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3) une profondeur confidérable, la ftruâure intérieure de la montagne en
» cet endroit. Je remarquai que Içs pierres naturelles dont la mon-
» tagne eft compofée en cette partie, étoient diipofées de la même
}) maniéré que dans les montagnes ordinaires, avec les différentes cou-
)) ches de matieres dont j'ai parlé '.
a IciJepere Tomr, par ¿¿faut de connoif- lachofe fousle point deviie fuivant.Commençonspar
fance en chymie &: en minéralogie , veut établir iin fnppofer d'abord qu'il fe lafle dans unvolcan une érupparadoxe
inloucenable & même contradiaoire. II tion des plus confidéràbles ; qne l'effort du feu élance
avance qu'à l'aide de l'ouvercute qui lui permettoit des pierres, des nuages de cendres; que le volcan
de porter la vue julqu à une certaine profondeur dans vomilTe de l'eau ^ des torrens de matieçes enflani"
le cracerey il apperçut Us pierres naturelles dont mées; qu'il produife les plus violens ravages, & qu'on
la montagne efl compofée > convenant de bonne foj voie fortir de fon fein une immenfitc de dé)eaion$ de
que les couches naturelles de pierre etoient brûlées toute efpece , qui produifcnt elles-mêmes différentes
parla violence du feu continuel gui en avoic fondu petites montagnes , comme cela cft airivé plufieurs
les parties métalliques Ù mi ne raies gui donnent la fois , particulièrement au mont Etna. Suppofons
confifiance à toutes les efpeces de marbres. Je vou- après ccla que toutes les matieres fondues foient épuidrois
en premier lieu demander au révérend pere fées, que le volcan s'appaife , que le calme fe réde
la Torre,cequ'ilentendparlespartiesmétalliques tablilfe ; que doit-on retrouver dans le fein de la
& minérales qui donnent la confiftance à tous les mar- montagne, finon des cavités, des vuides éton nans ,
fares ; feçondement, comment des bancs de pierre proportionnés aux matieres qui en font forties ? Ces
naturelle qu'on doit, d'après fon aiTertion, regarder vaftescavernes fouterraines doiventof&ir, tantôt des
comme calcaire, après avoir été brûlés par la vio- galeries de d^érentcs formes, tantôt des plans inclilence
d'un Jeu continuel, qui dure depuis pKifieurs nés ou horizontaux; en un mot, une variété dans les
mille ans, n'ont pas été convertis en chaux & ontpu ref- plans & dans les contours, relative aux efforts qu'a
t e r f u r p b c e , en confervant la forme de leurailife. pu faire la maderepour fortir & pour de'tmire Jes
Comment, en fuppofant même que leurs prétendues barrières qui s'oppolbient i fon palTage. La choie
parties minérales & métalliques aient e'té fondues avec ainii conçue , dès que les matières qui fervent d'ali-
Ja matière même de la pierre , ces bancs n'ont - ils ment aux feux foiiterrains , auront de nouveau ferpas
eiTuyé , d'après un feu fi violent & fi fQutenu , un mente, qu'elles fe feront mifes infenfiblement en fi>
degré de fiifion & de vitrification, qui auroit dû les fion , & qu'en fe dilatant elles chercheront ime ifréduire
en fcorie & en déranger entièrement la fue pour fortir, n'eft-il pas naturel alors qu'elles ailforme
? Comment le pere de la Torre peut-il regar- lent occuper les vuides qui leur oppofent le moins de
derle VJiuve comme une montagne primitive anté- réfiftance ? La lave fondue &L liquéfiée s'élevera donc
neure au volcan ? Il ne confidéroit donc alors l'ou- alors en bouillonnant fur elle-même , fuivra la direcverture
par ou les matieres font vomies, que comme tion des anciennes bouches, &: étant parvenue fur le
un fourneau étabU a travers la monugne naturelle & premier plan, furla bafe d'une des vaftes cavités donc
non volcanique , en un mot , comme une efpece de j'ai parlé , elle y fuivra , à l'exemple des liquides le
cheminée percee dans des matieres beaucoup plus an- plan que lui offrira ce plateau , qui fera ou incliné ou
ciennes que le volcan même ; mais les parois de cet
immenfe fourneau fiiiTent-ils du quartz le plus pur ,
