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P E O P L E S DB LA S IBÉRI E ORIENTALE.
est »11 siiigiilici- melange de craiiile et d'adoration de bons et de mauvais
génies. Le dieu bon, Apapel, c'est-à-dire l'ancien, le souverain
maître de toute ia création, est adoré par eux comme l'être parfait par
exeelleiice ; mais ils ont la eonvietion qn'il laisse les lionimes lutter seuls
contre les mauvais génies, en sorte qu'on l'invoqne rarement. Leurs pratiques
religieuses n'ont couséiiuemnient pour but que d'opérer uiie réconciliation
avec les esprits méchants, afin de les empêcher de nuire aux
hommes. De même que les Tchouktchis, les Ivorialts croient à l'existence
d'un démon presque dans cliaqne localité. Des gens particulièrement
doués remplissent l'office de prêtres, de magiciens et do médecins ; leurs
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fonctions s'accomplissent toutes avec des cérémonies semblables à celles
des Toungonses. Ainsi que chez les Tchoulctcbis, le renne joue le principal
rôle dans presque toutes les solenultés des Koriaks. Parmi les
animaux sauvages, le ionp jouit d'une considération particnliére comme
s e r v i t e u r du démon : on n'ose ni le tuer ni même tirer sur lui, et
sa peau est employée à plusieurs usages religieux. Les Koriaks sont
enclins au suicide, qui leur ofl're le moyeu de se soustraire aux maladies
douloureuses et autres calamités dont ils attrilineiit la cause aii.v
mauvais génies, et aussi pour jouir des bénédictions du dieu lion après
leur mort.
KAMTCHADALES.
Les Kamtchadales, habitants primitifs de la presqu'île de Kamtchatka,
sont aiijourcl'lmi sensiblement diminués par la mortalité et l'invasion d'ét
r a n g e r s , surtout de Koriaks et récemment de Lamentes, attirés par les
beaux pilturages de la partie ouest de leur presqu'île. En outre, ils ont
tellement perdu leur caractère primitif par leur fusion avec les Russes
et avec des exilés d'antres nationalités, qu'il ne saurait être question,
en parlant d'eux, d'un peuple d'une nationalité particulière. Ils ont
presque complètement renoncé lî leurs moeurs indigènes qu'ils ont môme
oubliées, sans toutefois s'être entièrement approprié les moeurs russes,
quoiqu'elles soient prédominantes chez eux. L'arrivée des premiers
Russes qui pénétrèrent au Kamtchatka date de la flu du dIx-septIème
siècle et du commencement du dix-huitième ; c'étaient des Kozaks
isolés d'Yakoutsk, qui s'établirent it l'cmbouchure des fleuves Kamtchatka,
Tiglill et Bolchaia (grand fleuve). Ils multiplièrent rapidement
en peu d'années, et, vu la population considérable des indigènes, on inst
a l l a spécialemciit pour le Kamtchatka une administration qni résida
plus tard il rétropavlovsk, sous le commandement immédiat d'un gouverneur
militaire. Depuis la guerre de 1S54, Rétropavlovsk a cessé
d ' ê t r e la capitale de la province (oblast) de Kamtchatka, qui forme ellemême
aujourd'hui uue partie de la province Primorskaïa (riveraine) nouvellement
créée, et dont la capitale est Kikolaïevsk, à l'emboucliure de
l'Amour. Avec la province Primorskaïa fut aussi formée celle d'Amoiirskala,
par suite du traité fait avec la Chine eu ISâS. La Russie doit
l'immense terrain qu'elle acquit par l'effet de ce traité il, l'esprit entreprenant
du gouverneur d'alors de la Sibérie orientale, Monraviev, actuellement
comte d'Aïuourski. Ayant combiné ses plans et basé ses opérations
sur les renseignements et les propositions d'un officier supérieur de marine,
le prudent et énergique Nevelskol, ÎMouraviev entreprit de franchir
l'Amour sur des navires jusqu'à son embouchure. Son audacieuse tentative
réussit. C'est alors qu'il établit, sur la rive gauche du (louve, d'abord
des postes isolés de Kozaks, puis de petites colonies qui s'étendent aujourd'hui
jusque sur la rive droite de l'Onssouri.
