
í !
P l i U I ' L E S DU L'A M È R I O U I! R U S S li.
I !• '
' ¡ i l
, i'ii
liliis i)ar une bonne incinoirc o(, une imagination assez vive, les Aléoufes
n e peuvent niitnfcllcnient pas ótre mis en pai-iillèle avec tes peuples ijui
e o n i p t c n t tiéjà plusieurs généi-atioiis de dévelo])pemciit inlellecfne! ; ils sont
e n c o r e en général placés il un degi'ê très-inférieur de civilisation, bien
q u e supérieurs pourtant aux Koloehcs; oo qu'il faut sans doute attribuer
on ])artie aux influences locales. Les créoles sont d'ailleni's beancoup mieux
d o u é s (jiic les Aléoutes de race pure, dont le nonilire est l'elalivement
t n \ s - r c s t r e i n t , par suite du pcncliant ])rononcé qui |ioi'te les femmes à
s ' u i n ' r aux lUisses. Ce n'est que dans des cas excoi)tionncls (|ue l'on ])eut
r e p r o c h e r aux Aléoutes de se livrer au vol, car ils se montrent iiabituell
e m c i i t satisfaits do leur sort et savent snppoi-tcr mémo une exti'éme pén
u r i e , avec leur patience et leur résignation accoutumées, et sont vraim
e n t tro]) insouciants et troj) paresseux ])our s'inqniétei' même du leiulei
n a i n . Leur coeur est sensible à la douleur et à la joie, mais il n'en laisse
j a m a i s rien paraître au deliors; de sorte i|uc leurs |ieines no les pouss
e n t jamais au désespoii'. C'est ¡"i ces mémos causes (|u'il faut attribuer
l e u r simplicité, leur frugalité et leur indîHerence dans la prospérité : aussi
u e remarqiie-t-nn cliez eux aucun sentiment d'envie dans leurs relations
n u i t é r i e l l e s ou morales. La chasse au castoi- elle-même est plutôt pour
e u x un objet do plaisir qu'un liioyen de satisfaire leur cupidité. La prob
i t é des Aléoutes, leui- désir de la gloire, i'amour paternel et la iiiété
l i l i a l e sont pousses (|uehjuof(>is cliez eux un tel degi'é qu'il n'est donné
q u ' à des iiatures d'élite d'éprouvei' do ])areils sent iments : et néanmoins ils
m e t t e n t une certaine l'otenue dans la manifestation extéi-ieui'C de leur
t e n d r e s s e pour leurs femmes et leurs enfants, et,se contentent de l'action
e t du l'égard poui- témoigner des sentiments ([ui les animent. l.es
A l é o u t e s ne sont ¡las liatteurs et ne promet tent pas aisément; mais quand
il s'agit d'accompli!• une pi'omessc, ils sont scrupuleux ohservateni's de leui'
l i a r o l e jusqu'il la minutie. On- les ti'ouve aussi très-i-ecomiaissants des
b i e n f a i t s qu'ils ont reçus. Habituellement 'silencieux, ils on!, une exiréme
r é p u g n a n c e pour les dissensions et les (|ucrelles; ils abhoi-rent le mens
o n g e , sont discrets, réservés et soumis, sans être cependant exempts d'une
c e r t a i n e susceptibilité, sniiout si on leur adresse quoique i)ai'ole blessante.
L ' A l é o u t e est bospiialier et pai'tage volontie)'s sa dei'uière ressource avec
s e s semblables dans le besoin. De même que tous les jieuples de la Sibérie,
il a contraclé l'habitude du tabac et de l'eau-de-vie ; mais dans l'ivresse
même, son caractère jiacifique ne se dément point. Simple et rude de formes,
les usages de convention lui sunt restés étrangers; mais il possède
u n e sorte de pudeur instinctive (|ue n'a pu détruii'o son penchant à la
s e n s u a l i t é , augmenté encore jiar ses i'a|i|)orts avec les TJusses, et qui par
a i t toutefois pci'dre de joui' en joui' un peu de sa foi'ce. Kn général,
le contact avec les Kuro]iéens a beaurou|i contribué Ì) effacei' les vertus
u a t u r e l l e s des Aléoutes et ii altérer les bons côtés de leur caractère;
mais, par contre, bien des faibles.ses et des vices même ont diminué d'int
e n s i t é on cessé tout 'h fiiit, tels (|uc le désii- de la vengeance et sui--
t o u t la malpropreté universelle dans l'intérieur des habitations et dans la
p r é p a r a t i o n des aliments.
