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(ici-inèrcs (le rélémciit. íinnois et samoïôdc. — I/es Kiziltses, faisant partie
líos Katrtiiiitscs, foniiciit, sous le vapport ele í'ailiniiiistration, une (|iia-
Irièine tribu séparée.
Outre los ti'ois groupes d'origine mélaiigco tatare que nous venons de
jioniinei-, nous l'crons encore inention des tribus qui sont formées des
mêmes élénuMits, des Kamassiiitsea, des Karagasses et des Soïotes. Le
premier de ces trois petits peuples est d'origine tatare et samoïcdc ou
ostiakv-samoïède (vnyez Samoïèdes): les deux autres se sont piesque
entièreuK'ut fundus dans les Ikiiriates.
Do tous CCS Tatars ou peuples devenus Tatai-s, que nous venons de
luentionner, ceux qui )ial)itent le district de Minonssinsk, dans le gouvcrncnu'ut
d'Yénisséisk et qui, au uombre de 20,000, forment la majeure
partie de toutes les -tribus tatarcs ou de celles ([ui se sont assimilées
aux Tiitars, s'appellent généralement Tatars de Minoiissinsk, sans autre
désignation.
Lo district de iMinoussinsk, par la nature de sou sol et les nioeui'S de
ses habitant-s, olire au voyageur sagace l'une des contrées les ]dus attrayantes
et les plus l'emarquables de la Sibérie orientale. L'Yéuisséi divise
ce district en pai'tie orientale, niontneusc et fertile, et en pai'tie
occidentale, riche en steppes, en lacs et en pâturages; la preuiièi'e est
occupée exclusivement par des laboureurs (presque tons Kusses); l'autre
est habitée par des Tatars indigènes nomades, qui trouvent d'abondantes
sources de l'icbesse dans la cba.ssc et l'élève du bétail. La ricbcsse
du sol eu produits minéraux et végétaux, et le spectacle saisissant d'une
nature splendide, ont fait donnei' an district de Minoussinsk le nom d'Italie
lie la Sibérie orientale. Comprenant un espace d'une très-vaste étendue.
ce district est coupé dans toutes les directions par d'abondantes
rivières restées encore inexplorées, ainsi que les importantes chaînes
do montagnes qui renferment dans leur sein iiresque tous les métaux
connus. Les vastes stcp]ics, les prairies et les plaines n'attendent ([ne
des bras ])Our faire de cette contrée un riclie magasin d'approvisionnement
pour tout le gouvernement d'Yénisséislc.
J.es habitants de ce district, en partie Russes (60,000), en partie formés
de débris des races tatares et finnoises (20,000), attendent encore
Icnr ethnographe ; car on n'a en jusqu'il présent sur eux que des notions
fort incomplètes.
Le district de Minoussinsk était, dans un temps très-reculé, habité par
un peuple presque entièrement inconnu et qu'on appelle Tchoude dans le
pays, aussi bien que dans la Sibérie occidentale. On peut affirmer avec
assez de certitude que la culture intellectuelle de ce peuple n'était pas
descendue à un degré trop inférieur, si l'on en pont juger par les divers
objets qu'on a extraits de leurs tumbeaux, par les inscriptions qu'un
a trouvées sur les pierres tnmolaires et sur les parois de rochers, et
qui se rapportent ii la période tchoude. Ces tertres (koui-gans) couvrent
presque tout le pays de Minoussinsk ; on en trouve surtout au ])ied
des monts Saïanes et an boi-d des fleuves Yéuisséi et Abakane. Quoique
beaucoup de restes précieux aient été perdus poui' la science historique,
par suite de la cupidité et du caractère sauvage des indigènes, l'archéologue
trouvera pourtant encore un riche butin dans les fouilles de ces
tombeaux tchoudes, clos par d'énormes blocs de granit, et dans les
figures grossièrement sculptées d'hommes, d'animaux et d'oiseaux dont
ces tertres étaient surmontés, de même que dans les inscriptions, qu'on
. n'a pu déchiffrer encore.
Los picmicrs habitants du district de Minou.ssinsk étaient des Tchoudes;
ils ont été. comme il est permis de le snppo.ser, repoussés pai- un autre
peu])le plus puissant qu'eux, et celui-ci a laissé également dans ce pays
des traces de son existence. Plusieurs endroits sur les bords de l'Yénisséi
et de la Tonba sont couverts d'insci'iptious tout à fait dilîérentes de celles
(les Tchoudes, et qui semblent se rapporter aux temps de Tchingghis
Khan et do ses successeurs. A l'époque la pins rapprocliée du temps
oil on a ])u écrire l'iiistoire, le district de Minoussinsk était en eft'ct la
patrie des peuples nomades qui composaient les liordes iimonibrables do
Tchingghis-Khan, parce qu1l confine par sa partie méridionale aux .stc])-
pes sablonneuses de la Mongolie chinoise, dont il n'est séparé que par la
crête des monts Saïanes. Les restes des hordes sauvages de l'Asie centrale
errent encore aujourd'hui en nomades dans ce pays. Nous les appelons
généralement Tatars, quoique les modernes interprcte.s de leur
langue prétendent que ces peuples ne sont pas tous d'origine turque et
qu'il y a parmi eux dos tribus mongoles et finnoises. Nous n'avons près-
([ne aucune notion sur leurs moeurs, leur costume, leur langue, les particularités
do leur religion et leurs traditions historiques, et il est h
craindre maintenant Cju'ils restent ii- jamais inconnus; car l'accroissenient
journalier de la population russe, qui pénètre de plus en plus avant dans
l'intérieur, enlève presque chaque jour quelque trait à la nationalité lie
ces peuples, qui est menacée de se voir bientôt entièrement elTacée.