L e désir de faire prospérer l'agricnlturc au Kamtchatka, ainsi que la
nécessité d'eu augmenter la population décimée par la petite vérole pendant
le siècle précédent, engagèrent le gonveruement russe à envoyer
dans cette contrée, à diverses époques, des colons des rives du Léna,
qui fondèrent peu à peu de petits villages.
L e Kamtchatka, dont la position géographique il l'extrémité est du
grand continent est la cause de la rigueur du climat sous cette latitude,
]iréseiite, dans la configuration de son sol, des particularités essentiellement
contraires à l'agriculture; la cliaine de moutagues volcaniques qui
t r a v e r s e la presqu'île dans tonte sa longueur en rend le terrain stérile
e t déverse sur la rive orientale d'Iucroyablos masses de nei.ge qui même
en certaines parties du pays, ne fondent jamais. C'est par cette raison
que les vallées de l'ouest et celle du fleuve Kamtchatka, qui jouissent
de la température la plus chaude, sont les seules qui puissent se prêter
à la culture des pommes de terre et de quelques autres légumes; mais
elles sont impropres à celle des céréales, car les gelées nocturnes du
mois d'août détruisent toute végétation. C'est aussi dans ces vallées que
les rennes trouvent sans beaucoup de dilScnltés, sons une faible couche
de neige, les mousses nécessaires à leur nourriture. L'approvisionnement
de foin pour l'hiver y étant fort difficile, l'élève du bétail est peu
productif.
Des 6,000 4mes environ qui habitent le Kamtchatka, à peu près
2,000 seulement sont indigènes, les autres étant Russes. Les Kamtchadales
purs, c'est-à-dire ceux qui, en petit nombre, parlent encore
bien ou mal leur propre langue, doivent être classés parmi les
races générales des habitants primitifs de la Sibérie orientale, quoique
leur extérieur porte une empreinte assez prononcée de race mongole.
Tous sont baptisés et ont adopté simultanément, avec la religion, la langue
et les moeurs russes. D'un caractère doux et hou, d'une constitution
débile, ils sont tombés dans une grande pauvreté par le manque d'Iu-
(histrie, par la negligence avec laquelle Ils exploitent des pêcheries dont
l'abondance les enrichirait, et aussi par leur passion toujours croissante
pour les produits du continent, surtout pour le tabac, le thé et les
étoffes européennes; d'oiî il suit qu'ils sont toujours endettes chez les
marchands qni les trompent. Ces dettes proviennent aussi, en partie,
des prix élevés qu'occasionnait autrefois la difllculté du transport des
denrées de première nécessité, amenées de la Sibérie orientale par le
port d'Aîaue. Pour se faire uue idée des prix de quelques objets de
consommation, il snfSt de savoir qu'en l'année 1843 un poud de farine
de froment coûtait à Pétropavlovsk près de 14 roubles; la farine d'orge,
4 ronbles; le riz, 4 roubles; la chandelle, 20 roubles; le sucre, (iO
ronblès ; une archine d'indienne, de 60 à 90 copecs. Depuis 1S50, l'act
i v i t é dn commerce avec l'Amérique a fait établir d'autres prix, que
f e r a nécessairement tomber à un cliiffi'c encore pins modéré la prise de
possession de l'Amour : ainsi une livre de beurre ne coûtait déjà )ilus,
même avant cette prise de possession, que 29 copecs ; la livre de sucre,
30 copecs ; le pond de riz, 2 roubles ; le poud de farine de froment,'
2 roubles, etc.
Contrairement aux Koriaks et aux Lamoutes pasteurs, qui d'année en
année arrivent en glus grand nombre dans ce pays avec leurs troupeaux,
les Kamtchadales continuent à clierclier dans la pêche et dans
la chasse leur principal moyen de subsistance. Ils mangent d'ailleurs
beaucoup moins de viande de quadrupèdes et d'oiseaux que ces pasteurs,
e t se contentent, la plupart du temps, de poissons et de laitage, peutê
t r e en vue d'économiser la poudre et le plomb et de s'épargner les
fatigues inséparables de la chasse. Les forêts du Kamtchatka sont trèsriches
en animaux de toutes sortes; la chasse anx bêtes à fourrure
est surtout très-prodnctive eu hiver; c'est elle qui fournit aux Indil
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