
2 ( i P E U P L E S OlUiALO-ALTAÏQUES. P E U P L E S OUUALU-ALTAÏOUES. •27
Quand il y a une iioco, lu Hancoe csl enveloppée dans un graïul voile
b l a n c , et doit fester conclu-c i)ar terre jusqu'il, ce que chaque convive, •
aïKiiie! elle a versé elle-même il Imire, ait vidé son verre.
l;es villages, bien que cmnposés de. mes principales et de mes latér
a l e s , reiil'ermonl,, de même (|iie chez les Tchérémisses, des maisons avec
a c c e s s o i r e s , entièrement clôturées, dont les magasins et les logeuunits
d ' é t é dianient sur la nie, et le corps de logis princii)al sur la cour iiit
é r i e u i ' c . Une gi'aude ¡¡ropreté rè{,nie dans les innisons. Vu le manque
lie hois, le mur de cloture des batiinents est coJistrnit en terre glaise
on on pierres sèches; la mémo cause fait employer fréquemment pour
le clianiîage des briquettes de fmuier séchées au soleil. Les Mordviiies
c u l t i v e n t beaucou]! d'orge, de seigle et d'avoiue, et moins de chanvre et
de lin. Leur richesse principale cousiste en hoenfs, chevaux et moutons.
L e s î lordvines sont honnêtes, laborieux, hospitalioj's, mais d'mi caract
è r e taciturne et iri-itahle. Ils n'ont d'ailleurs ni l'entêtement ui la fermeté
de résolution des Tchérémisses, des ïcliouvachos, des Tatars, etc. Depuis
q u ' i l s se sont rapjirochés des Eusses, ils sont tous chrétiens, au moins
de nom; mais le paganisme et la superstition percent' fortemout travers
l e u r iiouvelle croyance. Ils ont un profond mépris pour les Tcliouynches.
D ' a p r è s la signiHcation actuelle du mot Tatar, il est juste de nommer
.Aloiigols les hordes placées sous l'autorité de Tchinggliis-Khan et de ses
premiers successeurs, et d'appeler Tatars celles de Timoui- (Tamerlan),
ainsi que tous les habitants des Ktats qu'ils ont fondés.
^Nous n'examinerons ici que les pou|des tatars soumis à la Russie, et
nous les diviserons, d'après leurs uationalités, en sept gi'ouiies, savoir:
Les Tchoiivaches;
Los Raclikirs avec les Mechtcliéi'iaks et Tejitiars;
Les Tatars proprement dits ou Tntai-s dans le sens rigoureux du mot.
Nous les classons, d'après leur origine et pour des raisons politiques et
locales, en plusieurs subdivisions indé|iendantcs : eu Nogaïs, en Tatars
de Crimée, Tatars de luthuauie, Tatars d'Astiakhan (ces ti-ois demiei-s
icju-ésentent une assimilation [dus ou moins complète avec les Nogaïs.
11 faut y compi'endre aussi les Tatai-s- du gouvernement de Stavroiiol,
([ui, par la couti'ée qu'ils habitent, fuut pai'tie des Tatars du Caïu'asej.;
en Tatai-s de Kazan et d'Oi'cubourg; Tatars de la Sibéi-ie cl Tulai's
du Caucase;
Les Tui'kmènes;
L e s Khassaks (Xazaks) ou Kirghiz-]vaïssaks (jvii-gliîz de la Petite, de la
Moyenne et de la Grande Horde et de la ilu'
Les Kirghiz ju'opi-emont dits ou Kirghiz
] ; e s Yalcoutes.
i r d e Intérieure ou Houkeiev);
Í I.
TGIKir VACHES,
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M i l Î f Í
i l'', .llli
PEIPLES TATARS.
Les peuples tatars, les habitants les plus nombreux de l'empire de
Russie parmi ceux iiui u'appartiemient- point il la race slave, comptent
5 , 7 0 0 , 0 0 0 âmes. Ils présentent l'élément asiatique développé au plus
h a u t point et tranchant d'une manière frappante avec l'élément européen.
Ces peuples nous offrent le spectacle intéressant d'une nation subdivisée
eu plusieurs ramifications, uon pas toujours homogènes-entre elles, mais
tinissant ponitaut par foi-mer un ensemble compact pai- ruuiformité
des manirs, de la langue et de la religion ( l ' i s l ani i sme ) : d'une nation
q u i , après avoir pOJ'dn depuis longtemps son indépendauce politique, ])0Ssède
encore néanmoins une ténacité et une force interne bien prononc
é e s : aussi n'a-t-elle cessé d'opposer eu toute cii'coustance, muralement
e t matériellemeiit, la plus vive résistance au grand but que poursuit la
R u s s i e , celui d'élever l'Asie septentrionale et centrale il un plus haut
degré de civilisation.
