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PEUPLES ])U CAUCASE. 1 1
piopi'CS impressions, les ilécrit ainsi : iPartoiit en Grouzie, et plus fréquemment
que chez tous les autres peuples, hormis les Tclierkcsses, les
Armeniens et les Grecs, on rencontre des liommes de haute et vigoureuse
stature, tics femmes d'une taille svelte et bien piisc, ayant les
traits réguliers et souvent très-distingués, les yeux grands et bien dessinés.
Mais on y chercherait vainement chez les hommes ainsi que chez
les femmes cette beauté plus noble, où les sentiments élevés, l'esprit et
le coeur se retlètent dans les yeux; car la beauté réelle ne se trouve en
général que chez les peuples avancés en civilisation, La beauté de ia
taille est plus développée chez les femmes que celle du visage, dont le
cliarme passe très-vite.
«La dilTérenee physique qui existe enti'C une Géorgienne et une Européenne
se retrouve aussi dans ieui- toilette. Plus on commit une Européenne,
plu=! on apprécie le ciiai'me qu'elle iiispii'e : la iiliysionomic en
apparence la plus insignifiante ])ai'vicnt souvent à nous captiver par la
muette éloquence du l'egard, par la fine expression de la bouche, par
le jeu halli tu eli cm eut mobile du visage ; une mise simple nous plaît aussi
d'aulant plus que nous en saisissons les détails et que nous découvrons
partunt une délicate élégance et une exquise propreté.
«Cliez une Gcoigienne, ou éprouve une impression toute contraire.
Sou extérieur est éblouissant, mais il perd ii un examen plus approfondi.
Le fard qui colore son visage, le costume pittoresque qui la distingue,
tout vise il l'effet, et l'on ne saurait eu vérité se figurer une apparition
plus charmante qu'une Géorgienne vue à distance.
«C'est sui'tout un spectacle imposant que celui de la réunion des femmes
(te Tiüis, rassemblées par centaines h l'occasion de quelque solennité.
Elles s'avancent doucement, d'uu pas lent et grave, l'une vêtue d'un sarafane
court aux couleurs éclatantes, l'autre enveloppée de la blanche
ot longue tcliadra (sorte de voile) qui entoure gracieusement tout le corps
et qu'elles savent retenir si artistement que ses plis dessinent exacte-
Qient la taille fine et svelte des belles personnes, tandis qu'ils peuvent
dissimuler chez les laides tout ce qui serait susceptible de choquer la
vue. La robe est échancrée pai- devant, sur la poitrine, et laisse entrevoir
une espèce de camisole ordinairement de couleur claire et artistement
ornée de fines garnitures ; les pantalons de soie ]-ougo, dont le
bas est brodé d'or, donnent un charme particulier ii un petit pied renfermé
d'ordinaire dans des pantoufles persanes en maroquin, relevées par
dû hauts talons. Les femmes entourent aussi leur tête d'un léger mouchoir
attaché en foiine de croix, qui couvre une partie du front et retient
un voile de gaze tombant on arrière et cachant à demi les épaisses
tresses d'une bulle et longue chevelui'e. Par contre, rien n'est plus déplorable
il voir que les vieilles femmes, qui ressemblent h de véritables
sorcières. Taudis que la jeune beauté se cache pudiquement sous la tclia-
(ha, la ti'iste vieillesse découvre sa poitrine et presente un spectacle
peu fait pour clianner les ycux.>
Le costume des hommes se rapproche beaucoup de celui des Persans,
et, à l'exception des étolTes qui sont jilus riches- et de couleurs plus
vives, il ressemble beaucoup au costume arménien, I^a tète est couverte
(lu boimet ¡)uintu eu peau de mouton que portent les Persans, moins
élevé cepeiulant et semblable aux boimets tatars usités dans la partie
orientale de la Transcaucasie. Le i)aysau grouzien, malgi-é d'assez misérables
vêtements, atteste, par sa tenue, qu'il a la conscience de sa
Pi'üpre valeur.
La maison de campagne du Grouzien, résidence favorite de celui qui
l'iiiibite, est pi'csque toujours, dans le centre de la Grouzie, située sur
line hauteur et isulée ou adossée contre une ponte qui lui sei t de mul'iiille
iiatui'clle d'uù partent des poutres dont l'extrémité opposée s'ajipuie
deux piliers réunis par une traverse. Ces poutres forment le plafond,
l'ii'iiédiatenicnt au-dessus du plafond se trouve le toit, qui est plat et
soit de terrasse où l'on séjoui'ue le soir et même parfois aussi la nuit.
