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c)m»(; est irioiiotoiio et désagriiablc. Ils manquent (riiistnimcnts de mnsiqiie
et ii'aimciit guère la danse. En rcvauclio, ils soni; ti-òs-ciirieux et
trouvent beaucoup de plaisir à écouter des histoires et des contes.
L c n r langue dciive de la grande soui'ce turco-tatarc ; seule de toutes
ses soeurs elle n'a rien emprunté aux langiies arabe et persane; mais,
par compensation, elle a subi l'influence de la langue mongole, ce qu'atteste
l'introduction d'une quantité do mots de cette dernière. Jamais les
Yakoutes n'ont eu de langue écrite.
L e s usages pratiqués it l'occasion des mariages ressemblent à peu près
k ceux des Bouriates ; mais les conditions du mariage ne sont plus les
mômes qu'autrefois; on attend maintenant, pour fiiire un choix, que les
jeunes gens aient atteint l'age nubile. C'est aux habitudes russes qu'on
doit cette innovation. Le père d'un jeune homme ¡i marier envoie un
messager au, père de la jeune fille qu'il dósii-o obtenir; si le consentement
est donné, le père et le fils se rendent alors il la maison du
futur beau-père, en compagnie de plusieurs pi'oclies parents des deux
sexes, revêtus de leurs plus beaux habits et suivis d'un certain nombre
de domestiques. A Icui- arrivée, ils sont régalés de thé, d'cau-de-vie,
de mets de difféi'entes sortes, principalement de chair cuite de jument.
Api-ès avoir mangé de tout en abondance, ils vont dormir, pendant que
les futurs fout ensemble ])his ain|)le connaissance. S'ils se plaisent l'un
h l'autre, ils instruisent le lendemain leur famille de leur consentement
réciproque, et c'est alors seulement que les parents passent à la stipulation
du kalyni de la part du promis et ii la dot de la promise. L'un
et l'autre sont fort considérables ciiez les riches. Le kalym consiste
ordinairement en 10 étalons, 10 juments avec leurs poulains, 10 forts
boeufs et 10 excellentes vaches; on l'augmente de la chair de 20 gros
boeufs et vaches tués, ce qu'on appelle 20 koui-oums ou régals. Cette
partie de la dot est livrable en nature ou on argent (sur le pied de 15
roubles la pièce), Les pai'cnts des fiancés dressent ensuite un contrat
particulier par lequel le père du promis s'oblige à i)aycr au père de la
promise 150 roubles et à la mère 100 roubles argent; il leur doit aussi
un cadeau de deux beaux chevaux ou de 20 boeufs et vaches, qu'il peut
lemplacer au moyen d'un payement de 30 l'oubles par cheval et de
15 roubles par tête de bêtes ¡i cornes. II est encore stipulé d'antres dons
obligatoires en eau-de-vie et eu viandes de différentes sortes, dont la
quantité dépend d'ailleurs de la générosité du donateur. Enfin, le pèi-e
du promis doit, outre les obligations ci-dessus, donner aussi deux juments
grasses à ceux qui portent le kalym à la maison de la fiancée.
Dans le cas où le kalym est très-considérable, la dot de la promise
consiste, de son côté, en une image eni'ichie d'ornements en argent, eu
deux beaux chevaux avec des selles garnies d'argent, en 20 vaclies
grasses et quelquefois davantage. On y ajoute uue pelisse d'écureuil recouverte
de drap, une grande pelisse pour porter par-dessus, des bonnets
d'été et d'hiver brodés en argent, des polisses couvertes do drap
et de coutil, des boucles d'oreilles en argent, des ornements de tòte, etc.
L e père de la fiancée paye à celui qui a fait la demande en mariage de
1 5 0 à 300 i-oubles; de plus, il donne 10 pièces de bétail pour Vomménagement
de l'yourte, tous les nteusiles nécessaires pour le ménage, etc.
Cela convenu, les parents tixent de part et d'antre un terme pour le
payement, après quoi le fiancé et son père retournent chez eux ainsi
que toutes les personnes qui les avaient accompagnés. Quand la promière
partie du kalym s'acquitte, le ]ière et le fils, suivis de leurs proches
et de leurs amis, souvent au nombre de cent ii deux cents personnes
des deux sexes, se rendent chez le père de la fiancée, qui alors leur
donne un festin. Au second payement du kalym, c'est-ii.-dii-e lors de la
livi'aison des 20 boeufs tués, ou abandonne à la voracité des hôtes du
promis et de la promise la chair de six de ces animaux, de cinq dix
védi'os d'eau-de-vie et de cinq k quinze ponds de beurre fondu, dont
ils sont régalés pendant trois jours; k chaque diner et souper on leur
sert un boeuf ou une vache, ce qui ne lour suffit pas toujours. Dès ce
nioniont, les visites du père et du fils deviennent plus fi-éqnentcs; elles
sont toujours accompagnées de préseuf-'^ et se succèdent jusqu'à rentier
acquittement du kalym, ce qui dure ([uekiuefois trois ans. Quand tout
est payé ef; que la dot do la fiancée est prête, on fixe un jour pour le
mariage religieux, et ini autre ])oui' la célébration des noces, si l'église
est il. une grande distance. .i;a fiancée, escortée d'une suite nombreuse,
est conduite à l'église avec accom])agnement de chansons, et après la
céi'émonie tout le moude se rend lentement ii la maison du jeune marié.
