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s e n t i r ; mais la moisson dépend de la température du mois de mai, car
s'il n'y a pas de pluie dans le courant de ce mois, tout dépérit aux
champs. L'état de l'atmosphère n'offre pas, en hiver, plus de certitude
et de stabilité. Parfois les dernières gelées ont lieu au mois de mars,
d ' a u t r e s fois elles se prolongent jusqu'en mai, et souvent alors il suflit
d ' u n e seule nuit pour anéantir les espérances fondées sur la plus opul
e n t e floraison. Mais ce'qui, dans la région des steppes, remplit le cccur
d ' é p o u v a n t e , ce sont les orages d'été, qui s'élèvent ordinairement avec
l a violence de tempêtes, et qui, par la grêle et la furie de l'ouragan,
d é t r u i s e n t les fruits des arhres et toutes les productions dos champs.
L a grande ditférence qui existe entre la température d'été et celle d'hiv
e r exerce non-seulement dans cette zone \nie influence pernicieuse sur
l a cultui'c du sol, mais aussi sur la principale branche d'alimentation,
l ' é l è v e des bestiaux. Parfois le bét<ail peut paître presque durant tout
r i i i v e r en pleine steppe ; d'autres fois .ont doit le nourrir pendant des
mois entiers sous des hangars ouverts. Ce qui est plus pernicieux encore
que les variations de la température dans la steppe, c'est l'effrayante
i n é g a l i t é de la quantité de neige et de pluie qui tombe en Russie. Le climat
de l'intérieur est presque sec. Même fi S t -Pé t e r s b o n r g, ville entourée
p o u r ainsi dire de tous côtés de masses d'eau considérables, la quantité
d e pluie et de neige ne s'élève que de peu au deîfi do ce qu'elle est
en général dans le reste de la Russie d'Europe, où cette quantité n'est
évaluée qu'il 15 pouces. Mais dans les steppes du midi de la Russie,
elle est de beaucoup moindre, et il y tombe rarement de !a pluie dans
le courant de l'été, parfois même pas une seule goutte. Des étés aussi
.secs occasionnent alors de ces phénomènes qu'on s'attendrait à ne voir
q u ' a u désert, et causent les plus grands ravages parmi les troupeaux
p a r de dangereuses épidémies; tandis que, d'un autre côté, des pluies
t o r r e u t i c i l c s de quoique durée qui surviennent parfois sont encore plus
p e r n i c i e u s e s au bétail et h la végétation que les modifications qu'elles
e n t r a î n e n t dans la conformation du sol. Dans la steppe, l'automne est la
plus belle saisou ; car l'hiver, avec les dangers particuliers qu'il fait
n a î t r e , exerce sur les hommes et sur les animaux une influence dévast
a t r i c e . Lorsque, après ime forte neige, le vent souffle soudain avec une
i r i ' é s i s t i b l e violence du nord ou du nord-est, et produit ce terrible phénomène
des steppes connu et redoute de tout habitant de ces contrées
sous le nom de bouran, la température marque souvent jusqu'à 28" R.
au-dessous de zéro et rend la tempête qui l'accompagne d'autant plus
i n t o l é r a b l e .
Si l'on considère la situation topographique de la Russie d'Europe,
ou voit que l'immense plaine qu'elle forme ne se trouve coupée que par
deux ramifications de collines peu remarquables, dans la direction de
l ' e s t - n o r d - e s t et de l'est-sud-est. Ces collines, en forme de plateau, don-
. neut un aspect plus pittoresque aux paysages de l'ouest qu'à ceux de
l ' e s t , et leur direction est indiquée par le changement subit du cours
normal des grands fleuves. La disposition des grands cours d'eau a touj
o u r s été et est encore aujourd'hui, pour le développement des Russes,
d ' u n e conséquence plus immédiate que les élévations de terrain.