Î'C tuit est formé de poutrelles réunies recouvertes do teiTc gazonnée ;
f^cs poutrelles font une saillie de quatre îi cinq pieds eu dchoi's du mur
et icptiseut sur quatre ou six sui)ports foi'mant une galerie couverte où
vient s'asseoir ii i'ombi'c loi-sque la température îe permet. Les murs
'"^''i'ux et de fa(;ade sont maçonnés jusqu'à la terrasse ; il n'y a pas
leiiétres; une ouverture cai'rée ménagée au milieu du toit donne pas-
^•'gc ¡\ la liiuiée du foyer. C'est sonlement par cette ouverture et par la
Pui'tc d'entrée, percée au milieu du mur de façade, que pénètre ia lumière
du jour dans l'intérieur de la maison. Cette maison ne consiste ordinairement
qu'en un seul appartement de misérable api)arence, contenant
une sorte d'armoire pratiquée dans l'un des côtés et destinée il recevoir
les lits; do l'autre côté se trouve une espèce de buffet où l'on conserve
le pain et les comestibles. Los murs des habitations sont maçonnés avec
des cailloux ronds et de la terre glaise. Celles qui sont mieux bâties sont
assises sur des fondations formées d'une double rangée de briques suilesquelles
des cailloux s'élèvent à un pied de hauteur, puis une couche
de briques, et des cailloux portés jusqu'au-dessous des poutres. La plup
a r t des maisons n'ont pas plus de dix à quinze pieds de iiaut. Les
seuls objets de quelque valeur que l'on trouve chez les gens opulents de
ce pays sont de beaux tapis, des armes et des vêtements. Le luxe de
ces objets n'est aucunement en rapport avec l'exiguïté des liabilations et
la malpropreté qu'on y remarque. L'on est étonné de voir des femmes,
parées de velours et de soie, soi'tir d'obscurs trous de terre. Contrairement
ce qui se pratique dans la plupart des pays européens, les habitations
en Grouzie ne servent, ainsi que le veulent les usages orientaux, ni
de centre de réunion pour la famille, ni d'exhibition d'objets précieux
a t t e s t a n t le goût du luxe chez le propriétaire. Partout où la femme
n ' a pas d'action vivifiante susceptible d'ennoblir les sentiments, la société
réelle, telle que nous la concevons en Europe, est impossible. Aussi le
Géorgien ne construit-il sa maison que pour avoir un gite assuré ponila
nuit, un refuge contre le niauvais temps et l'instabilité du climat.
Lorsque le temps est beau, les femmes, dans les villes surtout, demeur
e n t constamment assises sur les toits des maisons, et elles s'y établissent
môme pour dormir pendant les chaudes nuits d'été. C'est sur les
toits que l'on se rend visite, que l'on joue, qu'on chante et qu'on danse.
Rien n'est plus charmant que de voir, pendant une claire nuit d'été, les
femmes, presque toutes belles et vêtues du costume national, se promener
sur leurs terrasses, jouer, chanter ou converser gracieusement avec les
passants.
L a maison du paysan cakhe se compose de quatre murs en maçonn
e r i e , en planches ou en osier tressé et enduit de terre glaise ou de
bouse de vache; elle est couverte d'un toit de paille ou de jonc et
entourée d'une galerie qui parfois ne règne que sur trois côtés.
Les principales sources de production pour les Grouziens sont l'agric
u l t u r e , l'élève du bétail et la culture des vignes. Jj'agi-icultiire laisse
f o r t îi, désirer, le paysan paresseux s'en occupant seulement pour subvenir
i\ ses besoins les plus urgents. En Grouzie on cultive beaucoup
de froment. L'abondance des moissons passe toute croyance. Cependant
on ne fait usage d'aucun engrais; le fumier est séclié et employé cornine
combustible; il est, sous ce rapport, bien prcféi-able à la tourbe. On
laboure les cliamps avec une charrue très-lourde entrant profondément
dans le terrain et il laquelle on attelle plusieurs paires de boeufs. Vu
la pauvreté des populations, il est d'habitude que plusieurs familles se
réunissent poni- les travaux champêtres. On remplace les charrettes par
de lourdes brouettes à deux roues, ordinairement traînées par des buffles;
une de ces espèces de charrettes se nomme tookhti-révan, dénomination
persane qui, traduite littéralement, signifie trône mobile. Ce sont
le plus souvent les femmes qui s'en servent. Cette charrette a une ca-
])ote rondo et allongée, recouverte en toile blanche; elle est pourvue
d'un timon et l'on y attelle doux boeufs.
Le bétail est ou général laissé au pâturage pendant toute l'année;
car ou ignore ce que c'est que de faire des approvisionnements de foin
pour l'hiver. Malgré son peu de développement, la culture des vignes
est considérable, surtout dans le Cakheth ; car tous les Grouziens sont
g r a n d s consommateurs de vin, la Géorgie étant, dit-on, la patrie de
la vigne et la préparation du vin n'exigeant pas un travail bien pénible,
On transporte le vin dans des bourdiouks, c'est-ii-dirc dans des
outres de peaux de boeuf, de poic ou de chèvre, le côté du poil tourné
en dedans. Ces outres sont enduites de naplite à l'intérieur, ce qui donne
nu vin un goût tei'reux assez désagréable, jusqu'à ce que l'on y soit
h a b i t u é ; mais on assure que cette jiréparation est salutaire à la santé.
Ainsi que cliez le.s Arméniens, les pauvres seuls mangent de la
viande de boeuf; la nourriture habituelle consiste en chair de porc et
de mouton. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles les Géorgiens,
n'imitant pas en cela l'exemple de leurs tsars, n'ont point adopte
le culte de Mahomet. Chez les habitants de la campagne, le déjeuner
ot le diner se composent généralement de pain et de légumes crus, et
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