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P E U P L E S INDO-EUROPÉENS.
lie I'aiicicii iillcmand, qui a subi divers cliaiigeineiits par suite des noinlireiises
uiiffi-.atious auxquelles les Juifs furent obligés, ou sorte que beaucoup
de mots cl; de locutious apparteuaut aux dialectes des siècles passés
se sont introduits dans lu langue. Cotte langue vulgaire juive manqne
absoiiMuent de graminairCj et sa coustructiou est si embarrassée, sa prononciation
si insupportable, (|uc tous les Juifs éclairés s'effoi'ccut d'y
substituer le russe, le polonais ou l'allemand pur. Cet allemand juif n'est
pas parlé partout nniforménicnt ; en Pologne et eu Volhynie, l'accent en
est plus sonore et ])lus agréable; en Litliuanic, dans la Riissic-Blanche
et la Petile-Ilussic, il est faible et rude. La ditférence principale consiste
dans la prononciation particulière des voyelles. J.e Juif allemand
possède une écriture i\ pai't, nommée allemand de femme; les lettres ont
la niônie forme cursive que l'hébi'cu.
i ' a r m i les deux millions et plus de Juifs talniudistes qui habitent
l'empire russe, 600,000 résident dans le royaume de Pologne, ]95,000
en Podolie, 225,000 dans le gouvernement de Kiev; on en compte en
Volliynic 188,000; dans les gouvernements de Kovno, 114,700; de
Grodno, 95,500; de Minsk, 07,500; de Moliilev , 103,000; de Vilna,
7 5 , 5 0 0 ; en ]3cssarabie, G5,500 ; dans le gouvernement de Klierson,
00,500; h Vitebsk, 62,500; ti Tcliernigov, 30,000; Poltava, 25,500;
en Courlande , 22,500; ii Yékaterinoslav, 13,000; en Tauride, 4,000;
i\ Pétersbourg, 2,000 ; et quelques-uns encore dans d'autres contrées,
par exemple 800 en Livonie ; à Moscou, GOO ; il Toula, 500; h Perm,
3 5 0 ; il Nijni-Novgorod, 300; à Yaroslav, 250; à Astrakhan, 250; à
Arlchaugel, 200: ii Novgorod, 200; à Olonetz, 200; it Viatka, 200 ; il
Kaloiiga, 150, etc. T1 y en a aussi 7,000 en Sibérie, et jusqu'à 11,000
dans les contrées caucasiennes, surtout dans la Transcaucasie et aux
environs do la mer Caspienne.
Les données suivantes concernant les Juifs du royaume de Pologne,
l)ubliécs par le Dziennik Powszecliny et reproduites par le Journal de
St-Pélersbourg, paraissent avoir un iiitérét spécial qui nous engage il
les consigner ici :
< L e nombre des Juifs constitue presque le huitième du total de ta
population du royaume de Pologne. La population israélite se midtiplie
environ deux fois et demie plus l'apidemcnt que la-population chrétieiuie,
si elle continue jt"s'accroître dans la mémo proportion, elle égalera dans
cent vingt ans la population catholique. Sur chaque mille de la population
chrétienne dans le royaume de Pologne, il en revient ii Varsovie
(161,000 habitants) 28, et de la population israélite (il y a plus de
42,000 Juifs il Varsovie) 72, c'est-iVdire que presque la quatorzième
p a r t i e de toute la population Israélite liabite la capitale du royaume, et
dans le moment actuel, elle constitue plus d'iin quart du nombre des
habitants de Varsovie. L'accroissement de la population israélite en Pologne
est surtout remarquable dans les villes, où elle compte plus de
500,000 individus. >
Les deux centres principaux ou capitales des Juifs en Russie sont
Berdytchev en Volhynie et Cliklov dans le gouvernement de Molnlev.
Aucune ville de l'empire n'offre un aspect aussi gigantesque d'activité
mercantile et de cupidité industrielle que Berdytchev, dont le nom
seul suffit pour faire éclater parmi les Juifs l'orgueil et la joie.
TALMUDiSTRS Or PxABBlNlSTES.
L a fraction des Juifs désignée sous le nom de talmudistes, talmoudistcs
(misnaghids) ou de rabbiuistes constitue présentement la majorité du peuple ;
elle en formait la presque totalité lorsque récemment les kabbalistes se
sont révélés au sein de la nationalité juive; car il n'y avait alors, outre
les rabbinistes, que les Karaïmes peu nombreux et quelque débris des
anciens liiblistes répandus sur différents points de l'Asie. Ainsi l'histoire
du peuple hébreu, depuis l'époque de sa dispersion, n'est autre chose
que l'histoire des rabbinistes, connus aussi sous le nom de talmudistes,
parce que, outre l'Ancien Testament, ils suivent de plus la doctrine conteiuic
dans un recueil de ])réccptes religieux et juridiques qu'on nomme
le Talmud. Le nom do rabbiuistes, c'est-à-dire gens qui suivent les prescriptions
des labbius, leur a été donné à cause de l'autorité illimitée dont
jouissent parmi eux les législateurs appelés rabbanes ou rabliins. Au reste,
les Juifs partisans de cette doclriuc n'acceptent pas cette dénomination de
rabbinistes, précisément parce qu'elle désigne en quelque sorte une secte.