L ' i m p o r t a n c e des fleuves et des rivières a été augmentée et soutenue
d ' a b o r d par divers systèmes de canaux, malheureusement en trop petit
n o m b r e , puis par l'entreprise toute récente de l'immense réseau"de chemins
de fer qui doit s'étendre sur toute la Russie, ouvrir au commerce
r u s s e la voie du progrès, au pays une ère de prospérité, aux rappoi-ts
a d m i n i s t r a t i f s et politiques des avantages matériels et intellectuels qui
s e propageront ainsi sur tous les points de l'empire, en rayonnant du
c e n t r e h la circonférence. Afin de donner plus d'efficacité aux chemins
d e fer, il faudrait, en général, maintenir en meilleur état les voies de
communication déjà existantes et en créer de nouvelles, notamment aup
r è s des fleuves, qui, dans le nord, restent pendant un long espace de
t e m p s recouverts de glace; ce serait un moyen excellent de rendre à
la circulation les riches productions de tant de contrées fertiles de la
ÏLussie, en en faisant profiter le pays d'abord, puis le commerce par
l ' e x p o r t a t i o n à l'étranger des produits excédant la consommation. C'est
en effet la difficulté des communications qui rend cette exportation
p e u sure et très-coùtensc, et c'est aussi pour la même j-aison que,
dans l'intérieur de la Russie, des gouvernements entiers manquent souv
e n t du nécessaire, tandis que dans d'autres la moisson reste pendant
p l u s i e u r s années enta-ssée en meules sur les champs, faute de débouc
h é s ; le prix du blé baisse alors à tel point que le cultivateur eu
t i r e très-peu de profit. Dans les gouvernements du nord et du centre,
le transport des céréales par terre n'a lieu qu'en hiver, car au printemps
et en été les habitants de la campagne sont" trop occupés do leurs
t r a v a u x des champs. En automne, l'iiumidité du sol rend presque imp
r a t i c a b l e le transport des charges d'un volume et d'un poids consid
é r a b l e s . T1 ne reste en conséquence, au cultivateur russe, que la saisou
d ' i i i v e r pour le transport de son blé; mais les routes d'hiver, ces magnifiques
voies naturelles que possède la Russie, ne s'établi.ssent quelquefois
qu'assez tard, environ vers le mois de janvier, lors mênfe qu'elles
n e fout pas complètement défaut, ce qui n'arrive, il est vrai, que trèsr
a r e m e n t . En outre, les rivières russes ne sont pas toutes aussi navig
a b l e s qu'on serait porté à le croire, à n'en juger que par leur grand
e u r . L'absence totale, dans l'intéi-ieur de la Russie, de luautes chaînes
d e montagnes et de vallées abondantes eu sources, ainsi que le manque
de forêts dans tout le midi, expliquent suffisamment pourquoi les fleuves
e t les rivières russes, ne coulant que lentement sur une surface à peine
inclinée et n'ayant qu'une profondeur peu considérable, contieiment gén
é r a i e m e u t peu d'eau. Le plus grand fleuve russe se jet t e d'ailleurs dans
une mer intérieure, la mer Caspienne, dont les populations riveraines,
p a u v r e s et h moitié sauvages, entravent le commerce plutôt qu'elles ne
le favorisent. Ce n'est que tout récemment que la mer Caspienne a pris
p l u s d'importance en raison de la voie naturelle do communication qu'elle
p r é s e n t e entre la Russie d'Europe et le Caucase oriental. Les grandes
i n o n d a t i o n s qui ont lieu au temps du dégel, oîi presque toutes les commimications
par terre sont interrompues, n'offrent pas une suffisante comp
e n s a t i o n au manque d'eau qui se remarque souvent dans les fleuves et
l e s rivières de la Russie.
i i a i s les fleuves de la Russie ont aussi im caractère national : le Volga
r e p r é s e n t e eu général la véritable Grande-Russie ; le Dniepr, la Petite-
R u s s i e ; le Don, les Kodaks sortis de la Grande-Russie; la Vistule est
u n fleuve polonais; la Duua est lettonne, et le Niémen, litliuanien; la
D v i u a est le fleuve des Russes du nord ; c'est en longeant son cours
que l'élément russe brisa et démembra l'élément finnois en deux groupes
p r i n c i p a u x .