fuilènt-ils défendus par des matieres les plus réfradaires,
ils auroient été miUe fois décompofés parl'aâion
étonnante d'un feu de cette nature. En un mot, cefenplan'que
pl ateau icra mu
horizontal, félon les circonfiances. Il peut a
bien des cas où cette premiere alîife de lave n'ait que
dix ou douze pieds d'épaifTeur, & qu'elle prenne de
la confiiîance , pendant que le foyer prépare & fond
" ' la nouvelle lave s'éWe alors pax
t eft tellement contre les faits & contre les les iilues qu'elle rencontre, ou elle perce & fe iaic
principes reçus , qu'il ne mérite pas d'être férieufe- jour à travers la premiere couche , & vient en
ment combattu , & qu'il doit s'anéantir de lui-même, former une feconde fur celle-ci. La même progrei"-
J e fuis diarm£ cependant de rappeller les détails que fion 1 peut avoir ave lieu jufqu'à , _
la formation d'un ctrtain
le pere de la Torre donne fur ce qu'il a obfervé dans
nbre de couches ; & voilà quelle peut être l'origine
le cratere du Véfuve , à l'époque où il le vifita avec
des bancs de laves dans l'intérieur même de la
M. Randon de Bolfé ; car la defcription prouve
montagne. Mais fi les cavités font une fois remplies ;
çiu'il y a dans l'intérieur même de la montagne des
fi les différentes aflîfes de matière oppofent une forte
par couches, puifque <
réfiftance à la nouvelle lave qui fe forme dans la profuriZ/
pierres naturelles
u moins
ij ne font en effet que des laves plus fondéurdufoyer, celle-cis'effotçancà fortirdesgouf^
- dures:mais comment des laves mifes en fresenflammésquila conriennent, ¿ i t explofion, renfiifion
ont-elles pu former des couches inclinées ou verfe & détruit l'édifice qu'elle avoit formé & s'émême
horizontales dans l'intérieur d'une montagne coule par le haut du cracere : mais fi la réfifbnce des
¿nriéremcnt volcanique ? Je fens les difficultés éton- couches fupérieures eft invincible, la lave fe feifane
nantes qu'il y a de vouloir expliquer la plupart des jour par les flancs, formefouventdiverfespercées. &
phenomenes relatifs aux volcans ; je crois cependant des torrens de madere embrafée vont porter au loin
qu'on peut établir quelques conjechires fur la ma- la deftruaion&laterreur*. C'eft ainfi, je crois, qu'on
niere dont les différentes couches de laves ont pu peut liafarder quelques conjeôures fur la théorie de
fe former ; le ferai même obligé de revenir plufieurs ces couches de matieres volcaniques qu'on remarqua
fois fur ce fujet, lorfou'il fera queftion , dans le cours dans les montagnes qui ont été anciennement formées
de cet ouvrage, de la "defcriprion de ces couches par le feu. Je fais que mes idées à ce fujet devroienc
fmgulieres de bafalte, qu'on trouve fouvent furla être développées d'une maniéré plus détaillée; mais
fommité des montagnes où il y a eu anciennement les bornes d'une note déjà trop longue ne me perdes
volcans. Je crois donc qu'on peut confidérer mettent pas d'en dire davantage dans ci
'aduitupiions. diiM.ïïeréfr Utt.i
" f -d''"' fr^"" ^^ ^ ^ r •'l" ' * s-elevoit eBCOie d« wuw luftotes qu'il y av
s r t i s
It ^uclccontaft dcl'ai' 9t le
L E S V O L C A N S B R U L A N S . 7
,) C'eft ce que je vis aifément dans les cavités que je confide'rai, tant
„ en long 5c en large, que dans leur profondeur qui étoit fi grande,
» que je ne pouvois pasdiftinguerla matiere dont le fondétoit compofe,
,, quoiqu'il fût tellement éclairé, que M. de Randon mettant fon bâton
,, à l'ouverture de l'autre cavité, on en voyoit diftmaement l'ombre
,, dans le fond de l'endroit où j'étois. Ces couches naturelles de pierre
,) étoient brûlées parl a violence d'un feu continuel qui en avoit fondu
» les parties métalliques Si minérales qui donnent la confiftance a toui>
tes les efpeces de marbre. Ilyavoit, un peu au delà de ces deuxcavi-
» tés, vers la partie feptent r ionale, une large ouverture par laquelle
1) on voyoit une grotte formée en voûte, d'une longueur confiderable.
