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prifmes diverfement configures j .on y diftiiigue deux grands fairceaux
de colonnes, dont le moins confidérable eft difpofé preique verticalement,
tandis que l'autre préfente un plan incliné j L'un & l'autre .ont des
•zones circulaires.
On voit donc fur le profil de ce beau rocher, non feulement la plupart
•des variétés des colonnes., mais encore lè tableau où fe trouve réuni
une multitude d'accidens, curieux par l'organifation & la difpofition des
prifmes j on peut les admirer & les fuivre depuis leurs plus légères efq
u i f l é s , jufqu'à leur point deperfedion le plus complet.
L e bafalte de cette chauiî'ée eft fain & d e la plus grande dureté 3 c'eft
une fuperbe coulée de lave qui fe prolonge au moins à 2000 toi fes, ÔC
•qui paroît être un produit du volcan de la Gravenne, ou de celui qui eft
au delTus de Neyrac.
N E Y R A C.
Puits de la Poule.
N EYRAC eft un petit hameau, à trois lieues à'Aubenas ^ compofé de
quelques maifons ifolées, fur la croupe d'une montagne, non loin de
la riviere d'Ardeche. J'avois entendu depuis quelque-temps raconter à
des payfans des environs,beaucoup de chofes extraordinaires fur divers
puits qui exiftent dans les pofleflions d'un habitant du lieu : les uns m*avoient
dit que nulle efpece de plantes ne pouvoient croître dans les environs
de ces puits ; d'autres , que tous les oifeaux & tous les reptiles
qui s'en approchoient, étoienc frappés de mort j plufieurs ajoutoienc
que des moutons & même quelquefois des boeufs qui étoient venus fleirer
ces ouvertures de trop près, étoienc morts fubitement.
Comme les habitans de la campagne font naturellement amateurs du
merveilleux, j'ajoutai peu de foi à tout ce qui me fut débité à ce fujet ;
cependant ne voulant rien négliger, je me déterminai à faire un voyage
tout exprès à Neyrac y.dans l'intention de vérifier la chofej j'avois paifé
plufieurs fois auprès de ce hameau , fans m'y être arrêté , je n'étois pas
inftruit alors des phénomènes dont on m'avoit parlé.
J'arrangeai donc ce voyage avec M. le marquis de Geoffre de Chabrignac,
colonel en fécond du régiment de Barrois, qui aime l'hiftoire naturelle
, & réfide quelques mois de l'année à Montelimar : comme il devoit
aller chalîerdans les terres d'un de fes amis en Vivarais, il fut convenu
que je me rendrois de mon côté à Aubenas au jour indiqué , où il
f e trouveroît lui-même pour aller delà à Neyrac ; mais les pluies & le
mauvais temps m'ayant empêché d'arriver au rendez-vous, M. de Geoffre
plus voifin d'Aubenas , s'y rendit, & ne me voyant point arriver , alla
vifiter les puits de Neyrac.
J'arrivai moi-même à Aubenas peu de jours après, & n'y trouvant pas
M. de Geoffre y je m'acheminai pour le haut Vivarais & le Velay où
î'avois à faire; mais je me détournai du chemin pour aller au village du
Colombier, vifiter la belle chauflee d'Auliere. Je témoignai au prieur du
lieu , homme d'efprit, chez qui j'étois logé , le defir que j'avois d'aller
voir les puits de Neyrac j il m'apprit que je n'en étois éloigné que d'une
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