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011 y ajoute encore un corsage sans manches, qui descend jusqu'à la
taille, et sur les vôtcmeiits iin second pardessus de toile taillé en l'orme
de clifile, dont les |)ointes sont aussi brodées en coton rouge. Les jeunes
filles ne portent point de bonnet; elles laissent pendre leurs tresses librement
sur les épaules.
P E U P L E S INDO-EUROPÉENS.
Les cérémonies dn baptême et du mariage ont beaucoup d'analogie
avec celles qui se pratiquent cbez les Russines; elles se distinguent
seulement par plus do siniiilicité. Le point essentiel, quand arrive la
noce, consiste également il savoir si la jeune femme est restée chaste
ou non jusqu'au jour de son mariage.
P E U P L E S LITHUAMENS
Les Lithuaniens — ou plus correctement Lituaniens, la langue et
l ' é c r i t u r e de ce peuple, comme celles des Slaves, n'ayant pas de th, —
considérés naguère comme appartenant à la race slave ou comme provenant
de la fusion de différents peuples, sont pour ainsi dire demif
r é r e s des peuples slaves, avec lesquels ils forment une branche à part
de la famille indo-européenne. Les plus proches parents des Lito-Slaves
sont les Germains. Le nom de peuples lithuaniens parait ctro la désignation
générale la plus exacte des deux tribus des Lithuaniens et des
Lettons, unies entre elles par l'affinité de race. Les descendants des
anciens Prusses ou Trousses, qui formèrent la troisième tribu principale
des peuples lithuaniens, ont disjiani depuis deux siècles.
Habitant généralement les contrées sud-est de la mer Baltique jusqu'au
nord de la Duna et au sud du Niémen, et répandue bien loin daus l'int
é r i e u r du pays, la race lithnanienue tout entière compte environ 2,GOO,000
¡unes, savoir : 1,020,000 Litluianieus proprement dits (dont 820,000 LitviiiGS
et 800,000 Jmoudes ou Samoghitiens) et 980,000 Lettons. Parmi
les Jmoudes, 140,000 habitent la partie la phis orientale de la Prusse
e t 220,000 l'extrême nord du royaume de Pologne.
Nous ne nous occuperons ici que des 2,460,000 âmes de i-ace lithuanienne
qui habitent la Russie et qui parlent lonr langue nationale.
Quoique les Samoghitiens ou Jmondes, dans le gouvernement de Kovno
e t dans la Pologne septentrionale, occupent depuis longtemps, parmi
les Lithuaniens proprement dits, le premier rang par leur civilisation et
leur état de prospérité, les Litvines, qui habitent surtout le gouvernement
de Yilna et la partie orientale de celui de Kovno, doivent être
regardes comme la tribu primitive de toute la race lithuanienne, dont
les autres se sépai-èrent des époques fort reculées et vinrent se fusionner
avec d'autres peuples qui exercèrent un ascendant très-cflîcace.
Ces Litvines formaient naguère le centre politique du grand-duclié de
Lithuanie, qui occupait tout le territoire de la Russie occidentale d'auj
o u r d ' h u i .
Nous voyons snr la scène de l'histoire lithuanienne la remarquiible et
énigmatiqne apparition d'un peuple qui, sorti du néant comme par mir
a c l e , s'élève soudainement à une |iuissancc miiintemie non sans gloire
durant plusieurs siècles; et néanmoins ce peuple, au point de vue de
l'étendue de ses relations sociales, semble être resté jusqu'à nos jours
dans les langes de son berceau. Ce fait avait lieu sur les rives du
Niémen et de la Vilia, régions poétiques par leurs beautés naturelles,
par la tradition et les chants nationaux; puis dans les villes de Troki
et de Vilna, à la fondation desquelles l'histoire lithuanienne commence à
se dépouiller des légendes qui l'avaient obscurcie jusque-là. Cependant,
des noms tels que Vilna, Troki, Niémen et Vilia, semblent jirouvor que
l'élément lithuanien ne prédominait pas exclusivement dans ces contrées
(peut-être était-il mélangé de gothique?). Nous ferons d'ailleurs remarquer
que l'existence des Lithuaniens comme peuple indépendant, au centre
de sa vie historique, aux environs de Vilna, était double dès le commencement.
