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P E U P L E S OÜRALO-ALTAÍQÜES. :ir,
Ce siro]), qu'on aime Ijcaiicoiii) on Orient, est très-épais, (rune coiiloiir
foncée, et se iiumine bekmccliii.
C'est à juste titre qu'on api)ellc la Ci-iniée le jardi n de ia Russie. Pour
le voyageur dont les yeux sont fatigués par les vastes steppes de la
Russie méi-idiouale, l'aspect des montagnes de ia Crimée et. des bords
de la mer présente un charme tout particulier. Mais ce spectacle n'est
pas la seule jouissance qu'on y éprouve, car plus on pénrtre au sein dos
montagnes, plus on l'cncontre des beautés inattendus et saisissantes dans
la variété des grands bois, dans le bruit dos !orrents et les productions
de toutes les zones. On trouve dans l'intéricui' de la presqu'île une (¡uantité
do jardins l'enipiis de fruits délicieux. Mais l'aménagouioiit des foiôts
est nialbeurousement très-négligé. La mauvaise habitude de coupoi- les
arbres îi deux on trois jiieds de tei're, et do laisseï' ainsi subsister des
souches inutiles, cause un préjudice notable aux revenus du sol.
Beaucoup de Tatars sont cliasseiirs, mais ce n'est pas clicz eux une
passion exceptionnelle. Ceux dos steppes s'occupent uniquement de la
chasse au faucon, pour laquelle ils dressent, pai' la faim, de jeunes autours
et des faucons bien emplumés. Partout ailleui's, dans la plaine, on
chasse le lièvre au chien coui'ant et les chevreuils ef les loups dans les
montagnes boisées.
Il n'y a pas de villes purement tatares dans les steppes; ceux (|ui les
habitent ne semblent pas faits pour vivi-e en société. De toutes les villes
de Crimée, Bakhtchissaraï est la seule qui ait ciitièrenieut consei'vé son
caractère oriental. C'est là que règne la véritable vie asiatique, dans
les nies étroites, remplies de boutiques de boulangers, de bottiers, de
niarciiands de cuir, de traiteurs, etc., etc. On n'y ti-ouve pas de tailleurs,
car les femmes tilent et tissent les étoffes pour les habits qu'elles
coupent et cousent elles-mêmes; les Tatai's riches aclnHeiit leui's vêtements
aux juifs turcs. Si les Tatars cèdent extérieurement en beaucoup
de choses aux Européens, ils peuvent pourtant leur servir de modèle
sous le rapport de leurs établissements de bains et dans fout ce ([ui
touche !i cette partie si essentielle de l'hygiène,
[ja côte méridionale de la Crimée offre, par sa nature mémo, nu aspect
riiuit qu'augmente encore sa position ])ittores(ine et l'animation do la
vie extérieure de ses habitants. Au lever du soleil, tontes les IVmnies,
dans les villages, sortent de leui's maisons avec dos cruches ptjui' aller
puiser de l'eau. Après les ablutions, les hommes se rendent iMa mosquée.
Le travail commence aloi'S et dure jusqu'à huit houi-es. C'est à ce moment
que toute la famille déjoiine avec du pain, de l'oignon et de l'ail.
Puis les hommes allument leui-s pipes et se l'eiidejit lentement au travail.
Les enfants .sont vifs et enjoués jusqu'à I'dge de huit ans; cependant
les ])otitos tilles ue |)articipent |)as aux jeux des garçons et l'cstent jirès
de leuis mères qui les instruisent dans toutes les occupations du ménage.
Vei-smidi, les Tatars se reposent pendant deux heures et mangent
de nouveau du pain et des oignons. JiC ti-avail ce.sse au coucher du soleil
et tout le monde regagne la maison. La crûte et les sommets des
montagnes éclairés par les dci-niei's rayons du soleil couchant offrent un
spectacle délicieux, au moment où le cj-é]iuscule étend ses voiles dims
les vallées: c'est l'heure o(i vieillards et jeunes gens, assis sous d'épais
ufiyors, au milieu du village, passent le temps à linnei'- et à causer.
>Lais quand la nuit est close, on entend l'appel ])our la dernière prière.
Los femmes se hâtent alors d'allei' encore une fois puiser de l'eau , et
chacun retourne paisiblement chez soi.
TATAKS DE UTITUANIE.
