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P E U P L E S DE LA'SI I ÌÉl l l E OlllENTALE.
iiisfiisilìlcinciit lìniis la pcuiiliulc sil)Oricmic la plus isolée et de l'accès
!(.' |)lus iliflieilo Ics liiinièi'os ilu chrlstiaiiismo et la civilisation eiiroiióeiine.
l/iicluiiig'O (Ics marcliniuliscs ne se fait pas précisément clans lo fort
d'Aiiionïslc, mais à nne certaine distance, en ])lein air et sur la glace
(io la rivière Anioiiï. Les Tclionktclùs échelonnent leurs ti-aineaux en
li^qie semi-cireulalrc, coiislruiscnt l'inie près de l'antre, et par sections
de Irilius, un granii nombre d'yourtes en fcntre faciles ^ transporter.
La peuplade des Tcliouktchis pasteurs laisse cam])er avant tout antre
le plus riche des siens; chez les Tidioukichis sédentaires, cette prérogative
appartieni à celui ijui est j'ciiuté le plus sage. Pour rótahlissenieiit
do cc camp, les Tchoukichis pasteurs ont le pas sur les autres.
Autrefois, qiiand ils venaient eu grand nombre et tous armés, le commei
ce des marchands russes avec eux était foit dangereux; mais anjoufiriiiii
les relations récipro(|ues ont été réglées par des traités de
couimerce. Les liusses apportent de très-loin, mèuie d'Yakoutsk, des
mai'chandises Nijuéicolymsk, surtout du tabac de Tcherkassk, de
la (¡nitu'aillei-ie, de la verroterie, de hi toile, des rubans, des fourrures
de loutre, de loup et de glouton, contre Ic.squels ils échangeut
avec les Tcbouktchis des peaux do renne, de castor, de martre, de
lonp-cervier et autres. Ces dernières, ainsi que les dents de morse,
vieuneut presque tontes de rAméri(|uc. Jusqu'à quel point ce trafic est-il
avantageux aux Tcliouktchis, notamment à ceux qui sont eu rapport
avec les Américains, et spécialement avec les Ekyi'ngnonles, peuplade
libre établie sur la còte uord-onest du continent américain? l'onr se
renseignei- sur cc point, il su(lii-a d'établir un parallèle entre le prix
des diverses denrées qui l'ont Tobjet de ce trafic. Une livre de tabac
(•(lille 1 rouble i\ Nijnékolymsk, mais nne fourrure de castor coûte 10
roubles; de sorte qu'un sac contenant 100 livres de tnbac équivaut
il. 10 fourrures de castor. Il y a des Tcbouktchis qui échangent 100
?L 150 do CCS sacs conti'o 1,000 ix 1,500 peaux de castor. Et cependant
la foire aux castors qui se tient sur l'Aniouj n'est que la ciu-
([uiènic ; la ([uatrième ayant déjii. eu lieu sur le détroit de Behring,
avec nu peuple qu'on croit être les Kargavales ou Ekyrngaoules. Les
trois autres foires se tiennent dans dos contrées inconnues du nordouest
de l'Amérique, où aucun Toboulctchi ne pénètre et où le prix du
tabac s'élève il un taux exorbitant. Par ce commerce qui mérite bien
d'être signalé, les marchandises russes pénètrent jusque dans des contrées
fort éloignées, tandis (|uc les fourrures de castor arrivent en quantité
considerable dans la llussie d'i'lurope. Les Tcliouktchis i-iverains se
trouvent aussi en rapports continuels avec les p(Scheurs de baleines, qui
viennent en grand nombre au détroit de Behring: ils échangent avec
eux diverses marchandises, notamment des dents de morse, destinées au
commerce chinois.
La foire d'Aniouïsk réunit habituellement de 300 tx 000 individus
venant de diverses directions; les Tcbouktchis y sont les plus nombreux.
Outre le commerce d'échange qui se fait en cet endroit, c'est 1:1 que
se paye l'yassak au gouvernement l'usse. Cet impôt est acquitté librement
et sans aucune contrainte ; 10 i\ 40 Tcliouktchis se chargent
chaque fois du payement et reçoivent à cette occasion quelques petits
présents. Outre l'yassak ordinaire, ils apportent, comme témoignage de
Unir zèle, des renards noirs, qu'ils prient les employés de faire parvenir
h l'Empereur de Russie; ils reçoivent en écliauge des kaftans, des
sabres et de l'argent.
Les Tchouktchis pasteurs diiïèrcut de ceux habitant les côtes bien
l)lus sous le rapport de la nationalité que sous celui du genre de vie,
quoique cette différence soit peu remarquable extérienrement.
Les Tcbouktchis sédentaires, qu'on nomme au.ssi Vevkales, habitent
les cotes de l'océan Cilacial arctique au nombre d'environ 10,000 individus
ré))artis en 1.500 yourtes, et forment phis de cinqiuantc onlonss.
