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liefs fur la furface de la lave , & on voit, en les obfervant avec attention
, que loin de s'y être formés, ce n'eil que par accident qu'ils y ont
été engagés.
La Zeolite ne peat-tlle , dans certaines circonfiances , être dépofée par
infiltration dans les cavités , dans les fijfnres des matieres volcaniques!
N ' A Y A N T ici pour but que la recherche de la vérité , & n'étant abfoluraent
guidé par aucun efprit de iyftême , je dois dire que le bafalte
de Rochemaure m'a donné la folution de ce problème.
Il exille au bas de la troifieme butte volcanique de Rochemaure, en
face du château de Serdeparc , une mafle de bafalte noir, folide , qui
renferme de la zéolite blanche fous différentes formes : on pourroit y
détacher des échantillons bien intéreifans ; mais j'ai pris des précautions
pour qu'on ne dégrade pas ce curieux morceau. Je conduis avec plaifir
fur les lieux les naturaliftes qui me font adreflés j la nature efl: mille fois
plus belle & plus inftruftive, lorfqu'on l'étudié fur place , fi je puis
m'exprimer a'inii, que dans les plus riches cabinets.
Cette maffe offre des noyaux de zéolite blanche, compaf te, configurée
en rayons divergens : on voit dans ce bafalte quelques grandes,cailures
occafionnées par la retraite de la matiere lorfqu'elle fe refroidiffoit, ou
peut-être mêmepar des accidenspof térieurs.Tous les morceaux de zéolite
qui fe font trouvés dans les lignes de disjonftion du bafalte , ont été
mis à découvert : l 'aÎ t ion & le féjour des eaux les minant infenfiblement
& s'eraparant de leurs molécules, les ont dépofé en maniéré de lames
épaifles 6c irrégulieres, dans les fifllires dont je viens de parler. Toutes
les fois que la diffolution s'eft trop rapidement précipitée , la matiere
n'a formé que des plaques, que des efpeces de croûtes pareilles à celles
qu'on voi t dans les fentes de certains rochers calcaires durs : mais il eft
arrivé quelquefois que l'eau, imprégnée de zéol ite, trouvant des cavités
plusconfidérables & plus propres à donner le temps au liquide de s'évaporer
infenfiblement , a produit dès-lors des houpes , des mamelons
chargés de la plus brillante cryftallifation. C'eft ce qu'on apperçoit à
Rochemaure de la maniéré la moins équivoque.
• On voit donc qu'il peut fe former des cryftallifations de zéolite dans
le bafalte 5 mais qu'on faffe a t tent ion que la zéolite y exiftoit déjà} qu'elle
n'a été que déplacée , & qu'elle n'a point été produite par la décompofition
de la terre volcanifée. J'ai fait une pareille obfervation au fujet du
Ipath calcaire que j'ai découvert dans le centre dubafalte leplus dur du vol -
can ¿^Maillas, Ce bafalte, rempli de noyaux d'un beau fpath calcaire blanc
qui ne s'y eft certainement pas formé de la décompofitionde la terre volcan
i f é e , a éprouvé des caffures qui ont mis à découvert une multitude de
ces noyaux calcaires. Ils ontété àlalongue attaquéspar les eaux, qui en
ont dépofé les parties élémentaires dans les vuides accidentels de ce bafalte
, où l'on voit des lames , des efpeces de ftalagmites , & même des
cryftallifation s rhomboïdales, opérées par le déplacement de la matiere
calcaire.
Si on vouloit m'objeârer ici que fi la zéolite avoit été prife dans la
lave , elle s'y .feroic convertie en émail cellulaire , & qu'on ne devroic
jamais
M
S U R L A Z É O L I T E , x^ t
jamais la trouver intaÛe, je renverrai au n°. i z des zéolites de mon cabinet,
où il eft fai t mention des expériences que j'ai faites à ce fujet fur
un bafalte de Rochemaure. La zéolite a dû réfîfter tout autant que le
fchorl.
La Zéolite enfin ne peut-elle , dans aucune circonjiance , Je former , Je
produire dans les matieres volcanijées ?
JE ne fuis pas éloigné de croire qu'il eft des circonftances où le feu
& l'eau peuvent avoir donné naiiTance à quelques zéolices. Il doit arrivée
en effet quelquefois que des quartz ou des terres alumineufes f e trouvanc
expofées dans le foyer des volcans à toute l'impétuofité du feu , la difi
pofition locale donne lieu à des fublimations alkalines qui , dirigées fur
les matieres quartzeufes & vitriôables, doivent former des verres d'une
nature propre à fe convert i r en gelées dans les acides ; des efpeces de verres,
en un mot, que l'art imite dans nos laboratoires. L'union de la
matiere calcaire avec des terres vitrifiables produit encore le même
e f f e t .
Je comprends qu'on ne doit pas à la rigueur regarder une telle fubr.
tance comme une véritable zéolite formée par le feu ; mais cette même
matiere élancée hors du volcan , & enveloppée dans des déjeftions
boueufes, peut & doit à la longue fe divifer dans les eaux qui, perfeétionnant
ce que le feu n'a fait qu'ébaucher , donnent lieu à la formation d'une
zéolite non équivoque. C'eft particulièrement dans les tuffa, dans quelques
peperino , dans les matieres volcaniques poudingues , réunies Se
confolidées par les eaux, qu'on peut appercevoir de pareilles zeolites ,
qui doivent leur premiere origine au feu.
C O N C L U S I O N ,
IL y alieu de croire, 1°. que la zéolite eft une pierre mixte & de feconde
formation , produite par l 'union intime de la matiere calcaire avec
l a terre vitrifiable.
2°. Que la voie humide eft en général celle que la nature emploie or-
<linairement pour la formation de cette pierre , & que la plupart des
zéolites qu'on trouve dans les laves & dans le bafalte y font étrangères,
y ont été prifes accidentellement pendant que la matiere étoit en
fufion.
3°. Que les eaux ont pu 6c peuvent encore attaquer la zéolite engagée
dans les laves, la déplacer & la dépofer en lames, quelquefois même
en petits cryftaux dans les fiifures du bafalte.
4°. Que les feux fouterreins doivent auili former des combinaifons
de la matiere calcaire avec la terre vitrifiable , ou de la terre vitrifiable
avec certaines fubftances falines, propres à fervir de bafe aux
zéolites j mais qu'il faut toujours que l'eau vienne perfectionner ce que
l e feu n'a fait qu'ébaucher.
L 1
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