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PEUPLES INOO-EUUOPÉENS.
Les limites posées à l'activité de ces esprits .ircloiits 1cm- semblent
trop étroites : celui qui est Kozak ne peut (lépoiiillor iii ce titre ni le
caractèi'c qui y est iuliérent. li en résulte que les terres, sni'toiit celles
d'une grande étendue, pei'dent de leur valent' d'année en année; car il
est bien difficile, faute de bras suffisants, d'établir une culture et une
administration l'ationneiles. Bans ces vastes propriétés, si le possesseur
se décide ii vendi'c, les acquéreurs ne se présentent pas; car, pour acheter
des terres kozalces, il faut nécessairement être liozak soi-même.
Aussi peut-on prévoir que l'élément kozalc veri'a bientôt s'ouvrir i)our
lui, du moins en Eui-ope, de nouvelles voies, se créei' une aiiti'c jiosition
qui, en elTagant plus sensiblement son cai'actèro primitif, rétabliront
l'équilibre entre son existence actuelle et les chan-cmonts inévitables
que les circonstances apportent chaque jour dans sa situation.
KOZAKS DE L'OURAL.
Ces Kozaks ont conservé plus fortcn\ent que tous les autres reniprciiite
du type ancien russe, moins pourtant dans leui- extérieur que dans leurs
moeurs et leur langage, et ils forment aujuurd'luii la portion la plus pure
et la ])lus liomogène de l'ancien élément russe, qui se reflète nettement
ici dans do larges proportions. iSiulIe part les circonstances ne furent
plus favorables qu'en ces localités isolées, et à l'abri des incursions eti'angères,
à la conservation dans tonte leur pui-eté et leur intégrité des
moeurs spécialement iiisses et h l'organisation primitive des communes.
Nulle part ailleurs en Russie on ne saui'ait retrouver d'une façon aussi
claire, aussi distincte et aussi étendue l'image d'un passé de plusieurs
siècles, qui se l'cprodnit dans une vie de famille essentieilcment patriai'cale
et dans l'existence de ia conunune essentiellement slave. Nulle
part en Russie l'idée de la commune et de l'association ne porte une
empreinte si belle et si pratique que sur les bords de l'Oural, Cet esprit
éminemment conservateur, qui éclate dans tous les ]-apports que
nous venons d'ijuliquej-, pi'ésente mémo daus ses erreurs un phénomène
très-intéressant; car encoi'e bien que quelques ombres viennent
obscurcir l'cflct dn tableau, les côtés lumineux qui prédominent n'en paraissent
que plus énei'giques et ])Uis saisissants, Réjouissons-nous donc
de le contemple!'; sou aspect doit avoir d'autant plus de cliai'me pour
nous que bientôt peut-être riionrc sonnera aussi pour les Kozaks de
l'Oural où, de même que chez leurs frères du Don, les vénérables institutions
du passé, minées par la force des choses et l'action du temps,
tomberont en désuétude et ne laisseront plus que de faibles traces de
leur existence. Bientôt, sans doute, les fabriques, les machines et la
vapeur qui leur donne riin])ulsion, pénétreront aussi dans ces contrées,
et leui' action, qui ébi-anle et change tout ce qui existe, sera peut-éh-e
d'autant plus vigoureuse pour le nivellement général que la résistance
aura été plus longue. Nul n'est en état de lutter contre l'esprit et l'envaliissement
du temps ni contre la puissance des événements; mais qu'on
ne mette pas un empressement prématuré à porter atteinte à un état de
choses et à des relations qui se sont développés dans les réalités mêmes
de la vie pratique et qui ont sn se maintenir si solidement jusqu'il ce
jour. Qu'on réveille et qu'on ranime ce qni est tombé dans la somnolence
et la torpeur ; qu'on fasse tomber sous la cognée les branches et les rameaux
desséchés, niais qu'on ne touche pas aux racines pleines de vigueur
et de sève.
Le tei'ritoii'c des Kozaks de l'Oural se trouve sur les bords du fleuve
de ce nom, en face de la steppe des Kirghiz, ef s'étend, à ¡¡artir d'Orenbonrg
(50 verstcs environ au-dessous de cette ville) jusqn';\ Ooni'iev, à
l'embouchure de l'Oural daus la uiei- Caspienne. Ce fleuve, nommé autrelois
Yaïk, peut ôti'e considéré comme la principale ai-tèi'e de tout le
pays. Large de 50 à 80 sagènes, il parcourt d'Oui'alsk jusqu'i\ la mer
line steppe argileuse fort accidentée, très-abondante en coupures, et en
conséquence jiropre seulement il la pèche, qui est favorisée dans ce climat
par les fortes inondations du printemps. La juirtic do la steppe, dans le
voisinage d'Ouralsk, restée à l'état sauvage, est dépourvue de toute culture,
mais elle contient de belles prairies et permet ainsi l'élève du bétail,
"Klépendammcnt de la pÊche. Au-dessus et nn peu au-dessous d'Ouralsk,
le pays a un tout autre aspect : il est beaucoup plus peuplé ot plus fertile
; riclie en paturages, en forêts et en champs cultivés, il fournit un
levcmi considérable, susceptible encore d'accroissement avec le temps. Le
'crrain plat qui avoisine l'emboiichure de l'Oural est exiiosé à des inondations
qni lieui'eusement ne sont pas de longue durée.