] j e talari.sme forme un monde séparé, concentré poui' ainsi dire dans
son engourdissement; un édifice dont la base est colossale, qui étendait
a u t i ' c f o i s au loin ses vastes ramifications, et qui aujourd'hui tombe en
m i n e s . Les Tatars ne sout pas seulement des peuples nomades, sauvages
e t dévastateuis, ni des hordes guerrières; mais ils ont su s'a.pi)roprieiles
institutiuns des peuples subjugués par eux, et c'est ainsi qu'ils sout
a u j o u r d ' h u i les représentants encore sui-vivants d'une civilisation ¡incicnue
e t eflacée, qui profita jadis de l'influence iranienne, et |dus tard de celle
que TKurope ii son tour vint exercer sur elle.
P a r les formes rigides de rislamisnie et plus encore par l'influence ilu
s y s t è m e rigoureusement féodal, aristocratique (dans le sens asiatique) et
m i l i t a i r e du mongolisme, les tribus turques ou turkestanes, mères de
tous les peuples appelés aujourd'hui Tatars, établirent des principes
c o n s t i t u t i f s de l'Etat et de la famille. Ils étaient fundés sur des bases
s i m p l e s , pratiques, et ayaut quelque ressemblance avec les pi-incipcs et
les ibrmes qui se ti-ouvent aussi, mais jini-ifiés et expliqués, dans I'Imir
o j i e occidentale. Ces jirincipes, pnrenient pi-atiques, avaient rendu le
t a t a r i s m e très-i)uissant et lui avaient assuré une graiule et dui'able inlliieuce
sur les Etats et les ¡icuples soumis, surtout dans le Caucase et
même en Russie. C'étaient là des bases inqiosantes, mais auxquelles
manquait évidemment le germe fécond d'un développemejit progressif.
Telle est la cause de la chute du tatarisme ; tout y est préparé et réglé
d ' a v a n c e : il u'y a lii ni progrès, ni amélioi'atiou, ui changement possible.
Cet cditice toutefois se soutint assez longtemps, parce que les matériaux
en étaient solides; mais des brèches de jour eu joui- ])his nombreuses
e t plus larges qui ne pouvaient être réparées, hâtèrent le moment oii il
dut s'écrouler.
Comme on a extrêmement abusé du nom de Tatar, dont on se sert
même encore aujourd'liui en Europe pour désigner collectivement un cert
a i n nombre de peuples qui ne reconnaissent ])as cette souche et ne pi'ét
e n d e n t nullement ii on faire partie, nous parlerons avec quelques détails
d e l'origine de ce nom. '
Sous la dénomination de i)cuples tatars nous comprenons tous les ])cuplos
e t tontes les tribus de nationalité ])ure ou mélangée, qui tirent leur origine
de l'ouest de l'Asie centrale (du Turkestan oriental et occidental),
iu)tamraent d'un jienple qui occupait tout le pays compris entre la mer
Caspienne et le plateau de l'Asie centrale, et qui s'étendait presque
j u s q u ' a u Koukounor (apiielé eu mongol Kukie-noor, c'est-à-dire lac bleu).
Ce peuple, qui depuis des milliers d'années n'a réellement pas clumgé
de résidence, se divisa en diverses ])euplades sédentaires et nomades,
p a r l a n t la langue turque (dont le tui-c européen n'est qu'un dialecte),
q u i , ))our la plus grande partie, se convertirent à l'islamisme après
T c h i u g g l i i s - K l i a n . mais ne portèrent jamais une dénomination commune.
L e s Osmanlis et les Yakoutes, formant les deux pôles de toute la race, uc
s ' a p p e l l e n t |ias Tatars. L'islamisme n'a pas pénétré chez les Yakoutes ni
chez certaines petites ti-ibns de la Sibérie.
De ce peuple très-ancien se détacha ])robablemeut, il y a quelques
m i l l i e r s d';xnnées, pour se diriger vers le nord-est, un auti'e peuple, les
Mongols (il ne faut pas mettre en doute l'afiinité des Turcs avec les
Mongols; c'est un fait dont on ])eut s'assurer en ajiprofondissant les langues
des deux peuples). Ce sont les Mongols (voir le commencement de
l ' a r t i c l e Peuples mongols) qui conquii-ent, iiar la suite, sous le commandement
de Tchingghis-Khan, les tribus turques ou les obligèrent en partie
à abandonnoi' leurs anciens établissements et à se diriger vers l'ouest.
