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PEUPLES OURALO-ALÏAÎQUES.
ESTHONÍENS.
Los Ksthoiiieiis sont les plus anciens liabitants des districts qu'ils occujiciit
cuc'oro iiujounrhui, et vers les ¡iromiers siècles de notre ère ils
s'ôtoudiiieiit bion ])liis loin dans le sud, principalement sur les côtes où
sont restés quekincs derniers débris des Lives.
Du niouicnt où les listhoiiieiis acquirent quelque notoriété, ils furent
cDUsidérés connue tribu essentiellement tchoudo-finiioise, à cause de leui'
liuiguc, de la conformation do leur crâne et de leurs vêtements de couleur
sonibre; et c'est pour cette raison qu'ils reçurent des Russes le
nom de Tclioudes, Tchoukiiontsy (étrangers). Engagés d'abord, à une
époque déjà l'eculée, dans des guerres fréqucJites et sanglantes contre les
Scandinaves, et postérieurement contre les Russes de Novgorod et de
I-olotsk, ils n'en avaient i)as moins avec ces derniers des relations commerciales
très-étendues, ce qui contribua à ouvrir les premières voies
au. christianisnio. Mais l'opinifitre résistance des Estlioniens' à l'introduction
d'un culte nouveau ne put être vaincue que par la violence, loi's
de l'arrivée des conquérants allemands, et le cliristianisme fit des progrès
peu rapides.
C'est de l'apparition de ces conquérants allemands et de ia fondation
de l'ordre des Chevaliers poi'te-glaive (voyez Lettons) que date le développement
vraiment germaiu des tribus estlioniennes subjuguées par
la foi'ce, et ce développement a seul résisté jusqu'à, ce jour ii tous les
bûuleversomeuts politiques; car les conquérants allemands furent et restèrent
toujours exchisivemeiit les maîtres immédiats de ce peuple opprimé.
Dans la Livonio actuelle, les Estlioniens pai'tagèrent les destinées des
Lettons, desquels ils se distinguèrent, dès les premiers temps de la domination
étrangère, par un cai-actère plus rude, mais plus capable do résistance
et plein d'une vigouieuse énergie.
Directement envelop])és dans les luttes continuelles dos seigneurs allcmauds
contre les Lithuaniens et les Russes, leurs voisins et leui's ennemis,
et enlin complètement subjugués en l'année 1327, les Eslhoniens
commencèrent dès cette époque à s'initier aux progrès de la civilisation
allemande, qui se développait par les moeurs de l'aristocratie et de la
bourgeoisie. Ce fut cette civilisation qui, en 1347, refoula entièrement
l'influence danoise, jusque-là victorieuse daus les contrées septentrionales.
Cependant les véritables Estlioniens ou les liabitants des campagnes, opposés,
en ce point, à ceux des villes, ne furent pas esseutie liera eut germanisés,
ainsi que cela ent lieu parmi les Litliuaniens de la Prusse.
Après l'introduction de la réforme de Luther eu Esthouie, ce qui ne
se fit qu'avec beaucoup de difficulté et de lenteur, et quand l'ordre
ïeutouique y eut perdu son imlépendancc politique (,on lôG2), les Estlioniens
échurent d'abord en pai'tagc à la Suède, au Danemark, et, pour
les parties dn sud, à la Pologne, et ensuite à la Suède seule, depuis
1629 jusqn'on 1721, époque à laquelle ils tombèrent sous le sceptre de
lii B^ussie, qui Ic.s gouvenie encore aujourd'hui.
Pendant que la Pologne rendait son pouvoir intolérable en Livonie,
l'Estlionie était dévastée par la guerre et les calamités qu'elle entraîne
il sa suite, et ce ne fut qu'avec des efforts inouïs que les Suédois purent
la défendi-e contre les liasses. Sous la domination suédoise, le prutestautisnic
prit le plus grand essor et anéantit les deiuières traces du catliolicisnie,
bien qu'en réalité les liens politiques avec rAllcmagnc eussent
t^té l'ompus, poui' uc laisser subsister que 'les rappoits de commerce.