Si nous faisons une courte revue rétrospective des rapports que la
n a t u r e a établis entre les diverses parties de la Russie; si nous laissons
d e côté les plaines marécageuses de l'extrême nord, les steppes salines
d e l'extrême sud-est et les particularités transitoires de l'ouest, nous
r e c o n n a î t r o n s que la Russie d'Europe se subdivise en quatre immenses
r é g i o n s qui ne peuvent former un Etat puissant et indépendant que par
l e u r réunion. Le nord, et surtout le nord-est, consiste en immenses forêts
qui recouvrent envii-on 20,000 milles carrés, et se transforment, vers le
c e n t r e de la Russie, par un mélange de terres cultivées, en une région
q u i , à l'aide du puissant système fluvial qui l'alimente, forme le centre
p h y s i q u e , national, politique et industriel de la Russie, et s'étend sur
une surface d'environ 18,000 milles carrés. Cette région centrale a cep
e n d a n t besoin, pour l'existence de ses habitants, des forêts qui sont
s i t u é e s au nord et des terrains du midi, excessivement fertiles et deux
fois aussi grands que la France. Ces terrains se relient, vers le sud,
h la grande région des steppes, dans une étendue d'environ 20,000 milles
c a r r é s . Cette région des steppes, qui a été traversée pendant plusieurs
siècles consécutifs par des hordes nomades, est devenue, de nos jours,
d e plus en plus cultivée par le nombre toujours croissant des colonies
v e n u e s de l'intérieur, et ne tai'dera pas à voir luire une èi-e nouvelle
d e prospérité, conséquence,inévitable de l'émancipation des serfs et du
d é p a r t complet des dernières tribus tatares du gouvernement de Tauride.
Ce qui concerne les animaux domestiques et l'élève du bétail se prés
e n t e sous des rapports très-variés et analogue,s à l'influcncc commune
d u climat et de la végétation. Les bestiaux abondent davanfagc et on
en prend aussi beaucoup plus de soin dans les lieux où l'agriculture et
l ' e x p l o i t a t i o n des forêts font plus ou moijis défaut, en un mot, dans les
s t e p p e s . On trouve pourtant aussi, dans la région de l'agricultiiro jiar
e x c e l l e n c e , l'élève de nombreux troupeaux de bceufs, de moutons et do
chevaux, à coté d'une économie rurale d'une gi-aude importiince. Malgré
l a situation défavorable des steppes et les pertes fréquentes de troup
e a u x entiers auxquelles on y est exposé, l'élève des bestiaux s'y fait
s u r une très-grande éclielle, comme, en général, dans toute la Russie
P E U P L E S INDO-EUROPÉENS.
d ' E u r o p e . Un i-apide aperçu suffira pour donner nue idée de l'étendue
de cette industrie. Dans la Russie d'Europe,, non compris la Pologne et
la Finlande, pour 57,600,000 habitants dans l'année 1856, on comjitait,
8 8 , 0 0 0 , 0 0 0 têtes de bétail de toutes catégories, c'est-à-dire 155 tôtcs
environ pour 100 habitants; tandis qu'eu Angleterre on compte pour
100 habitants plus de 200 têtes de bétail; en Prusse, 150; en France,
1 5 0 ; et en Autriche, 130. Mais proportionnellement aux quatre régions
p r i n c i p a l e s que nous avons décrites plus haut, la richesse du bétail, eu
é g a r d à ses diverses espèces, est très-inégalement répartie.
Dans la Russie d'Europe on comptait plus de 15,000,000 de chevaux
pour une population de 57,000,000 iimes, c'est-ii-dirc environ 26 chevaux
pour 100 habitants; tandis qu'en Prusse il n'y eu a pas plus de 9 |)our
u n pareil nombre d'habitants; en France, pas ])Ius de 8; en Angleten-c
e t en Autiiche, pas plus de 7. Ce sont les gouvernements d'Orenbourg,
d ' A s t i ' a l d i a u et de Podolio qui sont les plus riclies sous ce rapport;
[mis viennent les gouvernements de Samara, de Pei-m, d'Orel, de Smolensk
et de Tambov dans la Grande-Russie ; les plus pauvres dans cette
c a t é g o r i e sont ceux de Vladimir et de Moscou.
2 1 , 7 0 0 , 0 0 0 têtes de bôtes à cornes fournissaient une moyenne de 37
t û t e s pour 100 habitants de la Russie d'Europe. La Prusse offre ici une
p r o p o r t i o n de 33 têtes pour 100; l'Autriche, de 30; la France, de 29;
l ' A n g l e t e r r e , de 28. Los contrées les plus riches eu bêtes à cornes sont
le gouvernement d'Astrakhan, le pays des Kozaks du Don et le gouvernement
de Novgorod ; parmi les gouvernements de la Grande-Russie,
ceux de Kalouga, d'Orenbourg et de Smolensk. Les plus pauvres sont
ceiLx de Tambov^ de Riazan, de Simbirsk, de Penza, de Pétersbourg et
en général tous les gouvernements du centre.
