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P E U P L E S INDO-EÜROPÉENS.
i'ieiir, lii icmie et les sentiments tlii petit geiitiiliomitie, ees diffóronces fr.ip-
])iiiites qui le (1 i stinsi] en t ele la masse du ])ctiplc. Les anciens rógimonts
(]c cavalerie qui, lors des guerres de Napoléon, rendirent de si gi'ands
services à ce monarque et s'acquirent des titres si glorieux à sa reconiiaissaiice,
étaient composés pour la plupart de petits gentilshommes que
l'on trouvait toujours au premier rang.
Hommes et femmes sont pour la plupart d'une stature régulière; les
premiers sont plutôt maigres que gras; leur visage, un pou bruni par
le soleil, mais respirant la santé, est souvent noble et très-expressif.
La chevelure est ordinairement longue et flotte sur les épaules.
L a haute noblesse s'habille tout h fait à l'enropéenne ; elle ne conserve
guère de l'ancien costume national que do courtes redingotes h brandebourgs,
qui sont encore quelquefois en usage. La petite noblesse porto
ce costume ou de longs vêtements garnis de passements, des bonnets de
forme cylindrique en mouton gris, ornés par derrière de petits rubans,
ou tics bonnets de môme matière, mais pins bas et surmontés d'une pièce
d'étoffe carrée, de lai'ges pantalons enfoncés dans de hautes bottes; la
redingote est ornée par dcrrièj'c de denx poches garnies de passements
ou de fouri'ure; une cravate de couleur et de petits cols de clicmise
blancs complètent le costume. Toute la petite noblesse se rase la barbe
et les favoris et ne porte que les moustaches; le paysan a aussi adopté
cet usage.
Les paysans portent divers costumes selon les contrées qu'ils habit
e n t ; mais ils ont généralement tous de l'analogie avec celui de la petite
noblesse; seulement ics vêtements sont faits d'étoffe phis grossière
et confcctioiHiés avec moins do soin. Tous les Polonais portent des chemises
on toile blanche, ouvertes sur hi poitrine, avec un col rabattu
attaché par devant, sur le cou, par un petit ruban de couleur. Ils portent
des bottes comme les gentilslunnmcs; mais, pendant l'été, ils ont
le plus souvent les pieds nus. Les pantalons sont larges et descendent
dans les bottes. Selon les conti'ées, les pai-dessus varient de forme et
de couleur, l.es Mazoviens (gonverncment do Plotsk) portent des pardessus
noirs, gris, d'un bleu clair ou foncé, avec des coîs et des revers
de manches de couleur différente, le plus souvent ronge; autour dos
reins, luie courroie ou une ceinture en laine rouge; en été, nn petit
chapeau à larges bords, souvent orné d'une plume de ])aon. Près de
Kalisch (gonverncnient de Varsovie), de coui-tes i-edingotes sans manches,
retenues par une ceinture rouge, sont très-usitées, et l'on porte pardessus
un ample et long vêtement. Dans le gouvernement de Lublin,
les pai'dessns sont bruns foncés à revers bleus arec un liséré de môme
couleur. Anx environs de Sandomir, et en général au sud-ouest de
la Pologne, les femmes portent, par-dessus de longues jupes on toile
01! en coton, nue courte jaquette do drap (kourtha), sans col, ordinairement
bleue et boi'dée d'un passe-])oil rouge; quelquefois aussi, dos
robes de dessus blanches, revers bleus et passe-poils de mémo couleur.
La kourtka est souvent doublée do fourrure, ce qui produit un
singulier effet lorsque les femmes ainsi vêtues marchent nu-pieds. Ce vêtement,
très-bien tj'availlé, dessine le buste; il est mai'qué par quelques
plis sur les hanches et habille effectivement fort bien, surtout si la
petite ouverture pi'atiquée sur la poitrine laisse apercevoir nue chemise
bien blanche. Les femmes mettent sur leur tòte un mouchoir attaclié de
telle façon que la partie qui passe du front il la nuque flotte librement
ÜU gré du veut. Les plus ])auv]'cs remplacent d'ailleurs cette Icourlka
par nu simple tablier blanc ou nu grossier mouchoir blanc jeté ou guise
de châlc sur les épaules.
Les hommes ont des pantalons de grossière toile blanche, une longue
veste de drap bleu on forme do kourtka, et par-dessus une liouiipolande
(le toile avec un col étroit on drap blou garni d'un petit bord rouge ;
une largo ceinture de cuir maintient ce vêtement sur les hanches. Plus
près de Varsovie on porte des ]-edingotes k parements et ii petits cols
l'cicvós, telles qu'oii ios retrouve dans toute la Pologne. La tCte est
couverte d'un chapeau de feutre rond ou d'une casquette i-ouge. La
innnstaclie est raccompagnoment obligé do ces divoi-s costumes.
l-'OR dames polonaises aiment assez que leur t:oilctte se distingue par
duelline chose d'extraordinaire et d'oclatnnt. TI arrive aussi parfois qu'à la
campagne elles portent le costunie masculin, .[-es femmes de la petite noblesse
portent des vêtements simi>los, uuiis modernes; et lorsqu'elles ne
fout pas partie de la domesticité, ce qui arrive fréquemment sur les grands
domaines, elles se distinguent promptemont des paysannes ])ar leur toilette.
