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2 8 P E U P L E S OURALO-iVLTAIQUES.
Ocxupiint la plus fjraiidc partie du territuirc compris entre les monts
Oiirals, le llcuvc tlu môme nom, le grand Ik, la Biôlaïa et la Kaspa,
les Bachkirs habitent des contrées où la nature est en général prodigue
lie ses dons, mais où la ligne frontière oriinitale, steppe plane et déserte,
l'oi nie un coiiti'asLo IVappant avec les antres contrées intérieures. Celles-ci
oiTrcnl en ell'et un climat agi'éable et salubre ainsi qu'un sol fertile,
renferuiani de grandes l'ichcsses minérales. Sur la ligne, au contraire,
on trouve dans la vaste steppe un climat très-diillcile : l'été est court
et très-chaud, "rhiver intense et, ti'ès-rigoiu'eux. Los ouragans de neige
pendant les grands froids, et les tourbillons de poussière et de vent ii
l'époque des gi-andes chaleui's, appelés boiiranes, sont pej-nicieux pour
les liommes et les animaux.
Les Bachkirs no sont certainement pas do pure race tatare; on ignore
'même généralement leur véritable origine. Ils pourraient bien être issus
d'un mélange de races mongoli;, tatare et tchoudo, où prédomine toutefois
l'élément mDiigol. — Us se disent eux-méuies descendants tantôt des
i^fongols, tantôt des Kirghiz proprement dits, se nomment Bachkours ou
Bach Iv our tes, et sont, depuis les temps les plus reculés, étroitement unis
aux Mechtchériaks; ils tfen diffèrent même que S0\)S le rapport religieux,
ces derniers étant des mahométans assez instruits en général, plus
soigiunix do leurs personnes et plus civilisés; leurs prêtres se distinguent
aussi à Îeui- avantage de ceux des Baclikirs sous ces divers rappoi'ts.
Plusieurs peuples asiatiques appelleut les Bachkirs Istiaks (Ostiaks),
se fondani sin- leui' origine ])résumée et supposant i|ue les Nogaïs, autrefois
puissants, dans leurs fréquentes expéditions contre les Yogouls et les
Ostialcs, avaienl fait sur eux des prisonniers et les avaient emmenés pour
les établir dans leur pays en les forçant d'adopter l'islamisme. Plus
t a r d , (|uand les Nogaîs furent forcés par les Russes de se retirer en
Asie, ceux d'entre eux qui restèrent fui ent appelés Bachka-Yourte U^'uple,
séjour DU habitant séparé), d'où serait venu le nom de Bachkour.
Se coufoi'maut autrefois, dans leur genre de vie, aux liabitudes de tous
les peuples nomades asiatiques, et entreprenant sans cesse des exjiéditions
de guerre ou de pillage, les Bachldrs restèrent longtemps, les uns sous
ta domination du royaume de Kazan, les autres sous celle du khan de
Sibérie et du royaume des Nogaïs. Ce ne fut qu'en 1556, et après la
con(|u6ie du royaume de Kazan, effectuée en 1552, qu'ils se soumirent
de leui- ])lcin gré au tsar Ivan IV, et couservèrent toutes leurs terres,
qu'on leur lai.ssa en pleine propriété. En 1574, ils demandèrent i\ la Russie
la pei'mission de bâtir le fort d'Oufa afin d'avoir un point d'appui et un
lieu de refuge contre les hostilités de leurs voisins. Plus tard ces mêmes
Bachkirs, vivant sous la ]>rotection de la "Russie et possédant de grandes
t e r r e s , recueillirent nue quantité d'étrangers, surtout de réfugiés finnois
et tatars sur lesquels ils prélevèrent des impôts. Cette circonstance donna
lieu il des mésintelligences et ii des disputes, relativement aux fi-ontièi'cs,
entre eux et les Kii'gliiz-Kaï.ssaks ; il s'ensuivit de fréquente.? hostilités et
[ilusieurs soulèvements qui, dans la période antérieure et postérieure à
l'an 1700, furent marqués par beaucoup de scènes sanglantes et de
grandes dévastations.
La physionomie assez expressive des Bachkirs offre très-souvent le
type tatar. Ils ont le visage roiul, le teint ibucé, le regard vif, les yeux
gris ou brun foncé, les clieveux châtains, le nez et la bouche moyens,
les pommettes saillantes, do grandes oreilles et peu de barbe. I.cs traits
du visage des hommes se retrouvent dans celui des femmes : aussi en
voit-ou peu do belles. La petite vérole et d'autres maladies, contagieuses
font de gi-ands ravages sur la figure des Baclikirs ; les maladies d'yeux,
causées par le vent, la poussière et la fumée, sont aussi très-fi équentes.
- jjour costume est simple, commode, conforme à leu]- genre de vie et
au climat: l'habillement des femmes l'appelle beaucoup le costume finnois.