Les Katchintses, tribu tatare dans laquelle se sont ¡¡lus ou nu)ins fondues
les anciennes tribus voisines samoïèdes, habitent presque exclusivement
les districts de Minoussin.sk et d'Atchiusk dn gouvernement d'Yénisséisk,
et se nomment eux-mêmes Khachtarbs ou Xachter (pluriel de
Kach). Us exploitent les pâturages de la rive gauche de l'Abakane sur
l'Yénisséi, depuis son embouchure Jusqu'il celle de la rivièi'e Askiss; ceux
du Biéloï-Vouss et de ses aflînents, et ceux de l'Abakane. Errant autrefois
en nomades sur la Katcha, dans les environs de Krasnoïarsk, ils
s'emparèrent un jour des terres situées sur les deux rives de l'Youss,
occupées jusque-lii par les Kirghiz, qui en avaient eux-mêmes repoussé
précédemment des peuplades finnoises et samoïèdes. De Tomsk vinreni
aussi, pour s'établir dans ce.s contrées, des Tatars qui, sous le nom de
Kiziltscs, occu|)èrent des steppes fertiles vers le nord de TYouss. Ou doit
donc, sur ces données, diviser la tribu des Katchiutse.s en deux brancluîs,
dont Tune s'est arrêtée sur la Katcha et ses environs, l'autre dans la
plaine des steppes, entre les rivières Biéloï-Youss (Y'ouss Blanc), l'Abakane,
et un peu ])lus au sud de ce dernier, dans le pays des Kaibalcs.
].a branche du sud est la tribu tatare de Sibérie, qui s'est le moins mélangée
et qui forme encore une masse compacte, car elle compte 9,500
ames; tandis que celle du nord, qui est bien moins nombreuse, est devenue
totalement russe. Les ti-aits do leur physionomie indiquent qu'ils
sont Tatars, comine l'attestent aussi les déiiomiuations de quelques-unes
des dix subdivisions de leur tribu: Tatars, Kirghiz, Sakhous, etc. Ce
sont vraisemblablement les restes des Yakoutes-Toubas ou Toubintses,
qui habitaient antérieurement la rive droite de l'Yénisséi et dont une
partie vint s'établir sur la Léna. Les Tatars-Katchintses accueillirent,
outre les Arines (Samoïèdes), autrefois si nombreux, un certain nombre
de Kirghiz qui étaient restés dans le pays: ce sont les plus aisés parmi
les Tatars de Minoussinsk. Les Tatars-Kiziltses sont un mélange de diverses
races dont l'une, nommée Kahnakh, semble être d'origine kalmouke;
une autre s'appelle Kamnar (ou Quamnar, d'après la prononciation
tatare) ou Kamiar (pluriel turc du mot kam, c'est-:Vdii'C chamane).
Une partie demeure sur les bords du Tchoulym, dans les environs de l'ancien
ostrog de Meletsk, et porte le nom de Tatars de Meletsk ou de
Tchoulym. Ils habitent des villages comme les Russes. Les autres mènent
une vie nomade dans la région méridionale du district d'Atchiusk.
Au nombre de plus de 4,000 âmes, ils se désignent eux-mêmes sous le
nom de Kizi (homme) et se divisent en dix tribus.
Les Sagaïtses avec leurs tribus réunies, au nombre de 11,500 âmes,
vivent en nomades, en amont de l'Abakane, à pai'tir de la rivière d'Askiss,
et n'ont pas de dénomination générale. Les Sagaïtses pi'oprcnient
dits prétendent être les habitants primitifs de leur pays, situé sur l'Abakane,
et se disent descendants des Kirgliiz, ce qui leur est contesté par
les Kaïbales. Ils com])rennent encore d'autre.s peuplades établies sur les
rivièi-es de Mra.ssa, de Matyra, de Nénia et sur la rive droite do l'Abakane,
nommément les Misasses, et les Beltirs entre le Tachtyp et l'Abakane.
Les Beltirs ou plutôt Belters, d'origine finnoise, selon leurs traditions,
et devenus de nos jours totalement Tatars, vivaient sur les bords
de l'Y'ouss et de l'Abakane, d'où ils fui-cnt chassés par les Tatars-Katchintses
et les Russes. Tis éprouvèrent le même sort que les Kirghiz, et
durent céder ii leui's vainqueurs les meilleurs emplacements sur l'Youss
lilanc et l'Youss Noir. Compris aujourd'hui dans le district do Minoussinsk
parmi les 'J'atars Sagaïtses et les tribus unies, ils ne foi'ment, ii
proprement parler, que l'une des onze oulousse.s ou subdivisions do la tribu
de ces Tatars. La population des BelLg-s est, d'environ 1,500 homiucs ;
les femmes sont en moindre proi)ortion. Cette peuplade n'a ])ius de dialecte
national. Malgré leur langue tatare et leur origine finnoise, les
Belters ne raiipcllent cette origine ni par leur extérieur ni par leurs
moeurs; on ne saurait les reconnaître (¡n'en remontant IL leur existence
primitive. Ils ont souvent la jdiysionomie tout à fait russe, souvent aussi
tatare ou mongole; mais aucun d'eux n'a conservé le type ])ur finnois
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