Cette particularité résultait du choc et des agitations réciproques
de deux éléments nationaux, le lithuanien et le russe occidental,
dont la tendance vers l'unité forma précisément, par la suite, le trait
caractéristique de l'histoire litluiauienne ou plus exactement de l'histoire
du grand-duché de Lithuanie. Les traces indélébiles de cette scission dans
la nationalité et dans le culte, d'ailleurs presque complètement anéanties
sous d'autres rapports, se l'etrouvent de nos jours encore dans la différence
de la confession religieuse des habitants de ces contrées composés
de Russes, de Lithuaniens et de Polonais. C'est ainsi que l'histoire religieuse
et politique du grand-duché de Lithuanie se confond même dans
les tribus non lithuaniennes, tandis que ces deux influences — et ceci
est l'emarquable — ne purent jamais transfoi'iner essentielleinent l'exislence
primitive des Lithuaniens ni la développer sans lui faire pei'dre
son indépendance.
Ce que nous savons des peuples lithuaniens pendant les dix premiers
siècles de l'ère chrétienne est fort incertain et se réduit à très-peu de
chose.
A une époque déjà reculée, nous trouvons des rejetons considérables
de ces peuples séparés d'eux dans des résidences étrangères, mêlés h
d ' a u t r es nationalités, et souveut liostiles à leurs aïeux ou à leurs frères
d'origine. On no découvre, en général, l'extension de tribus lithuaniennes
que vers le nord et l'ouest. Ce fut le déplacement de tribus finnoises
(livo-esthoniennes) qui eut pour résultat la fusion des deux peuples. Ce
mélange donna naissance aux Lettons. L'origine et les premièi-es vicissitudes
du peuple litliuanien n'ont aucune notoriété historique ; nous ne
possédons sur ce point d'autres renseignements que des documciits conservés
jusqu'à nos jours sur leur langue et leurs légendes païennes.
L a grammaire lithuanienne a la plus grande affinité avec les gram-
Tnaires slave et gothique. Si la langue lithuanienne, ])ar la conformité de
quelques formes grammaticales, paraît plus se rapprocher du sanscrit que
les autres branches linguistiques indo-eui'opéennes, la cause en est que
le saascrit, daus ses antiques monuments littéraires, et le lithuanien, en
p a r t i e dans la langue orale du peuple, ont consei'vé ces formes antiques
en plus grand nombre que celles-là.
L e contact fréquent des Lithuaniens avec les peuples voisins a d'ailleurs,
ainsi qu'on peut le concevoir, enrichi leur vocabulaire d'un grand
nombre d'exprc.ssions étrangères que l'étymologiste sait bien distinguer
des radicaux de la langue. Ainsi que cela se pratique d'ordinaire, ces
expressions ont été introduites daus le langage sans aucune utilité; cependant
le Lithuanien possède encore la connaissance de sa langue nationale
assez à fond pour ne pas accorder à ces mots parasites une
préférence absolue.
Au fond, la langue des J.itbuaniens est partout la même; mais comme
les branches de ce peuple (les Lithuaniens proprement dits et Letton.
s), habitant différentes contrées et ayant par conséquent des voisins
différents, furent exposés à des vicissitudes diverses, leur langage
dut néce.ssairement subir des modifications plus ou moins importantes,
et l'influence de la langue allemande dut être aussi puissante en Prusse
e t en Lettonie, que celle du russe et du polonais en l/ithuanie proprement
dite — principalement pour l'introduction de vocables étrangers,—
tandis que les modifications gi'ammatjcalcs se formèrent d'une manière
plus ou moins indépendante.
Los trois ])rincipaux dialectes de l'antiqiie langue lithuanienne étaient
le lithuanien, le prusse et le letton. L'ancien dialecte prussc se perdit
P E U P L E S INDO-EUROPÉENS.
presque entièiemcnfc par l'invasion des chevaliers de l'ordre Teutoiiiqiie,
et ii'e.xiste plus ; tandis (¡ne le lithuanien et le letton se sont perpétués
jusqu'il uos jours.