Une tribu pi'incipale de ces conquérants, qui doit avoir formé l'avanlg
a r d e de leurs armées, et à laquelle ajqiartenait aussi la dyna-stie des
p r i n c e s mongols, s'a]ipelait Tatar; cette dénomination, dans le moyenâ
g e , jjassa <le l'Asie occidentale et de l'Eui'ope aux ti'ibus tui'ques qui
m a r c h a i e n t avec les Mongols et combattaient sous les ordres de leurs
c h e f s ; elle se conserva d'une façon singulièi-e chez les peuples de l'occid
e n t , tauflifi qu'elle se perdit de nouveau dans i'Oi-ient.
Dans les armées de Tchingghis-Kh. 'in, de Jiatou-Klian et des autres chefs,
s e trouvait un très-grand ntimbre de tribus tui-ques; et connue elles avaient
é t é jus(iue-h\ pour la j)lupart sédentaires, qu'elles s'étaient occupées d'agric
u l t u r e et étaient plus civilisées ([ue les autres, elles avaient obtenu une
in-épondéraucc décisive sur les hordes mongoles de l'ouest. Bientôt après
l'occupation du ti'one chinois par Khouhilaï (12C0), le colossal enii)irc
mongol fut divisé en plusieurs JCtats indépendants; les Mongols tatarisés
qui- demeuraient sur les bords du Volga ne manquèrent pas non plus de
s e déclarer indé])eiulants, a|)rès s'être faits maliométans, les uns par les
raisons que nous venons d'indiquer, les aiiti'es en contractant des maiiages
avec des femmes turques, plus jolies, ]dus soigneuses et pins civilisées
que les femmes mongoles. Ce cliangeinent eut aussi lieu dans d'autres
k l i a n a t s mongols de l'Asie (en Perse et au Tchagataï). L'élément turc
ne tarda ])as à engloutir dans ces khanats l'élément mongol, sans tontc-
Les Tchouvaches, au nombre de 070,000 âmes, habitent par masses
compactes les gouvernements de Kazan (400,000), de Simbirsk (125,000),
de Samara (70,000), d'Crenbourg (40,000), de Sai'atov (20,000) et dé Perm
(15,000), et forment un cui'ioux mélange des deux éléments tatar et finnois.
Les Tchouvaches (qui sont peut-être les anciens Rulgars du Volga)
forment, ])onr ainsi dire, la transition des peuples finnois aux peuples
t a t a r s , des Finnois du Volga aux Bachkirs. Quoique l'extéi'ieur des Tchouvaches
dilfère essentiellement de celui des Tatars, ils appaitiennent
a u j o u r d ' h u i à ces derniers, surtout par la langue, dont non-seulement la
syntaxe, mais, ce qui est plus significatif encore, toutes les foi m e s grammaticales
sout tatares.
L e Tchonvache est inaigre, mince, bloml, beaucoup plus ])etit et il'un
teint plus foncé ((ue le Tatar. Naturellement timide et craintif, il se retire
devant le Russe, dont il n'apprend qu'imparfaitement la langue. J.es
t c h o u v a c h e s s'habillent pi-esque complètement à la russe; seulement ils
entourent leurs jambes, au-dessous dos genoux, de bandelettes bariolées,
de telle façon qu'on peut reconnaître de que! district le Tclioiivaclie est
o r i g i n a i r e , ainsi que cela se voit chez les Finnois du groupe occidental,
notamment pour les habitants de l'île d'Oesel. Les femmes ont un costume
p a r t i c u l i e r qui n'est, en été, qu'une chemise descendant jusqu'aux genoux,
avec des sabots d'écorce pareils il ceux des hommes. Comme eux aussi
elles s'enveloppent les jambes, mais de bandes plus nombreuses; car plus
ses jambes sont grosses, plus la femme tchouvache se croit belle. Elles
portent aussi des pièces de monnaies d'argent en guise d'ornement, uonseulement
dans leurs coiffures, attachées à des rubans qui descendent
d e r r i è r e les oreilles, mais pi'incii)alement sur un morceau de cuir placé
sur la poitrine et'suspendu au cou; le rebord extérieur de ce plastiuu
est garni de i)etites monnaies d'ai'gent très-serrées, et on ne le détache
j a m a i s , même pendant la nuit. C'est ainsi que, malgré la variété des
moyens eni])loyés par les femmes de diverses nations pour attirei- et captiver
les hommes, leur coquetterie se manifeste même chez les sauvaçes les
plus abrutis de la Sibérie, par l'orneineutation de leur costume, qui ne
consiste souvent qu'en peaux de bêtes. Les femmes tcliouvaclies portent sur
la tête — excepté pendant l'été — un bandage blanc dont l'tmilet refombe
sur les épaules. Cette eoiiVurc leur sert les fêtes comme les j o u r s oi dinaii es,
et ce n'est qu' à l'occasion de solennités particulières, telles qu'un mariage
ou toute antre cérémonie, que les jeu
à pui'dessus blanc sur les é|iaules,
élargie au sonuuet et garnie tout
es iille^ portent une robe plus ample,
• nue coiiVure de forme cylindrique
iitour de ])etites monnaies d'argent.