î'Cs eaux de l'Oural conviennent tout pai'ticulièrement aux poissons
'le la mer Caspienne et les attirent de préférence i\ celles des autres
llonves qni se jettent dans cette mer. Le lit du fleuve, d'abord sablomieux
au-dessous d'Oiii-alsk, et qui pins loin consiste de plus en plus en lorrc
argileuse et en tei']-e noire, se ti'ansforme, au-dessus d'Oui'alsk, en iine
coudie rocailleuse favorable, dit-on, an dépôt des oeufs du i)oisson, notamment
de l'esturgeon (ce sont les oeufs de ce dei-nier ([u'on aj)])ellc
caviar par excellence), quoique la qualité des eaux fluviales et leur
tranquillité soient d'oi'dinaire les conditions essentielles du séjour cl de
la propagation des poissons. L'ensablement successif des embuncluires de
l'Oural et des parties avoisinautes de la mei' a exercé aussi une gi-ande
influence sur la diminution qne l'on a remarquée parmi les i)oissons
ronges, dont l'espèce est de la meilleure qualité. On ne retrouve aujourd'hui
que trois dos emboucluircs jadis si nombreuses de ce fleuve,
attendu que chaque inondation amène une masse de sable et qne l'art
n'a pas encore trouvé de moyens pour remédier ÎL cet inconvénioit. Depuis
l'embouchure de l'Oural jusqn'tX une distance de deux ou trois vei-stes,
la mer est si peu profonde qu'on n'a de l'eau que jusqu'à mi-corps.
Le territoire des Kozaks de l'Oural l'cnfernie actuellement une population
de 75,000 âmes des denx sexes; les femmes y sont plus nombreuses
que les boumies. Dans ce cbiffi-e sont compris plus de GOÛ Kalmouks,
1,500 Tatai's et 2,500 Bachkirs. Les deux pi-emières catégories
ont appartenu de tout temps aux Kozalcs de l'Oui-al; quant aux Bachkirs,
ils leur ont été adjoints plus tard, en l'aison du voisinage. Dans
le nombre total il faut compter aussi quelques Grauds-Russiens.
Sous le rajiport administratif, le pays se divise ou huit districts (distances)
dont la population est très-inégalement répartie. La ville d'Ouralsk,
qui en forme le centre sous tous les ¡'apports, est la seule cité
qu'on y trouve. La quantité de bétail et les divers genres d'industries
qu'on exploite en général présentent, eu égard ii cliaque district, des
différences notables. On y compte en totalité h peu près 75,000 chevaux;
mais le bétail ne peut être exactement évalué, parce que, en
automne et au printemps, les Kozaks achètent aux Kii-ghiz-Kaïssaks
une immense quantité de montons qu'ils revendent avantageusement aux
marchands russes.
Les Kozaks de l'Oural doivent leur origine à des bandes de Kozalcs
du Don et du A^'olga qni prirent la fuite devant itlouraschkine, que le
tsar Ivan TV avait envoyé, en 1577, châtier ces turbulents partisans.
Ces fuyards s'étant partagés en trois bandes, l'une descendit le long de
l'embouclinre dn Volga, pilla la rive septentrionale de la mer Caspienne,
et arriva ainsi jusqu'à l'cmbonchui'c de l'Yaik, où elle apprit que Saraïtchik,
l'auciemie capitale de la horde d'Or, n'était pas très-éloignée.
Kn 1580, Saraïtchik fut incendiée par les Kozaks, et bientôt après ils
fondèrent aux envii'ons de la ville actuelle d'Ouralsk leui' première ])iace
forte, dont on trouvait encore des traces en 1720. Ces Kozaks vagabonds
et rapaces n'y passaient ordinairement que l'hiver, saison peiidant
laquelle ils se livraient à la péclie, tandis qu'en été ils enti'cprenaieut
des courses et des expéditions de pillage et se i-isquaient môme
jusque sur la mer Caspienne. On ignore à quelle époque précise ils fondèrent
Ouralsk ou Yaïtsk, leur capitale actuelle; mais, à l'époque de
leur installation dans cette ville, ils étaient probablement sujets du tsaimoscovite
Michel Féodorovitch, qui monta sur le trône en 1013, et
auquel les Kozaks de l'Oural (de l'Yaïk) se soumirent, par crainte de
leurs voisins les Khivins et les Tatars, qui les tenaient dans de perpétuelles
alarmes. La supposition la ])lus vi-aisemblable est qu'Ouralsk
fut fondée vers l'année 1622.
Le premier service réel que les Kozaks de l'Oural rendirent en qualité
de sujets du tsar de Moscou consista dans le secours prêté par
eux au tsar Alexis Milchaïlovitch contre les Polonais et les Suédois. Ils
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