La langue litliuanienne est en usage dans tout le gouvernement de
Kuvuo, il l'exception des contrées de l'est; puis dans les districts nordouest
du gouvernement de Vilna; dans cclni de Grodno, le long du Niémen
ou aval jusqu'il Skidci, près de Grodno, et dans la partie septentrionale
du gouvernement d'Aiigustovo, entre le Niémen et la frontière
prussienne; en Pi-usse, depuis le Niémen jusqu'à Koenigsboi-g, Tilsit,
lusterbourg et Stallupcehnen, On parle le letton en Courlande, dans la
partie méridionale de la Livonio, dans les distr-icts occidentaux du gouvei'uemcut
de Vitebsk et dans quelques parties fi-ontièrcs dn gouvenieuieut
de Kovno.
Abordons maintenant les considérations religieuses ou la inj^tliologie
des anciens Litliuaniens, envisagées comme second indice de leur nationalité
primitive.
Malgré une extrême rudesse de moeurs touchant presque à l'abrutissement,
le Lithuanien païen possédait un système complet do notions
religieuses et de cérémonies unies à imo hioraichic ecclésinstiquc. Des
investigateurs sagaces ont trouvé récemment dans la mythologie lithuanienne
une parenté avec la mythologie slave et avec celle des anciens
Germains.
A l'idée d'un être suprême représenté par les symboles du feu et des
astres s'associait celle de nombi'cnx dieux et déesses coriespondant à tous
les éléments et à tons les besoins do l'cxistencc, système mythologique qui
dégénéra insensiblement en véritable fétichisme. On i-econiiait cependant,
nu milieu des erreurs de ce systime, une foi inviolable an dogme de
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l'immortalité de l'àmc, à la récompen.se ,lu bien et au chitimcut dn
mal après la mort. Il se mêlait, il est vrai, beaucoup de superstitions
absuidcs il cette croyance née de la ti'ansmission trop complète de uos
besoins terrestres il la vie future.
Le paradis des Lithuaniens Icui- promettait de gi-audes joui.ssanccs matérielles
et la domination sur leurs ennemis les Allemands. Les cadavres
étaient brûlés, comme pour les pnrWer par le feu; mais les Lithuaniens
reportant à l'autre vie leurs notions d'ici-bas, le feu qui brillait les corps
des princes et des piiissants consumait également les ustensiles de ménage,
les annes, les chiens, les faucons et même les serviteurs. Les sacrifices
offerts aux diiîérentcs divinités jouaient un grand rôle dans ce ciiltc ; ils
consistaient le plus souvent en simples holocaustes d'animaux, m.ais poni--
tant aussi, suivant la puissance et le couri-oux attribués .'i la divinité,
en immolations liumaines de piisonnicrs de giiei-re on de pei'sonnes qui
se sacrifiaient volontairement et par piété.
Tout CO que nous vcnniis de dire s'applique aux anciennes ti'ibns lithuaniennes
en généi'al, dont la sépai-ation politique, déjii très-reculée,
coïncide avec leur entrée en scène dans l'histoire. Cette séparation devient
décisive par l'établissement progressif des Lithuaniens vers l'ouest
et le noi'd, et leni' fusion, dans ces parages, avec des tribus fhmoises,
comme nous l'avons dit pins haut. Les Lettons, qui résultèrent de ce
mélange, furent bientôt subjugués par des conquérants allemands, tandis
que les lithuaniens du siid-est, restés isolés, fondèrent un puissant Elat
dont nous exposerons plus loin les glorieuses destinées.
Nous devons considéi'cr les Litliuaniens et les Lettons, depuis la furmation
de ces dcniicrs, comme deux peuples entièrement distincts l'un
de l'autio.
LITHUANIENS,
L'époque il laquelle les Lithuaniens s'établirent dans les contrées riveraines
de la mer Baltique n'a pu être dctenniuéc d'une manière certaine.
Constamment engagés dans des conflits hostiles et de sanglants combats
avec leurs voisins, ils consei'vèicnt Icnr caractère belliqueux et sauvage
au milieu de leurs immenses forêts. Les essais pacifiques que tii-cnt les
Eusses des principautés de l'ouest subjuguées par les Lithuaniens pour convertir
ceux-ci an christianisme restèrent infructnenx, et les fanatiques
traitements que les chevaliers do l'ordre Toutoniqne cxcrcèrcnt contre
les tribus lithuaniennes do l'ouest et du nord ne fiient qu'exciter leur
Muvage obstination au lien de la calmer. Civilisation, religion et langue
étrangères n'y trouvèrent qu'un faible accis. Ces causes excrcèicnt" il
est vrai, quelque influcncc individuelle, notamment sur les princes; mais
elles ne purent pénétrer au soin du peuple lithuanien qne par la puissance
et les efforts' persévérants d'une politique postérieure.
