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trique , qu'elles correfpondoient au Véfuve qui n'en eñ leparé que par
un vallon ; leur contexture & leur pofition annoncent qu'elles ne devoient
former anciennement qu'une feule montagne volcanique fort
élevée , dont le fommet s'eft écroulé , & dentón remarque encore une
partie de la circonférence.
L e vallon formé par les monts Somma & Ottajano eft prefque part
o u t l a r g e de 2220 pieds , & f a longueur eft d'environ i8428pieds, felon
le pere de la Terre qui conclut de là que ce vallon formant la moitié
du contour du Véfuve , cette montagne doit avoir environ 36856
pieds de tour ; c'eft-à-dire , environ 6 milles & demi d'Italie. Le contour
des trois montagnes eft d'environ 24 mi l les, c'eft-à-dire .dixlieues communes
de France. Tout ce vallon eft couvert de matieres volcaniques.
Comme le pere de la Torre a fait plufieurs obfervations intérefl'antes
fur le Véfuve , je vais les rapporter ici. Il faut convenir que s'il a mal
connu en général les matieres que vomit ce volcan , il a donné des defcriptions
exaûes de la partie topographique ; fon ouvrage a du mérite
de ce côté-là. Je me fers ici de la traduftion de M. l'abbé Peyton.
u Quand on eft monté furia cime du Véfuve, ditle pare délia Torre,
11 au lieu de trouver un certain plat, comme on s'y attendroit, on ne
Il voit autre chofe qu'une efpece de bourlet ou de rebord large de 3 ,
)1 4 ou 5 palmes, & qui a 5624pieds de tour ; il a été mefuré plufieurs
)1 fois, tant par moi que par d'autres, fi exaftement, que je n'ai trouvé
» que quatre pieds de différence fur le total. On peut marcher afl'ezcom-
» modément fur cette circonférence qui eft toute couverte de fable brûlé
)) & rouge en quelques endroits , fous lequel il y a des pierres natu-
11 turelles & d'autres calcinées qui forment l'ourlet. . . Ce rebord n'a
)) pas par-tout la même hauteur : du côté de Refina, par exemple, où
» eft le chemin, il eft plus bas que de tous les autres côtés .• ainfi pour
» defcendre par-là au fond de cette coupe, il n'y a qu'un peu plus de loó
» pieds de chemin qui eft prefque perpendiculaire , mais praticable
» néanmoins à caufe des pierres qui s'avancent en dehors. . . . Du re-
» bord dont on a parlé ) on deicend dans le plan intérieur. ( Par le plan.
)) intérieur, le pere de la Torre entend défigner le cratere, la bouche du
M volcan. ) L'on peut aife'ment s'approcher de l'abyme où la matiere qui
» fermente entretiene un feu vi f & continuel i mais il faut avoir foin de
» prendre le côté oppofé à la direition de la fumée épaiflè qui en fore
» continuellement. Ce plan intérieur ( ou cratere ) n'a pas toujours la
)) même forme ; elle varie felon les différens accroiiTeraens de la fermentation
intérieure. » L e pere de la Torre a fait graver des planches
ou l'on voit l'état du cratere après les éruptions de 1751 , 1754 &
1755 jufqu'en 1760.
» Je montai furie Véfuve (continuel e même auteur) en 1749,avec
» M. l'abbé Nollet j nous trouvâmes furie cratere trois ouvertures ou
» gouffres qui jetoient alternativement, & dans un ordre très-féglé, des
» écumes enflammées , &: une fumée très-épaiife qui produifoit en l'air
» un bruit confidérable. Pendant que dedefluslerebordnousobfervions
» attentivement cette alternative , nous fentîmes tout-à-coup une vio-
« lente fecoufle de toute la circonférence ; comme nous cherchions à
» en découvrir la caufe, nous vîmes que le plan s'élevoi t peu à peu entre
» deux
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» deux de ces bouches, d'où il fortoitbeaucoup de fumée. D ans le même
j) moment il s'éleva en l'air, avec un bruit horrible, une grande quan-
» tité de pierres, ôc il fe forma une nouvelle ouverture. Le 19 oâobre
ï) 1751, huit jours avant l'éruption qui arriva en cette année, je montai
» furie V é fuv e avecle prince de Saint Gervat i o & le marquis deGenzano;
» nous obfervâmes que le plan intérieur offroit une eminence élevée.