» LE 30 juin de la même année 1752 , je trouvai le plan_intérieur
» du Véfuve à peu près dans le même état que je viens de décrire.
„ Le premier jour de juillet 1752 , il y avoit fous le plan intérieur,
,> en fix ou fept endroits afl'ei éloignés de l'abyme , un feu fenfible que
,, l'on diftinguoit aifément par différentes ouvertures. En quelques-uns
,) de ces endroits, la croûte qui nous portoit n'étoit pas epaifle de plusde
,, dirtouces. Avant d'arriver à la fente dont j'ai parlé, on voyoit dans
„ un endroit un peu élevé un feu t rès-vi f, mais fans fumée , qui reflembloit
alfei à une fournaife. Dans une des cavités par ou ) ai dit qu en-
,, troient les rayons du foleil, je trouvai un trou qui alloit prelque per-
,, pendiculairement jufqu'au fond du volcan. J'y laiflai tomber quel-
„ ques pierres allez pefantes; mais il ne me fut pas poffible de les taire
» defcendre droit, parce qu'elles rencontroient continuellement des
» obftacles; elles employoient ainfi 12 fécondés pour aller ]ufqu au
1) fond. Je jugeai, par les différentes expériences que ]e fis alors , que h
„ elles ii'avoient rencontré aucun obilacle , elles n'auroient ete que
,, 8 fécondés à defcendre ; auquel cas , par les loix de l'accélération
» des corps graves qui parcourent dans la premiere fécondé 15 pieds
» I pouce 2 lignes & la profondeur du trou auroit ete de 967
,, pieds. Tout le tour de la longue ouverture qui ¡ettoit de la tumee,
>, étoit de couleur jaune de foufre. Je retournai confidérer la proton-
» deur de cette bouche intérieure, placée fur la voûte du cratere ( que
„ le pere de la Tor r e défigne par une figure ) ; elle etoit compofee
,, en quelques endroits de pierres naturelles 5l blanches; en d autres,
„ de pierres fablonneufes : on y voyait auffi des couches de cailloux 8c
» de fable ; elle s'étoit élargie depuis la premiere fois que je 1 avois
,, obfervée, & elle occupoit prefque le tiers du plan intérieur. 11 y avoit,
» dans tout le refîe de ce plan, d'autres cavités de 2 , de 3 8c meme
,, de 6 pieds ; en forte que l'on pouvoit dire que le plan intérieur s etoïc
» confidérablement abaiifé. , „ . . ,
„ Dans un autre voyage que je fis fur le Véfuve le 16 oBobre de la
» même année 175^, j'eus le champ libre pour m'approcher commode-
« ment de l'abyme ( c'eft-à-dire d'une des ouvertures formees lur U
» voûte du cratere) ; il fe rétreciflbit à mefure qu'il etoit plus profond;
« en forte qu'étant convergent, on ne pouvoit pas laiffer tomberperpeni,
diculairement des pierres jufques au fond. Mais étant monte iur un
>> rocher qui s'avançoitfurce gouffre d'environ 12 pieds , ]e me trouvai
» alors élevé à plomb fur le fond ; j'y vis diftiiiaement un grand feu
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