Les Tatars de Lithuauie, dont le nombre s'élève à 8,000 âmes, vivent
dispersés dans les gouvernements de Minsk (3,000), de Yilna (2,800),
de Grodno (1,500), do Kovuo (400), et dans la partie septentrionale du
royaume de Pologne (200). I^es uns, Tatars de Crimée prisonniers do
guerre, ont été colonisés en oulousses (communes), on 1395, pai' Vitold
ou Vitovt, grand-duc de Lithuanie; les autres ont été ap])olés par le
même prince dans le pays pour faire près de sa po'sonne le soi vice do
gardes du corps. Ils étaient tons des guerriers libres et représentaient
alors, comme de nos jours encore, une partie de la petite noblesse polonaise(
chlakhta).
A l'époque de leur colonisation, ces Tatars, mariés des femmes polonaises
de la petite noblesse, portèrent d'abord le nom de famille de
leurs femmes, mais ils restèrent mahométans ; plus fard et jusqu'à nos
jours, ils no conti'actèrcnt guère de mariages que dans leur propre ca.ste,
de manière que le type tatar et le caractère de soldat provenant de leur
ancienne, existence gnei'rière se sont conservés chez eux dans toute leur
pureté. 11 y a trente ans au plus qu'il existait encore nu l'égiment de
cavalerie tatare, dont le ])i-omier rang, armé de piipies, n'était composé
que de Tatars nobles, tandis que le second rang, formé do simples soldats,
contenait, en quel(]uc sorte, les serviteurs dos premiers; ils semblaient
ainsi suivi-e leurs maîtres, et on les appelait cliérengovys, c'est-à-dire
simples soldats. Ce n'est que dans ce régiment de cavalerie légère, trèsfonsidéré
(koimotatarski polk), que les 'Tatars de Lithuanie pouvaient
parvenii' au grade d'oflkier et trouver un champ libre à une activité
qui était tout à fait d'accord avec leui' goût naturel. Depuis le licenciement
de ce régiment, il n'y a plus que les Tatai-s favorisés par la foi--
tune et doués de quoique éducation qui puissent servir dans la cavalerie
r u s s e : la masse, on grande partie très-pauvre, vit dans les villes ou
plutôt dans les bourgs de la Lithuanie, le plus souvent dans ini quartier
séparé, témoignant, par une conduite irréprochable, de son respect pour
la mémoire et l'écusson de ses pères. Ces Tatars trouvent leurs moyens
d'existence dans les travaux de la tannerie, occupation qui offi'o encore
quelque analogie, quelque rappoi't avec leur ancien régime do vie. Ce
sont d'ailleurs d'excellentes gens, de fidèles et do braves soldats, modestes,
sobres, ue se vantant ni ne se flattant Jamais; rien chez eux ne
rappelle les moeurs sauvages ni les usages barbares, Il n'y a que ceux
qui sont ci^•i!¡.sés qui sachent lire le tatar, nuiis sans le comprendre, et
éci-ire le russe ou le polonais avec des lettres tatares (arabes). Ils lisent
le Koran dans les traductions russes ou polonaises.
TATARS irASTRAKIlAN.
Les Tatars d'Astrakhan, sans représenter une race distincte des Tatars
proiu-ement dits vu que la dénomination de Tatars d'Astrakhan
ost plutôt historique et locale, — ont néanmoins dans les veines beaucou])
do sang nogaïs. Ils descendent en effet de la horde d'Or et du kliauat
d'Astrakhan qui s'en est formé, comme nous l'avons vu plus haut dans
le court précis historique relatif aux Nognïs, 'N'ous comprenons aujourd'hui
sous le nom do Tatars d'Astrakhan ceux qui demeurent depuis longtemps
dans le gimvornoment de ce nom et ceux qui sont venus s'y établir
beaucoup plus tai-d. lis se divisent en cinq groupes, savoir : les Tatars-
Koundrovs; les Tatars-Yoïirtovs et Véméclinis ; les Tatars dos mai'chés
de Poukhare, de Ohiliane et d'Agryjane ; les Tatai-s immigrés des gouvernemouts
de l'intérieur de la Pussie, et qui, au nombre de 2,000, sont
compi'is parmi les paysiins de la couronne ; et enfin les Tatars venus de
différents gouvei-uoments, pour un temps illimité, comme ouvriei'S pécheurs,
et dimt le nombre s'élève à environ 3,000 âmes. Aux Tatars d'Astrakhan
appai'tiennent ¡¡lus ou nH)ins aa.ssi les Tatars du gouvernement de Stavropol,
comptés parmi les Tatars du Caucase, dénomination sous laquelle
nous onlendons surtout les Tatars île la mer (!aspienne et ceux de la
Transcaucasie. Nous avons cru devoir mentionner encore ici la race
t a t a r e (turque) des Karakalpaks, répandue aussi dans le Caucase.
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