La religion des Tcliouvaclies, baptisés généralement depuis 174-3, à
l ' e x c e p t i o n de (|uclqnes milliers, purte encore des trace.s de paganisme
e t de nialioniétisme. lU fm-ent d'aboi'd soumis aux Tatars, qui uc parv
i n r e n t cependant pas à leur imposer leur religion, circonstance remarq
u a b l e ; car la majorité des tribus tatares professe l'islamisme. -- Sous
c e rappoit les Vakoutes font exception. — Toutefois, les usages tatai'S
s e sont insensiblement introduits dans la religion et les moeurs des
T c h o u v a c h e s : et depuis qu'on a étudié ce peuple, on a remarqué que
sa langue était d'origine iatare. La mythologie des Tchouvaches admet
l ' e x i s t e n c e d'un être bionfaisaut et d'un être malfaisant, qui tous deux
régi.<;sent l'univers; chacun de ces génies commande à un certain nombre
de dieux subalternes (|ui remplissent diverses charges dans le gouvernement
du monde, et auxquels on immole des animaux, en accompagnant
ces sacrifices de cérémonies très-singulières.
Les Tchouvache-; ont aimé de tout teni|)s à s'établir dans des lieux
é c a r t é s , au uiilieii des forets et près des précipices, afin d'éviter rapproche
des étrangers. Aujourd'hui niéine encore ils se l'etirent de ]n-éf
é r e n c e dans les bois et évitent autant que possible toute relation avec
les autres houimes.
Ils ne ténujiguent d'intérêt que pour les objets matériels et se résignent
facilement à leur sort. Leurs chants sont simples et naturels.
M a l g r é la fécondité naturelle de leurs champs, les Tchouvaches ne sont
que de médiocres agriculteurs, f.a situation misérable des paysans et le
mauvais état des liabitatious offrent un contraste frappant avec la fertil
i t é du sol. Jia cause en est principalement dans le caractère insouciant
des habitants, qui cultivent la terre avec beaucou)) de négligence, en
s o r t e que les mauvaises l'écoltes ne sont ])as rares. On fait sécher le
blé coupé non loin des maisons, d'une manière foi't simple, mais assez
diiugereuse : on le place sur des pei'ches posées en forme de cônes, audessus
d'un fossé da.u> lequel on allume du feu.
Les feimes des Tchouvaches lessemblent en général à celles des
T c h é r â m i s s e s , sauf que le bâtiment d'habitation se trouve isolé au milieu
de la cour et présente une apjjarence et une organisation toutes difl'él
e n t e s . Du cêté de la fa^-ade, un escalier couvert conduit dans les chamb
r e s supérieures; le rez-de-chaussée est occupé pai-le bétail. ].,es portes
d e la uiaisou et de la cour sont constamment tournées vers l'orient. J.a
maison est faite en ])ontres. Ces habitations sont moins pi'opi'es que
cliez les Tchérémisses.
BAClIKlRiS, MECIITOIIÉRIAKS, TEPTIARS,
fois se iiKKlifier essentielle
formée de ces deux élémenti
nom de Tatars qui n'ajiparti
r e n t ; mais eu Enrop
, et iilus tard aiiss:
lit proprement et (
appela la nation
ses nomlireiix débris, du
I p a r t i e a u x Mongols.
Les Bachki rs, au uouibre de (ÎOO.OOO ;nnes, habitent les gouvernements
d ' O r e n b o n r g (500,000), do Perni (()0,i)00), et certaines parties des gouvornements
do Samara (25,000) et de Viatica (15,000). Ils fiu'uuuit un
mélange ¡iresque compact avec les Mechtcliériaks, dont la poi)ulation se
monte à 125,000 âmes, et qui résident dans les gouvei-nenients de Perni,
de Samara, de Penza, et lu-incipaleineut dans celui d'Orenbonrg; les
Hachkirs et les Mechtcliériaks sont soumis aux mêmes règlements et divisions
administratives et composent communément une troupe organisée
dont le service est analogue à celui des Kozaks. Sous le rapimrt adminis
t r a t i f et militaire, cette troupe est répart i e en vingt-huit cantonnements.
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