" Ç i DI S C O U R S S U R
» monde , font dues à de femblables ope'rations de la nature. J'obfervai
» que ces montagnes étoient généralement rangées en lignes ou en
» chaînes j qu'elles ont ordinairement une f r a âur e fur un côté, de
» même que les pet i tes montagnes élevées par explofion près du Vé-
» fuve , où l'on en voi t hui t o u neuf . Cette frafture eft o c c a f í o n n é e par
» les laves qui s'ouvrent par force un paf lage : j 'ai décrit cette opéra-
)) tion de la n a tur e dans ma relat ion de l a derniere éruption du V é f u v e ;
« & toutes les fois que j e verrai une montagne d'une forme régulié-
» rement conique , avec un cratère fur le fommet & un côté rompu ,
» je jugerai qu'elle a été formée par une éruption volcanique, parce
» que iur l'Etna & le Véfuve les montagnes formées par exploiîons
}) font t out e s , fans except ion , conformes à cette defcription j mais je
» reviens à ma relation.
» Après avoi r railafié nos y eux du f p e d a c l e admirable dont je viens
» de parler ( & pour lequel , comme nous le dit Spartien, l'empereur
« Adrien fe donna la peine de gravir le mont Etna), nous regardâ-
» mes dans le grand cratere qui, autant que je puis en juge r , avoic
» 2 mi l les & demi de c i r conférence . N o u s ne crûmes pas qu' i l y eût de la
}) fureté à en faire le tour & à l e me fur e r , p a r c e que dans que lque s par-
» ties la furface nous paroiifoit très-foible. L'intérieur du cratere ,
)) dont l a croûte eft de fel & de foufre comme celui du Véfuve , a la
» forme d'un cône creux renverfé , 8c f a profondeur répond à peu-près
» à l a hauteur de la petite montagne qui couronne le grand volcan. L a
» fumée qui fortoit abondamment des côtés & du fond, nous empêcha
» de voi r jufqu'au bas ; mais le v ent l 'écartant de temps en temps , je
)) vis ce cône renverfé fe r é t r e c i rpr e fque jufqu' à n 'êt r e p lus qu'un point.
» D'après ces obfervations répétées , j 'of e dire que dans tous les volcans
» la profondeur des cráteres fe trouve correfpondre de très-près à la
» hauteur de la montagne conique de cendres, dont ils font ordinaire-«
)) ment couronnés. Je regarde tous ces cráteres comme une forte d'en-
» tonnoirs fufpendus, fous lefquelsil y a des vaf tes cavernes abymes.
» On peut aifément rendre compte del à formation de ces montagnes
» coniques avec leurs cráteres, par la chut e des pierres Ôc des cendres
» jetées pendant une éruption.
» La fumée d e l 'Et n a , quoique fulphureufe, n e me parut pas fi fétide
» & il défagréabl e que celle du V é fuv e -, mai s notre guide me dit que
» cela varioit felon la qualité de la matiere intérieure qui fe trouve
)) alori en mouvement ; & en e f fet , j'ai remarqué qu'il en eft de même
j) au Véfuve. L'air étoit fi pur & fi vi f dans l a haute région de l 'Etna,
» ôc particul ièrement dans les parties les p lus é l e v é e s , q u e nous avions
» • de la difficulté à r e fpi r e r , & cela indépendamment de la vapeur fui-
« phureufe. J'avois apporté avec moi de Naples deux baromètres & un
« thermometre, dans l ' intent ion d 'en laifler u n au p i e d de la montagne,
» pendant que nous aurions fait nos obfervations avec l'autre fur le
» fommet au lever du foleil: mais malheureufement un de ces inftruî)
mens s'étant gâté en voya'ge , je ne pus trouver perfonne à Catane
n pour le raccommoderj & ce qui eft bien plus extraordinaire , c'eft
w que j e ne me rappelle pas d'avoir v u un barometre en quel lieu que
w ce foit de la Sicile. L e 24 nous fimes notre premiere obfervation au
• a pied
L E S V O L C A N S B R U L A N S . 55
w pied de l 'Etna ; le me r cur e étoi t à 27 degrés 4 l ignes. L e 2 6 , à la par-
5) tie la plus élevée du vol can , il é toi t à i B degrés 10 lignes.. L e cher-
. » mometre, au pied de la montagne , é t o i t , à l a p r emi e r e obfervation,
» à 8 4 degrés , 8c à la feconde fur le cratere , à 5 6 , & le temps n'avoit
» point chang é , ayant été également beau & clair. L e 24 & le z6 du
}> mois, nous t rouvâmes de l a d i f f i cul t é à nous fervi r de not r e barometre
)) fur le fomme t de l 'Etna , à cauf e du froid exceflîf & de la violence
» du vent ; mai s felon les obfervations les plus e x aûe s que notre fitua-
» tion nous permi t de f a i r e , le réfultat fut comme je viens de le dire.