Le développement prog.-essif du peuple lithuanien se rattache bien li
son histoiic, mais non i sa puissance politique ni à l'établissement de
sou indépendance ; il ne date même quo de son incorpoi ation - d'aboi d
l i l r e , puis indissoluble - k la Pologne. 11 ne fa.it pas en effet confondre
lo développement de la civilisation des Lilhnaniens et leur cmivcrsion
an christianisme avec les progrès rapides dn ci-devant grandduché
do Lilhnanio, qui surgit tout ii coup comme Etat puissant et indépendant,
fi la suite des victoires que les Lithuaniens avaient l'cmportées
sur les Russes, leurs voisins à l'est cf au midi. T,c grand-ducîié ne
renfermait proportionnellement qu'une faible ¡lartie do la nationalité li-
Jl'iiii'iicnno, comparée à l'élément russe qui dut nécessairement agir en
point dans cet cmpii-e d'une si vaste étendue, mais sans exei-cer une
•Il uence prédominante sur le peuple lithuanien proprement dit. Celui-ci
se serait alors confondu comme vainqueur avec les vaincus, et serait
'ievemi frère ou sujet dos Russes, an lieu d'être leur maître et leur
cmioim. Les Lithuaniens, farouches, tenaces et belliqueux, ne pouvaient
qii Mercer des violences ou être victimes eux-mêmes de la violence des
'luff's. Tout ce qui peut nous rappeler aujourd'hui la nationalité lithua-
'"ei'iie se borne au langage, à ce.tainos particularités de costume et à
'!"clqucs affinités isolées avec le paganisme, que ce peuple professait
encore il y a moins de cinq cents ans. Tout le i-este est polonais, sans en
excepter la religion cailiolique, à laquelle les Lithuaniens appartienuent
presque exclusivement. (Une partie assez nombreuse du peuple lithuanien
a disparu par suite d'assimilation à l'élément russine.)
L ' h i s t o i r e de la Lithuanie, pendant qu'elle formait un Etat indépendant
exerçant au loin sa domination sur des tribus russes, est très-restrointo
et ne manque toutefois pas de traits d'héroïsme dignes d'exciter
l ' i i U é i ê t : mais olle nous montre la masse du peuple invariablement rivée
au même degi'é arriéré de civilisation.
Après cette première époque pour ainsi dire héroïque, les Lithuaniens
e n t r è r e n t daus une seconde phase par leur réunion avec la Pologne.
I . e u r développement était dû h la lutte qu'ils soutinrent contre la violente
irniptiou de la nationalité polonaise et l'introduction du calholicisme
romain. Les sujets de nationalité russe s'opposèi'ent opiniâtrément
à ces deux éléments, surtout au dernier, à cause de leur vénération
pour i'Kglise grecque, à laquelle ils appartenaient. La scission nationale
et religieuse décisive entre les Polonais et les Lithuaniens jiolonisés
d'une part, et des tribus russes d'autre part, ne put jamais être conj
u r é e , ainsi que nous l'avons vu au chapid'e des peuples slaves. Depuis
la complète incorporation de la Lithuanie à la Pologne, tout développement
spécialement national a cessé, ainsi que toute résistance à des
éléments étrangers, et les Lithuaniens ne suivent plus, à partir de ce
moment, que le progrès et les destinées des Polonais. Depuis la fin du
siècle passé, la domination russe a fait heureusement rcnti'cr le calme
et la paix panni les débris épuisés et dégénérés du peuple lithuanien
naguère puissant, auquel l'affranchissement du servage promet aujourd'hui
une ère nouvelle. L'aperçu historique et caractéristique des Lithuaniens
modernes doit être précédé de l'expo.^é succinct des principales
causes de l'ancienne grandeur et de la décadence politique et nationale
de ce peuple.
Les nombreuses incursions des Lithuaniens sur le territoire russe
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