Kn Russie, 41,500,000 moutons faisaient une moyenne de 72 têtes pour
100 habitants; l'Angleterre offre ici une -moyenne de 144 têtes; la Prusse,
100; la France, 07; l'Autriche, 74. Les gouvernements qui contiennent
le plus de moutons sont ceux d'Astrakhan, de Tauride, d'Yékaterinoslav,
de Simbirsk, de Kherson et le pays des Kozaks du Don; les plus pauvres
s o n t " c e u x de Moscou, de Pskov, de Novgorod et notamment celui de
P é t e r s b o u r g . L'élève des moutons progresse visiblement ; elle est surtout
r é p a n d u e dans les. gouvernement s du midi ainsi que dans le territoire qui
s ' é t e n d depuis le fleuve Oural, h l'ouest, vers le Volga moyen et le haut
Don, jusqu'au Dniepr moyen; ensuite eette industrie diminue h mesure
qu'on avance vers le nord ou le iiord-ouest, où l'agriculture et les relations
commerciales sont plus florissantes et où les terres cultivées, les
f o r ê t s et le climat apportent quelques obstacles à l'élève du bétail. T-es
r a c e s supérieures de moutons se trouvent principalement dans la Nouvelle-
R u s s i e , puis en Petite-Russie, dans les gouvernements du sud-ouest et
eu partie dans ceux du Volga. Le gouvernement d'Astrakhan possède
environ 26,000 chameaux ; celui d'Arkhangel, 140,000 rennes.
Si nous considérons les habitants, sous le triple rapport de leur répartition
dans le pays : du chift're proportionnel des deux sexes dans les villes
e t dans les campagnes; des différentes classes de la population et de l'état
de leur culture intellectuelle, nous obtiendrons le résultat suivant:
11 y avait, dans l'année 1859, 59,000,000 d'habitants répartis sur 88,000
Diilles carrés, ce qui fait une moyenne de C70 habitants par mille cai-i'é
pour la Russie d'Europe, non compiis la Pologne et la Finlande. En
185f>, cette moyenne était de GGO iiulividus par mille carré; tandis que
daus la Grande-Bretagne elle est de 4,780; en l'rance, de 3,750; eu
.Pi'u.sse, de 8,380; en Autriche, de 3,000. Les gouvernements relativement
les plus peuplés sont ceux de Moscou, avec environ 2,750 habit
a n t s par mille carré; de Podolie, de Koursk, de Toula, de Poltava et
de Kiev, avec plus de 2,000 habitants par mille carré. Los moins
p e u j d é s sont ceux de Novgorod, de Perm, le pays des Kozaks du Don,
les gonveruemcnts d'Orenbourg, de Vologda, d'Olonetz, d'Astrakhan et
d ' A r k h a n g e l , dans lesquels le chiffre moyen tombe de 400 à 17 individus
l)ar mille carré.
L a Russie d'Europe, comparativement au re.ste de cette partie du
UKinde, n'est donc que faiblement peuplée; observons toutefois qu'eu
é g a r d au peu de culture du sol et à la médiocrité des récoltes, il faut
a d m e t t r e pour la Russie des proportions iuféiieures à celles des autres
c o n t r é e s ; car les effets d'une population trop nombreùse doivent se prod
u i r e chez elle d'une manière plus sensible et |)lus prom])te que dans
d ' a u t r e s grands jiays.
L a ])opulatiou de la Ru.ssie est i)lus nombreuse au cent)-e do l'(;iii])ire
que vers les frontières ; c'est h ¡\Ioscon et dans les cinq autre.? gouveruemeuts
nomiués ])Uis haut qu'on s'en apei'çoit davantage. Si l'un ajoute
à ces six gouvernements les douze autre.s qui les suivejit immédiatement
pour riuipoi'tancc relative de la population, on aura 18 gouvei'uemcjits
qui l'enferment dans leur ensemble tous les grands centres : St-I'étcrsbourg,
Moscou, Nijni-Novgorod, Kiev, et cette ])artie do la Ru.ssie dont le noi'd
est presque exclusivement habité par des Uusses, le siul h peu i)rès
e n t i è r e m e n t par dos Petits-llussiens, et oii la moyenne de la pui)ulation
s ' é l è v e au delà de 1,350 individus ])ar mille carré.