Ou reproche au Talmud, et ce n'est peut-être pas sans raison, d'avoir
suscité chez les Juifs l'orgueil, le fanatisme, une sorte de haine pour
les autres nations, et de contenir une foule de puérilités, de superstitions
et des prescriptions contraires îi une saine morale. Chez les écrivains
rabbinistes qui plus tard ont traite de la doctrine du Talmud et
qui ont commenté l'JEcriture sainte, ces ira])crfcctions et ces erreurs sont
encore plus nombi'euses et plus saillantes. Le talmudismc a natui'cllement
une grande valeur pour les Juifs, parce qu'il maintint pendant longtemps
leur foi et leur nationalité, en faisant briller sans cesse à leurs
yeux l'espérance inaltérable d'un glorieux avenir. Dispersés sur toute la
surface du globe, partout méprisés, détestés, opprimés et persécutés,
les Juifs, malgré la perte de leur langue nationale, se sont maintenus
J u i f s , et partout ils sont restés frères, unis par les mémos intérêts, les
mêmes croyances, le même espoir et la même manière d'envisager
rexistenco. C'est au talmudismc qu'il faut indubitablement attribuer ce
r é s u l t a t , car les Juifs des autres confessions ont perdu leur type national
: les Karaïmes en Europe sont il peu pi'ès devenus Tatars ; les
débris des anciens biblistes en Arabie sont aujourd'hui entièrement Bédouins;
en Chine ils sont devenus Cliinois, et en Abyssinie ils ne se
distinguent presque en aucune façon des indigènes. Mais le talmudismc,
en conservant chez les Juifs l'élément national, supprima en général
l'élément humanitaire et les priva ainsi de la sympathie des autres nations
; il fit d'eux des parias volontaires parmi les autres peuples, des
proscrits du banquet commun auquel sont venues s'asseoir les nations
régénérées par le christianisme; il abaissa leur dignité morale, les habitua
b. la soif du gain, à la servilité, à l'hypocrisie, à la lâcheté; leur
ferma souvent la voie du développement rationnel, les retint plongés
dans la grossièreté, enchaîna leur libre arbitre et anéantit en eux toute
tendance vers le progrès intellectuel et moral.
C'est dans le douzième siècle qu'il est pour la première fois question
des Juifs dans rancienne Russie. Nous les trouvons alors à Kiev, ou
ils habitaient une rue entière, se livrant l'usure, leur penchant favori.
Ils s'établirent plus tard en Pologne et y parurent dès le commencement
en grand nombre, ce qu'il faut attribuer aux persécutions qu'ils souff
r i r e n t en Perse et plus tard dans l'empire byzantin, mais surtout au
fanatisme religieux qui i)rovoqua en Occident les croisades, ii la suite
desquelles les Juifs cherchèrent en masse un refuge dans le royaume do
Pologne et dans l'ouest de la Ru.ssie. Les privilèges importants que leur
accorda Casimir le Grand les attirèrent de plus en plus en Pologne, et
c'est dans ce pays que vint aussi s'établir une grande partie des Juifs
expulsés de l'iilspagne et du Portugal.
E n Russie, les talmudistes font leui's prières suivant le rit allemand;
les khassids se conforment au ]-it portugais, ce qui tient naturellement
aux diverses contrées d'où les Juifs soi'tireut pour pénétrer dans la
Russie occidentale. Ces nouveaux venus apportèi'cnt avec eux la doct
r i n e rabbinique ; puis ils fondèrent partout des écoles où la jeunesse
hébraïque affluait en grand nombre, même des pays éti'angers. Les doctrines
talmudistes y l'cçurcut une direction toute nouvelle, et depuis
cette époque les Juifs d'Allemagne, de Hollande et do France firent
venir des rabbins et dos précepteui'S sortis des écoles fondées aux rivages
du Dniepr et de la Vistule.
Dans la seconde moitié du siècle dernier, et au moment mémo oii
le talmudismc était, en Allemagne, l'ubjet de la plus grande vénération,
il se vit attaqué, d'abord faiblement, puis iuscnsiblement avec plus de
force, et enfin avec une telle violence que sa base en fut ébranlée. A
dater de cette époque, sa cliute est devenue de plus en plus inévitable.
Cet ébranlement de rédifice deux fois millénaire du talmudismc, fpn
avait subsisté jusque-là sans aucune atteinte, au milieu des plus terribles
tempêtes dont les impuissants assauts n'avaient fait (¡uc constater sa
solidité, ne touche pas seulement les rabbinistes, mais peut être aussi
considéré comme uu pliénomène d'un intéi'êt tout humanitaire. Cette
derDière période du talmudismc est une période de transformation et
annonce le retour au mosaïsme primitif.
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