Eprouvant le contre-coup de tout changement de règne en Suède, les
provinces esthoniennes n'étaient liées ii. ce pays que pai' une union eu
'liiolquo sorte personuolle, et ce ne fut qu'avec le temps qu'elles pi'ireni
le caractère de provinces suédoises. L'iniUieuco suédoise agissait bieii
plus vigoureusemont en Livonie qu'en Esthouie, parce qu'elle avait à
lioraciner en Livonie les pernicieux eil'ets de l'élément iiolonais. Dans
'l'p d'Oesel, rinlluenco danoise s'était bornée aux affaires ecclésiastiques,
'-a dujilorable situation des paysans, on junir mieux dire, des Estlioniens,
"0 sidiit guère de moditicatioiis pondant tout le temps que dui'a la do-
'imiation suédoise, ce (|u'il l'a ut attribuer principalement aux guerres fré-
'lii^iites qui cui'ont lien. C'est encore il la sollicitude éclairée du gouveriieiuent
russe qu'échut, à cet égard, la tache diflicile de conférer la
•'•'«^l'té itersonnelle aux paysans, dès le commencement du dix-neuvième
siècle, sinon plus tôt, par l'organisation d'une existence libre pour les paysans
feiniiers et poui- les paysans en état do domesticité, sans léseï- les
droits du seigueui' et sans amoindrir sa foi'tune. L'ancienne séparation ('u
lirovinces, et plus encore la division toi-)'itoriale des propi'iétés en Esthouie,
ont assui'é, sons le rapport de la libei-té pei-sonnolle, une moindre pai't
aux paysans esthoniens qu'à leurs frères de la Livonie. Cependant, au
milieu de tons les conflits religieux, le paysan de l'Estlionie a manifest-é
l)lus d'attacliement h sa foi que celui de la Livonie, surtout comparativement
aux Lettons, qui se sont trouvés placés dans les mêmes cii'-
constances. Eu égard à la situation morale du paysan russe et à ses
j-appoi-ts avec son propriétaire, le paysan esthonien est dans une position
plus favoi'able, mais de beaucoup inférieure quant aux avantages matériels.
Un peuple resté fidèle à la simplicité primitive de ses travaux et de
ses moeurs, et qui a su résister ii l'influence absorbante de la civilisation
qui nivelle tout, oft're à l'ethnographe une moisson d'autan( plus
abondante d'observations et de faits intéressants. Cette considérât ion ne
saurait être apiiliquée à aucune branche de la famille tchoudc avec plus
de justesse qu'il celle des Esthoniens, quoique leurs rapiiorts avec d'autres
peuples aient toujours été passifs et plus intimes (|ue ceux de leurs
frères établis au nord du golfe de Finlande. Aussi longtemps que l'Esthonien
labourei'a la terre de ses pères — ce que fait jusqu'à présent la
majeure partie de ce peii|)lo — et qu'il se délassera gaiement, pendant
ses lieui'es de loisir, on écoutant des légendes populaires dans le cercle
aimé de la famille, sa nalionahté restera intacto: mai.s dès qu'il franchira
cette limite il aura fait le premier pas poin- la perdre.
Les Esthoniens, au nombre de 700,000, habitent principalement la
partie septentrionale de ia I.ivonie (410,000) et le gouvernement d'Estlionie
(2G0,000), et on outre quelques petites pai'ties des gonvernemcuts
de Pétersbonrg (10,000), de Pskov (10,000) et de Yiteb,sk (10,000).
L'Estlionien lui-même se nomme A[;i-mees (homme du pay,s) ou Tallopoeg
(fils de la ferme, du domaine, en timiois talo, en liongi'ois telek);
ils appellent leur pays Meïe-ma (notre pays), et se nomment cniX-mCmes
Ma-rahvas (peuple du pays). Leurs voisins les plus rapproches, les Lettons,
les nomment Iggaoïins, peut-être par la raison que les Lettons les
ont chassés des contrées plus méridionales vers le nord, dans leurs habitations
actuelles; mais plus vraisemblablement du nom d'une province
esthonienne voisine du pays des Lettons. Les Finnois les nom mont, surtout
ceux de Réval, Virolaïsets.
Avant l'abolition dn servage — qui eut lieu il y a trente ans, — ils
n'avaient aucun nom de famille; ils empruntaient leurs noms au calendrier
clirétien, ou adoptaient d'anciens noms païens auxquels ils ajoutaient,
])ûur les distinguer, la dénomination de la contrée.
L'extérieur de TEsthonien, de môme que sa langue, annonce son extraction
pure tchonde. L'orbite des yeux est généralement aplati et pour
ainsi dire carré; les mâchoires sont larges et les hanches rétrécies; l'encolure
est faible: en général, le corps est de médiocre stature, mais l'eplet.
Ceux qui habitent les cotes et les îles voisines sont de haute taille et
bien bâtis, ce qui s'explique peut-être par une fusion avec la race scandinave.
Chez tous les individus, les cheveux sont souples, unis et tirant
sur le rouge. La couleur du teint et la conformation du crâne des
Esthoniens rappellent, plus particulièrement que chez leurs voisins septentrionaux,
la race mongole. -
].a langue des Estlioniens est une ramification de l'ancien fiiuiois,
dont elle a consei'vé piesque toutes les particularités, surtout le nianque
de consonnes à côté d'une sui'abondance de voyelles, la combinaison discordante
des voyelles comme diphtongues et trijilitongues, la fle:\ibilité
du mot radical, une absence totale de toute désignation du genre palles
terminaisons, etc, J-^a langue esthonienne se subtlivise en deux dialectes
principaux: l'csthunicii de Réval, en usage dans les contrées septentrionales
et occidentales occupées |)ar ce pcu|)lo. et l'e.'^thonioii de
Dorjiat, dans la partie sud-est. Le premier a consei'vé plus que l'autre
l'empreinte de son origine: toutefois, il est remarquablement ¡irivé de
cette luiimonie des voyelles qui domine dans la plupart des langues
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