Q.uoi(|ue les Bachkirs soient généralement ])auvres, il y a pourtant
parmi eux," comme chez tous les peuples et dans les deux sexes, des
individus dont la vanité se complaît dans la parure et la recliercho des
ajustements. Les habits de fête des j-iches se distinguent de leurs vêtements
habituels par un grand luxe dans la qualité des étoffes et pai- de
nombreux ornements. Les hommes couvrent •leur tête rasée d'un bonnet
thibétain on veloui's cramoisi; ce bi)nncf, haut de cin(| verchoks, e.st bordé
ou poil de castor- et se termine eu pointe, l'ar-dessus ce bonnet ils
en mettent un autre conique très-grand et fourré, terminé par quatre
pointes et nommé malakliaï; ce bonnet est fait en peau de l'ciiard et
reconvert de velours ou de drap rouge; ses larges bandes iuférieui-es
sont découpées et retomhciit sur les épaules, de sorte qu'on aperçoit à
peine le collet montant de la chemise bleue, brodée de soie et de fils
do diverses couleurs et garnie d'un mince cordon d'or ou d'argent. Les
Bachkirs portent par-dessus la chemise une longue et légère robe dont
les pans sont rentrés dans de larges pantalons de drap serrés par uii
cordon. Sur cette robe on en voit ordinairement une auti'e en soie rayée,
attachée par une large ceinture dont les bouts assez longs pendent par
devant. Enfin, par-dessus tout cela ils mettent souvent encore une pelisse
de renard recouverte eu étoffe de soie à raies de couleurs, ou un kaflau
de drap rouge dont les parements, les pans et les bords sont garnis d'un
cordonnet d'or ou d'argent. Les bottes sont rouges ou uoires et aussi
larges que celles des paysans russes. La coiffure de fête des femmes
riches consiste eu deux tresses de cheveux qui ceignent la tête ; sur
ces tresses est posé un bandeau qui descend jusqu'aux sourcils, tandis
que la vraie coiffure (kachba-ou) est retenue par un cordon attaché
sous le menton et forme une espèce de demi-ovale. Le bandeau et
le kachba-ou se composent de petits ronds d'argent cousus en forme
d'écailles sur une double .toile dont les bords sont ornés de coraux
et de fausses perles. Le kacliba-ou, qui n'est pas posé droit sur la
tête, mais un peu enfoncé sur la nuque, rappelle les bonnets des prêtres
russes et couvre une partie du dos. La poitrine est ornée d'écaillés
d'argent ou d'une espèce de corselet garni de monnaies d'or et
d'argent comme le kachba-ou et lo bandeau , ce qui donne au costume
une assez grande valeur. Outre les pautalons, q.ui sont semblables fi ceux
des homnies, les. femmes portent encore une longue et largo choinisc
eu taffetas brodée, et souvent aussi par-dessus une espèce de kaftan
court sans manches ; habituellement une riche robe de chambre ou iiii
kaftau rouge absolument semblable à celui des liommes. Des bracelets
et des bagues complètent leur toilette. Les jeunes filles portent le même
costume, â l'exception du kachba-ou, qu'elles remplacent quelquefois par
un petit mouchoir ; souvent aussi elles ont la téte nue. Les Bachkirs
tiennent autant à la richesse de la selle et du liarnacliement des chevaux
qu'à celle de la toilette.
Beaucoup d'entre eux mènent la vie nomade, s'occupant principalemoiit
de l'élève des chevaux, et en môme temps de la chasse au faucon,
D'autres vivent colonisés dans les villages, se livrant ii la culture
champs et à Texploitation des abeilles. Ces derniers, par leur genre
d'existence, se fondent chaque jour de plus en plus dans la masse des
Tatars du pays. Eu hiver, tous demeurent dans des maisons eu bois
dont l'agglomération forme des villages; en été, les villages des Baclikirs
nomades restent déserts et tout le monde se rend aux pâturages en kibitkis
couverts de feutre. Ils ne payent ni redevances ni impôts, et ce n'est
([u'en certaines circonstances urgentes qu'ils fournissent des recrues. Par
compensation, ils font, outre le service do la poste, celui de Kozalcs sur la
ligne frontière contre les Kirghiz-Kaïs.^aks, et sont obligés, comme Kozaks,
de suivre l'année eu pays étrangei', îi la première réquisition. Tous les
hommes de l'âge de dix-sept à quarautc-cinq ans comptent au service
militaire, quoique le service olfectif ne soit exigé que bien rarement,
même en temps ordinaire; le tour de chacun n'anive que tous les six
ou sept ans, et encore le service du cordon sui' la ligne ne dure-t-il
que six mois, pendant la belle saison, vu les obstacles qui résultent du
climat et des localités. Il est vi'ai qu'à cette époque de l'année ce service
devient non-seulement nécessaire mais môme très-pénible; car les Kirghiz-
Kaïssaks, exténués on hiver, ii'cntrcpreiiueut alors aucune expédition de
])illage et réservent tous leurs efforts ])our la saison d'été. Obligeants
et serviablcs par caractèi'e, les Bachkirs ne sont que de médiocres soldats,
mais ils sont robustes et excellents cavaliers, et sont armés maintenant
comme les Kozaks. Presque tous les villages ont actuellement des
écoles et la civilisation fait des pi'ogrès rapides; néanmoins il sera
diflicile de détruire de sitôt la siipenstitioii et la rudesse des moeurs.
L e vice capital et le plu.s répandu est le vol des chevaux, pour lequel
maintes occasions viennent favoriser leur penchant. Vivant très-simplement,
ils sont endurcis à la faim et au froid, et se consolent des i)nvations
qu'ils endurent par Fosjioir des joies qu'on leur promet dans le
paradis. L'eau-dc-vie, qu'ils aiment beaucoup, n'a pu leur ôti'c aussi
pernicieuse qu'aux autres nations, en raison des grandes di fileni f;és qu il^^
épi'ouvent à s'en procurer. Le laitage, le fromage aigre (krout),.le niakhan
(mélange de chair de boeuf et de cheval), et princiiialcmeiit le biclibarmak,
sont leurs mets favoris. Ce dei'uier est fait de hachis de viande
ti)
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