Ce sont en général des pasteurs apjiauvris par la perte de leurs troupeaux
et poussés vers les côtes par une cxti'éme misère. Il n'en est pas
de même des Namolles, qui habitent les rives de la baie de Kolioutclvcnsk
et de l'embouchure de l'Aiiadyr. D'origine étrangère et descendant
directement de la race des Eskimos, ces Namolles se i-essemblent
tous, surtout au sud du détroit de Behring, et ils se distinguent fort
peu par l'extérieur des Tcliouktchis pasteurs. Leur population s'élève il
environ 1,000 individus des deux sexes; ils habitent de très-petits
villages, demeurent ou été dans des yourtes, en hiver dans des espèces
do terriers, principalement vers rembouchure des flenves. Leur langage,
soniblablo en tout point à l'idiome kadiak, est considéi-é comme
un des nombreux diaiccts de cette langue. Plus petits de taille que les
Tchouktchis ])asteurs, les Namolles ont, comme eux, les sourcils élevés
et les yeux très-rapprochés du nez, La physionomie de leurs femmes et de
leurs enfants tient beaucoup du type mongol; car ils ont le visage tout ii
fait aplati ef le nez presque imperceptible; cependant les petites filles sont
assez jolies, la laideur du type mongol étant adoucie chez elles par la
])lénitude et la fraîcheur du visage. Les vieilles femmes sont affreuses.
Ce peuple, généralement paisible, gai, modeste et b(ui, mais malpropre,
pratique le chamanisme le plus grossier. Sur le détroit de Beliring, les
Namolles sont eu rapport fréquent avec les Américains ; mais c'est néanmoins
de rintérieur de la Sibérie, c'ost-ii-diro des Tcliouktchis pasteurs,
(|u'ils tirent la iilupart des objets indispensables ' il leur existence. Ces
Tchouktchis des côtes n'oIVreut pas de rennes en sacrifice k leurs dieux,
mais des chiens, quoiiiu'ils n'eu possèdent qu'un petit nombre qu'ils
n'attellent qu'en hiver. Ils aiment passionnément le tabac, l'eau-de-vie
et la chasse. C'est alors, et surtout quand il s'agit do chasser l'ours,
que les chiens leur sont indispensables. La peau de ces utiles auxiliaires
est employée comme ornement et garniture, mais on jette le surplus do
l'animal, car les Tchouktchis ne mangent pas la chair du chien. Bien
qu'ils vivent sur les côtes, la pèche n'est pas leur occupation, mais
plutôt la chasse, qui se t'ait sur mie grande échelle et avec beaucoup
do préparatifs, fis se servent il cet effet de fusils, d'arcs, de lances,-de
filets, etc., et sont supérieurs aux Xoriaks pour la persévérance et l'intrépidile.
La chasse au loup n'a pas pour objet sa dépouille, mais uniquement
sa destruction, parce qu'on le croit animé d'un mauvais esprit
et liostile aux remies* On se seit on hiver, contre le loup, d'un for enduit
de matières odorantes: on le dépose dans un endroit choi.si exprès,
et il se congèle sur la langue du loup lorsciuc celui-ci ouvre la gueule
pour lo saisir.
Les Tchouktchis pasteurs, qui parlent la langue tchouktche, presque
semblable à la langue koriake, sont plus rapprochés des Koriaks nomades
que des Koriaks sédentaires, et vivent, en été comme en hiver,
dans des yourtes ou tontes couvertes eu peaux do renne et ayant la
forme d'une meule de foin un pou penchée. Bani? l'yourte on dresse des
compartiments (en russe, pologs) où les Tchouktchis hommes, femmes et
enfants, ont l'habitude de coucher complètement nus. Depuis la porte
jusqu'au côté de l'yourte qui lui fait face, le plus grand polog a 3 archines
de longueur; la distance entre les parois est de 6 arcliines, et
du plancher au plafond, 2 archiues Vr Les yourtes sont souvent habitées
par quinze personnes et au dehV, réparties dans plusieurs pologs
assez étroits. N'oublions pas de faire observer que toutes les imniondices
restent dans les yourtes aussi longtemps que celles-ci subsistent au
mémo endroit, en sorte qu'il y règne une odeur infecte qui dépasse
toute idée.
J-hi été on trouve presque partout de l'eau douce; mais en hiver on
en est réduit à boire do la neige ou de la glace fondue. Tl est difficile de
se procurer du ijois ; celui qui sert aux constructions manque absolument.
Les Tchouktchis. pasteurs mangent de la viande de renne, mais
les Tchouktchis sédentaires se nourrissent de poissons et d'animaux amphibies.
Les aliments ne sont |iré|)arés qu'une fois par joui-, le soir, et
le repas a lieu peu de temps avant de se livrei- au repos. Si tout n'est
pas consommé, Iç reste est pour le lendemain matin, ou mangé iiendant
la nuit, si les dormeurs se réveillent. Bans la journée on ne ¡ii'cnd aucune
nourritni'C au logis. Los Tchoulctcliis se ])rocurent du feu eu frottant
vivement deux morceaux de bois l'un contre l'autre, ce qu'ils font
avec une remarquable habileté.
Les Tfdionktchis iiasteurs s'iiabillent h la russe en été; en hiver,
leur costume •ressemble exactement, pour la coupe et la inalpro])rcté, il
celui des Namolles. Les vêtements sont pour la j)lupart faits en peaux
do renne. Les pardessus (kouklankas et parlcas) ont le bord inférieur
garni de inurrurc de chien, de loutre ou de castor ; le col est orné
de (|ueucs de chien; c'est pour cela que les Tchouktchis sédentaires
ont l'habitude de couper la queue à ces animaux; mais l'ornement le
plus rechcrché est la peau du glouton : plus le poil en est long et
blanc, plus il a de pi'ix. Les liabits de couleurs bigarrées passent pour
les plus beaux. Les peaux de loup sont très-estiméos et servent il faire
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