Si le classement des habitants de la liu^sic en citadins et en cain[>ag
n a r d s ne suflit pas iK.nr donner une idée complète de la situation rel
a t i v e de la population des villes vis-à-vis de celle des cam|iagnes, ilans
laquelle il faut comprendre aussi un grand nombre de bourgs et de
possads, le rapide exposé suivant comblera cette lacune et pourra, jusq
u ' à un certain point, oftVii' au lecteur une statistique exacte de ces
diverses ¡lopulations. D'après les calculs faits en l'année 1850, la population
citadine de la Russie d'Murope, an nombre de 5,200,000 aines,
é t a i t répartie dans G14 villes et plus de mille bourgs, dont 25 assimilés
aux villes; celle des campagnes était de 52,400,000 iimes. D'où il suit
que l'on pouvait compter 91 villageois et seulement 9 citadins sur 100
l i a b i t a i i t s . n faut d'ailleurs remai'qiier que la population des villes augmente
aujourd'lmi plus qu'autrefois et en i)lus grande proportion (|uc
celle des camiiagnes ; et cependant l'accroisscment do la population tot
a l e de la Russie ne s'élève annuellement (lu'à une moyenne tic 1 ))Our
100. — Si l'on y ajoutait la impulation de tous les bourgs, villages, et
s u r t o u t celle des villes de la Petite-Russie, elle serait relativement
b e a u c o u p plus nombreuse^ Les gouvernements de Pétersboui'g et de
Moscou ofl'rent, en raison de leui's capitales, des rajjjiorts tout à fait
anormaux. Dans le premier de ces gonveniements, la population citadine
s ' é l e v a i t en 1850 à 53.5 pour 100, et dans l'autre à 27. 5 pour 100;
t a n d i s que dans la Russie d'Euro|)e en général elle ne représente que
11 pour 100 ; puis viennent les gouvernements situés sui' la mer Noire,
qui ne furent que plus tard habités ])ar des Russes : ceux de Klior.son,
d e Tauride et de Bessarabie, avec environ 20 pour 100 de population
u r b a i n e ; enfin les gouvernements essentiellement russes, dans lesquels la
population des villes compte entre 10 et 5 ])our 100. Dans celui d'Orenbourg,
elle ne se monte pas même à 2 pour 100.
Remarquons que non-seulement la population totale des villes de la
Russie est' faible, mais que celle des villes prises séparément, abstract
i o n faite des chefs-lieux de gouvernement, est aussi très-restreinte. On
n e compte que trois villes ayant au delà de 100,000 habitants : St-Pét
e r s b o u r g , Moscou et Odessa; huit en renferment plus de 50,000 et
18 en ont plus de 25,000 ;• le plus grand nombre contient entre 5,000 et
2 , 0 0 0 habitants; la plus petite ville de la Russie, celle de Kbotmyjk,
dans le gouvernement de Koursk, n'en a (jue 420.
Dans toute la Russie septentrionale, le gouvernement de Pétcrsbmirg
e x c e p t é , et dans la plus grande partie du centi'c, la iiopulation des
femmes dépasse celle des hommes. Ce n'est que chez le.s Petits-Hii.ssiens
e t les Tatars que les liommes sont plus nombreux que les femmes. On
compte eu moyenne, sur 203 individus, 100 Iiommes et 103 femmes;
dans le gouvernement d'Yaroslav, on trouve 119 femmes contre 100
liommes ; dans ceux de Jloscou, de Klierson, de Tauride et de Pétersb
o u r g , respectivement 93, 91, 85 et 71 femmes seulement contre 100
hommes. Dans les gouvernements du .midi, le cliiffre des naissances,
m a l g r é IC petit nombre des femmes, dépasse celui des morts.
Sous le rapport des écoles publiques et du nômbre de ceux qui les
f r é q u e n t e n t , les résultats ne sont mallieureusement pas encore aussi satisf
a i s a n t s qu'on devrait le désirei'. Mais il faut constater que l'enseignement
élémentaire — la lecture, l'écriture et le calcul — a pris récemment
u n assez grand développement parmi les classes inférieures, tant par
l ' a u g m e u t a t i o n des écoles ordinaires que par la création des écoles grat
u i t e s du dimanche, fondées dans beaucoup de localités par les hautes
classes de la société et entretenues par elles. En 1850, riustruction en
Russie n'était encore répartie qu'entre 430,000 individus des deux sexes,
c'c.st-i\-dire à peine 1 sur 100 ; tandis que dans les gouvernements de