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P E U P L E S DU CAUCASE. 1 5
ment placés sur le ikgrii le luoiiis élev6 do lu civilisation, G ou rien
est rigoureusemoiit fidôle à sa religion t\ ses moeurs, luli'oit et sùi'
dans ses nionvcmcnts, fier cic lii i-ichessc et do l'excelleiicr de ses armes,
et toujours sobre et convainc» de sa pro])i'c valeiii-. Ses récits sont ornés
d'exprcssioiis choisies et accompagnés d'assurances de dévouement qui
toutefois ont pour lui une signification bien moins sériense ([ne ponr
l'Européen. Le Gouricn, comme l'Imcr, est doué de beaucoup de bon sens.
Au nombre des principaux divertissements populaires, il faut sigiiaieiluie
sorte de jeu de balle nommé ta m a d i a , nsité anssi parmi le.s Mingréliens
et les rmei's. On s'y exerce de préféi-ence le jour de la St-Georgcs,
ilMe du saint patron de la Gonrie. Un autre jeu, nommé djérid, consisto
à lancer au loin des bâtons.
].e clinnt gourieii est agréable et très-varié; il consiste le plus souvent
en morceaux qu'on chante en choeur; un de ces chants mérite véritabloment
de fixer l'attention des connaisseurs : il passe de l'adagio le plus lent
au plus violent allegro.
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Les Soiiaiies (en russe Svanètes) forment ]a tribu la plus septciiti-ionale
ilo groupe occidental îles peuples gém'giens. Pins i'c|iaiiilns nagiièje clans
la direction dn sud, ils se sont retiiés insensiblement dans les vallées les
plus liantes et les plus inaccessibles de la erùte principale du Caucase.
Soumis, dans l'antiquité, il rinflnence grecque, de môme que tontes les
tribus géorgiennes, et it celle de Gènes au moyen itge, les Souanes fni'ont
(le bomie heure convertis au christianisme; mais il ne reste guère d'autres
vestiges (le leur foi que de nombi-euses et superbes juiiies d'églises,
qui témoignent en même temps de rancienne civilisation des Souanes.
Le territoire qu'ils oeeupent présentement est trés-resti-eint, et cet isolement
même fait qu'ils se distinguent d'une manière fiappante de leurs
fréi'es de souche, bien qu'on ne puisse leur contester une certaine ressemblance
qui les en rapproche. Ils représentent en quelque façon, pour nous,
UII fi'agmeut d'antiquité encore vivant, le type d'une sorte d'état primitif
de la race humaine. Leur parenté avec les Géorgiens en général n'est
jusqu'à présent que faiblement constatée.
Une partie dn Souaneth (la Souanétie moderne) dépendait de riméreth;
l'auti e partie était restée indéiiendante jusqu'il nos jours. Dans les derniers
Icmps, la famille des Dadiehkclians, qni est dcveinie la pins puissante,
avait fiin i)ar avoir la suprématie. La partie du pays qui lui est soumise
se distingue, par le fait de cette souveraineté, de la iiartie restée libre
et seulement tributaire de la Russie.
Le Sonanelli, le pays des Souanes, est séiiai-c, au nord, de quelques
lietilcs ti'ibus tatares par la crête principale de la montagne; ii l'ouest.
Ile l'Alikliazie (Samourzakhan) par des rochers qui se détachent de cette
crête; des montagnes le séparent aussi, .an snd, de la jMingrélîe (Letchlilioum)
et de l'iméreth (Hadclia). Ce pays se divise en trois vallées principales
formées par l'Eiigour supérieur et jiar son afiluent le pins consiilcrable,
la Moullczé; au delà de ces vallées, la contrée se divise encore
M trois parties. Les vallées trés-clevées de l'Kiigonr (ou Ingour) et dn
'fïlilicnis-'Psiial ne coramuniqnent avec la I\(ingrélic qu'au inoyeii de deux
sentiers frayés à giaud'peine à travers la uionlagiie, dont le trajet est
toujours accompagné de grandes difficultés et devient mémo presque impussiblc
en hiver, c'est-ii-dire du nuiis d'octobre au mois de mai.
Le Souaneth mingrélien, qui apiinrlient aux Dadians (en russe Souanétia
ihidianovskaïa), est formé par la vallée de la liante Tzkhénis-Tsqal et
ne communique que par d'aiîrenx sentiers à la voilée se])tentrioiinlo, qui
"liliarticiit aux princes Dadichkélians.
Le Sonauctb des Dadichkélians, divisé par de conliuuelles guerres iiilostiues,
est sitné au nord dn précédent, sur l'Jingour moyen.
ke Souaneth libre, !i l'est du précédent, se compose de onze petites
communes disséminées sur des affluents de l'Kngour, dont le bassin sert
II» hmite à cette contrée vivant en républiqne jusqu'à sa recente soumission
à l'autorité russe. L'Engoiir limite aussi le pays qui piécéde le
Souaneth, et les établissements de ses hnbitanis sont répandus sur l'Eu-
Sonr inCme, après la jonction des deux cours d'eau.