» Le chanoine m'avoit afîuré que la hauteur p e rpendi culai r e du mont
» Etna furpaflbit 5 milles d'Italie , & je crois qu' i l a raifon.
» Après avoi r paiTé au moins trois heures fur i e cratere, nous defcfen-
)) dîmes pour aller fur un terrein é l e v é , éloigné d'environ un mille
» de la montagne fupérieure que nous venions de quitter. N ous y trou-
)) vâmes quelques reftes des f o n d eme ns d'un bât iment ant ique, quifonc
» de b r iques , & qui paroiiTent avoi r été ornés de marbre blanc , donc
j) il ref te quelques fragmens çà & là. L 'on appelle cet endroit la tour
)) du philofophe , parce qu'on prétend qu'Empedole l'a habité. Comme
)) les anciens facrifioient aux dieux céleftes fur le fommet de l'Etna,
» il fe pourroi t bien que ces ruines fuiîent les reftes d'un temple
» dont ils f e fervoient pour ces e fpeces de facrifices. N o u s allâmes en-
« fuite un peu plus loin fur la plaine incl inée dont je viens de parler ,
» &. nous vîmes les traces d'un tor rent épouvantable d'eau chaude qui
» fortit du grand cratere avec une éruption de lave en 1755. L e clia-
)) noine R e c u p e r o , notre guide, a publié une diflertation fur ce phé-
» nomene. H eur euf ement ce torrent ne prit pas fa rout e vers les lieux
J) habités de la mont a gne ; car un accident parei l fur le mont Véfuve
ï) en 1 6 5 1 , emporta quelques villes & villages de fon voi f înage, avec
» des milliers de leurs habi tans. L'opinion commune eft que ces«érupj)
tions d'eau procèdent d'une communication du volcan avec la mer;
)) je les crois p lutôt occafionnés fimplement par des dépôts d'eau de
» pluie dans quelques - unes de leurs concavités intérieures. Nous
» vîmes de cet endroit le cours entier d'une ancienne lave , la plus
» confidérable, par fon é t endue , de toutes celles qu'on connoît, la-
M quelle entra dans la mer près de T a o rmi n a , qui e f t à 30 milles du cra-
» tere d'où elle fortit. Cet t e lave a dans quelques part ies 15 milles de
» largeur. Les laves de l'Etn^' ont communément 15 & 20 milles de
5) longueur, 6 o u 7 de largeur y & 50 p i e d s ou plus de profondeur. Ainfi,
)) raonfieur, jugez de la quant i t é p r odi g i euf e de matiere fortie de cette
» montagne dans les éruptions , &i des vaftes c a v i t é s qu'il doi t y avoir
» au dedans. L a lave la p lus é tendue du V é f u v e n'excede pas plus de 7
» milles en longueur. Les opérations de la nature fur l'une & l'autre
>) montagne font femblables ; mais celles du mont Etna font fur une
)) plus grande échelle. L e s qual i tés de leur s laves font les m ême s ; mais
» je crois celles de l 'Etna plus noi res , 6c en général plus poreufes que
» celles du V é f u v e . Dans les parties de l 'Etna que nous traverfâmes,
)) je ne vis aucun de ces l i t s de pierres p o n c e s , qui font fi f réquens près
» du V é f u v e , 8c qui couvrent l'ancienne ville de Pompei i ; mais notre
» guide nous dit qu'il y en a des femblables dans d'autres parties de la
Obibmtinns
faîtes aveclel>a.
romet;e 6c le.
Latoiirduphïlofollile
, lefts
d'lm temple antique,
felon k«
apparences.
Les Iavf5 ont
ordir-.airement
IS &c lo milles
lie îongue.ir, <S
ou 7 milles de
largeur, 8c 50
picd^oii plcisde
profonde 11 r.
Lares tîel'ftiia
plus noires & en
général pins poreiiPîs
qriecdles
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