•
- j
I <
ESKLmS.
i I '
r i
Ce groupe de peuplades, uvee leurs idiomes variés, habite le long de
l a côte, à partii- du point le plus reculé vers le nord-est jusqu'au fleuve
d e Cuivre, et n'est interrompu que sur la baie de Kénaï ou de Cook, par
l e s Kénaïens proprement dits. Ces derniers, en leur qualité de rejetons de
l a race thuaïna ou ttinaï, appartiennent à la famille, des Atapaskas , qui
p a r l e n t une autre langue. Les Eskimos habitent aussi l'intérieur septent
r i o n a l du pays et s'étendent en même temps sur les iles rapprochées de
l a côte, surtout sur celle de Kadiak. Nous nous occuperons principalem
e n t ici des liabilants de Kadiak ou des K'adiaks i)r<)])rement dits, parce
cpie, de toutes ces tribus éparses, c'est celle qui est depuis le plus longt
e m p s soumise i\ la souverainet é russe; nous analyserons ensuite les autres
le plus succinctement po.ssible, dans l'ordre où la nature les a placées,
en allant du sud au nord et en cinninençant par les 'rchougatclies.
L a tribu (|ui comprend aujourd'hui les K'adiaks proprement dits on
l e s Aléoutes de Kadiak, jadis c(mnus sous le nom de Koniaglies. habite
l'ilo de Kadiak (autrefois Kikhtak, c'est-à-dire la grande île) et trois
I l o t s voisins, neaucoiq) plus nombi'euse avant l'arrivée des lîusses, elle
e s t réduite aujourd'hui à 1,500 âmes,
L e s Kadiaks se rapprochent déji'i beaucoup de la race indienne on amér
i c a i n e , en opposition avec celles du nord-est de l'Asie, et ils u'oiit dans
l e u r extérieur que iieu ou même point do ressentbhiuce avec les lOskimos,
— probablement ])Ar suite do leur croisement, avec des tribus
i n d i e n n e s , qui a eiïacé chez eux le l.ype a-siati(|ue dans la conformation
d u visage (>t du cor]is, ne leur laissant (pie le langage comme signe
d i s t i n c t i f de leur origine. Les Kadiaks se distinguent (loue par (¡uehiues
p a r t i c u l a r i lés caractéristiques des deux autres |iriuci|>au.\ groupes d'Kskimos,
dans le sens le plus étendu du mot. habitant les ])ossessions de
l a Compagni e russe-américaine, à. savoi r : des tribus (indiennes';') thmiïna
iiu ttinaï dans l'intérieur, et nommémenl des Aléoutes, voisins de l'ouest;
ils sont d'une stature plus élevée, la couleur de leur visage et de leur
l u ' an est brumUre, iircsque cuivrée, ce ((ui tient probahlement k leur
g e n r e de vie: ils ont le visage gras et aplati, de petits yeux noirs,
des pommettes peu saillantes et des dent.s éblouissantes de biancheur.
Hommes et femmes portent maintenant à reuropéenne leurs cheveux jad
i s longs, enduits d'huile de morue, de poudre rouge, et parsemés de plum
a g e d'oiseaux; de ces divers moyens cosmétiques, l'huile de morue est
le seul qui se soit conservé. Autrefois le visage était mutilé |)ar le perc
e m e n t des narines, de la lèvre inférieure ci du rebord extéi'ieur de l'or
e i l l e , ainsi préparés pour recevoir divers ornements; mais à présent les
n a r i n e s seules sont percées chez quelques hommes, sans doute en souven
i r des anciennes habitudes plutôt que dans l'intention d'y |dacer cert
a i n s ornements singuliers dont l'usage a complètement disparu. Quelques
l e m m e s âgées se tatouent encore le menton, usage naguère général et qui
s ' é t e n d a i t alors nou-senlement au visage, mais aussi à la poitrine. Les
n o u v e a u x mariés se tatouaient même les mains et une partie du corps,
comme indice d'un amour extrême, et l'emploi de procédés tout partic
u l i e r s rendait indélébile cette singulière marque de coquetterie.
Sauf qnehiues rares exce])tions, l'ancien costume national s'est conservé
j u s ( | u ' i i nos jours, surtout au dehors; mais dans l'intérieur des habitations,
les indigènes iiortent le plus souvent des chemises; les foinmes, des robes
d ' i m i i e u n e , et les lionimes, des pantalons et des vestes. Le vêtement le
¡lins usité pour les deux sexes est la parka et la kamiéika, ainsi a])pel
é e s par les Ru.sses, (|ui ont importé cette dénomination de la Sibérie,
Ces deux espèces d'iiabillenumts se confectionnent avec les mêmes matér
i a u x (|ue eiiez les Aléoutes; ])our les orner, on emploie aujourd'hui de
la laine rouge et des bandelettes de drap. Les Kadiaks ont adopté poui'
coitVure la casquette eurii¡)éenne à visière; (iiiant au clia])eau tressé de
r a c i n e s et si singulièi'emenf. bariolé de diverses couleurs, il n'est ¡iliis
e m p l o y é (|ue pnur les courses en baïdars. Les bottes en cuir de pli0(|ue,
il semelles de iieau de baleine, ne sont en usage que depuis l'arrivée des
l i u s s e s ,
f ! ''