A l'époque du partage de la Géorgie il la fin dn quinzième siècle, le
Souaneth, qui déjii, lors de la fondation de l'Etat géorgien, composait un
11« SCS huit éristhavnts, forma nue principauté à part plus ou moins inilipcndante.
La famille Ciéloan (nom des anciens jirinccs du Souaneth, qui
l>»raU provenir d'une des localités de cette contrée) est l'origine des Dai'
«ins actuels, et c'est pour cette raison que le Sonanelli des Dadian.s a
partagé pUis on moins le sort de la Mingrélie.
Durant des siècles, le Sonanctli resta libre; la domination des Dadians
e t des Dadichkolians ne s'est établie que plus taid et pai- le droit du
pins fort.
Les Souanes vivent patriarcalememt en grandes familles et en mime
temps en petites agglomérations tellement compactes que, d'ordinaire,
plusieurs familles nombreuses habitent une seule ferme, afin de pouvoir
mieux se défendre contre les attaques des ennemis voisins, dans ce pays
contiiracllement aéchiré tiar des luttes intestines. Les villages du Souaneth
libre sont souvent composés do maisons murées et flanquées de hautes
tours. Il est fort rare qu'on y trouve des chevaux. Lorsqu'une famille
devenait trop grande et trop nombreuse, il était d'usage qu'elle formât
line commune à part; elle choisissait alors parmi les siens le plus intrépide
et le plus expérimenté pour chef Mais le pouvoir et le crédit
d'une famille la faisait aussi asjiircr à l'indépendance au sein de la commune
même, et celle qui se sentait assez forte refusait souvent d'acquitter
le tribut du au chef
Le Souaneth, par la salubrité de son climat, est relativement plus
peuplé qu'aucune autre contréc montagneuse du Caucase. L'agriculture
et l'élève du bétail fournissent aux habitants leurs iJrincipales ressources.
L ' a g r i c u l t u r e , entravée par de très-grandes difficultés, est loin d'y être
fiorissanle. Là l'homme doit en quelque sorte arracher violemment sa
subsistance au sol, et connue très-souvent ce qu'il en obtient ne suffit
pas il ses besoins les jilns indispensables, son penchant naturel pour le
brigandage se fait jour et semble trouver une excuse. Hmpressons-nous
d'ajouter que le brigandage a beaucoup diininne dans ces derniers temps,
par la création de moyens d'existence ¡.lus honorables et plus jiaisibles.
Au nombre des produits de ce pays il ne faut pas oublier de mentionner
l'exploitation du salpêtre, qui se pralique sur une grande échelle.
En résumé, le caractèi'o du peuple est indécis et pen sur; ce qni
tient probablement aux circonstanees au milieu desquelles il végète. Le
Souane est coniagenx ou poltron, lionnete on pillard selon l'occasion.
Habitué dès son jeune âge a des calamités et à des peines de ton(c
espèce, fortifié par l'air rude et vivifiant de son pays, le Souane possède
une force corporelle et une adresse qui ne se retrouvent peiit-éti'c
que clicz le.s Tcherkesses. lixccssivement sobre en toutes clioses, il peut
supporter pendant deux ou trois jours la privation de toute noui'ritui-o.
11 passe les longs hiver.s à chasseï-, ¡Y danser ot à s'exercer à des jeux
chevaleresques, loi'sque de sérieux combats ne lui mettent pa-s les aimes
à la main. Les différends de peu d'importniice sont aplanis par des
assemblées de vieillards élus à cet effet; mais riiommo doit venger luimême
par l'épée les offenses d'un caractère plus grave. La femme s'achète;
mais comme le prix en est ordinairement très-élevé, celui qui
asjiire !\ la possession d'une i'emme renlève. Les lois permettant des l'eprésailies
sanglantes, la famille insultée exerce souvent pendant plusieurs
générations une vengeance sans cesse renouvelée. Le Souane a sur la
femme un pouvoir absolu, et il n'y a pas longtemps encore i|u'il usait
largement de ce droit en veiulant ses tilles comme esclaves.
Les Souanes sont presque tous blonds et laissent tomber sur la nuque
leurs longs clieveux qu'ils ne coupent jamais. On rencontre fi'équemment
chez eux des yeux bleus ; leur costume a beaucoup d'analogie avec celui
des Imcrs.
Les différentes cérémonies religieuses et auti'cs consacrées par l'usage
et la tradition ii l'occaiion des naissances, des mariages, des décès etc
sont célébrées par des déicanos, qui jouissent d'une grande considération
et dont la dignité est héréditaire.
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