d'un gris verdâtre.
C'eft après la Ta rajfe qu'on rencontre le hameau d'Arfac, où l'on
voit des bafaltes & quelques laves poreufesjon fe rend de là au bourg
du Monafiier , lieu alTez peuplé : c'eft avant que d'y arriver qu'on
trouve une multitude de très-gros prifmes de bafalte , difperfés de toutes
parts dans les champs j on ne peut douter que ce ne foit une grande révolution
qui ait ainfî tranfporté cette multitude de colonnes dont la campagne
eft couverte au loin, &: qui ont été tellement déplacées, qu'on ne
voit aucune trace des chauflees dont elles dépendoient primitivement: on
apperçoit cependant aiTez loin de là, & après le Monafiier^ fur la gauche
du chemin, un pavé des géans confidérable , mais celui-ci n'a point fouffert
de déplacement 3 les granits fuccedent à ce pavé , & on ne trouve
plus de matieres volcaniques jufques aux approches de la chartreufe de
Bonnefoi , qui eft iìtuée fur la croupe de la montagne du Medine, la
plus haute & fans contredit la plus curieufe de tout le Velay, entièrement
volcanique depuis fa bafe jufques à fa plus haute fommité.
La chartreufe de Bonnefoi, quoique bâtie fur une montagne , eft placée
dans un lieu froid , humide , & qui m'a paru peu fain; les bâtimens
y font coniîdérables, & on y a fait des travaux immenfes pour la garantir
de l'humidité occafionnée par les eaux pendantes de ce revers de
la montagne, qui paroiflent être dirigées contre la maifon conftruite
dans un très-mauvais emplacement : on a trouvé des reflburces abondantes
dans les matieres volcanifées , pour former cet édifice qui fut fondé
en i i79par Guillaume Jordain , & ratifié par dame Philippe,coincefle
de Valentinois , fa fille , en 1249.
Les combles de la maifon font couverts avec des bafaltes en table ,
c'eft lafeule matiere quipuiiîe réfifter à l'aftion des froids terribles qu'on
éprouve dans ce climat : les murs font bâtis également de bafalte en
table , & l'encadrement des portes & des fenêtres eft fait avec une lave
grifàtre , qui fe laiife tailler, & qui eft même fufceptible d'un certain
poli. On trouve dans cette maifon des hôtes honnêtes & pleins de candeur
, qui reçoivent les étrangers avec diftinition ; le prieur & le procureur
quiétoient àia tête de cette chartreufe lorfque je la vifitai,étoient:
des hommes véritablement inftruits.
On voit auprès de la chartreufe une très - belle carriere de bafalte en
table , forc-intéreflante par la maniere dont elle eft difpoféej non loin
de là eft une autre carriere de lave dure, décolorée, &d'un gris prefque
blanc ; cette lave en perdant fa couleur a conferve néanmoins une partie