Le costume de celles-ci consiste eu une chemise do toile blanche avec
de longues manches attachées aux poignets, et par-dessus une ju])c il ])lis
nombi'onx, le plus souvent rayée, sur laquelle elles mettent un tablier;
elles porient eu outre ordinairement une jaquette attachée sur le devant
e t un court pardessus semblable il cehii des hommes. KHes ont pour
cliaussuro des bas et des souliei-s. Les femmes mariées portent des bonnets
autour desquels on attache un mouchoir ; dans quelques contrées,
la tête est enveloppée de telle façon que l'un des bouts du mouchoir
pend sur la nuque. Les jeunes filles tressent leur chevelure en deux
longues nattes qu'elles laissent pendre et dont les bouts sont garnis de
rubans do couîoui-. En hivei-, hommes et femmes portent dos pelisses de
])eaux de mouton.
Dans le royaume de Pologne et dans les gouvernements de la Russie
occidentale fortement peuplés de Polonais, le nombre dos villes est considérable
relativement îi celui des villes de la Russie propromeut dite,
bien que pour la |)hipart elles soient de peu d'étendue et pou ])cupiées.
E l l e s n'ont d'ailleurs d'impoi'tance que sons le rappoi't commercial, et
ne sont plus, comme autrefois, des points de centralisation. Le nombi-e
des villes du royaume de Pologne, qui n'est que de 115, peut être porté,
si l'on y joint au môme titre les bourgs considérables jouissant des mémos
p r é r o g a t i v e s , à 453, pai'mi lesquelles 228 appartiennent îi. des propriét
a i r e s S))éciaux ; ces villes et grand nombre de petits bourgs, dont la
population est formée moitié par dos juifs et moitié par dos Polonais,
ont un aspect tout ii fait difféi'ont de celui des villes russes. Les maisons
sont plus rapprochées et pour la plupart attenantes les unes aux
a u t r e s ; clios sont construites en pien-e ou en colombage (c'est-à-dire
en poutres et en briques) et i-ecouvertes de tuiles; à l'intéi-ieni- elles
no coutionnont, pour la plupart, que des espaces assez resti'eiuts. Chaque
ville possède au moins une église, le ])his souvent de style gothique, et
souvent aussi nn monastère (klaclitor) ; elle contient une place can'ée
pour le marché, au milieu de cette place est la maison de ville (ratonch).
L e quart des habitante est, on généi'al, fixé dans les villes; pi'oportion
essentielloment difféi-ente de celle qui existe daus la Russie d'Europe
proprement dite, et qui détermine natui'elloment une civilisation et un
é t a t social tont autres. Les 22,C13 villages de la Pologne, dont 17,837
font partie de propriétés privées, sont généralement moins grands que les
villages russes, et quelques-uns même sont fort petits. Ils touchent pour
la plupart à la cour seigneuriale ou sont divisés par groupes d'habitations
(vollvarki) sépai-és du domaine principal et situés sur des parties
isolées, qui composent des économies h part, administrées par des intendants.
Les propriétés foi-ment des cours seigneuriales complètes,
comme dans le nord de l'Allemagne. Les maisons des villages sont, pour
la plupart, petites et mal bâties, mais très-soigneusement couvertes en
bardeaux et le plus souvent en chaume. Los murailles sont on poutres
niinces ou simplement ou tei're glaise. C'est aussi avec de la tei're
glaise que sont faits les planchers, parfois même jusque daus les Imbifations
do la petite noblesse. Les fenêtres sont fort petites et l'ensemble
de l'habitation ne produit pas une impression très-agréable de co])foj-t
et de propreté.
L e Polonais est doué dos quaUt;és communes h tons les Slaves : la
sociabilité et l'hospitalité; mais il en a aussi les défauts : la légèreté,
i ' e s j i r i t superficiel, le manque d'unité dans ses actions et d'ordre dans
l ' a r r a n g e m e n t do son existence. Avant tout, il se distingue par un amour
ai'dent et passionné poui' sa patrie, le foyer paternel et sa nationalité,
et par un dévouement fanatique pour l'Eglise catliolique. La flexibilité de
caractèi-e du Polonais est si grande que jamais il ne se croit ])erdu ;
])lacé même au bord du plus pi'ofond iirécipico, il espère un meilleur
avenir. Lors même que cet espoir n'est basé que sur de ti-ompeuses
illusions, il s'y livre avec bonheur et ces rêves font sa félicité. On peut
soutenir avec juste raison que les Polonais sont les meilleurs catholiques
comme les Suédois sont les meilleurs protestants de l'époque actuello. Malg
r é les facultés élevées dont le Polonais est <loué, son aptitude pour les
sciences et les ai-ts, son goût véritablement inné pour la guerre, on doit
reconnaître qu'il manque, pour la conduite intelligente des affaires générales
de la vie et des intérêts do la haute politique, do cet esprit
pratique, de ce bon sens naturel et calme du Russe, qui sait embrasser
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