» Vers la fin de novembre de la même année, quelques jours après l'é-
» ruption violente du Véfuve, la petite montagne commençai tomber
j) peu à peu dans l 'abyme, & fournit ainiî un nouvel aliment à la matiere
» qui fortoit déjà de la montagne par un des flancs.
» Je montai fur le Véfuve le 2 mai 1752, avec M. Randon de BoiTé
» qui étqit venu en Italie pour voir tout ce qu'il y a de curieux en ma-
» tiere d'érudition Scd'hiftoire naturelle. Je trouvai la fuperfîcie du plan
» intérieur toute différente de ce qu'elle m'avoit paru aux deux pre-
» mieres fois, & telle qu'elle eft repréfentée. En defcendant dans le
» volcan, du côté d'Ottajano, nous vîmes furi a déclivité intérieure plu-
» fieurs crevaiTes 6c des pierres dérangées qui fe foutenoient les unes
« les autres : ces ouvertures répondoient direitementà celle quis'étoit
» faite au dehors l'année précédente, & d'où il étoit forti un torrent de
» feu. On voyoit fortir autour une fumée qui, dans le langage du pays,
j> fe nomme/«mere, ou fumarole : en y mettant un bâton on l'en retiroic
» tout humide, & l'on ne pouvoit fupporter avec la main la chaleur du
j> trou par où fortoit la fumée. Quand nous fûmes arrivés au plan inî)
térieur, nous le trouvâmes tout couvert d'une croûte épaiiTe d'un
M doigt, fort dure 8c poreufe, jaune en deflus & blanche en deflbus ,
» raboteufe, crevée en plufieurs endroits, fouvent féparée de la matiere
» de deflbus, & quelquefois fi mince, qu'elle manquoit fous le pied;
» cette inégalité faifoit qu'on y marchoit aflez difficilement. Sous cette
» croûte il y avoit prefque par-tout une matiere calcinée, comme mêlée
» de foufre, fous laquelle étoit la pierre naturelle de la montagne,
» toute brûlée & pleine de trous ; elle refiembloit à une pierre compaâe,
» dontles parties minérales Scmétalliques ont été fondues par la violence
» d'un feu a â i f & continu, & qui, quoique calcinée, conferve encore
» une confiftance folide. Entre la partie tournée vers Refîna & celle
» qui regarde Somma, il y avoit une profondeur de plus de 160 pieds ;
» elle occupoit le quart du plan intérieur, dont la c i rconférence eft peu
)) différente de celle du rebord qui, comme nous l'avons dit, eft de
)) 5624 pieds. Près de cette profondeur, il y avoit une large fente fur
» une élévation qui étoit fur le plan j elle avoit fa direâion vers le côté
» où étoient les ouvertures dont j'ai parlé j il en fortoit une fumée très-
» épaifle, compofée des parties les plus pures du foufre, très-péné-
» trante , 6c pleine de fel d'alun. Telle eft la fumée qui fort continuel-
» lement du gouffre ou de la petite montagne intérieure qui fe forme
î) quelquefois dans le Véfuve.
» Il y avoit auprès de cette ouverture fumante, deux grandes cavités
» affez proches l'une de l'autre , fituées de façon que, comme il étoit à
)) peu près midi quand nous les obfervâmes, les rayons du foleil qui
» entroient dans une de ces cavi tés, étoient réfléchis par le fond, 6c for-
)) toient par l'autre : p a r c e moyen j'eus la facilité d'obferver, jufqu'à
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