L à les fêtes durent do cinq il six jours; on y consomme le double de ce
qui a été mangé lors du payement de la première pai-tie. du kalym: mais
le père de la jeune mai-iée supporte sa pai't de la dépense.
S i un Yakoute sent Taiqiroclie de la mnrt, il ¡•éunit autour de lui ses
h é r i t i e r s , leur lègue ses biens, leur dit avec qui ils doivent enti'etenir
des i-elatious plus étroites, de qui ils doivent se méfier et de qui ils doivent
tirei- vengeance : il api)uic toutes ses recommandations de raisons
et d'explications détaillées. Les iiéi'itiers ne manquent jamais d'accomplir
les voeux du testateur. On revêt les moi'ts de leui's plus beaux habits
e t ou met dans leui- cercueil tout ce qui était ji leni- usage dui-nnt lu
vie, et môme tout ce qui conti-ibuait ii les égayci-.
Les Yakoutes de l'oulouss de Gigansk, entre l'Aiiabai-a et le I.éna, se
distinguent ])aj- l'honnête té de leui's mreni's, leur pi'obité, leui' vie ])atriai'cale
et une certaine propreté. JMI été, ils séjoui'ueut dans des pilturages
mai-écageux qui avoisineut la mer Cllaciale, et se nourrissent de
¡•enues sauvages dont ils paitageut la cliaii- enti'e eux ; chaque membre
de la tribu reçoit ensuite à son toui' une ])eau de renne ; de manière
que le chasseui' heui'oux ou habile n'a aucun avantage sur les auti-es.
Ces Yakoutes voient dans un l'enne abattu un don du ciel et le pai--
tagcnt euti'O enx avec autant d'équité qu'ils en mettent à s'entr'aider
e t il se dédommager récii)roqucnicnt des ravages (|ue les loups et antres
animaux féroces aui-aient ¡)u commettre dans le ti'oupeau. Bienveillants
quoique sérieux, ils sont très-hospitalici's; ils ti-aitent généreusement
leui-s hôtes et leur fout des présents. Ils sont en général d'une forte
constitution, mais d'une nature flegmatique, et n'ont que des besoins
très-boi'ués. Ils emploient une espèce d'hei'be au lieu du thé comprimé
eu usage dans foute la Sibérie, Ils mènent une vie nomade ou plutôt
ei'rante. et n'ont presque pas de demeures fixes. Les hommes ne s'occupent
que de chasse et de pèche; ils vont à la reclierche des dents de
mammouth et fout la chasse aux l'cnards, aux i-enucs sauvages, etc.,
dans les grandes îles de la mer Glaciale.
L e s travaux pénibles et tous les soins du ménage reposent sui- les
femmes, qui bâtissent même les yourtes, fendent le bois eu hiver, portent
l'eau, gai'dent les rennes, etc.; mais elles sont inhabiles aux jietits
ouvrages manuels. L'habitation (yourte) est rebâtie j)i-esque tous les mois
e t d'une nouvelle manière aux difl'érentes saisons do l'année; chaque f'oi.s
son aspect présente une autre disposition. Les yourtes d'été (oui'assa)
ont une forme conique et sont faites d'écorce de bouleau et de perches
minces; elles sont établies aux bords des fleuves. Les yourtes d'hiver
sont construites dans l'intérieur des forets, à la distance de plusieurs
vcrstes. Les Yakoutes qui habitent les cotes de la mer (Glaciale et les
îles avoisinantes se font des maisons en bois qu'ils recouvrent de terre.
I l s sont tous baptisés. Pour les mai-iages, la demande est faite pai- un
intermédiaire ; le kalym consiste en argent et en rennes. Ces Yakoutes
n'ont aucune idée de la musique. Les impôts qu'ils doivent payer sont
très-minimes et ne dépassent pas la somme de 5 roubles par tête.
Les Yakoutes du gouvernement d'Y'énisséisk ne se composent que de
deux tribus insigni fiantes qui habitent le pays de Toui-oukliansk, contrée
la plus âpre de l'extrême nord.
Quoiqu'ils n'ofiVent pas à l'observateur de particularités bien remarquables,
ils sont pourtant dignes d'intérét, malgré leur longue séparation
de leurs frères de race. Ces deux tribus (formant deux comnmues) comptent
environ 500 âmes des deux sexes, à peu pi-ès en nombre égal. La
première se nomme Chorokhinsk et se compose de 30 individus; l'cUitre
s'ajipelle Nijné-Zatouudrinsk (au delà des marais) et renferme 470 individus.
Les premiei's liabitent le village de Choi'okhina, à 30 verstes
de Touroukhansk, près de l'embouchure de la Chorokha, affluent de
i'Yénisséi ; les dci-uiers demeurent encore plus au no)'d, dans d'im-.
menses terres marécageuses couvertes de lacs poissonneux, aux bords de
la Ivhéta, du Popigaï, de l'OIca, du Kkatanga et de l'Auabara. Ces
deux tribus ne vivent, vu la rigueur du climat, que de chasse et de
])éclic. ICIIes ont, ainsi que nous l'avons dit, conservé dans leur extérieur.
le type tatar ])lus ])ur que les Yakoutes du Léna. La femme
est aussi, chez eux, très-coquette et garnit ses vêtements de différents
ornements et brodei-ies : le long gilet de dra|) (jui soi-t de dessous
le kaftan foun-é est sui'tout i-ichement brodé de fausses perles. Le
vêlement de dessous de ces Yakoutes est pareil à celui des Samoïèdes ;
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